Depuis l'an inedito. on n'en a pû conferver qu'une copie qui eft en papier &• 127. juf qui court grand rifque. Pendant la même année 1303. le qu'en 1304. Roi Philippe le Bel fe difpofa à faire la guerre à Philippe Comte de Flandre. Il étoit à Toulouse, lorfqu'il donna des Lettres particulieres adreffées au Bailly de Sens, pour faire des levées de troupes de la même maniere qu'on devoit en lever dans tout fon Royaume, pour l'Eté fuivant. Elles font datées du mardi avant la S. Vincent, c'eft-à-dire, du 15. Ex manufer. Janvier. En conféquence de ces Lettres, ce Bailly notifia la maniere dont fe devoient faire ces levées, qui étoit mar quée dans d'autres Lettres de Jean de Crecy Evêque de Meaux, & de Gaucher de Châtillon Comte de Portien, Connêtable de France, données à Paris le jour de S. Vincent. Pendant que le Prevôt de Villeneuve-le-Roi fignifia ces Lettres à ceux qu'il prétendoit avoir des terres dans fon Reffort, tels que pouvoit être l'Eglife d'Auxerre, & quelques Gentilshommes du voifinage, Guillaume de Challon Comte d'Auxerre ramaffa ce qu'il pû de troupes, & fe mit en campagne dans le temps marqué. On peut lire dans le Continuateur de la Chronique de Nangis, &c. la route que tint l'armée, & tout ce qui précéda la fanglante journée d'auprès de Mons en Puelle. La confufion qui fe trouva dans les troupes., fut fatale à quelques-uns des François, quoique heureuse pour le Roi; la France remporta victoire le mardi 18. Août 1304. & pendant qu'il y eut fix Contin.Nan- mille Flamands couchés fur la place, il n'y eut que quinze-gii, Tomo XI. cens des François tués, parmi lefquels Guillaume Comte Spicilegii. d'Auxerre, & le Comte Anfel de Chevreufe, qui portoit d'Oriflame, moururent étouffés par la pouffiére & par grande chaleur, plutôt que de leurs blessures. la la CHAPITRE XV. Eleonore, veuve de Guillaume de Challon, Comteffe d'Auxerre pendant quelque temps. Jean de Challon reprend l'adminiftration du Comté pour fes petits-fils. Ses difpofitions avant la mort. Louis Comte de Flandres, adminiftre les biens du Comté d'Auxerre. Saifie de ces biens par l'Evêque & par le Roi. Combat de plufieurs Seigneurs au Diocèfe d'Auxerre. Le Jeune Comte Jean de Challon, fe fait donner des aveux & dénombremens. Il fe joint aux autres Nobles au fujet des exactions. On tente en vain d'obliger les Eccléfiaftiques à fe défaire de leurs vins. Folies pratiquées dans la Province de Sens. Déclaration fur l'entretien des murs d'Auxerre du côté de l'Abbaye de S. Germain. Plaintes des habitans d'Auxerre contre le Comte. Il leur confirme leurs privileges, & les explique. Il s'accorde avec Jeanne fa fœur, mariée avec Robert de Bourgogne. Il fert à la guerre le Comte de Sancerre. Guigues Daufin le fait prifonnier. Il fait la guerre à Eudes Duc de Bourgogne: il va enfuite avec lui au fervice du Roi. Explication de réglemens entre le Comte & les bourgeois d'Auxerre. Bourgeois du Chapitre maintenus. Ce Comte va à la bataille de Crecy & y eft tué. A qu'en 1346. Près la mort de Guillaume de Challon, l'adminiftration du Comté d'Auxerre ne retomba point entre les Depuis l'an mains de Jean fon pere, qui s'étoit remarié en fecondes 1304. juf nôces à Marguerite de Beaujeu. La Comteffe Eleonor fe porta pour Comteffe d'Auxerre & même de Tonnerre, parce que fon mari avoit dû en joüir pendant la vie de Marguerite de Bourgogne. En cette derniere qualité, elle promit à Robert de Luzarche, Maître de l'Hôpital de Tonnerre, de maintenir la fondation de Marguerite Reine de Sicile & de Jerufalem, & les privileges de cet Hôpital, & elle en donna des Lettres datées du mois de Janvier. 1304. more Un des Cartulaires de l'Abbaye de Saint Germain d'Au- more Rom. xerre, prouve la même vérité. On voit pareillement au Cartul. S. mois d'Octobre 1305. une vente dont le titre fut paffé par Germ. apud un Tabellion Juré de Madame la Comteffe d'Auxerre. Viole. Pendant fon administration, arriva la mort de l'Evêque Pierre de Mornay. Il eut pour fucceffeur Pierre de Belleguerche. On ne trouve point que la Comteffe ni les Barons ayent affifté à sa Prife de poffeffion; comme le Roi Phi Gall. 1305. Ibid. lippe le Bel le conduifit de Paris à Auxerre, il le fit receDepuis l'an voir fans toutes les formalités accoûtumées. Mais le Comte 1304. juf qu'en 1346. & les autres Seigneurs ne tarderent guère à être mis en regle fous l'Evêque fuivant, lorfqu'Eleonor ne fut plus Comteffe d'Auxerre. Dès l'année 1308. elle étoit remariée à S. Bernardi Dreux de Mello Seigneur de Sainte Hermine : non feulegenus illuftre. ment elle nous l'apprend elle-même dans l'acte de repétition qu'elle fit de fon douaire à Jean de Challon fon beaupere, tuteur de fon fils & de fa fille; cela eft encore évident par les Lettres de Philippe le Bel, qui confentit le 27. Juin de la même année, que Dreux de Mello & fon épouse transportaffent la tutelle & l'administration des biens de ces deux enfans, au même Jean de Challon, qu'il qualifie Comte d'Auxerre & Seigneur de Rochefort, à quoi l'on peut ajoûter l'hommage que Dreux de Mello rendit à Paris en 1207. en qualité de Garde du Comté de Tonnerre, à Robert de Decize Evêque de Challon, pour les Fiefs du Tonnerrois qui relevoient de lui. Ce dernier acte donnant auffi à Dreux de Mello le titre de Garde du Comté d'Auxerre, fait voir qu'un autre que lui portoit la qualité de Comte, & c'étoit fans doute le grand-pere des jeunes enfans de Guillaume. Ce Jean de Challon, en fa double qualité de Comte d'Auxerre & de Tonnerre, reconnut le Vendredi de devant Noël 138. que c'étoit à Muffy qu'il étoit tenu de faire hommage à l'Evêque de Langres, marquant Cartul. Lin- que c'étoit par pur égard pour fa maladie , que ce Prélat s'étoit contenté qu'il l'eût rendu dans le Prieuré de Saint Agnan de Tonnerre: & après la même Fête de Noël fit au Maître de lijôpital du même lieu, le ferment que la Comteffe Eleonor avoit prêté quatre ans auparavant. Mais il ne fut pas longtemps chargé de la tutelle, ni de la régie des biens des deux mineurs, puifqu'il mourut l'année suiSpicileg. T. vante: cela fe prouve par l'acte de renonciation que Marviij. p. 264. guerite de Beaujeu fa veuve fit le 5. Novembre 1309. aux biens immeubles & aux dettes de fon mari, en jettant fa ceinture fur fon tombeau, dans le Monaftere de la Charité, Diocèse de Besançon (a). Je ne fçai auffi fi ce ne feroit gon. fol. 9. il (a) Selon le Nécrologe de l'Abbaye de Chalon, Comes Altiffiodorenfis, & de Marcilly, il mourut le 1. Mars. On Dominus de l'Ifle, qui dedit nobis usum y lit à ce jour: Obiit Dominus Johannes in nemoribus fuis de Marraulx. de Courte L S. Bern. ge Cartul, Lin gon. point parce que Jean voyoit fon heure approcher, qu'il Depuis l'an fit en 1308. une donation en faveur de Jean de Courtenay, 1394. juffils aîné de Jean de Courtenay Sire de Champignelles, qu'en 1346. de la part & portion qu'il pouvoit avoir, tant à Champi- Dubouchet, gnelles qu'à Villeneuve-les-Genets, comme héritier par- prob. I'Hift. tiaire de la Comteffe de Thiette leur parente commune. de la maifon Le titre débute par ces mots : Jehan de Challons Cuens d'Au- nai, p. 90. ceurre & Tonneurre, & Sires de Rochesfort. Marguerite de Beaujeu dont je viens de parler, affifta auffi en fa qualité de veuve, le dix Novembre 1309. à un hommage qui fut nus illuftre fait à Jean & Jeanne, petits-fils de défunt fon mari. Mais p. 500. comme elle n'étoit que leur belle-mere, elle ne fut point bid.exCharchargée de leur tutelle. Hugues de Challon Archevêque tamenf.maio. de Befançon étoit en 1311. leur gouverneur général en qualité de frere de leur grand-pere, & Hugues de Neblans Sire de Cortenaix étoit leut tuteur. Louis Comte de Flandres, de Nevers, & de Rhetel, fut cependant celui qui dès l'an 1310. prêta le ferment accoûtumé à Edme de Rochefort Maître de l'Hôpital de Tonnerre, comme gérant le bail du Comté de Tonnerre. Ce fut auffi en cette même qualité qu'il fit hommage à Guillaume de Durfort Evêque de Langres, le Dimanche après la Saint Marc de la même année. Les Régiftres du Parlement de l'an 1313. confirment que c'étoit ce Comte de Flandres qui adminiftroit également les biens du Comté d'Auxerre. On y lit dans la féance de la Saint Martin, les remontrances de Pierre des Grez alors Evêque d'Auxerre, fur l'injuftice qu'on lui faifoit. Cet acte nous apprend de plus que Louis avoit commis quelque rebellion contre le Roi, pendant qu'il avoit la joüiffance du bail du Comté d'Auxerre, & que c'étoit ce qui avoit obligé le Roy à faifir toutes les Terres qui lui appartenoient, tant dans le Nivernois que dans l'Auxerrois. L'Evêque qui n'avoit pû parvenir depuis l'an 1308. à fe faire rendre foi & hommage de la Baronie de Donzy, de la Terre de Colanges-fur-Yonne, & de tout le Comté d'Auxerre, en avoit fait faifir les revenus (excepté le Château & l'ancienne ville d'Auxerre,) comme choses relevantes de lui, & il en percevoit les fruits. Le Commissaire de l'Evêque s'étoit tranfporté au mois d'Octobre 1311. d'abord à Vincelles, où ikavoit déclaré aux Jurés du lieu, num. 166. Preuves, Depuis l'an 1304. juf qu'en 1346. que Monfieur l'Evêque & fon Confeil ayant été d'avis depuis longtemps de faifir les Fiefs du Comté qui relevoient de lui, faute d'avoir prêté foi & hommage, le Prélat s'étoit enfin déterminé à ce que cette faifie eût lieu, & fortît fon plein & entier effet; qu'ainfi, dès-lors il faififfoit la terre de Vincelles, & défendoit à qui que ce fut d'obéir en matiere du temporel de ce lieu, à d'autres qu'à l'Evêque. Ily avoit établi en même temps un Prevôt ou Bailly & un Receveur. Il en avoit fait faire autant à Vermenton, à Maillyla-Ville, Mailly-le-Château, & à Colanges-fur-Yonne. Pendant que l'Evêque prenoit ainfi fes fûretés, d'un autre côté les Officiers du Roi foutenoient que le Comte Louis avoit toujours perçu les revenus de fes terres ; ce qui étoit faux. Le Roi voulant être pleinement inftruit du fait, commit Maître Simon de la Halle ou de la Cour (a), pour faire les informations néceffaires. Ce Commiffaire ayant fait fon rapport, la Cour prononça que la main du Roi feroit levée de deffus la Baronie de Donzy & de Colanges, & de deffus le Comté d'Auxerre, excepté le Château & l'ancienne Ville, où la faifie n'avoit point été faite : excepté auffi la ville de Saint Sauveur en Puifaie, & celle d'Entrains, fauf le droit que le Roi avoit fur ces terres, tant en propre que par effet de la faifie. Je ne fçai fi le mécontentement que le Roi eut de Louis Comte de Flandres, ne feroit point venu de la part qu'il auroit pris au combat dont le continuateur de Nangis parle à l'an 1308. & que Jean de Saint Victor a rapporté un peu plus au long. S'étant élevé une difpute entre Oudard Seigneur de Montaigu, & Erard Seigneur de Saint Verain, ces jeunes Chevaliers fe déclarerent mutuellement la guerre. Erard attira dans fon parti le Comte de Sancerre, Dreux de Mello, & Milon de Noyers: Oudard fit entrer dans le fien le Dauphin d'Auvergne, Beraud de Mercueil & autres. Le combat fut donné le 9. Octobre dans la partie du Nivernois qui eft du Diocèse d'Auxerre, & Erard y remporta la victoire. Dreux de (a) Ce Simon de Aula étoit préfent | Germain d'Auxerre, fur les droits de à Regenmes en 1304. lorfque l'Evêque fa réception à fon joyeux avenement. Pierre de Mornay fit un Concordat Ileft qualifié Profeffeur en droit. avec l'Abbé & les Moines de Saint Viole Hift, Mon, S. Germ. |