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1304. jul

Mello fit prifonnier Beraud de Mercueil qui ne voulut pas fe rendre à lui, mais au Comte de Sancerre. Comme Depuis l'an les Troupes s'étoient affemblées fans la permiffion du qu'en 1346. Roi, Philippe-le-Bel fit arrêter Erard & ceux qui lui avoient prêté fecours. Dreux de Mello fut enfermé pendant quelque temps dans la maifon des Hofpitaliers de Saint Jean en l'Ile proche Corbeil; Erard avec le Comte de Sancerre & plufieurs autres, le furent à Melun (a).

Jean de Challon ne fut pas plûtôt forti de la tutelle où il avoit été jufqu'en 1314. qu'il prêta au Maître de l'Hôpital de Tonnerre, le ferment ordinaire de foûtenir l'établissement formé par Marguerite, & d'en maintenir les priviléges. On ignore comment il fe fit donner main-le- Invent. du vée du Comté d'Auxerre, qui avoit été doublement faifi. TréforRoyal. vol. 6.f. 302. Il refte feulement quelques piéces qui concernent cette affaire. La premiere eft un Arrêt daté de Pontoife en 1314. par lequel il eft ordonné que la main du Roi fera levée de deffus les mêmes biens qui font marqués cideffus. La feconde eft une commiffion pour faire exécu ter cet Arrêt, adreffée au Bailly de Nivernois & d'Auxerre, auffi de l'an 1314. Par la troifiéme, il paroît que ce que le Roi avoit reçu pendant la rébellion de Louis Comte de Flandres Administrateur du temporel du Comté d'Auxerre, ne fut point rendu aux héritiers ni aux exécuteurs du teftament de l'Evêque Pierre des Grez, dont la faisie avoit précédé celle du Roi, & que l'Arrêt du

(a) Diffenfione ortâ inter nobiles de Mena vocati & alii plures. Tunc viros fed ætate juvenes novofque mili- autem in fine belli prævaluit Erardus, tes Odardum Dominum Montis-acuti & fui reportaverunt triumphum. Do& Erardum Dominum S. Verani natio-minus autem Drocho de Melloro præne Burgundum, commiffum eft bellum fatum Dominum Beraudum de Marcoipfo die S. Dionyfii in O&obri, in Co-lio cepit in bello, qui non voluit se ei mitatu Nivernenfi, fed in Diœcefi Au- reddere, fed fe reddidit Comiti Sacri tiffiodorenfi, ubi multi affuerunt pug-Cefaris. Verumtamen quia absque Renantes, vel pugnare parati ex utraque gis licentia pugnaverant infra regnum, parte viri Nobiles & famofi. Porro pro Rex fecit Erardum & coadjutores fuos Erardo de S. Verano erant ejus bene-captos in Francia detineri. Dominus voli vel amici Comes facri Cefaris, Drocho de Melloto & frater ejus apud Drocho de Melloto, Milo de Noëriis | Hofpitale juxta Corbolium aliquo tem Cuftos Campania & Brix Dominuf pore funt detenti; Comes quoque Saque de Pifiaco milites, & alii multi. Pro Odardo de Monte-acuto erant in illo procinctu Delfinus Alvernia, filius Comitis Bolonienfis, Dominus Beraudus de Marcolio, trefque fratres

cri cefaris, Erardufque præfatus plu-
refque alii de parte illa Meleduni fue
runt per aliquot menfes refervati. Ex
Chron. mf.inedito Joan Victorini in Bibl.
coll. Navarr. Tabula 1 num, 234,

Depuis l'an 1.304. jul

mois d'Octobre 1314. par lequel l'Evêque entroit en droit de jouir & de percevoir, leur en avoit tenu lieu. Il falloit qu'en 1346. que le jeune Comte d'Auxerre jouit pleinement & paifiblement de tout fon Comté en 1314. puifque dès ce temps-là, il commanda qu'on lui donnât le dénombrement 'de tous les Fiefs & arrieres-Fiefs tenus de lui dans le Comté d'Auxerre, & qu'on lui en rendît les hommages. Les perfonnes les plus qualifiées de qui il reçut ces devoirs de féodalité dès l'an 1314. furent Jean Aliquant Chevalier, pour la Seigneurie de Malvoisine dans la Châtellenie de Maillyle-Château; Jean de Vopancier, Ecuyer Seigneur d'Arcy, pour le Fief de fon nom fitué à Courfon; Guillaume de la Ripe, Chanoine. Scolaftique d'Auxerre, pour fon ufage au bois de Fretoy, & portion de la riviere d'Yonne, &c. En 1315 Odoard Sire de Montagu Chevalier, pour les bois de Merry, & le four de Colanges-lez-vineufes. Raoul Choifeaul Ecuyer, pour une partie de Vincelles. Jean de Vincelles pour le refte & pour Vincelotes. Alexandre de Crux, pour la Seigneurie de Fêtigny, celle de la Tour Laurent, & d'une autre Tour ancienne. Geoffroy d'Aneus Chevalier, pour fon ufage au bois de Fretoy & le four de Colanges-fur-Yonne. Guyot de Lefigny Ecuyer, pour la grange de Mifery. Jean de Chevanes Ecuyer, pour un quart du minage de Mailly-leChâteau. En 1316 Jean de Seignelai, pour fon Château. Dame Alixans d'Arcies, pour fa Terre de Merry-fur-Yonne. En 1317 Raoul Comte d'Eu, pour les Seigneuries de Champs & de Vaux. Mahi de Mello, pour le Château & Ville de Saint Bry (a).

Il falloit au refte que ce jeune Comte fe fût déja acquis un grand renom dès l'année de fa majorité, qui, comme on a vu, étoit l'année 1314. Cela paroît par les ligues &

(a) J'ai tiré ceci des copies faites | qui tient d'une part, & par le deffous au fur le livre du Domaine confervé en Camp Romain qui s'étend jusqu'au che 1634. chez le fieur Louis de Franay min Regnardat, tendant au Ferry, & Receveur du Domaine, & je les ai dudit Ferry, defcendant aux revenues. vérifié deffus le même manufcrit lorf. des bois de Courfon, tendant à la croix qu'il appartenoit à M. Richer du Bou-Jacquelot de long, la Seigneurie de chet, lequel l'a depuis vendu à une per- Laurent, & de la tirant droit en long de fonne qu'il m'a nommée. Il y a à pro-la terre dudit Courson, & en estrappes fiter en ce livre, même pour l'Hiftoire en defcendant le long de la vallée droit en ancienne. La Terre de Fétigny, ci-def- Fretoy. &c.

fus indiquée, eft ainfi circonftantiće,

affociations

1304. juf

vol. 6. f. 366.

affociations que les Comtes, Barons, & autres Nobles de France firent alors contre le Roi Philippe le Bel. Les No- Depuis l'an bles & le commun de Champagne & de Bourgogne, dé- qu'en 1346. clarerent tant pour eux, que pour le pays de Champagne, Invent. du Beauvoifis & Bourgogne, qu'ils fe croyoient obligés de TréforRoyal. fe liguer contre lui à caufe de plufieurs exactions & changemens de monnoie, dont le peuple avoit beaucoup fouffert, fans que le Roi en eût tiré aucun profit ; à quoi le Roi n'avoit voulu donner aucun ordre, au contraire, difoient-ils, il en avoit impofé de nouvelles la même année, ce qu'ils ne croyoient pas pouvoir fouffrir en confcience étant contre leurs libertés, franchises & droits. Ce fut pour cela qu'ils promirent par écrit d'aider le Comte de Tonnerre & d'Auxerre, & les Nobles & Communes des mêmes pays, à fe défendre contre cette fubvention & les précédentes; & quant à la maniere dont ils s'y prendroient, ils fe réferverent d'en faire avifer par douze qu'ils choisirent entre eux, & douze que le Comte devoit choi fir. Mais ils ajoûterent qu'en ce faifant, ils vouloient que toutes obéiffances & hommages dus au Roi leur Seigneur, fuffent gardés. Un de ces actes eft daté du 24. Novembre 1314. & fcellé de vingt-deux fceaux, parmi lesquels font ceux de Jean Comte de Joigny, Jean Sire de Melligny, Jean Sire de Garchy, Guillaume d'Efnon, Sire de Laçon dit aujourd'hui Saint Sidroine, Guillaume de Brion. Il y eut encore d'autres Lettres de pareille confédération de la part des Bourguignons, qui ayant notre bid. fol. 367 Comte à leur tête, s'unirent aux Nobles de Vermandois & Beauvoisis; ces dernieres font fcellées de vingt & un fceaux. La Nobleffe de Bourgogne fe vit auffi foûtenue dans le même deffein par une affociation faite le même mois entre les Abbés, Prieurs & Eccléfiaftiques de la Province; & parmi les vingt & un fceaux attachés à cet acte, eft celui de Jean Cuens d'Auxerre. Enfin la Nobleffe des deux Comtés appartenans à Jean de Challon, fit auffi une affociation particuliere avec celle de Champagne, & l'on y vit les noms de Mahis de Merlo Sire de Saint Bris, de Jean Sire de Sellenay, Guillaume d'Arfy, Jean Digone Sire du Château d'Arfy, Jean de Vincelles & autres. Le Roi qui fut, comme dit le Pere Daniel, fur Tome II. Cc

le point de voir tout fes Etats en combustion, ceffa déDepuis l'an 1304. juf-xiger ces nouvelles impofitions, & en fit tomber toute qu'en 1346. Penvie fur fes Miniftres, donnant à entendre que la chofe avoit été ordonnée à fon infçu. Il ne s'agiffoit cependant que de fix deniers par livre que le vendeur & l'acheteur devoient payer en commun, &, comme ajoûte le même Hiftorien, cet impôt penfa caufer une révolte générale dans tout le Royaume: mais la mort du Prince arrivée la même année amena du changement. Les Auxerrois reffentirent dès l'année fuivante quelques faveurs du Roi Louis X. dit le Hutin (a). Philippe le Bel avoit fait à la follicitation des bourgeois de Rouen, une Ordonnance, par laquelle il étoit défendu à tous Marchands de rien amener à Rouen par la Seine, ni d'en rien ramener. Les Parifiens & autres qui en avoient reffenti l'inconvénient obtinrent du Roi la révocation de cet Edit, & il donna une permission générale d'amener à Rouen du vin par eau, comme il avoit d'abord été permis fous Philippe le Bel, en payant les droits accoûtumés. Cet Edit de Louis le Hutin, donné à Paris au mois de Mai 1315. fùt aussi-tôt mis en ufage par les Auxerrois, qui pour leur fûreté eurent foin de le faire enregistrer dans le Cartulaire de la Ville. Dans le temps de la derniere guerre de Flandres, les Officiers du Comte avoient enlevé par force une quantité de vin qui appartenoit aux Eccléfiaftiques. Robert de Villeneuve Bailly de Sens, qui n'ignoroit pas que les les gens d'Eglife ne pouvoient être forcés à fe défaire de leurs vins, & que les Prêtres, Clercs, & perfonnes d'Eglife étoient en la garde spéciale du Roi, fit rendre à quelques-uns ce que le Comte leur avoit enlevé. Quelques autres voulurent bien en accommoder le Comte, qui en avoit befoin pour l'Armée de Flandres ; à l'égard du vin des autres, le Bailly l'avoit mis fous la main du Roi, comme fouveraine, sauf le droit des parties. On ne fçait quelle en fut la décifion; non plus que de la prétention que l'Evêque & le Chapitre eurent contre le Comte au fujet des armes qui avoient été fournies par leurs fujets & juftitiables. On mettoit or

V. Preuves,

num. 170.

(4) Gaguin dit que Louis le Hutin guignons, Vermandois, Artefiens, effaya de faire lever les tributs que Amienois, Beauvoifins, & Auxerrois Philippe le Bel avoit impofé, mais fous le Comte de Champagne l'empêque la ligue des Champenois, Bour-cha d'exécuter fon deffein.

Depuis l'an

1315.

dinairement alors les affaires litigieufes en la main du Roi, comme fouveraine, fauf à examiner les droits des parties. 1304. juf Ce fut dans ce même temps-là, que dans la Province de qu'en 1346. Sens il se fit une affociation de laïques ou féculiers, qui Contin. Nan voulurent s'exempter d'avoir recours à la Métropole, à gii ad an. caufe des extorfions indues que les Avocats & les Procureurs de la Cour Eccléfiaftique faifoient fur ceux qui avoient affaire à eux. Ils fe créerent un Roi entre eux, un Pape & des Cardinaux, & en vinrent jusqu'à l'administration des Sacremens, lorfque leurs menaces ne les pouvoient obtenir de la part des Prêtres ordinaires. Mais quelques Evêques s'étant plaint à la Cour de cette entreprise inouie, on ne tarda guère à donner des ordres pour punir la témérité & la folie de ces nouveaux vifionnaires, & cela n'eut point d'autre fuite. L'Hiftorien du temps n'a pas marqué en quels quartiers de la Province de Sens cela étoit arrivé. Je ne prétend pas affûrer que ç'ait été à Auxerre, puisqu'il n'y en a pas de preuve particuliere.

On a vu plus haut le foin que prit Jean de Challon de fe faire donner les aveux & dénombremens qui le regardoient en qualité de Comte d'Auxerre. Il ne fut pas moins attentif aux droits d'amortiffement que les. Eglifès lui devoient pour leurs nouveaux acquêts. Nous trouvons qu'en 1315. il en reçut de l'Abbaye de Saint Germain tant pour les cenfives qu'un Chevalier appellé Humbaud de Bailledart avoit donné à l'Infirmerie de ce Monaftere, que pour d'autres acquifitions; & qu'en 1317. l'Abbaye de Saint Marien lui fit préfent pour un semblable fujet de la fomme de cinquante livres, de même qu'avoit fait celle de Saint Germain. Il ne faut cependant point conclure de-là, que ce Comte n'ait fait grace à perfonne; Rouvier rapporte que l'an 1315. étant à Ligny-le-Château, il accorda aux Hit. Reom. Religieux de Moutier-Saint-Jean, qu'ils tinffent de lui une maifon à Ricé, fans en payer aucune finance. L'Abbaye de Saint Germain d'Auxerre qui fe trouvoit fituée à l'un des angles, fe munit dans l'année 1317. pendant le mois. de Mai de deux Déclarations du Roi Philippe le Long. On avoit été obligé de travailler aux murs & fortifications de la Ville dans le temps des derniers troubles, & ces Religieux y avoient contribué. Les premieres Lettres Pa

p. 308.

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