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qu'en 1462.

les deux mêmes médiateurs dont il s'étoit fervi l'anpar Depuis l'an née précédente, leur donnant pour adjoint Jean Bodault 1444. juf Bailli de Châtel-Chinon. Ces Commiffaires ne réuffirent pas fi heureusement que la premiere fois. Les habitans obtinrent des Lettres Royaux, qui enjoignoient à l'Evêque d'abfoudre les deux Bourgeois. Jean Gerbe Prevôt de Sens, vint à Auxerre en qualité de Commiffaire avec fon Lieutenant, pour lui fignifier cet ordre, & à fon Official & Promoteur, le menaçant, s'il n'obéiffoit, de la faifie de fon temporel. L'Evêque fit refus, & en conféquence les deux Magiftrats de Sens fe tranfporterent à Gi-l'Evêque Clameci, Varzi, Cône, Regennes & autres lieux, pour mettre le temporel de l'Evêque & de fes Officiers en la main du Roi. Guillaume Richebois Lieutenant du Prevôt de Villeneuve-le-Roi, fut auffi employé pour cette exécution. Pendant les années fuivantes, le procès prit une autre face. L'affaire étant dévolue au Siége Royal de Villeneuve-le-Roi en vertu de Lettres Patentes, l'Evêque la fit évoquer aux Requêtes du Palais, où il obtint Sentence à fon profit. Les habitans en appellerent au Parlement, & ils y perdirent. La Ville fut obligée de payer en 1462. l'amende du fol appel, & fut condamnée aux dépens (a).

La difficulté que les habitans d'Auxerre eurent avec les Religieux de Saint Germain, ne fut point de longue dif

cuffion. Il ne s'agiffoit que de la prétention des Bénédi*Succeffions atins d'empêcher les habitans de fuccéder aux efchoites * collaterales. de leurs parens & amis dans les villages où leur Monaftere Compte de fe difoit avoir droit de main-morte. On disputa auffi fur Jean Vivien une portion de la riviere d'Yonne Tituée au-deffous d'Au

1452.

xerre, & du paffage dans un pré fur le chemin de la porte du Temple à Montmerci. Boniface Boileau Lieutenant Général de Sens, fut commis en 1462. pour visiter les endroits de la riviere qui étoient en litige. On s'accorda làdeffus auffi-bien que fur l'autre article plus facilement qu'avec l'Evêque.

(a) Les Jurifconfultes que la Ville avoit confulté à Paris, étoient Jean Simon Avocat du Roi, Pierre de Toucy fubftitut du Procureur du Roi, Jean

Luillier, Jean de Popincourt, Guillaume de Gournay, & Pierre Hanny Procureur du Duc de Bourgogne. Viole in P. de Longueil,

Depuis l'an

1444. juf

Il ne reste plus qu'à dire un mot des émeutes que les vignerons cauferent encore dans Auxerre du vivant du Duc Philippe, & de Jean de Bourgogne. Comme ils ne furent qu'en 1462. point exacts à observer le reglement obtenu au Confeil à Bourges en 1447. le Bailli d'Auxerre les condamna à les mettre à exécution. Ils en avoient appellé aux jours de Champagne (a), & depuis ce temps-là, les parties s'y étoient présentées chaque année, mais fans rien entamer, parce qu'il n'y avoit rien d'écrit de part ni d'autre ; quoiqu'il fût vrai que les vignerons avoient toujours fort à cœur d'avoir été condamnés aux dépens. Enfin des deux côtés l'on convint de tenir ( avec la permiffion du Bailli) une Assemblée générale dans l'Eglife des Cordeliers le premier jour de Février de l'an 1455. Le Clergé y députa Pierre le Mafle Abbé de Saint Pere, & Simon Béchu, Prêtre Soûchantre & Chanoine de la Cathédrale : Jean Regnier le jeune, Lieutenant Général s'y trouva auffi avec Jean Bourdin Prevôt de la Ville, Jean de Troyes Receveur Autrement d'Auxerre, Pierre la Plotte Grenetier, & près de foixante Receveur du autres notables Bourgeois. Mais de la part des vignerons & laboureurs, le nombre fe trouva plus confidérable. Là v. Preuves, furent mises à néant toutes appellations & répétitions de num. 232. dépens; & quant au principal qui étoit fur l'heure & le temps que les vignerons & laboureurs devoient travailler depuis Pâques jufqu'à la Sainte-Croix de Septembre, il fut accordé de part & d'autre, qu'ils ne pourroient quitter leur travail qu'au Soleil couchant, & nullement auparavant que faute de travailler jufqu'à ce temps-là, : ils perdroient le falaire de toute la journée, dont le Maître retiendroit une moitié pour lui, & l'autre feroit convertie pour être employée aux fortifications de la Ville (b). Depuis l'homologation de cet accord, faite le onze Mars

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(a) Granier Aubry Procureur au femblés le onze du même mois dans Parlement, fe préfenta pour les habi- l'Auditoire du Château avec la pertans aux jours de Sens & de Champa- miffion du Bailli en chargerent de gne du Parlement en Mars 145 1. Com-leur côté dix-fept Procureurs en Parlepte de Jean Vivien 1451. ment, dont le principal fut Galois de Bertus qui eft nommé dans l'acte d'homologation, avec Pierre de Bouefque Procureur des Gens d'Eglife & habitant d'Auxerre, & Pierre Hanny Procureur du Duc de Bourgogne.

(b) Les Gens d'Eglife & Bourgeois chargerent de l'homologation de cet accord, Pierre de Bouefque, Ogier Titot, Pierre des Friches, & quatre autres Procureurs en Parlement. Les Vignerons & Laboureurs, s'étant af

Grenier à fel.

1456. on ne vit plus de difficultés considérables entre les Depuis l'an Bourgeois d'Auxerre & les vignerons. Mais il paroît que 1444. juf qu'en 1462. l'heure du Soleil couchant mentionnée dans cette derniere transaction fe trouve aujourd'hui un peu anticipée. Quelques-uns croyent avec fondement que cette anticipation vient de celle qu'on a laiffé faire peu à peu de la fonnerie qui indique la fin du jour, laquelle fonnerie ne se faifoit autrefois pendant l'Hiver qu'à fept heures (a) & dans l'Eté à proportion. Ce qui eft caufe que les ouvriers de la campagne fe fouvenant que le fon du couvre-feu a été pofitivement leur fignal pour finir l'ouvrage, ne reftent point aujourd'hui aux vignes, lorfqu'ils travaillent pour autrui, au-delà du temps de ce fignal, quoique le Soleil ait encore. deux heures ou environ à être fur l'horifon.

ces années.

Les citoyens d'Auxerre au plus fort de tous leurs procès, ne laifoient pas de fe prêter aux paffages des gens de guerre & des Seigneurs de qualité. Pendant l'Hiver de 1455. la Ville & banlieue logea ceux des garnifons de Comptes de Normandie, qui paffoient fous la conduite de Robinet de Flocques. L'Hiver fuivant, pendant que le Roi étoit à Vienne en Daufiné, il en paffa un nombre encore plus confidérable. Le Comte & la Comteffe de Nevers y folemniferent la Fête-Dieu en 1458. Le Duc de Cleves y passa au mois de Juillet 1459. avec Jean de Croy Bailli de Hainault & autres, que le Duc de Bourgogne envoyoit en ambaffade vers le Pape. On remarque que la difette de bled fut alors fort grande dans le pays, parce qu'il y eut une défense d'en laiffer fortir de la Bourgogne. Mais le Bailli d'Auxois permit aux Auxerrois d'en prendre dans font Bailliage: ce qui fut un foulagement qui lui mérita la bienveillance des Magiftrats d'Auxerre.

On appréhendoit fort qu'à la mort de Charles VII. les ennemis ne furpriffent quelques Villes. Le bruit de cette: Reg. Capit. mort étant répandu à Auxerre le 27. Mai 1461. dès ce 27.Mai1461. jour-là on redoubla la garde, & le Clergé la recommença comme dans les temps périlleux. Mais cette précaution étoit prématurée, puifque le Roi vécut encore près de: deux mois, & ne mourut que le 22. Juillet.

(a) Encore à préfent à Notre-Dame | fept-heures, même les plus petits jours de Paris, le couvrefeu ne fe fonne qu'à de l'Hiver.

Reg. Capit.

lin Lufurier.

Viole in Phi

Louis XI. qui fuccéda à la Couronne, ayant acheté du Depuis Fan Duc de Bourgogne quelques Places de la Picardie, ce 1444. jufDuc de fon côté fit acquifition du Duché de Luxembourg; qu'en 1462. mais comme il n'avoit pas affez d'argent pour le payer, l'Evêque de Tournai fe tranfporta à Dijon, où les Députés 8. Jul. 1462. d'Auxerre tant du Clergé que de la Ville s'étant rendus, on * Jean Jofixa la fomme que notre Ville lui fourniroit pour fubvenir hannis medeà ce payement. Les Députés* chargés des intérêts de la cin, & GaffeVille s'en excuferent, & remontrerent l'impoffibilité de fournir cette fubvention. Ce Prince méditoit auffi depuis lippo Duce longtemps une expédition fur le Turc en Hongrie. Il convoqua pour cela les trois Etats de Bourgogne & Comtés de Charollois, Mâconnois, Auxerrois. La lettre qu'il en fit à l'Evêque d'Auxerre eft datée de Bruges le 31. Décembre 1463. Le jour qui étoit pris pour l'Affemblée étoit le troifiéme Février fuivant: mais cette expédition n'eut point lieu, & les préparatifs furent fans effet. C'étoit encore beaucoup au Duc de ce qu'il put conferver Auxerre & d'autres Places à fon fils le Comte de Charollois, malgré le deffein que le Roi eut de l'en dépouiller, à cause des ligues dans lefquelles ces Princes entrerent contre lui fous le nom de Bien-public.

CHAPITRE XXIII.

Etat de la ville d'Auxerre au commencement du régne de Louis XI. Elle eft follicitée par les deux partis oppofés; celui du Roi, & celui du Duc de Bourgogne. Les habitans reconnoiffent que le Comté d'Auxerre eft en la main du Duc fous la fouveraineté du Roi. Leur inquiétude fur l'iffue de la bataille de Montlheri. Le Comte de Charollois tache de les attacher au Duc. Louis XI. leur demande du fecours. Les deux Princes fe ménagent la ville d'Auxerre. Vaine entreprise de la Ville fur la Justice du Chapitre. Accord des habitans avec les Religieux de S. Germain fur le paffage des remparts, & fur le droit de la riviere. Etablissement d'un tribut pour la réparation du pont d'Auxerre, après une pefte qui dura trois ans.

Ean de Bourgogne ayant quitté le parti du Duc Philippe Depuis l'an JE fon oncle, pour embraffer celui du Roi Louis XI. ne 1464. juf laiffa pas d'être regardé par les habitans d'Auxerre, comme

Q q iij

qu'en 1470

Depuis l'an 1464. jul

num. 245.

jouiffant de l'ufufruit du Comté. On en a la preuve, nonfeulement dans la députation qu'ils firent vers lui fur la fin qu'en 1470. de l'année 1464. en lui envoyant Jean Thiard Lieutenant General de leur Bailli, pour obtenir l'abolition du droit de quatre livres qui fe payoit par chaque muid de fel; mais encore par une lettre du 7. Mai 1465. par laquelle il donV. Preuves, noit avis aux Auxerrois qu'il ôtoit à Monfieur de Jaucourt de Villarnou, l'Office de Gouverneur de leur Ville, en conféquence des plaintes que le Roi Louis XI. lui avoit fait de fa perfonne. Ce fut alors qu'à Auxerre on fe vit également follicité & preffé de deux côtés : fçavoir de la part du Roi, & de la part du Duc, pour garder à l'un & à l'autre une fidélité entiere. Mais il n'étoit guère poffible de contenter l'un fans déplaire à l'autre. Le Duc de Berri frere du Roi, venoit de fe déclarer Chef de la Ligue, fous le nom de Bien-public; il avoit avec lui les Ducs de Bretagne & de Bourbon, fans compter le Comte de Charollois, qui faifoit approuver par le Duc Philippe de Bourgogne fon pere, tout ce que bon lui fembloit, & qui n'étoit pas le moins remuant de tous les Princes ligués. Quand même l'Hiftoire de Louis XI. n'inftruiroit point de tous V. Preuves, ces faits, nous avons une lettre de ce Roi aux habitans d'Auxerre, datée de Saumur le premier Avril avant Pâques, par laquelle il leur donne avis que le Duc de Berri fon frere, s'étoit rangé dans le parti du Duc de Bretagne, pouffé par ceux qui portoient le peuple à la révolte en répandant de faux bruits; que pour cette raison, étant obligé de fe rendre de ces côtés-là, il ne pouvoit s'approcher du côté de la Bourgogne; mais que le Seigneur de Torci Lieutenant General en Champagne, devoit paffer par Auxerre pour les inftruire plus amplement de l'état des chofes, & leur fignifier qu'ils n'euffent point à adhérer au parti du Duc de Berri, ni à le fécourir en rien; mais plûtôt qu'ils arrêtaffent ceux qui viendroient de ce parti-là, & les tinffent en prison jufqu'à nouvel ordre. Le fixiéme jour du même mois, le Comte de Charollois qui étoit à Bruxelles leur écrivit fur le même fujet, les exhortant à lui être toujours attachés & au Duc de Bourgogne fon pere. Il ajoûta que pour les mettre au fait de la fituation des affaires, il leur envoyoit Tristan de Toulongeon Chevalier, & Antoine Ge

num. 243.

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