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Depuis l'an 1464. jufqu'en 1470.

fuccéda à Jean Regnier dont il étoit neveu, comme on voit par un Sonnet imprimé à la fin des poëfies de cet ancien Bailli. Le Duc & la Ducheffe de Bourbon qui avoient toujours été unis d'intérêts à la maifon de Bourgogne étoient auffi très - confiderés dans Auxerre, & on leur rendoit tous les honneurs poffibles, lorfquils y paffoient. La Ducheffe de Bourbon y fit fon entrée pour la premiere foisReg. Capituli, vers la Touffaint 1466. & elle obtint à l'occafion de fa bienvenue, que Bauldet Orillard Chanoine Tortrier fut quitte de la peine que le Chapitre lui avoit impofé.

Regift. Capit. 1466.

Reg. Capit. 1467.

Dans l'intervalle de temps qui s'écoula depuis l'abandon de Jean de Bourgogne, jufqu'à la mort du Duc Philippe le Bon, les Officiers laïcs d'Auxerre entreprirent fur la jurisdiction féculiere du Chapitre de la Cathédrale, dressant un acte de juftice dans la maison de Jean de Moulins Chanoine. Mais bientôt après ils reconnurent leur tort. Quelques-uns des Confeillers du Duc de Bourgogne leur ayant écrit d'accommoder cette affaire, ils envoyerent au Chapitre affemblé le 19. Juillet, Jean Regnier Lieutenant Général du Bailliage, Blaife Tribolé Avocat du Roi, & Simon Boifart Greffier, qui dirent aux Chanoines, que l'Official d'Autun l'un des Confeillers du Duc s'intereffant particulierement à faire régner la paix entre les Officiers du Bailliage d'Auxerre & les Gens d'Eglife, ils venoient se déporter de l'acte qui avoit été dreffé, & le déclarer comme non avenu, fans préjudicier aux droits du Comte d'Auxerre, ni à ceux du Chapitre: moyennant quoi la cause qui pendoit au Parlement, feroit renvoyée devant le Bailli de Sens. Onze mois après mourut à Bruges le Duc Philippe. Les habitans d'Auxerre ayant réfolu dans leur affem-blée du premier Juillet 1467. de faire célébrer un fervice folemnel dans l'Eglife Cathédrale, le Chapitre s'y porta avec un égal empreffement (a).

(a) La Ville employa dans cette cé-brerent auffi chacun une Meffe baffe rémonie dus. & 6. Juillet, cent douze dans la Cathédrale. Mais avec toute livres de cire, & cent cinquante écufla magnificence dont on fe piqua de fons marqués aux armes du Prince, faire les chofes, la dépenfe totale de dont tout les piliers de l'Eglife furent la cérémonie ne monta qu'à quaranteornés avec des cierges, & de plus felon trois livres, ce qui fait voir combien la coutume de ce temps-là, elle fit fai- tout étoit alors à bas pris. Comp. Urb.. re un pocle blanc qui fut orné d'une fol. 49. 50.

Croix vermeille. Cent Prêtres célé-[

Ibid.

Son fils le Comte de Charollois, (que j'appellerai deformais le Duc Charles,) lui ayant fuccédé, ne témoi-Depuis l'an 1464. jufgna pas moins d'amitié aux Auxerrois qu'il avoit fait du qu'en 1470. vivant de fon pere. Le premier changement que je trouve arrivé de fon temps, fut la nomination d'un Capitaine, Compte de & Gouverneur nouveau. Celui qui fut revêtu de cette dou- 1468. £. 85. ble dignité, s'appelloit Triftan de Toulongeon, Seigneur de Soucy duquel j'ai déja parlé. Il en jouiffoit au moins dès le mois de Mai 1468. mais il ne fit fa premiere entrée à Auxerre en cette qualité, qu'à Noël fuivant. Il revenoit fans doute alors de la Picardie, où le nouveau Duc avoit arrêté le Roi tout nouvellement dans le Château de Peronne. Ce Duc auroit été en état de foûtenir une vigoureuse guerre contre Louis XI. fi le Duc de Bretagne n'eut pas› fait fa paix le premier. Ce fut ce qui l'obligea d'accepter auffi le parti de la paix, qui lui fut demandée par le Roi, & achetée à prix d'argent. Cette paix fut rendue publique à Auxerre dès le quatre Novembre; & dès le même jour Reg. Capit. les Eccléfiaftiques cefferent de faire la garde aux portes 4. Nov. 1468. de la Ville (a).

Ce fut vers ce temps-là, que Jean Regnier fils de l'ancien Bailli du même nom, fuccéda dans la qualité de Bailli d'Auxerre à fon cousin germain Guillaume de Montbleru. Il y avoit eu fans doute quelque défaut dans fes Lettres d'inftitution, puifque lorsqu'il se prefenta au Parlement le 9. Janvier 1468. il n'y fut reconnu en fa qua- Reg. Parlam lité de Bailli d'Auxerre, qu'à condition qu'il feroit ré- 9. janv.1468. former ses Lettres (b). Le premier titre où je le trouve nommé, est un acte d'affemblée qui fut tenue à l'Hôtel de Ville d'Auxerre, touchant la vente du fel dont la Ville étoit alors chargée, en payant à l'Evêque, au Comte, & à quelques particuliers les droits qu'ils avoient fur cette vente. Il y prend la qualité de Seigneur de Mont-merci, & d'Ecuyer d'Ecuyerie de Monfeigneur le Duc de Bourgogne. De fon temps la Ville fit un accord avec l'Abbaye de Saint Germain, touchant le droit de paffage fur.

(a) On ne ceffoit pas néanmoins de Mont-Artre pour les effayer. fe tenir en garde, & de munir la Ville. Je lis dans le compte de 1468. qu'on mena les ferpentines au Cimetiere de

(b) C'étoit à caufe de ces mots. Pour les cas Royaux en la Cité, pays & Comté d'Auxerre.

les remparts d'Auxerre, à caufe que certaines tours, & Depuis l'an les galeries qui y aboutiffoient étoient appuyées contre 1464. jufqu'en 1470. quelques anciennes Salles du Monaftere, principalement. contre la Salle de Navarre. L'Abbé & les Religieux, par Archiv. de acte du 28. Janvier 1469. cédérent le paffage non feule

la Ville.

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ment dans le bas de la Chapelle Saint Maurice qui étoit
à cet endroit, s'en réfervant le haut feulement, mais auffi !
dans tout ce qui étoit néceffaire fur le bord des remparts
pour la commodité des gardes de la Ville, moyennant
certaines conditions: fçavoir, que ce paffage leur feroit
auffi commun; que la Ville leur payeroit une fois la fom-
me de huit cens livres; qu'elle feroit refaire quelques murs
du Monaftere qu'elle avoit détruit anciennement; & en-
fin, qu'elle fe défifteroit de fes prétentions fur une portion
de la riviere d'Yonne, depuis l'embouchure du ruiffeau
de la fontaine de Saint Germain le long des murs de la
Ville, jufqu'aux moulins de Chanteraine, ou de Judas
& depuis la pointe d'une Ifle, dite alors l'Ifle Marcouet
jufqu'au pertuis d'efcale, & autres portions fituées au- def-
fous fur lefquelles il y avoit eu procès intenté depuis plu--
fieurs années, ainfi qu'on a vu plus haut. L'Abbé Hugues
Thiard, Simon de Saint-Seine Grand Prieur de Saint
Germain comparurent avec seize autres Religieux au nom
de l'Abbaye dans l'Hôtel de Ville, où s'étoient rendus
Triftan de Toulongeon Seigneur de Souffi & Draci
Chambellan du Duc de Bourgogne, Gouverneur & Ca-
pitaine Général du Comté d'Auxerre; le Bailli ci deffus
nommé avec Jean Thiard fon Lieutenant qui étoit auffi
Gruier du même Comté, & frere de l'Abbé, Blaise Tri-
bolé Avocat du Roi & du Duc de Bourgogne, & Pierre
Gontier auffi Procureur du même Seigneur (a).

,

Il y avoit long-temps que les habitans avoient fait representer la néceffité de pourvoir à la réfection du pont' d'Auxerre qui menaçoit ruine. Le Duc Philippe avoit permis de lever un impôt fur le vin qui pafferoit tant deffus. que deffous ce pont; mais à caufe des troubles il n'avoit1 pu expédier fes Lettres. Le Duc Charles de l'avis de fon

(a) Ce Pierre Gontier eft qualifié | feil de la Ville, dans le compte de Licentié ès Loix, Avocat, & Con- 1467. fol. 73.

feiller au Bailliage d'Auxerre, & Con

pas

1464. juf-

Bruges le 18.

Bailli d'Auxerre, & de fon Procureur au même fiége, accorda plein pouvoir de faire cette levée pendant dix ans. Depuis l'an On pouvoit exiger en vertu de cette conceffion, fix de- qu'en 1470. niers de chaque queue de vin, & quatre de chaque muid. Lettres de Ce droit fe payoit non feulement deffus & deffous le pont, Mars 1469. mais encore pour tout le vin, qui fortant d'Auxerre paffoit devant la Tour de Saint Marien qui étoit la plus voisine du pertuis de la chefne. Les réparations du le feul mal prefn'étoient pont fant: il s'agiffoit auffi dans ce temps -là de repeupler la Ville. Une peste qui avoit duré pendant les années 1467. 1468. & 1469. avoit enlevé plus de trois mille perfonnes. Ce fut le principal motif qui pouffa le Duc Charles à renouveller la grace accordée autrefois par fon pere aux habitans d'Auxerre, de ne plus payer que la moitié des anciennes impofitions, c'eft-à-dire, le vingtiéme où il y avoit autrefois le dixiéme, & ainfi des autres à proportion. De l'avis de Tristan de Toulongeon, qui, comme j'ai dit, étoit Gouverneur de la Ville, il accorda des Lettres pour continuer pendant trois ans cette diminution au quart de ce qui fe levoit précedemment. La pefte dont il eft parlé dans les Lettres Patentes de ce Duc données à Hédin le vingtiéme Août 1470. eft marquée dans les Regiftres du Chapitre d'Auxerre des trois années précedentes. On y voit que dès le mois d'Août 1467. il étoit permis aux Chanoines de s'abfenter du pays, pourvu que chaque particu~ lier mit ordre aux charges de fon Benefice. Au premier jour d'Octobre qui eft un jour de Chapitre général, des Aug. 1467. cinquante deux Chanoines qui compofoient la compagnie, lbid. 24. Off. il n'y en eut que quinze qui s'y trouverent, & cependant 1.7. la réfidence des troupes du Duc de Bourgogne dans le Apr. Item 11, pays, obligeoit encore le Chapitre de contribuer à la garde Maii. 1468. des portes de la Ville, foit pour en empêcher l'entrée à ceux qui auroient apporté la pefte d'ailleurs, foit pour d'autres raifons. Philippe Cotet Souchantre, s'étant abfenté par le même motif que les autres, ne laiffa pas d'être tenu à fon rang à la garde de la porte Saint Simeon. Cette garde dura, comme j'ai dit plus haut, jufqu'à ce qu'on eut des nouvelles de la paix conclue à Peronne dans l'Automne 1468. Pour ce qui eft du mal contagieux qui défola le

Reg.Cap.zz.

Febr.

Il s'appelloit

pays, il y a fujet de croire qu'il avoit eu cours dès l'an 1466. puifque quelques jours après Pâques un habile MéJean Boulot. decin de Troyes fe trouvant à Auxerre, fut prié par les Officiers du Bailliage, de faire l'ouverture du corps d'une perfonne morte d'un mal de côté qu'on croyoit être une maladie contagieufe.

Mandement

du 6. Mai 1466.

Depuis l'an 1470. jufqu'en 1477.

CHAPITRE XXIV.

Les Châ

La ville d'Auxerre fe déclare pour Charles Duc de Bourgogne, Emeute
à cette occafion en 1470. Reproches de la part du Duc de ce qu'An-
toine de Chabannes avoit essayé d'attirer les Auxerrois dans le parti
du Roi. Terres d'Eglife ravagées par les troupes de Louis XI. &
le voisinage d'Auxerre pillé. Le Roi défend à fes fujets d'apporter
rien à Auxerre, & les habitans ne peuvent vendre leurs vins. Ils
font une fortie fur ceux qui les tenoient bloqués, & y perdent du
monde. Bled fourni à Auxerre par le pays d'Auxois.
teaux de Regennes & de Beauche repris fur le Roi, font détruits par
ordre du Duc. Mémoire des Auxerrois préfenté à ce Prince, pour
augmenter la recepte des Droits du Comté en augmentant le territoire.
Ils obtiennent permiffion d'aller chercher du bled fur les terres de
France. Plaintes du Duc de la violation du Traité d'Arras. Treve
de l'an 1474. Les dangers recommencent dans la campagne. Sauf-
conduit accordé aux habitans du voisinage d'Auxerre pour venir à
la Ville. Enumération des villages foumis au Duc. Conférence en-
tre le Roi & le Duc affignée proche Auxerre. Mort du Duc
Charles,

P

que

Endant Charles Duc de Bourgogne perdoit peu à toutes les places qu'il avoit dans la Picardie, Auxerre continua à lui être fidéle. Le Roi qui feignoit de n'ê tre pas informé de cet attachement, n'avoit pas laiffé d'accorder aux habitans en faveur de la réparation de leur pont, les mêmes octrois que le Duc leur avoit permis de lever dès le mois de Mars i 469. La conceffion de cette grace qui devoit durer pendant dix ans fous les conditions rapporJ. le Clerc tées ci-deffus, fut expédiée à Amboife le 28. Septembre 1470. Mais les Officiers du Duc qui voyoient les dommages que la ville d'Auxerre effuyoit de jour en jour à cause de la répugnance qu'elle avoit à fe déclarer ouvertement

étoit le Secretaire.

pour

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