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Ibid. f. 201.

Ibid. f. 281.

282.

du

là à Auxerre, & y fut reçu comme Envoyé de la part Depuis l'an Roi. Dans le temps du fiége que le Roi fit mettre devant la 1477. juf qu'en 1483. ville de Beaune par le Gouverneur de Bourgogne, les Auxerrois envoyerent un exprès à l'armée pour attendre l'iffue de ce fiége, afin d'en donner auffi-tôt avis à ce Prince. Il fut fi fatisfait de leurs bons fervices, qu'à leur premiere requifition il ordonna de retirer la garnison qui leur étoit trop à charge. Elle étoit compofée de trois compagnies chacune de cent lances, qu'Artus de Fontaines Ecuyer y avoit diftribuées. Ces troupes étoient fous la conduite du Bailli de Saint Pierre-le-Moutier, de Robinot du Quefnoy, & Jean Oriole. Le Roi envoya Pierre Claret fon Maître d'Hôtel les faire fortir d'Auxerre, & fon ordre fut pour exécuté le 22. Octobre 1478. La Ville étant nouvellement réduite à l'obéiffance du Roi, fut auffi du nombre de celles aufquelles on donna un nouvel Officier Royal : je veux parler du Lieutenant de Roi, dignité qui jufqu'alors Comp. Jac. avoit été inconnue dans le pays. Jean de Blanchefort, autrement dit de S. Clement, en fut pourvu environ le commencement de cette année. Il avoit été Maire de Bourdeaux; mais ayant fortement pris les intérêts de Louis XI. il s'étoit rapproché vers le pays Auxerrois & vers le Gâtinois où fon frere étoit Abbé de Ferrieres. Le Sieur de Jaucourt de Villarnou étant au contraire demeuré attaché à l'ancien parti Bourguignon, fut déclaré ennemi du Roi; fes gages de Capitaine d'Auxerre confifqués & attribués au nouveau Lieutenant, que d'autres appelloient Commissaire pour le Roi.

Cef. f. 261. 262.

A mesure que Louis XI. devenoit maître de la Bourgogne, il en faifoit fortifier les Places principales. Dès le mois de Novembre 1478. étant au Pleffis-du-Parc, il ordonna que pour achever le Château de Dijon, on fît la levée d'un manœuvre par chaque mois fur chaque feu de fon Duché de Bourgogne, de fes Comtés de Mâconnois, Charollois, Auxerrois, Châtel-Chinon, Bar-fur-Seine, &c. ou que pour chaque feu on payât une certaine fomme. Jean Rapine Maître d'Hôtel du Roi & Gouverneur d'Auxerre, fit fignifier cet Edit aux Jurés de la Ville dès le 19. Décembre, & comme par la répartition on ne devoit lever fur toute la ville d'Auxerre fur le pied de fix blancs

par

chaque

chaque feu, que la fomme de cent vingt-huit livres dix

fols par chaque mois. Il eft aifé d'inférer de-là qu'il n'y Depuis l'an avoit en ce temps-là guère plus de mille feux dans toute qu'en 1483. la Ville, ou qu'il y avoit un très-grand nombre d'exempts.

Les Ordonnances du Roi Louis XI. n'étoient pas toujours ponctuellement obfervées. On a vû ci-deffus ce qu'il avoit reglé touchant l'étendue du reffort du Bailliage d'Auxerre, conformément à ce qui avoit été arrêté par Charles VII. plus de cent ans auparavant. La ville de Cône-furLoire fut celle qui témoigna le plus de répugnance à reffortir au Bailliage d'Auxerre; mais les Magiftrats obtinrent des provifions pour foumettre à leur jurifdiction les causes de cette petite Ville. Etienne Quarre Lieutenant du Bailli de Montargis, commis pour l'exécution, s'y transporta de Cef. f. 314. Montargis le famedi avant la Chandeleur, accompagné de 315.316. Pierre Moriffet Lieutenant du Prevôt d'Auxerre; & après

y

avoir déclaré les intentions du Roi, il alla dans toutes les Villes & villages fitués de ce côté-là dont les habitans avoient eu une semblable répugnance, & y notifia les Lettres Royaux.

On fe reffentit peu de temps après à Auxerre d'un nouvel avantage. Jean Rapine Gouverneur, ne fongeoit qu'à fe rendre utile à fa patrie. Il y fit venir d'Abbeville des Religieufes qu'on appelloit Beguines, pour fecourir les malades. Elles furent logées à l'Hôpital Saint Michel proche la Porte d'Aigleni: ces Religieufes ne tarderent guère à être néceffaires au grand Hôtel-Dieu de Mont-Artre, vû les maladies contagieufes qui furvinrent dès le commencement de l'Eté. Le mal parut annoncer de fi fâcheufes fuites, qu'on crut en devoir informer le Roi. Ce Prince ordonna aux Officiers d'Auxerre d'engager par leurs follicitations le Chapitre de la Cathédrale d'aller en Proceffion à l'Abbaye de Pontigni au tombeau de Saint Edme, afin d'y offrir conjointement avec les Jurés & Bourgeois deux cierges chacun du poids de trente livres : & lui-même par fes Lettres datées de Château-Landon au mois de Mai, fit un don de douze livres au même Saint Edme. La célébre

quatre

Comp. Jae.

Ibid. f. 287

Ibid. f. 290.

Memor. Camera Comput.

Proceffion de lieues fut faite fur la fin du mois de Parif. apud D.
Mai; & outre les deux cierges préfentés à la châsse de Saint Cancell.
Edme, il y en eut un de vingt livres, offert à Notre-Da-
Tome II

V v

1477. juf

Ibid. f. 296.

297.

me des Vertus à Auxerre, & un autre de même poids à Depuis l'an l'Eglife de Saint Germain. Le cours de cette maladie qu'on qu'en 1483. traita de pefte, détourna les habitans de leurs occupations Comp. Jac. ordinaires durant une grande partie de l'année 1479. & Cef. f. 292. afin de trouver du foulagement ou d'en empêcher le progrès, ils envoyerent des certificats touchant l'état des chofes au Sieur de la Heuze & autres Officiers du Roi, qui étoient Comp. Jac. Cef. f. 281. à Lorris au mois de Juin. Les Chanoines de la Cathédrale se prêtant aux inftances de la Ville, porterent folemnellement en Proceffion le Corps de Notre-Seigneur, le dixiéme jour d'Août. Le onze & le douze du même mois, les Religieux de l'Abbaye de Saint Germain porterent auffi proceffionnellement les châffes de leur Saint Patron, de Saint Thibaud, Saint Sebastien, Saint Urbain, Saint Tiburce, &c. Les Magiftrats de leur côté firent venir encore Ibid. f. 298. d'autres Religieufes du Couvent d'Abbeville pour fecourir les peftiferés: mais toutes ces précautions & ces fecours ne purent mettre fin à la maladie affez-tôt pour fatisfaire les defirs du Roi. Ce Prince eut envie de venir à Auxerre pour traiter avec le Comte de Brienne Gouverneur de BourgoComp. Jac. gne & de Champagne. Il y envoya pendant l'Hiver Henri Cef. f. 299. Le Rotier Ecuyer d'Ecuyrie fon valet de chambre, chargé Preuves, d'une lettre écrite le 27. Décembre au Pleffis-du-Parc par laquelle il prioit les Auxerrois de lui faire fçavoir fi la pefte regnoit encore dans leur Ville. Mais quoique la reponse portât que le mal étoit ceffé, fon voyage fut cependant différé jusqu'à l'Eté fuivant. Pendant le mois de Mai 1480. on fut averti que le Roi avoit réfolu de venir en pélérinage à Saint Edme, & que fûrement il pafferoit par Auxerre. On commença alors à veiller fur ce qui avoit pû bid. f. 387. caufer la contagion l'année précédente ; & afin de prévenir la colere de Dieu par des priéres publiques, les Religieux de l'Abbaye de Saint Germain fenfibles aux inftances des Ibid. f. 366. habitans, firent le 22. & le 23. de Mai, qui étoient le mardi & le mercredi de la Pentecôte, deux Proceffions folemnelles où ils porterent plufieurs châffes de leur Eglife. A l'approche du temps auquel: Louis XI. devoit fatisfaire fa dévotion, c'est-à-dire, vers le milieu du mois d'Août, un fourrier vint à Auxerre pour y marquer les logis. Cebid. f. 369. pendant malgré tous ces préparatifs, on ignore fi le Roi

300.

num. 259.

Ibid. f. 376.

vint véritablement foit à Auxerre foit à Pontigni. C'est une chose certaine que Jean de Sadonville valet tranchant du Depuis l'an Roi reçut ordre le trente Septembre 1480. au Pleffis-du- qu'en 1483. Parc, de faire loger des Suiffes à Auxerre comme en d'autres Villes, & que les Sieurs de la Roche & de la Heuze furent Commiffaires de ces troupes. Jean Rapine mourut vers ce temps-là: le Nécrologe des Cordeliers d'Auxerre marque fon décès au mois de Novembre 1480. Olivier de Quoatement (a) fut pourvu en fa place de l'Office de Gouverneur & Capitaine General de l'Auxerrois: après en avoir pris poffeffion le 25. Novembre, il y fit fon entrée le 22. Décembre suivant.

Comme il y avoit longtemps qu'on n'avoit fait renouvelter la permiffion de vendre le fel, pour en employer le revenu aux fortifications de la Ville. André Brinon General des Finances en Bourgogne, donna une continuation de cette permiffion; en confequence de laquelle les Gouverneurs du Fait commun des deux années fuivantes 1481. & 1482. en firent venir une grande quantité. Etienne Nau- Comp. Jean det Chanoine & Lecteur de la Cathédrale étoit en cette Berthier, f.1. charge en 1480. avec Guillaume le Volant & Pierre Ferroul. Dans l'année suivante David Dugué Soûchantre & Chanoine de la même Eglife, & Jean Johannis Médecin prirent la place des deux premiers. Du temps de ceux-là la Ville eut des difficultés à fubir avec le Comte de Nevers & Philippe de Savoifi Seigneur de Seignelai, touchant le Reffort des caufes aux Tribunaux d'Auxerre; quoique ce Reffort fût très-bien établi, comme on a vu ci-dessus, puifqu'il eft très-conftant que Seignelai & toutes les terres du Comté de Nevers fituées au Diocèse d'Auxerre, font plus proches d'Auxerre même que de Villeneuve-le-Roi. L'Abbé & les Religieux de Saint Germain effayerent auffi de faire ufage de la Jurifdiction Eccléfiaftique contre certains Bourgeois ceux-ci refuferent de la reconnoître, & le Procureur du Roi requit une Provision contre l'Abbé pour le contraindre à faire ceffer la publication de certaines monitions qui fembloient rendre l'excommunication trop com

(a) Le nom de ce Gouverneur fe marqué. Il me femble cependant que trouve écrit diverfement par divers Au- dans un original que j'ai vu de lui, il teurs, tantôt Coëtmen, tantôt Quat- figne Quoamin. man, ou Quoateman comme je l'ai l

Ibid. fol. 35.

Ibid. fol. 33.

Depuis l'an

Ibid. f. 97.

mune. On ne fçait pas de quoi il s'agiffoit dans le fond. 1477. juf- Quant au différend avec le Chapitre, il s'agiffoit de fçavoir qu'en 1483. fi les Chanoines pouvoient citer & adjourner les Bourgeois en leurs caufes perfonnelles & poffeffoires pardevant Meffieurs des Requêtes du Palais à Paris. Le Procureur du Roi & celui de la Ville interjetterent à ce fujet une appellation qu'Helie le Briois bourgeois d'Appoigni alla relever de la part des habitans d'Auxerre. La même année: 1482. les Auxerrois prirent auffi des fûretés pour se maintenir dans la poffeffion de ne payer aucun droit de truage: & péage pour les marchandifes qu'ils conduifoient entre les rivieres d'Yonne & de Loire. Če privilége qui les exemp toit de fubir la loi commune dans différens bureaux du Nivernois & du Gâtinois, leur venoit du Roi Charles V.. fuivant le certificat qu'en donna le Bailli Jean Regnier le cinq Octobre, déclarant qu'il les en avoit vu joüir paisiblement depuis plus de trente ans.

Preuves,

pag. 321.

Il y avoit près de deux ans que les troupes du Sénéchal de Toulouse logeoient dans le pays Auxerrois, c'eft-à-dire, tant à Auxerre qu'à Crevan & à Saint Bri. Guillaume de Ibid. f. 126. Corguillerai Prevôt des Marêchaux de France, vint au mois d'Octobre 1482. pour en faire la revue. Tout étoit alors en paix; il n'y avoit de mouvement à craindre que: du côté de la Flandre, où l'Archiduc d'Autriche qui avoit époufé Marie de Bourgogne unique héritière du Duc Charles fon pere,. étoit en état de remuer; mais pendant la même année on ménagea à Arras un Traité de paix avec cet Archiduc. Quoateman Gouverneur d'Auxerre & Com-mandant d'Arras, fut un des Plénipotentiaires. Le mariage: de Marguerite d'Autriche avec Charles Daufin, fut l'article fur lequel roulerent la plupart des autres. On y propofa qu'elle auroit pour fa dot, outre les Comtés d'Artois & de Bourgogne, les Terres & Seigneuries de Mâconnois, Auxerrois, Charollois, Noyers, &c. Cependant quand il fut queftion de finir, il ne fut point fait mention: de la reftitution de ces Places du Duché de Bourgogne.. En quoi il paroiffoit que les Flamans convenoient que le: Roi avoit eu raifon de s'en mettre en poffeffion. Un che-vaucheur d'écurie du Roi vint apporter à Auxerre la nou-velle du Traité au mois de Janvier 1482. & pour en re

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