Page images
PDF
EPUB

Depuis l'an premier jour de Septembre, entre les mains de M. de Bi 1560. jufrague Garde des Sceaux, il fe fit reconnoître à Auxerre qu'en 1574 par l'enregiftrement de fes Lettres à l'Hôtel de Ville fur Regist. Urbis. Îa fin du même mois. Cette dignité de Gouverneur chan

gea encore de Titulaire fort peu de temps après, puifqu'on trouve dès le 21. Août 1573. des provifions de Bailli & Gouverneur d'Auxerre, accordées à Louis de Millaux Seigneur de Vaux, dans lesquelles il n'eft point dit qu'il fuccéda au Sieur de Chaumont, mais à Chriftophle des Urfins, Chevalier des Ordres du Roi, qui avoit résigné cette charge entre les mains de fa Majefté. Il peut fe faire que la qualité de Gouverneur d'Auxerre fût envifagée de plufieurs manieres. Il paroît en effet par les Registres de la Ville, que tant qu'elle étoit unie à celle de Capitaine,. elle ne fouffroit aucune difficulté dans fon exercice; mais il n'en étoit pas de même, fi on la regardoit comme feule, & non jointe à aucune autre. Et c'eft de ce côté-là qu'on l'envisagea lorsque l'on conclut à l'Hôtel de Ville le 27. Décembre, de former oppofition contre Noble. Seigneur Louis de Millaux, s'il vouloit s'attribuer la qualité de Gouverneur, par la raifon, la raison, disoit-on, que le pays Auxerrois n'eut jamais de gouvernement feparé d'avec celui de la Bourgogne. Je trouve en effet de temps en temps Reg. Urb. 23. des marques de cette union, & qu'on y envoyoit aux Apr. 1572, Etats, de même que les autres Villes du Duché. Quoi

[ocr errors]

pays

qu'il en foit, Louis de Millaux étant arrivé à Auxerre au commencement de l'année 1574. ne fit aucune instance pour s'y faire reconnoître Gouverneur, ni même du Auxerrois. Il paroît feulement par les Regiftres de la Ville, qu'il fe fit recevoir dans la charge de Bailli. Il en prêta le ferment à l'Hôtel de Ville le 19. Janvier en présence de François le Prince, Procureur du Roi, avec promefse de

Les tables de Blanchard font] Seurrat Juge, Louis Guillon, & Jean mention d'un reglement du 19. Mai Guillaume Confuls de la marchandise 1566. pour la diftribution des procès de la ville d'Auxerre, élus le 27. Juin dans les Bailliages de Melun, Sens, & précedent, étant venus en Cour pour Auxerre, & d'un autre du 4. Juin y prêter ferment, on leur dit qu'il ne 1569. qui ordonne la fuppreffion de feroit plus néceffaire que leurs fuccefl'Office de fecond Avocat du Roi aul feurs y vinflent, parceque fuivant des Bailliage d'Auxerre. Il y a auffi dans | Lettres du Roi vérifiées en Parlement les Regiftres du Palement au 20. Juil-il fuffiroit qu'ils le prêtaffent devant le let 1568. un article concernant la ju- premier Maître des Requêtes qu'ils risdiction Confulaire d'Auxerre. Jean trouveroient fur les lieux.

conferver les privileges des habitans : ce que lui & le Procureur du Roi confirmerent de leur fignature. Ce fut le dernier Bailli que la ville d'Auxerre reçut du Roi Charles IX. qui mourut le 30. Mai fuivant.

CHAPITRE XXXI.

Auxerre fous le regne d'Henri III. Police obfervée dans la Ville à l'é-
gard des paffans. La ville de Touci s'engage de fournir des vivres à
Auxerre préférablement à Gien. Office de Garde des Sceaux du
Bailliage non introduit à Auxerre. Etabliffement d'un troifiéme En-
quêteur. Augmentation d'artillerie dans Auxerre & de troupes dans
Les Fauxbourgs. Eaux de Vallan conduites de nouveau dans la
Ville. Donziois attribué au Bailliage d'Auxerre par Arrêt de 1581.
Suppreffion du Lieutenant Particulier. Séchereffe & fterilité fuivies de
contagion & de famine. Le Chapitre confulté pour l'établissement
d'un Lieutenant Général. Commencemens de la Ligue dans Auxer-
re. Le Duc de Guife y paffe. Destination de deux bâtimens
un College. Armées dans le Diocèfe d'Auxerre vers la Loire. Le
bourg de Saint Sauveur ravagé. Prieres de la Ligue dans Auxerre
en 1588. Quels étoient les ennemis de ce parti. Colanges-lez-vineu-
fes prife par ces derniers. Treve conclue à Villefargeau, mais non
obfervée. Reprife de Colanges par les Auxerrois ligueurs. Ceux de
Gien fe retirent à Auxerre. Tranflation du Bailliage d'Auxerre à
Joigny. Les Ligueurs d'Auxerre veulent forcer Mailli-la-Ville : ils
efcaladent & prennent Annai-la-Côte proche Avallon..

[ocr errors]

pour

Na dû s'appercevoir dans le chapitre précedent

&

Depuis l'an 1574. juffur-tout depuis les maux qu'elle caufa dans Auxerre, le qu'en 1589. fond de l'Histoire du pays roule fur différens faits qui y ont rapport. C'eft un changement de matiere dont j'aurois fou haité pouvoir me difpenfer; mais un Hiftorien ne peut rapporter d'autres évenemens que ceux que les temps lui fourniffent. Au refte, j'efpere que malgré le grand nombre de faits qui regardent les guerres que l'héréfie excita, on trou vera encore dans les trois chapitres qui me restent à écrire, quelques points qui n'ont aucune relation aux troubles de la Religion. Je placerai ces articles, comme j'ai fait juf qu'ici, aux années aufquelles ils fe rapportent, afin de finir cet ouvrage par maniere d'Annales, ainfi que j'ai com

DDd iij

mencé, perfuadé que les traits hiftoriques qui regardent Depuis l'an les deux partis que le zele pour la Religion forma alors, 1574. julqu'en 1589. ne feront pas ceux qu'on lira avec le moins d'attention.

Peu de temps après le décès de Charles IX. Jacques Amyot Evêque d'Auxerre écrivit au Chapitre de la Cathédrale, de prier Dieu pour le repos de l'ame de ce Prince; & la Ville ayant eu communication de cette nouvelle conclut de contribuer à la cérémonie felon qu'il étoit convenable. Ce Service cependant ne fe fit que le lundi cinquiéme de Juillet. On ignore la raifon du délai des lettres de ce Prélat. Il étoit Grand-Aumônier fous le regne du feu Roi, & il continua de l'être fous celui d'Henri III. ce qui fait que notre Hiftoire particuliere contient quelques traits relatifs à ce qui fe paffoit à la Cour, où ce Prélat étoit obligé de résider fort fouvent. On vit au commencement de ce regne prendre dans Auxerre une précaution qui jufqu'alors avoit été inconnue. Il fut ordonné par le Bailli à tous hôteliers d'apporter chaque jour à l'Hôtel-de-Ville les noms, furnoms & pays de ceux qui paffoient, & qui logeoient chez eux; comme auffi un état des armes qu'ils portoient. D'un autre côté l'Evêque fut prié de permettre de travailler les jours de Fêtes aux fortifications qui avoient été fort endommagées par les dernieres guerres. L'exception que l'on propofa des Fêtes folemnelles, des Dimanches, & des Fêtes d'Apôtres, dans un temps où il y avoit alors quantité d'autres Fêtes nouvellement introduites, fit enteriner facilement la Requête. La vigilance continuelle fur les befoins du pays engagea auffi dès le commencement de ce regne les Citoyens d'Auxerre, à faire apporter à leur Ville le plus de munitions qu'il leur fut poffible. Les habitans de Gien avoient prétendu que c'étoit à eux préferablement aux habitans d'Auxerre, que ville de Toucy devoit en fournir, par la raifon que Touoy eft renfermé dans l'Election de Gien. Ceux de Toucy s'en défendoient, alleguant l'éloignement de leur Ville de celle de Gien. Ceux d'Auxerre les ayant appuyés, firent perdre aux habitans de Gien l'efpérance de tirer des Reg. Urbis Vivres de ce côté-là.

la

1. Dec. 1574. Le nombre des habitans en état de garder Auxerre dans l'obéiffance du Roi n'étoit pas fort grand, puifque com

1574. juf

pris les gens d'Eglife & de Juftice, il ne montoit qu'à mille ou douze cens hommes, fuivant le Certificat qu'on Depuis l'an en envoya à M. de Tavannes Lieutenant de Roi au Gou qu'en 1589. vernement de Bourgogne, & Gouverneur d'Auxerre. Mais Reg. Vrbis les garnisons du voifinage étoient la grande reffource, & 1975. z. Fatt. on leur diftribuoit exactement les munitions qu'on appottoit à la Ville. C'eft pourquoi avec l'agrément de M. de ibid. 25. Jul. Tavannes, on s'exempta d'en fournit aux Reitres qui étoient

à Ys-fur-Til. Sur les nouvelles que l'on eut à la fin de Mars 1576. que l'armée du Prince de Condé approchoit Regist. Urb. d'Auxerre, on difpofa une grande quantité de gabions pour 1576. 2. Apr. mettre fur les plattes formes. Le Capitaine Brufquet qui vivoit encore alors, & qui avoit donné tant de preuves de fa valeur dans la délivrance d'Auxerre & au fiége de Vezelay, avoit fous lui un certain nombre de foldats qui ibid. 20. Apr. furent exactement payés de leurs fervices. On avoit aussi un autre Capitaine appellé Malarbe ou Malherbe, qui, prenant à cœur les intérêts des Auxerrois, conduifoit des troupes, & les formoit pour la guerre. L'approche des ar- Ibid. s. Mai. mées du Prince Cafimir caufa quelque frayeur au mois de Mai: cependant il n'y eut que quelques hommes tués dans 1bid. 17. Maš la plaine proche Saint Marien, & il paroît qu'on n'y dut avoir de grand fujet d'appréhension que plufieurs années après, puifque la paix fut conclue dans le même mois entre le Roi & les Princes.

Il y eut dans le commencement du regne d'Henry III. peu de nouvelles Déclarations qui tendiffent à faire des changemens dans les Offices du Barreau. On trouve seulement qu'en 1575. il y eut une création de Garde des Sceaux du Bailliage d'Auxerre, & que Melchior du Voi→ gne fe fit pourvoir de cette Charge. Mais la Ville s'y op pofa à caufe de l'augmentation du droit qui en réfultoit. Elle prétendit devoir toujours jouir des mêmes privileges & immunités que la Bourgogne; & elle prouva que fi l'on ne payoit actuellement que fix deniers parifis pour l'appofition du fceau, c'étoit en conféquence des privileges accordés par les Rois. Cette remontrance préfentée à M. Allegrain Maître des Requêtes de l'Hôtel du Roi, jointe aux propofitions du nouveau pourvu, qui témoigna être prêt à re- Tabul. Urbis, cevoir fon remboursement, fit tomber & difparoître les

vûes qu'on avoit eu dans ce nouvel établissement. Il y eut Depuis l'an auffi en 1576. au mois de Novembre un Edit du Roi, 1574. jufqu'en 1589. qui portoit création d'un troifiéme Office d'Enquêteur aux Tables de Bailliages & Sénéchauffées de Sens, Auxerre & Lyon. Blanchard. Mais ces fortes d'Offices ne s'établirent qu'avec de grandes difficultés, ou ne furent pas de longue durée.

La paix dont j'ai parlé plus haut, ne dura point non plus tant de temps qu'il eût été à fouhaiter. Au bout de quelques mois la guerre recommença par la prise de la Charitéfur-Loire. Mais quoique cette Ville foit du Diocèfe d'Auxerre, & qu'elle ne foit éloignée de la nôtre que de dixhuit lieues, nous ne voyons point qu'il fe foit fait alors aucuns mouvemens dans le terrain d'entre deux, ni dans le Comté d'Auxerre, encore moins dans la Ville. Un fecond Edit de Paix donné en 1577. arrêta les efprits remuans, & je n'ai rien trouvé qui eut rapport aux marques d'hoftilité, qu'une augmentation d'artillerie qui fut faite alors. Elle fut fi confidérable, qu'il fallut fonger à obtenir du Roi la permiffion de prendre dans fon Château d'Auxerre une place propre à fervir d'arfenal, afin d'y renfermer avec plus d'ordre que par le paffé, les armes & l'artillerie de la Ville. La permiffion qu'il en donna eft du 13. Mars 1578. Ce n'étoit au refte qu'une fimple précaution pour affurer le repos des citoyens en cas de remuement. On jouiffoit encore à Auxerre de cette parfaite tranquillité l'an 1579. lorfque les Magiftrats attentifs à l'obfervation des Edits de pacification, firent un exemple fur deux Avocats qui avoient Regist. Urbis paru en public armés de lances, de dagues & de piftolets, 16. Auguft. & les menacerent après une déliberation expreffe qu'on

1579.

avertiroit le Gouverneur de la Province, fi dans la fuite on les voyoit s'affembler fous les piliers à la place de la Fénerie. On fe fervoit du temps de cette paix pour travailler plus foigneufement à fortifier la Ville qui avoit beaucoup fouffert depuis douze ans. François Legeron ConIbid. 2. Aug. seiller au Préfidial, fut envoyé à Paris pour remontrer que les befoins extraordinaires ne permettoient plus qu'on fût chargé d'impofitions comme avant les guerres civiles. Mais s'il obtint la diminution des impôts, la circonstance d'un temps incertain & douteux obligeoit d'un autre côté à nourrir un grand nombre de foldats dans les dehors de la Ville.

C'eft

« PreviousContinue »