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Vil

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NOTICE

SUR L'ABBÉ LE DIEU ET SUR SES OUVRAGES

L'abbé Le Dieu appartenait à une famille honnête et aisée de Péronne. En 1674, il étudiait à l'Université de Paris, où il se lia avec Phelippeaux qui fut depuis, comme lui, attaché à la maison de Bossuet, et connu par sa fameuse Relation du Quiétisme. Jusqu'en 1681, Le Dieu et Phelippeaux restèrent intimement liés à Paris. Trois ans après, Bossuet s'attacha l'abbé Le Dieu en qualité de secrétaire particulier, et le nomma chanoine et chancelier de son église cathédrale. Ce choix de Bossuet honore celui qui en fut l'objet. Le Dieu méritait cette distinction de l'évêque de Meaux; il n'était pas homme de génie, mais ses connaissances étaient fort étendues, et il avait surtout un grand amour pour l'étude. Outre les Mémoires et le Journal que nous publions, il avait composé plu

a

sieurs mémoires, en particulier sur l'affaire du Quiétisme, sur les erreurs d'Ellies Du Pin, et sur la lecture de l'Écriture sainte. Son mémoire sur le Quiétisme servit à l'abbé Phelippeaux pour sa Relation, ouvrage déprécié par le cardinal de Bausset, mais qui cependant mérita l'approbation de Bossuet lui-même.

Le Dieu fut un des principaux compilateurs des livres liturgiques du diocèse de Meaux. Comme la plupart des diocèses de France, celui de Meaux avait conservé jusqu'alors les anciens livres avec presque toutes les erreurs que le moyen âge y avait introduites. Le concile de Trente et le pape Pie V ayant provoqué la réforme des liturgies, les évêques de France y travaillèrent, principalement pendant les xvne et xvme siècles, et surpassèrent la réforme romaine, grâce aux grands travaux d'érudition auxquels se livraient plusieurs congrégations religieuses, et surtout les Bénédictins de Saint-Maur. Tout en conservant le fond des anciennes liturgies gallicanes, ils en élaguèrent tout ce que l'esprit trop crédule du moyen âge y avait introduit de controuvé et d'inexact; des hommes remarquables par leur talent poétique, tels que Santeul, Coffin et Commire, donnèrent aux nouvelles liturgies le concours de leur talent; des hommes pratiques, comme

le savant Claude Chastelain, Vigier et Mesenguy, y mirent un ordre et une critique inconnus jusque alors.

L'abbé Le Dieu dressa avec Chastelain le calendrier de l'église de Meaux, qui forma la base des livres liturgiques de ce diocèse. Bossuet approuva leur travail, et l'abbé Le Dieu commença à s'occuper du missel par son ordre. La mort empêcha Bossuet de mettre à exécution le projet qu'il avait conçu. Sous le cardinal de Bissy, son successeur, l'abbé Le Dieu continua l'œuvre qu'il avait commencée, et le nouveau missel fut approuvé par ce prélat. Cependant le P. Doucin, confident de Bissy, lui fit bientôt remarquer que dans le canon, on marquait des et des Amen après les différentes oraisons, ce qui favorisait l'opinion de ceux qui, à cette époque, voulaient que le canon fût dit à haute voix. Bissy reçut à Germigny la dénonciation du P. Doucin. Il en écrivit à l'abbé Le Dieu qui lui adressa un extrait des rubriques générales. Il paraît que l'évêque fut satisfait puisqu'il se servit aussitôt après du nouveau missel dans l'office public. Mais le P. Doucin n'en continua pas moins son projet d'entraver la nouvelle liturgie de Meaux ; quelques anciens chanoines lui vinrent en aide. A l'instigation de Doucin, Bissy abandonna le plan du bréviaire auquel on travaillait depuis quelque temps;

il en donna un nouveau où la distribution des psaumes était conforme à celle de la liturgie romaine; mais il confirma le nouveau missel et le rendit obligatoire pour tout son diocèse'.

On travailla au nouveau bréviaire sur le plan de Bissy, et il fut solennellement publié en 1712.

Le Dieu accompagnait Bossuet dans ses visites pastorales, et il en rédigea les procès-verbaux en deux volumes. Nous regrettons vivement de n'avoir pu découvrir cet ouvrage qui nous eût certainement fourni des renseignements précieux sur la vie épiscopale de Bossuet. On en trouvera de nombreux dans le Journal, mais les procès-verbaux nous eussent sans doute fourni de plus amples détails.

L'abbé Le Dieu aida Bossuet pour la correction des copies de ses ouvrages, et il en revoyait les épreuves avec lui. Il était le gardien de ses manuscrits et son bibliothécaire. Nous devons au bon secrétaire plusieurs pièces que Bossuet eût certainement laissé

1 Picot, dans ses Mémoires pour servir à l'histoire ecclésiastique pendant le xvine siècle, prétend que la discussion relative aux Amen du canon fit tant de peine à l'abbé Le Dieu qu'il en mourut. M. Guéranger, dans ses Institutions liturgiques, a copié Picot. La publication du Journal de l'abbé Le Dieu détruira cette erreur comme tant d'autres accréditées par certains écrivains. Remarquons seulement ici que la discussion sur les Amen est de 1710 et que l'abbé Le Dieu ne mourut qu'en 1713.

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