Page images
PDF
EPUB

avec une franchise désagréable, ses déplaisirs et ses Déc. 1801. mécontentements. Habitué à la rude familiarité des camps, il tutoyait encore Bonaparte, comme sous la tente de l'armée d'Italie; et bien que ce ton et ces manières fussent pour le premier consul une cause d'ennui, Bonaparte n'en rendait pas moins justice au dévouement instinctif et au brillant courage de cet ami importun. Dans l'occasion, il lui rendait des services; il payait ses dettes; jamais il ne se tenait pour sérieusement offensé de la camaraderie de son langage : c'était une éducation à faire, et il chargeait les événements et la raison de ramener peu à peu ce caractère incommode à une appréciation plus saine des devoirs nouveaux.

L'homme le plus à craindre parmi les gens de Bernadotte. guerre de cette époque, celui dont les convictions républicaines semblaient le plus inébranlables, était le général Bernadotte, ancien ministre sous le directoire exécutif. Les démocrates avaient jeté les yeux sur lui comme sur l'adversaire légitime de Bonaparte, et c'était à Bernadotte qu'ils réservaient l'honneur de tirer vengeance du 18 brumaire. Ami de Fouché et secrètement lié avec les habiles du parti jacobin, Bernadotte se conduisait avec réserve et prudence, ne donnant jamais prise à la haine, et ne sollicitant point la confiance. Il évitait de marcher sur les traces de Moreau et d'afficher, comme lui, une opposition vantarde, sans portée et sans but; mais, au demeurant, il était moins disposé qu'aucun autre de ses camarades à accepter volontiers la domination du premier consul. Bonaparte l'observait; il ne l'aimait pas,

[ocr errors][ocr errors][merged small][merged small]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

rule ML 209des DES SOUS-CEKøn a tea mulas that ass 11 name des gens de

10 jaren des basares: Jimée se wwwx dépieaice: ele eccser: les habitudes fametre et preaque feragogiques contractées sous la tente, durant les jours de guerre; elle avait de

seres plaisanteries à l'encontre des rois, des

prêtres, de ceux qu'on nommait encore les ci-devant; Dec. 1801. mais pourvu que Bonaparte en appelat à son concours, à son dévouement, elle était prête à lui servir d'instrument et de levier. Davoust, Savary, Junot, et la plupart des lieutenants qui avaient fait la première campagne d'Italie, ne connaissaient que le premier consul, ne juraient que par lui; beaucoup d'entre eux poussaient le zèle jusqu'à organiser une police militaire fort active dans l'intérêt du maître, et ils croyaient de leur devoir de servir Bonaparte par tous les moyens à leurs yeux, le dévouement, comme le feu, purifiait toute chose.

Dans l'ordre civil, l'obéissance et la hiérarchie s'établissaient vigoureusement et comme sans obstacle. Le consulat fut l'ère de la restauration sociale: Bonaparte travaillait à refaire l'œuvre de Colbert et de d'Argenson; il organisait l'administration et la police. La loi du 28 pluviôse an VIII avait institué les préfectures, les sous-préfectures, en un mot la centralisation absolue et compacte qui nous régit encore; ces services fonctionnaient avec régularité et vigueur; dans chaque département, un conseil général, choisi par le gouvernement lui-même, avait mission de représenter les intérêts locaux auprès du préfet : c'était l'administration élisant ceux qui étaient chargés de la contrôler: système commode, contre lequel personne ne protestait, tant le besoin de l'ordre imposait silence à la liberté et aux principes. Chaque maire relevait du pouvoir central, et non de la commune; il était moins un magistrat qu'un commissaire, qu'un agent du consul ou du préfet le garde champêtre servait

Reorganisa

tion de

dans

la société l'ordre civil.

Déc. 1801. il ne le craignait guère, mais il le considérait comme un obstacle dont il fallait tenir compte. Aussi l'avaitil appelé au conseil d'État, et chargé, en outre, du commandement de l'armée des côtes d'Angleterre. Brune. Un frondeur moins dangereux, mais plus sincèrement encore attaché à la cause républicaine, était le géné

militaires.

ral Brune. Le premier consul l'avait traité comme Bernadotte.

Conspirateurs D'autres chefs, moins élevés en grade, nourrissaient contre Bonaparte les sentiments d'une haine exaltée les uns, comme le chef d'escadron Fournier, appartenaient corps et âme à la république, et lui cherchaient des vengeurs; les autres, comme M. Donnadieu, vouaient leurs sympathies à la cause royaliste. Il existait dans l'armée des sociétés secrètes, imitées de celles dont le foyer était en Allemagne ; et les agents de ces associations ténébreuses se transmettaient, pour mot d'ordre, le devoir de lutter contre toute tyrannie. Au surplus, ces hommes étaient clairsemés, leurs allures ne cessaient d'être timides et circonspectes; ils obéissaient en attendant des jours meilleurs.

Dispositions générales

l'armée.

En dehors des exceptions que nous venons d'inde diquer, la masse de l'armée était favorable au premier consul; la multitude des officiers, des sous-officiers et des soldats était lasse du règne des gens de loi, des parleurs et des bureaucrates; l'armée se croyait républicaine; elle conservait des habitudes familières et presque démagogiques contractées sous la tente, durant les jours de guerre; elle avait de grossières plaisanteries à l'encontre des rois, des

prêtres, de ceux qu'on nommait encore les ci-devant; Déc. 1801. mais pourvu que Bonaparte en appelât à son concours, à son dévouement, elle était prête à lui servir d'instrument et de levier. Davoust, Savary, Junot, et la plupart des lieutenants qui avaient fait la première campagne d'Italie, ne connaissaient que le premier consul, ne juraient que par lui; beaucoup d'entre eux poussaient le zèle jusqu'à organiser une police militaire fort active dans l'intérêt du maître, et ils croyaient de leur devoir de servir Bonaparte par tous les moyens à leurs yeux, le dévouement, comme le feu, purifiait toute chose.

:

Dans l'ordre civil, l'obéissance et la hiérarchie s'établissaient vigoureusement et comme sans obstacle. Le consulat fut l'ère de la restauration sociale : Bonaparte travaillait à refaire l'œuvre de Colbert et de d'Argenson; il organisait l'administration et la police. La loi du 28 pluviôse an VIII avait institué les préfectures, les sous-préfectures, en un mot la centralisation absolue et compacte qui nous régit encore; ces services fonctionnaient avec régularité et vigueur; dans chaque département, un conseil général, choisi par le gouvernement lui-même, avait mission de représenter les intérêts locaux auprès du préfet : c'était l'administration élisant ceux qui étaient chargés de la contrôler: système commode, contre lequel personne ne protestait, tant le besoin de l'ordre imposait silence à la liberté et aux principes. Chaque maire relevait du pouvoir central, et non de la commune; il était moins un magistrat qu'un commissaire, qu'un agent du consul ou du préfet : le garde champêtre servait

[blocks in formation]
« PreviousContinue »