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l'ex-roi Joseph', qui étaient des réfugiés, recevaient la solde d'activité à Lorient, à titre de corps colonial 2.

<«<Lors du débarquement de l'Empereur en 1815, on forma le 6 régiment étranger à Tours 3; il fut composé des débris de l'ancien régiment Joseph-Napoléon, ainsi que de ceux de sa garde dont je viens de faire mention. Mais après la seconde abdication de l'Empereur ce régiment fut licencié et les officiers rentrèrent dans la position de réfugiés.

« Les officiers de l'ex-régiment Joseph-Napoléon ne cessèrent de réclamer contre la qualité de réfugiés qu'on leur faisait prendre et qu'ils ne pouvaient accepter 4, vu qu'ils étaient venus en France d'une manière légale, qu'ils avaient servi dans l'armée française et que leurs brevets étaient signés au nom de l'Empereur, par le prince vice-connétable et par le ministre de la guerre de l'Empire. Enfin, en 1817, leurs services ayant été examinés et reconnus, ils furent admis au traitement de demi-solde, et ceux de l'ex-garde du roi Joseph rentrèrent dans la position de réfugiés.

1. La garde du roi Joseph et les cadres français de plusieurs régiments espagnols à son service étaient rentrés en France avec l'armée des Pyrénées sous les ordres du maréchal Soult; nous donnons à l'appendice, pièces R, quelques rapports à l'Empereur, et documents relatifs à ces corps, en priant le lecteur de se reporter à l'excellente Histoire des troupes étrangères au service de France, de E. Fieffé, t. II, p. 150 et suivantes.

2. Un régiment colonial étranger avait été créé par une ordonnance du roi en date du 16 décembre 1814 pour recevoir les militaires espagnols et portugais à la solde de la France. Ce régiment fut licencié par un décret impérial du 2 mai 1815. Lors de la seconde Restauration, la légion étrangère fut créée par l'ordonnance du 6 septembre 1815; elle devint, le 9 juin 1816, légion de Hohenlohe, puis régiment de Hohenlohe, le 21 février 1821, enfin 21e régiment d'infanterie légère, le 5 janvier 1831. Le major de Kindelan, qui avait adressé au prince d'Eckmühl, plusieurs demandes pour obtenir le commandement du 6e régiment étranger, fut nommé lieutenant-colonel de la légion de Hohenlohe, et maintenu dans cet emploi par décision ministérielle du 17 juillet 1816. (Archives administratives de la guerre.)

3. Voir la Légion portugaise, IIIe partie p. 371.

4. Voir une lettre adressée de Saumur, le 8 septembre 1815, au ministre de la guerre, maréchal Gouvion Saint-Cyr par les officiers en solde de réforme du 60 régiment étranger (Légion portugaise, IIIe partie, p. 377).

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Quelque temps après, Sa Majesté Louis XVIII rendit une ordonnance portant que les officiers en demi-solde nés en pays étranger, qui, dans les délais de six mois, n'obtiendraient pas des lettres de naturalité, seraient rayés des contrôles de l'armée. Les officiers de l'ex-régiment Joseph-Napoléon, auxquels la porte de leur patrie native était fermée, s'empressèrent de se mettre en mesure de profiter de ce bienfait qui leur donnait une patrie adoptive, à la protection de laquelle ils avaient acquis des titres, moins pour avoir versé leur sang pour elle, que par la perte difficile à réparer des affections de famille.

«< A partir de la réalisation de cet acte, les chances de ces officiers devinrent les mêmes que celles des officiers nés français; conséquemment, je n'ai plus rien à en dire. >>

Ici s'arrête le manuscrit que le commandant Lopez, alors chef d'escadron au corps d'état-major et aide de camp du lieutenant-général Colbert, adressa de Rennes, le 20 décembre 1840, au ministre de la guerre.

Si nous avons cru devoir, à l'aide de documents d'archives', donner quelque développement à ce qui concerne la formation et l'organisation du régiment Joseph-Napoléon, en raison de l'intérêt technique que nous a paru présenter l'étude détaillée de la création en France d'un régiment espagnol, alors que l'Espagne nous faisait la guerre que l'on sait, nous nous sommes borné, une fois le régiment constitué, à suivre ses étapes de guerre dans le récit qu'en a laissé un de ses plus brillants officiers.

1. Nous sommes heureux d'adresser ici tous nos plus sincères remerciements à MM. Martinien et Marleix, employés aux Archives historiques et administratives de la guerre, pour l'extrême obligeance avec laquelle ils ont bien voulu contribuer à nos recherches et en ont grandement facilité le travail,

Nous nous garderons de prendre la parole après le commandant Lopez. Nous demanderons seulement au lecteur bienveillant qui, grâce à lui, a bien voulu nous suivre jusqu'ici, la permission de rappeler en quelques mots sa carrière'. Lopez, jeune sous-officier au régiment des Asturies, s'était montré aussi brave que loyal lors de l'insurrection des régiments espagnols dans l'île de Seeland. Le général Fririon reconnut hautement ses services dans une lettre de 1818 que le commandant a jointe à son mémoire et que nous avons reproduite d'après lui 2.

Entré comme sergent-major au régiment Joseph-Napoléon lors de sa formation, il gagna ses épaulettes de souslieutenant, de lieutenant et de capitaine pendant les cam

1. Voir page 62.

2. Voir page 71.

Le général Fririon ne devait pas s'en tenir là, et le 8 avril 1823, il écrivait au général vicomte de Caux, conseiller d'État, directeur général au ministère de la guerre la lettre suivante :

« Mon cher Général,

« Je m'adresse à vous avec la confiance que vous accueillerez avec la même bienveillance que votre prédécesseur, le désir que je lui avais exprimé de voir M. Lopez, capitaine au corps royal d'état-major, promu au grade de major ou de chef de bataillon dans la ligne. Cet officier, déjà connu très avantageusement dans le corps royal, est capitaine depuis 10 à 11 ans ; il a passé successivement par tous les grades, il a été sergent-major, adjudant sousofficier, adjudant-major; il a fait les fonctions d'officier payeur après la retraite de Russie; il a commandé un bataillon depuis sa formation jusqu'au moment de son licenciement. J'ajouterai que M. Lopez s'est dévoué en Danemarck, pour me sauver, lorsque les Espagnols insurgés avaient tué un des officiers de mon état-major et me menaçaient du même sort.

« Vous voyez, mon cher Général, que cet officier a bien des droits à ma reconnaissance..... Mais je n'insiste que faiblement sur des détails qui me sont personnels, parce que je sais qu'ils ne peuvent être que d'une faible considération, quand il s'agit d'avancement; je me borne donc à vous recommander le capitaine Lopez sous le rapport de ses qualités personnelles, ainsi que de ses connaissances militaires et administratives qui le mettent, selon moi, en première ligne parmi les officiers de son grade; c'est à ce titre que je vous prie, mon cher Général, de lui faire conférer le grade de major ou de chef de bataillon dans la ligne, qu'il remplira, je l'espère, de manière à justifier l'intérêt que je vous prie de lui porter.

« Veuillez, etc.

« Le Lieutenant-général,

« Signé : Baron N. FRIRION, »>

pagnes de Russie et d'Allemagne; ces trois grades furent payés de trois blessures reçues à Lützen, à Leipzig et à Hanau; chevalier de la Légion d'honneur en 1813, il reçut, en 1834, la rosette d'officier. Après une longue carrière militaire, définitivement retraité en 1855, le commandant Lopez mourut à Guingamp en 1862, âgé de près de 75 ans.

Comme conclusion de notre étude et comme hommage à la mémoire du vieil officier de Joseph-Napoléon, nous nous bornerons à transcrire la lettre suivante que le ministre de la guerre, maréchal Soult, duc de Dalmatie, lui adressa le 9 janvier 1841:

<< J'ai reçu avec la lettre que vous m'avez écrite, Monsieur, une notice historique sur les troupes espagnoles envoyées en Étrurie et en France pendant les années 1806 et 1807.

« J'ai lu avec intérêt les détails contenus dans cette notice et j'ai reconnu qu'ils pouvaient fournir d'utiles renseignements principalement sur la formation, la composition et la dissolution du régiment Joseph-Napoléon, ainsi que sur les événements de guerre auxquels ce régiment a pris part. Ces renseignements trouveront leur place en tête des matricules du corps, et je ne puis que vous faire mes remerciements sur le travail digne d'éloges auquel vous vous êtes livré dans les moments de loisir qu'a pu vous laisser votre service. Je vous en exprime donc toute ma satisfaction. »

Qu'il nous soit permis d'ajouter à ce haut témoignage le modeste tribut de notre reconnaissance; grâce aux souvenirs du commandant Lopez, nous avons pu donner des dramatiques événements de Seeland le récit d'un témoin oculaire venant à l'appui de celui qu'en a laissé le général

1. Archives administratives de la guerre.

Fririon, puis suivre le régiment Joseph-Napoléon jusqu'au, jour de sa dissolution, en recueillant l'impression vécue de ces moments si cruels pour de braves officiers étrangers qui avaient vaillamment payé de leur sang l'honneur d'avoir fait partie de la Grande Armée.

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