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Thionville, Mézières, Charleville et Besançon, je fus interprète de 550 hommes dans cette dernière ville. »

C'est de ces éléments que l'Empereur forma, en 1809, le régiment Joseph-Napoléon, dont nous nous proposons de reconstituer l'historique.

I

Comme conclusion de cette étude, nous croyons devoir reproduire la lettre suivante que l'Empereur adressa de Saint-Cloud, le 10 septembre 1808, à Frédéric VI, roi de Danemark, à Copenhague :

<< J'ai reçu la lettre de Votre Majesté, du 11 août. J'ai été extrêmement fâché de l'imprudence qui a été commise de laisser la garde des postes les plus importants à des troupes que les circonstances devaient rendre suspectes. Je l'ai été davantage encore des désagréments que Votre Majesté en a éprouvés. J'ai fort applaudi à la conduite qu'elle a tenue, et je la prie d'en recevoir mes remerciements. Quelques bataillons de plus ou de moins sont de peu de considération ; les sollicitudes que cela devait donner à un allié qui, comme Votre Majesté, avait besoin de consolation, est ce qui m'a le plus frappé. Que Votre Majesté compte sur mon désir de tous les temps de lui être agréable et de contribuer à sa satisfaction et au bien de son pays. »

Avril 1898.

1. Correspondance de Napoléon Ier, no 14312, t. XVII.

II

LE RÉGIMENT JOSEPH-NAPOLÉON

I

En exécution d'un ordre de l'Empereur en date du 6 octobre 1808, prescrivant de les soumettre à une surveillance particulièrement étroite, les officiers, sous-officiers et soldats des régiments d'infanterie des Asturies et de Guadalaxara et du régiment de cavalerie d'Algarve, désarmés en Danemark et ramenés prisonniers en France, furent disséminés dans des places choisies parmi celles qui avaient des garnisons.

I

Il résulte d'un rapport adressé à l'Empereur, le 17 octotobre 1808, par le général Clarke, ministre de la guerre, qu'ils furent répartis de la manière suivante : les officiers, par groupes de 12 ou 15 furent envoyés au château de Sedan, au château de Bouillon, à la Petite-Pierre, à Lichtenberg, au fort Barraux, au fort l'Écluse, au fort Griffon, à Besançon, à la citadelle d'Amiens et au château de Péronne; les sous-officiers et les soldats furent placés au nombre de 500 à Mézières, 500 à Thionville, 500 au fort de Scarpe et à

1. Archives nationales, AF, IV, 1156.

ESPAGNOLS.

Douai, 550 à la citadelle de Besançon, 550 à Luxembourg, 550 à la citadelle de Lille et 350 à Phalsbourg.

Cependant l'Empereur ne devait pas tarder à tirer parti de ces soldats qui, avant l'insurrection dont ils s'étaient rendus coupables, avaient montré devant Stralsund de sérieuses qualités militaires.

Dans les premiers jours du mois de novembre 1808, Napoléon avait quitté Paris pour prendre en personne le commandement de ses armées en Espagne, tirer vengeance du désastre de Baylen et rétablir dans la Péninsule l'autorité du roi Joseph: les victoires d'Espinosa1, de Tudela et de SomoSierra l'amenèrent en un mois aux portes de Madrid; le 5 décembre, l'Empereur écrivait de Chamartin à son frère2 pour le presser d'organiser son armée, et lui donnait à cet effet de minutieuses instructions: « ..... Quant aux Espagnols, ajoutait-il, vous avez des militaires qui se sont bien. comportés. Il y en a du corps de La Romana à l'armée du Nord auxquels on doit de la reconnaissance, entre autres un général et plusieurs colonels. Faites venir ce général qui est en France et mettez-le à la tête d'un régiment espagnol. Je crois qu'il faudrait appeler ce régiment Royal-Napoléon d'Espagne, afin que ce titre leur fasse sentir leurs obligations..... >>

L'arrivée de courriers venus de Paris lui ayant fait sentir la nécessité de se rapprocher de la France, l'Empereur s'établit à Valladolid le 7 janvier 1809. Par une lettre de ce même jour, il autorisait le ministre de la guerre à recruter

1. C'est à cette bataille, qui prit pour eux les proportions d'une déroute, que La Romana et les régiments qu'il avait ramenés du Danemark furent défaits par le maréchal Victor, duc de Bellune.

2. Correspondance de Napoléon Ier, no 14531, t. XVIII.

3. Le général de Kindelan.

4. Correspondance de Napoléon Ier, no 14659, t. XVIII.

les régiments étrangers qu'il avait à son service dans les dépôts de prisonniers espagnols: « Je crois aussi, lui écrivait-il, qu'il y a bon nombre de soldats espagnols qui sont restés fidèles. Il faudrait voir le duc de Frias et vous entendre pour tâcher de composer un régiment espagnol à ma solde. Le général qui s'est bien comporté dans le Nord pourrait donner des renseignements sur les officiers qui méritent confiance. »

Le général de Kindelan, auquel, pour la seconde fois, l'Empereur faisait allusion, avait, nous l'avons vu, donné des gages certains de fidélité lors des événements de Danemark. Il était naturel que Napoléon qui l'avait signalé au roi Joseph comme susceptible d'être mis à la tête d'un régiment en Espagne gardât à son service ce général au moment

1. A la date du 1er janvier 1809, les prisonniers de guerre espagnols en France présentaient la situation suivante :

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2. Ambassadeur du roi d'Espagne Joseph-Napoléon, à Paris.

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