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La condamnation de Vadet n'a pas été inspirée précisément par la passion politique. Il n'y faut voir qu'une vengeance personnelle du préfet, qui lui reprochait quelques articles publiés par le Patriote de la Meurthe et des Vosges. Que contenaient ces articles? Ils rappelaient le rôle qu'avait joué Depercy dans le procès d'avril et dans les événements qui l'avaient précédé.

CONDAMNÉS

Au bannissement à temps ou à vie.

BUFFET, négociant.

EVAN, maire d'Epinal, professeur d'agriculture à la ferme-modèle de Dombasle.

FOREL, CARLOS, Représentant du Peuple.

Il avait été oublié par Louis Bonaparte et ses ministres. La commission des Vosges l'a trouvé de bonne prise. Elle a frappé en même temps son frère, qui est l'un de nos premiers filateurs et dont la fabrique occupe environ cinq cents ouvriers.

HUSSON, négociant.

KROUBERT, ex-directeur de l'école normale.

MARCOT, ébéniste.

MATHIS, propriétaire, ex-maire.

MARION, cultivateur.

PETITOT, ancien maître de pension.

POIRSON, tailleur.

THERIN, architecte.

CONDAMNÉS

A l'internement.

BILLET, régociant.

CONCHE, commerçant.

MASSON-PLUMERET, négociant.

JOLIBOIS, fabricant de tuiles.

Plus de soixante ouvriers travaillent dans les deux tuileries que possède Jolibois dans les Vosges et la Moselle.

MUNICH, ancien notaire.

TOUSSAINT, cultivateur.

VIENNET, teneur de livres.

VOIRIN, propriétaire.

LIVRE X.

La proscription dans les départements de l'Ouest.

I.

L'Ouest, cet ancien théâtre de nos discordes, a été moins frappé que l'Est, mais beaucoup plus que le Nord.

Deux départements, la Sarthe et les Deux-Sèvres, ont fourni un assez grand nombre de victimes. La proscription ne pouvait viser plus juste. La démocratie avait là deux foyers, qui rayonnaient sur toute cette partie de la France. Des journaux, heureusement rédigés, y parlaient au peuple le langage, à la fois simple et pittoresque, des masses et l'initiaient de plus en plus à la vie politique.

Maine-et-Loire, la Mayenne et le Morbihan ont payé aussi leur tribut au despotisme bonapartiste; mais le coup a été moins rude.

Il en a été de même pour le Calvados, qui n'a été qu'effleuré par la proscription.

Une influence puissante, celle des légitimistes, paraît avoir inspiré toutes les mesures de rigueur, qui ont atteint les démocrates de l'Ouest. Voilà pourquoi les campagnes n'ont pas été frappées comme sur d'autres points du territoire. Les Blancs se croient encore les maîtres des paysans dans la patrie des Stofflet, des Lescure et des Cathelineau. Mes paysans de la Vendée, disait un jour naïvement à la tribune Larochejacquelein.

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Ce n'était pas de ce côté que les royalistes devaient pousser les agents de Louis Bonaparte. Ils ont trouvé plus habile et plus politique de les tourner contre la démocratie des villes et ses principaux représentants.

Quel était leur intérê!? Et quel devait être leur calcul? Décapiter la République pour n'avoir plus en face d'eux que le bonapartisme, chancelant, comme un soudard, au milieu de ses hontes et de ses crimes.

II.

CALVADOS.

Membres de la Commission.

LEROY, PIERRE, préfet.

CHATERIE-LAFOSSE, général de brigade.

MABIRE, avocat-général.

Le préfet du Calvados est le frère du préfet de la Seine

Inférieure. Ce sont deux orléanistes; mais ils passent volontiers dans le bagage de tous les gouvernements. La patrie n'existe pour eux que dans le budget.

Pierre Leroy n'est pas naturellement porté à la violence. Mais ses instincts royalistes l'armaient contre la République. Il sentait aussi le besoin de voiler un peu son origine aux yeux de Louis Bonaparte. Il a donné à la tyrannie tout ce qu'il fallait pour avoir une place sous son drapeau.

Ses collègues, Chaterie et Mabire, ont suivi son exemple. Le premier avait été député sous la monarchie et on l'a vu figurer plus d'une fois à la cour de Louis-Philippe. Le second devait son siége au gouvernement provisoire. Deux rénégats de plus au service du bonapartisme et de ses fureurs !

Il faut reconnaitre cependant que les prévôts du Calvados ne se sont pas montrés violents, comme tant d'autres. On peut croire qu'ils ont été contenus par la population de Caen, qui, le lendemain du coup d'État, répondait par une protestation énergique à la dictature bonapartiste.

C'est pour le même motif qu'ils auront résisté aux conseils dè quelques royalistes ardents, qui demandaient des victimes. On a remarqué parmi ces furieux un ancien notaire, Colleville, un président de chambre, Roger de la Chouquaine et le professeur de droit, Bayeux, qui brisait solennellement à l'arrivée des Cosaques, le buste de l'Empereur, sorti du ciseau de Canova.

Le plus fougueux des trois a été le président Roger. Il n'a pas craint de se présenter à la préfecture avec les circulaires électorales de l'ancien comité démocratique du Calva_ dos, pour signaler à la proscription les noms des signataires.

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