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leur avoir donné le courage de signer la Foi de leur sang; et, dans cette messe, on pourroit lire au peuple les actes de leur Martyre

».

Les mêmes vœux, inspirés par la même croyance et les mêmes principes, étoient publiquement exprimés, à la même époque, chez toutes les autres nations étrangères où se trouvoient de nos prêtres encore exilés (1); et déjà l'auteur du présent Martyrologe,

(1) Pendant que M. Saussol composoit son ouvrage en Espagne, M. Vasse, curé, docteur et professeur de théologie à l'université de Caen, exprimoit les mêmes idées et les mêmes désirs en Angleterre, comme on peut s'en convaincre en lisant son Essai sur la conduite à tenir par le clergé fidèle dans les principaux points du ministère qu'il aura à exercer lors de sa rentrée en France (in-8° Londres, 1800). « Il me seroit impossible, disoit-il, d'oublier ici ces nombreux confesseurs de la Foi, les Martyrs de nos jours mêmes, que l'on a vu montrer la plus grande sérénité, caresser et baiser la main barbare qui tenoit la hache levée sur leurs têtes, ou qui, déjà épuisés par une suite de mauvais traitemens de toute espèce, ne cherchoient à ranimer leurs forces, et à prolonger ce qui leur restoit de vie, que pour bénir le Ciel, et prier encore pour leurs persécuteurs et pour leurs propres bourreaux. Qui a pu inspirer à ces hommes admirables tant de fermeté, tant de patience, une charité aussi désintéressée, si ce n'est la religion? Que seroit-ce si je parlois de ces vierges qui ont tant illustré leur sexe par une conduite qui tient vraiment du prodige, et que la postérité aura peine à croire; de ces vierges qui, de nos jours, ont étonné les apôtres mêmes de la licence, qui ont trompé leur attente, et désespéré leur rage, en montrant une vigueur de résistance, une sublimité d'héroïsme dont ils ne les soupçonnoient pas capables; de ces vierges enfin qui ont forcé l'admiration universelle, qui servi

pénétré des mêmes sentimens, parce qu'il étoit éclairé des mêmes lumières, animé du même esprit, songeoit à réaliser des vœux si unanimes, en publiant ce qu'il avoit pu recueillir des actes de nos Martyrs. Ses documens s'étant prodigieusement accrus jusqu'à ce jour, il peut se flatter de ne laisser que bien peu de regrets à ceux qui désirent connoître toutes les saintes victimes que la haine de la religion catholique

ront à orner les plus beaux triomphes de l'Eglise, et qui se sont acquis tant de droits à l'immortalité ? »

En Allemagne, c'étoit M. Georgel, ex-jésuite, vicaire-général de Strasbourg, qui disoit avec une juste assurance : << Les annales de l'Eglise de France publieront un jour les noms vénérables de tant d'illustres athlètes qui ont honoré leur ministère en bravant les opprobres, les chaînes et la mort» (Mémoires, 2° édition, 1820, tom. III, pag. 59).

En Italie, dans les Etats même du pape, M. Coste, curé de HauteFage en Limousin, et administrateur du diocèse de Tulle, publioit son Essai sur la conduite que peuvent se proposer de tenir les prêtres appelés à travailler au rétablissement de la religion catholique en France (in-8°: Ancône, 1799), dans lequel il consacroit tout son article VII à parler du soin de conserver la mémoire de ceux qui ont souffert la mort pour la cause de la religion. Il y disoit : « Puisque Dieu a voulu se susciter de nouveaux témoins dans ce siècle d'impiété, et que l'exemple de leur Foi et de leur courage n'est pas moins nécessaire à la gloire de la religion et à l'édification des chrétiens, que dans les premiers temps, nous serions bien coupables de les laisser dans l'obscurité. Toutes sortes de motifs nous engagent à prendre les moyens de conserver à la postérité des monumens si glorieux à la Foi, et si utiles aux peuples. Chaque prêtre doit donc s'informer exactement de tous ceux qui ont souffert

a fait périr dans ces derniers temps. On ne doutera point qu'il n'ait suivi les règles de la Foi, sur laquelle se fondoit l'antique discipline de l'Eglise, quand on en verra le développement dans son DISCOURS préliminaire, et surtout quand on en trouveral'application en détail à la plupart des victimes qu'il a présentées comme de vrais Martyrs. Quant à la nature des circonstances dans lesquelles ils ont péri, et qui

pour la cause de la religion dans le lieu où il sera chargé d'exercer le saint ministère, et en envoyer une relation détaillée à son évêque, accompagnée de tous les témoignages qu'il aura pu recueillir pour en constater là vérité. On doit insérer dans la liste glorieuse de ceux qui ont donné leur vie pour Jésus-Christ, non seulement ceux qui l'ont clairement confessé devant les tribunaux, mais encore tous ceux qui ont souffert pour défendre l'unité de l'Eglise contre les schismatiques; ceux qui, dans des séditions populaires ou autrement, ont été massacrés en haine de la religion, et ont souffert la mort avec patience et courage; ceux qui, sans avoir expiré sous le glaive des impies, sont morts par suite des mauvais traitemens qu'ils ont reçus pour la Foi; ceux qui sont morts dans les prisons pour la même cause; et ceux qui ont péri sur mer ou dans leur fuite, pourvu qu'il soit bien certain qu'ils ont persévéré jusqu'à la fin dans leur confession, et qu'ils sont morts dans la charité qui seule couronne les Martyrs. La conduite précédente de ceux qui ont souffert pour la Foi, n'est pas même un obstacle à ce qu'ils participent à la gloire des autres, s'il est bien constaté qu'ils sont morts pour la religion et dans l'unité de l'Eglise. Il n'est pas de faute qu'ils n'aient pu laver dans leur sang; et dès qu'ils l'ont répandu volontairement pour Dieu, ils ont donné la plus grande preuve qu'ils avoient la charité qui couvre la multitude des péchés : In christianis non initia spectantur, sed finis. Mais dans les relations qu'on fera de leur mort,

les constituent véritablement tels, quelque diverses qu'elles puissent être, suivant les lieux et les époques, on auroit la même confiance que nous en cet auteur, si l'on connoissoit, aussi bien que nous, tout ce qu'il a pu tirer de lumières des situations différentes et toujours honorables, où les événemens l'ont jeté tour à tour, ainsi que des vicissitudes le plus souvent cruelles dont il a été le jouet malheureux. On diroit que la

de

il faudra ne rien omettre de ce qui serviroit à prouver que la cause de leur condamnation, ou de leurs souffrances, a véritablement été la religion. Il ne faut pas laisser sur cela le moindre nuage. S'il y avoit quelque doute qu'ils n'eussent été tués qu'à cause de leur résistance aux innovations civiles, il ne faudroit point les insérer dans la liste honorable des Martyrs. A plus forte raison, doit-on prendre garde d'y compter ceux qui, après avoir embrassé le schisme et y avoir persévéré, ont souffert la mort pour ne pas vouloir renoncer à la religion chrétienne, à moins qu'il ne soit bien certain qu'ils ont donné des preuves leur repentir sincère, et qu'ils sont revenus à l'unité catholique. De Rome enfin étoit envoyée dans tous les pays catholiques aux évêques de France, dispersés par l'exil, une lettre circulaire de l'auteur des Mémoires indiqués ci-après (pag. 15), laquelle avoit pour but d'obtenir d'eux, sur leurs diocèses respectifs, tous les renseignemens possibles du même genre, afin que de leur convergence en ce lieu central de la catholicité, il pût résulter une histoire générale de la persécution. Cette circulaire, approuvée par le cardinal Gerdil d'après le suffrage des censeurs que le Pape Pie VI lui-même avoit nommés, étoit adressée de l'ordre même de ce Pontife, à tous les légats et nonces en diverses contrées, par le cardinal Zélada, son ministre secrétaired'Etat, qui chargeoit chacun d'eux de la faire tenir à ceux des prélats, voisins du lieu de sa légation ou de sa nonciature. (Voy. ci-après, pag. 15 et 540.)

Providence vouloit qu'il fût obligé par elles à pénétrer dans les secrets de la révolution, et de ses nombreuses crises dont aucune n'épargna la religion, malgré la variété de leurs formes respectives. Il seroit aussi tombé dans trop de méprises, s'il n'en eût jugé que d'après les discours et les écrits pour ou contre, de ces époques où la faction triomphante, rejetant toujours ses propres crimes sur la faction vaincue, entraîna toujours plus ou moins les esprits qui n'avoient pas bien connu les différences de l'une avec l'autre, et rendit par conséquent la vérité difficile à saisir : mais il a eu de meilleurs guides pour arriver jusques aux premiers moteurs; et l'on s'en apercevra en parcourant ses Tableaux historiques (1).

Ne voyant au surplus que son objet, il s'est dispensé de dire les manoeuvres par lesquelles, depuis 1789 jusqu'après le 21 janvier 1793, d'illustres factieux s'efforcèrent de placer un usurpateur sur le trône de Louis XVI, et celles par lesquelles ensuite d'infernaux politiques, imaginant de créer le règne affreux de la terreur, réussirent, suivant leurs pro

(1) Il ne faut rien moins que ces guides, pour trouver le fil de l'histoire dans le chaos décourageant que présente le Moniteur d'où l'on n'a tiré, jusqu'à présent, que des lumières vacillantes sur les moteurs et les causes des grandes catastrophes. On ne devra donc pas être surpris de l'assurance avec laquelle notre auteur va marcher dans ce dédale ténébreux, que les disparates et les contradictions, semblables à des décombres dans un souterrain, achèvent de rendre à peu près impraticable.

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