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noître pour de vrais Martyrs, comme on s'en convaincra souvent en lisant notre Martyrologe. Son auteur étoit donc bien fondé de toutes les manières à leur décerner ce beau titre, sans en être empêché par des décrets de la congrégation de l'Inquisition

vingt années, la Foi revient dans ces lieux pleurer la mort de ses Martyrs, et proclamer leur gloire immortelle... Peu d'années après leur massacre, une âme sainte fut inspirée de commencer en ce lieu même une expiation nécessaire ». Mais le prédicateur, revenant tout à coup aux vraies idées de la Foi, se dément lui-même en s'écriant : « 0 mon Dieu! ces massacres ne furent qu'un baptême de sang qui purifia vos ministres ». D'après tous ces rapprochemens, quand on revient sur la phrase de l'exorde, terminée par ces mots qui donna sa vie pour la Foi, on seroit tenté de prendre pour une intercallation, les paroles qui suivent : « Et en même temps, nous offrons pour eux des prières, par un juste respect pour l'autorité de l'Eglise à laquelle seule il appartient de les préconiser solennellement ».

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On pensoit, on agissoit bien différemment aux beaux siècles du christianisme; et pour n'en citer qu'une preuve, contentons-nous de dire qu'après que sainte Symphorose et ses sept fils eurent été immolés et jetés dans une fosse profonde par l'ordre d'Adrien, la persécution ayant été suspendue pendant un an et demi les fidèles accoururent en ce lieu pour y vénérer leurs reliques; ils se hâtèrent d'y ériger d'honorifiques tombeaux aux corps de ces saintes victimes dont les noms étoient déjà écrits dans le livre de vie : Post hæc quievit persecutio anno uno et mensibus sex: in quo spatio omnium Martyrum honorata sunt sancta corpora, et constructis tumulis condita cum omni diligentiâ, quorum nomina descripta sunt in libro vitæ. (Ruinart: Passio sanctæ Symphorosæ et septem filiorum ejus.)

C.

Romaine, sous le pape Urbain VIII (1), parce qu'ils ne furent faits que pour des temps bien différens des nôtres, comme cela sera bientôt expliqué (pages 85 et suivantes). A ces autorités, déjà plus

(1) Afin de montrer jusqu'où vont notre déférence et celle de l'auteur à leur égard, nous consignons ici, en son nom, et par son ordre, les deux déclarations que ces Décrets exigeoient de ceux qui écriroient ou auroient écrit la vie de quelque serviteur de Dieu, mort en odeur de sainteté.

I. (In capite libri.)

Cùm sanctissimus D. N. Urbanus Papa VIII, die 13 martii anno 1625, in sacrâ congregatione Sanctæ Romanæ et universalis inquisitionis, Decretum ediderit, idemque confirmaverit die 5 julii anno 1634, quo inhibuit, imprimi libros hominum qui sanctitate, seu martyrii famâ celebres è vitâ migraverunt, gesta, miracula, vel revelationes, seu quæcumque beneficia, tanquam eorum intercessionibus à Deo accepta, continentes, sine recognitione atque approbatione Ordinarii; et, quæ hactenus sine eû impressa sunt, nullo modo vult censeri approbata: idem autem Sanctissimus die 5 junii 1631 ita explicaverit, ut nimirùm non admittantur elogia Sancti, vel Beati absolutè, et quæ cadunt super personam, benè tamen ea, quæ cadunt suprà mores et opinionem, cum protestatione in principio, quòd iis nulla adsit authoritas ab Ecclesià Romanâ, sed Fides tantùm sit penes authorem: huic Decreto, ejusque confirmationi, et declarationi observantia et reverentia, quâ par est, insistendo, profiteor, me haud alio sensu, quidquid in hoc libro refero, accipere, aut accipi ab ullo velle, quàm quo ea solent, quæ humana duntaxat authoritate, non autem divinâ catholicæ Romanæ Ecclesiæ, aut sanctæ Sedis Apostolicæ nituntur; iis tantummodò exceptis,

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que suffisantes on pourroit ajouter celle de l'illustre Benoît XIV, qui, tout en parlant de ces décrets, rappeloit avec complaisance et en détail, les autres exemples analogues qu'avoient antérieu

quos eadem Sancta Sedes Sanctorum, Beatorum, aut Martyrum catalogo adscripsit (ajoutant d'après les décrets de la sainte congrégation de l'inquisition, des 7 et 13 novembre 1658): Non intendendo eos, quorum vitæ conscribuntur, nec in vim horum meorum scriptorum aliquo pacto teneri pro Martyribus.

II. (Ad calcem libri.)

Lector, adverte, in elogiis virorum illustrium, quos hoc libro complexus sum, non nulla me obiter attingere, quæ sanctitatem ipsis videantur adscribere : perstringo non nunquam aliqua ab iis gesta, quæ cùm vires humanas superent, miracula videri possunt, præsagia futurorum arcanorum, manifestationes, revelationes, illustrationes, et, si qua sunt alia hujusmodi; beneficia item in miseros mortales eorum intercessione divinitùs collata : demùm non nullis sanctimoniæ, vel martyrii videor appellationem tribuere. Verùm hæc omnia ita meis lectoribus propono, ut nolim ab illis accipi tanquam ab Apostolicâ Sede examinata, atque approbata: sed tanquam quæ à solâ suorum authorum Fide pondus obtineant, atque adeò non aliter, quàm humanam historiam. Proindè Apostolicum sacræ congregationis sanctæ romana et universalis inquisitionis Decretum anno 1625, editum, et anno 1634, confirmatum, integrè atque inviolatè, juxtà declarationem ejusdem Decreti à Sanctissimo D. N. Urbano Papâ VIII, anno 1631 factam, servari à me, omnes intelligant; nec velle me vel cultum, aut venerationem aliquam per has meas narrationes ulli arrogare, vel famam, et opinionem sanctitatis, aut martyrii inducere, seu augere, nec quidquam ejus cxis

rement donnés, même en des temps ordinaires, les SS. Pères et les plus recommandables Docteurs de l'Eglise (1).

Si nos vœux sont remplis, ce Martyrologe si désiré, demandé avec tant d'instances (2), entrepris et promis depuis plus de vingt ans, aura, parmi les vrais enfans de la Foi, dans tous les pays, les mêmes salutaires effets que produisirent autrefois les récits de la mort des premiers- Martyrs; car les fidèles de notre âge, en le recevant de nos mains, doivent nous entendre leur dire avec saint Denys d'Alexandrie : « Prenez bien garde qu'après en avoir fait la lecture, vous ne vous trouviez encore tièdes dans le service de Dieu. Pendant que vos yeux, en le parcourant, s'inonde

timationi adjungere, nullumque gradum facere ad futuram aliquando ullius beatificationem, vel canonizationem, aut miraculi comprobationem: sed omnia in eo statu à me relinqui, quem, seclusâ hac meâ lucubratione, obtinerent, non obstante quocunque longissimi temporis cursu. Hoc tam sanctè profiteor, quàm decet eum, qui sanctæ Sedis Apostolicæ obedientissimus haberi filius cupit, et ab eâ in omni suâ inscriptione et actione dirigi. (Et, suivant les décrets de la sainte congrégation de l'inquisition, des 7 et 13 novembre 1658) : Non intendendo eos, quorum vitæ conscribuntur, nec in vim horum meorum scriptorum aliquo pacto teneri pro Martyribus.

(1) De Servorum Dei Beatificatione et Canonizațione, L. I, C. XI, n° 15.

(2) Peu de temps après qu'il eut été annoncé au public, par la Politique Chrétienne de 1800, toutes les notices biographiques qui avoient été déjà envoyées à l'auteur, et notamment celles qui

ront de larmes, et que vos cœurs se rempliront de tristesse, votre âme doit aussi se remplir d'allégresse et de confiance, puisque vous verrez venir au-devant de vous cette grande quantité de morts qui revivent pour toujours, et cet essaim de personnes qui sont toutes joyeuses d'avoir péri pour la cause de J.-C. Pleurez, j'y consens, de ce que vous êtes encore séparés d'elles; mais réjouissez-vous de ce qu'elles sont réunies avec le Seigneur. Entre cette tristesse et cette joie, il est deux avantages de situation que sans doute vous ne négligerez point : l'un sera de faire servir vos larmes à laver vos péchés, et l'autre de ranimer vos espérances dans la glorieuse résurrection que ces âmes bienheureuses ont obtenue (1) ».

étoient relatives aux déportés de 1794, aux Martyrs de Cahors, Reims, etc., lui furent enlevées, avec beaucoup d'autres manuscrits, par les agens de ce ministre de la police, qui avoit exercé les terribles et sacriléges proconsulats dont il sera parlé ci-après aux pages 279 et 300. La Providence prit sans doute ces notices sous sa protection spéciale; car, malgré la destruction successive de plusieurs autres manuscrits, elles furent constamment épargnées, si bien qu'après la restauration du trône de saint Louis, en 1814, notre historien, revenant d'un long exil, a pu les retrouver íntactes. Leur conservation presque miraculeuse durant quatorze ans dans cet infernal dépôt, et la restitution qui lui en étoit faite, pouvoient-elles ne pas être à ses yeux l'indice évident que Dieu lui imposoit le travail pénible auquel, depuis cinq années, il s'est livré pour la gloire de nos Martyrs et l'édification de l'Eglise catholique ?

(1) Cave porrò ne horum beatorum Martyrum passionem mente percurras, indè ociosus desideas, neve eamdem medi

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