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les gens instruits, présenter un extrait, très-rapproché de

ces Mémoires.

PREMIER EXTRAIT.

Tannage..

DANS la Moravie, ou au moins à Znaïm, on tanne les peaux de veau et de cheval, d'abord en les plongeant dans une forte décoction très-chaude d'un tiers d'orge et dé deux tiers d'écorce de pin, et en les y laissant pendant trois jours; puis, en les tenant pendant six à huit autres jours dans une autre forte décoction faite avec l'orge seulement, et élevée à la même température que la première.

Ensuite en les mettant, après toutefois les avoir passées, macérer pendant quatre semaines dans des fosses ou cuves, sur des lits d'écorce de pin concassée et imbibée d'eau, en renouvelant à chaque semaine l'eau et l'écorce, celle-ci à des doses graduellement plus considérables.

Ce qui suffit pour opérer le tannage des peaux de veau et de cheval, n'est qu'une opération préliminaire pour celle de bœuf.

On remet ces dernières par trois fois dans les fosses avec une autre matière bien autrement tannante que l'orge et l'écorce de pin; c'est une espèce de galle dont nous ferons connaître la description et l'analyse.

DEUXIÈME EXTRAIT.

Salpêtre.

La plus grande partie du salpêtre qu'on fabrique en Allemagne est le produit de nitrières artificielles établies en plein air, et qui, par cette raison, ne sont exploitées que l'été.

Pour former ces nitrières, on prend vingt parties de terre végétale, six parties de cendres lessivées, trois parties de chaux éteinte et en poudre.

Ces substances bien sèches étant mêlées exactement,

on en fait un mortier avec de l'eau de fumier ou d'un égout, et de ce mortier on construit des pyramides qua drangulaires de huit à dix pieds de hauteur, ayant à leur base de petites rigoles, au moyen desquelles, dans les tems pluvieux, l'eau qui a dissout le salpêtre, porté ou effleuri à la surface des pyramides, s'écoule et va se rassembler dans un tonneau placé à la partie la plus déclive du terrain.

Quinze jours après la construction de ces pyramides, et lorsqu'il a fait beau tems, on en gratte la surface, et on porte la terre qu'on en a retirée dans un endroit couvert, dans le magasin où on vient la prendre pour la lessiver.

Après l'opération du grattage des pyramides, qu'on renouvelle tous les huit jours, on les arrose avec de l'eau de fumier mais on se dispense de gratter et d'arroser lorsque le tems est à la pluie.

Les procédés sont à peu près les mêmes que ceux qu'on pratiquait en France avant la révolution; seulement le fabricant de salpêtre, à Znaïm, avait introduit, pour l'éva poration de ses lessives, le mode décrit par M. Bouillod, dont il sera question dans l'extrait suivant.

TROISIÈME EXTRAIT.

et

M. Bouillod, dans le quatrième Mémoire, ne donne qu'à peu près la description du fourneau de M. Wenzler, fabricant de salpêtre, par ce que les militaires, soit français, soit autrichiens, l'avaient en bonne partie détruit avant notre arrivée.

Au reste, ce fourneau bien connu, sur-tout en Angleterre, où on l'emploie à distiller de la houille pour en obtenir du gaz hydrogène qui sert à l'éclairage d'une multitude d'ateliers, peut se concevoir facilement, en imaginant qu'il est fabriqué pour recevoir une immense cornue, quelle qu'en soit la forme; que cette cornue est remplie de bois dont les produits, fournis par distillation,

sont

reçus dans un premier tonneau, où ceux qui sont liquides restent condensés, et d'où ceux qui sont gazeux, s'échappent et vont se laver dans un autre tonneau à moitié plein d'eau, et se porter ensuite dans des récipiens destinés ou à les conserver, ou à les transmettre, soit au même fourneau pour y être enflammés et continuer la carbonisation du bois, soit à des poêles pour les échauffer, en rempla cement des combustibles ordinaires, soit enfin par des tuyaux multipliés aboutissant à des lampes pour éclairer une suite d'appartemens.

On aura enfin une idée complète de ce fourneau en se figurant qu'étant à réverbère, et par conséquent surmonté d'un dôme et d'une cheminée, ce dôme est de fer fondu et cette cheminée de fer battu, qu'elle est coudée au point d'être devenue horizontale, et que ce dôme et cette chéminée se trouvent placés dans une grande cuve de bois remplie dé lessive de salpêtre, lessive dont la chaleur du dôme et de la cheminée procure l'évaporation.

QUATRIÈME EXTRAIT.

Potasse.

LES mêmes individus qui fabriquent en Allemagne le salpêtre, préparent aussi la potasse, par la lixiviation des cendres, l'évaporation des lessives dans des chaudières de fer, l'exposition du salin dans des fours, pour brûler toutes les substances charbonneuses et extractives que le salin contient.

Il est possible qu'en Allemagne on épuise davantage les cendres, et qu'on en retire plus de potasse qu'en France.

En effet, non-seulement on garde les cendres en tas, arrosées par couches, pendant un an, mais après les avoir lessivées une première fois, on en forme à plusieurs reprises des pyramides qu'on soigne comme celles qui procurent le salpêtre, c'est-à-dire, qu'on les arrose, qu'on en

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BULLETİN DE PHARMACÌÈ.

gratte la superficie à mesure que le carbonate de potasse s'y forme; et enfin, quand la lessive du produit du grattage de ces pyramides ne donne plus qu'un degré à l'aréomètre, on les fait entrer dans la composition des pyramides au salpêtre.

M. Boudet fait, à l'occasion du procédé relatif à l'extraction de la potasse, des réflexions qui le portent à conclure :

1°. Que les cendres sont une frite avec excès d'alcali; 2o. Qu'un premier lavage n'enlève à cette frite que l'alcali qui lui est surabondant;

3. Que cette frite, exposée à l'air, s'y décompose graduellement par l'acide carbonique contenu dans l'atmosphère, et qui vient s'emparer de l'alcali, partie constituante de la frite;

4°. Que ne pouvant avec profit suivre jusqu'au bout cette décomposition par l'acide carbonique, on a eu le bon esprit de lui substituer un acide plus puissant, l'acide nitrique, qui, agissant sur la frite, aussitôt et à mesure qu'il s'est formé à la surface des pyramides, donne un produit non moins avantageux que le premier.

ERRATA du N° d'Avril 1810.

Tableau des produits immédiats des végétaux, 3e classe, au lieu de : Produits dans lesquels l'hydrogène se trouve en plus grande quantité par rapport à l'eau; lisez : Substances dans lesquelles l'hydrogène est en plus grande quantité que l'oxigène par rapport à l'eau.

DE PHARMACIE.

N° VII. 2° Année.-JUILLET 1810.

MÉMOIRE

Pour servir à l'histoire des différentes espèces de Quinquina.

PAR M. LAUBERT, Pharmacien en chef de l'armée"

d'Espagne.

1

LES botanistes connaissent une vingtaine d'écorces du genre cinchona; mais le nombre de celles qui circulent dans le commerce est plus considérable.

On les débite seules, ou mêlées les unes avec les autres, sous les noms de cascarilla (1) de loxa, de calisaya, cascarilla roxa et huanuco.

(1) Le mot quinquina n'est pas employé au Pérou, et l'est très-peu en Espagne dans le commerce; on se sert du mot cascarilla, et on appelle cascarilleros ceux qui récoltent cette écorce. Le croton cascarilla de Linnée est connu au Pérou sous le nom de chacarilla. Il paraît que le mot quinquina, comme l'a observé M. de la Condamine, a été pris du fébrifuge qui était employé avant la découverte de cette écorce, particulièrement par les Jésuites, c'est-à-dire du myroxylon peruiferum, nommé au Pérou quinoquinos et quinaquina. Cette idée est d'autant plus vraisemblable que le quinquina était aussi connu au commencement sous le nom de poudre des Jésuites, et que le genre du myroxylon peruiferum n'a été bien déterminé et décrit que de nos jours.

Nous dirons en passant que M. Ruiz pense que le myrospermum et le sulnifera doivent être compris sous le nom générique myroxylon.

IIeme Année.

Juillet.

19

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