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les cours de physique lui parut propre à remplir cet objet, et il apprit bientôt que le professeur Moschati avait eu la même idée que lui, mais, sans connaître les modifications que le physicien italien avait apportées à cette machine, il s'occupa d'en faire l'application à la fabrication des eaux minérales.

Nous ne rapporterons pas ici la description de cet appareil qui a été mis sous les yeux de la Société dans sa dernière séance. Il est tout à la fois simple, commode et ingénieux. Non seulement M. Planche a su adapter à la pompe un ajutage propre à substituer le gaz acide carbonique ou autre à l'air atmosphérique; mais pour perdre le moins de gaz possible, et ne pas laiser l'air commun s'introduire dans le réservoir pendant l'écoulement de l'eau gazeuse, il a imaginé de placer à la partie supérieure du réservoir une vessie pleine d'acide carbonique.

Le cylindre ou réservoir auquel s'adapte la pompe foulante, contient onze litres d'eau. En quelques minutes, nous les avons vues saturées de gaz, et M. Planche leur en a fait absorber quatre fois leur volume. Cette opération ne demande pas une grande force un seul homme avec un peu d'habitude préparerait facilement dans sa journée cinquante bouteilles d'eau gazeuse, aussi forte que celle que l'on prépare à Tivoli avec un grand appareil. Ainsi tout Pharmacien peut fabriquer chez lui, sans embarras, toutes les eaux minérales que les médecins croiront devoir ordonner, et c'est un service réel que M. Planche a rendu à ses confrères et à la médecine; mais quoique cette opération soit facile, elle demande de la part du Pharmacien des lumières, du soin et de l'exactitude. Il est des précautions à prendre, sans lesquelles on n'obtient pas les résultats que l'on désire. M. Planche les indique dans son Mémoire, qui est rédigé avec la clarté et la précision qu'il a coutume de mettre dans ses utiles travaux. La qualité de collègues nous interdit les éloges que mérite l'heureuse application

qu'il a faite, et nous nous contenterons d'inviter la Société à faire insérer dans son Journal la Notice intéressante qu'il nous a communiquée, et le dessin de son appareil.

Signés, BIRON, C. L. CADET,

BOULLAY, R. CHAMSERU.

La Société de Médecine, après avoir entendu le Rapport de MM. Biron, C. L. Cadet, Chamseru et Boullay, sur le Mémoire de M. Planche, en adopte les conclusions.

Paris, ce 21 août 1810.

Signé, BOUSQUET, président,

Pour extrait conforme à l'original, déposé aux archives. Signé, SEDILLOT, secrétaire-général.

- Paris, ce 24 août 1810.

PROCÉDÉ

Pour obtenir d'une manière déterminée, simple et avantageuse l'Oxidule noir de Mercure, connu sous le nom de Mercure soluble d'HAHNEMANN;

PAR le professeur BUCHOLZ.

(Traduit par M. DESERTINE, Pharmacien-Major.)

UNE chose généralement reconnue, c'est que depuis long-tems on s'occupe de trouver un procédé facile, économique, pour préparer ce médicament important et l'obtenir d'une bonté toujours égale; de sorte qu'il peut paraître assez inutile de revenir encore sur cet article; cependant,

si l'on considère les procédés donnés récemment par des hommes connus, on ne peut les regarder comme complets; d'ailleurs, tout en suivant à la lettre les nouvelles prescriptions et les améliorations indiquées, la réussite de l'opération dépend de tant de petits détails accessoires que le chimiste le plus instruit et le plus attentif, à plus forte raison le simple manipulateur, ne peuvent se flatter de l'amener à leur gré. On peut donc dire de cette préparation, comme de tant d'autres objets scientifiques: Dies diem docet. Dans cet état des choses, je me suis senti naturellement entraîné à entreprendre quelques expériences sur ce sujet.

Il est généralement reconnu qu'un des points essentiels pour la réussite de cette opération, c'est d'avoir une dissolution de nitrate de mercure oxidulé exempte de tout acide libre non essentiel, et de tout nitrate de mercure oxidé. Chacun sait si, en suivant la prescription d'Hahnemann pour cette dissolution, le but que l'on se propose est rempli. Afin d'y parvenir, Schulz a proposé, dans le Journal de Chimie de Schérer (tome VIII, page 464), une amélioration à ce procédé que Bucholz s'est donné la peine de décrire en détail, et cependant l'indication ne se trouve pas toujours remplie d'une manière satisfaisante, c'est-àdire que l'on n'obtient pas toujours constamment une dissolution de la nature précitée. Il me semble donc, d'après cela, que ce n'est point un travail sans quelque mérite que celui de résoudre par des expériences la question suivante : Quel est le procédé le plus avantageux et le plus certain pour préparer une solution aqueuse pure et complète de nitrate de mercure oxidulé, exempte de nitrate de mercure oxidé et d'acide? La solution de cette question indiquera, comme il est facile de le voir, naturellement le meilleur procédé à employer pour la préparation du mercure oxidulé d'Hahnemann.

Sachant que beaucoup d'oxides métalliques, dissous dans des acides, repassaient à l'état d'oxidules lorsqu'on

les faisait digérer avec des métaux auxquels ils communiquaient une portion de leur oxigène, cette connaissance me conduisit à essayer s'il ne serait pas possible de convertir par la voie sèche ou demi-sèche le nitrate de mercure oxidé en mercure oxidulé par le moyen du mercure vif. Je fis pour cela différentes expériences avec des résultats plus ou moins satisfaisans comme il serait trop long de les détailler, je n'en parlerai point. Ces expériences m'apprirent que l'on pouvait, en triturant du nitrate de mercure oxidé humide avec une quantité convenable de mercure coulant, faire repasser l'oxide mercuriel à l'état d'oxidule, et que le résultat était un nitrate de mercure oxidulé avec excès d'oxidule, ou plutôt un véritable nitrate de mercure oxidulé. D'après cette expérience, la question suivante s'offrait naturellement: Quel est, d'après le résultat cidessus, le procédé le plus avantageux pour obtenir une solution aqueuse pure de nitrate de mercure oxidulé sans acide et sans oxide qui l'altèrent? Différentes expériences, faites dans le dessein de résoudre cette question, me démontrèrent que l'on peut préparer la dissolution du mercure dans l'acide nitrique, sans se gêner à la vérité, mais cependant sans trop de précipitation, parce que l'on perd dans ce cas beaucoup d'acide nitrique qui se dissipe inutilement. On triture ensuite la masse saline demisèche pendant un certain tems avec du mercure vif; on étend le mélange dans une quantité convenable d'eau, on agite, on chauffe légèrement, et l'on verse goutte à goutte, tout en agitant, de l'acide nitrique pur jusqu'à ce que tout se dissolve à l'exception du mercure coulant. Voici la manière d'opérer dans les différentes dissolutions de cette espèce.

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