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Une autre expérience a été faite dans les mêmes proportions, mais avec de l'huile d'olives au lieu d'huile d'amandes douces; elle n'a pas eu le même résultat. Nous pensons toutefois que cette addition abrège l'opération de l'extinction.

Pour voir si cette extinction de mercure tenait particulièrement à l'huile d'amandes douces, nous avons fait divers mélanges de mercure et de cette huile, soit avec du miel, de la gomme ou même de l'amidon; mais, dans tous ces essais, le mercure n'a pas paru s'éteindre plus facilement que par les procédés ordinaires sans addition d'huile.

Il est difficile, peut-être même impossible, de se rendre compte d'un fait aussi extraordinaire, et qu'il serait permis de croire douteux si l'expérience facile que chacun peut en faire ne venait lui donner de l'authenticité. Ce procédé est d'autant plus intéressant, qu'en abrégeant le tems, il permet d'avoir toujours un médicament non altéré, puisqu'on peut presque instantanément préparer l'onguent mercuriel, et que ce médicament pourrait désormais à la rigueur rentrer dans la cathégorie des préparations magistrales.

Nous pensons qu'il serait inutile de rappeler les expériences à l'appui de l'opinion de ceux qui admettent le mercure dans l'onguent mercuriel à l'état de division et point d'oxidation; nous croyons que d'après les résultats obtenus par ce nouveau modèle préparatoire, il n'est plus permis de douter que le mercure ne soit réellement à l'état de simple division dans la pommade mercurielle.

NOUVELLES OBSERVATIONS

Sur l'acétate de potasse;

PAR M. FRÉMY, Pharmacien à Versailles.

MESSIEURS, dans mon premier Mémoire sur l'acétate de potasse, je me suis attaché, autant qu'il m'a été possible, à résoudre les questions que vous aviez proposées. Je devais d'autant plus tenir au sens littéral de ces questions, qu'elles avaient été posées d'une manière si lumineuse que leur solution devait, en éclaircissant la théorie, donner un procédé sûr et facile pour la préparation de ce sel; c'est ainsi que deux Mémoires ont fixé votre attention.

Nous nous sommes parfaitement rencontrés, M. Bernouilli et moi, dans l'indication du principe colorant et dans la proposition d'un procédé pour l'éviter; mais, si j'en juge par l'extrait du rapport de MM. vos commissaires, inséré dans le N° 213 des Annales de Chimie, M. Bernouilli n'a point indiqué, comme je l'ai fait, l'action d'un excès d'alcali sur le principe colorant.

Loin de moi, Messieurs, l'intention de vous signaler aujourd'hui cette différence entre nos deux Mémoires, et si je vous la rappelle, c'est parce qu'un nouvel examen du principe colorant et de l'action qu'exerce sur lui la potasse, m'a donné le moyen de préparer l'acétate pur, blanc et saturé, avec beaucoup plus de facilité que par le procédé que nous vous avions proposé.

J'ai d'abord examiné la matière colorante qui se précipite en partie lors de la saturation, et je lui ai reconnu les caractères suivans: elle est grise, sans saveur; elle brunit à l'air; elle est en partie soluble dans l'eau et dans le vinaigre distillé; elle noircit lorsqu'on la fait bouillir dans

une dissolution de potasse; elle ne laisse pas dégager d'ammoniaque lorsqu'on la calcine avec cet alcali; elle n'est pas propre à exciter la fermentation spiritueuse; enfin, à peine peut-on reconnaître l'ammoniaque dans le résultat de sa distillation à feu nu. Toutes ces propriétés bien distinctes des caractères de la levure ne me permettent pas de croire, avec M. Bernouilli, que le principe colorant de l'acétate de potasse soit le ferment; il est bien probable que cette dernière substance a dû être épuisée par les fermentations vineuses et acétiques, et que ce qui reste dans le vinaigre distillé, n'est autre chose que cette matière, résidu de la levure, qui ne donne plus d'ammoniaque à la distillation, et qui n'est plus propre à exciter la fermentation, lors même que dans cette dernière circonstance il se trouve encore un excès de sucre.

Après avoir ainsi déterminé les propriétés du principe colorant et la manière dont il se comporte avec le vinaigre distillé et la potasse, il ne s'agissait plus, pour la préparation de la terre foliée, que de mettre ces deux dernières substances dans un rapport tel qu'elles ne pussent avoir aucune action sur la matière colorante, ou bien de détruire cet effet dans le cas où l'action aurait eu lieu; c'est ce qui nous engagea à vous proposer, M. Bernouilli et moi, de filtrer la dissolution d'acétate de potasse sur le charbon en poudre.

Lorsque j'envoyai mon Mémoire au concours, je ne me dissimulais point la longueur et l'embarras des procédés que je proposais; il fallait pulvériser le charbon, le laver avant et après la filtration, et malgré toutes ces précautions, il arrivait très-souvent qu'on n'obtenait pas une terre foliée blanche; mais, une fois que l'action de la potasse sur la matière colorante me fut parfaitement. connue, je ne doutai plus un instant de la possibilité de faire de très-belle terre foliée, sans être obligé de distiller lentement le vinaigre et de passer la dissolution d'acétate: sur le charbon; j'avais bien, dans mon premier Mémoire

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indiqué la nécessité dé maintenir un excès d'acide lors de l'évaporation, mais je croyais toujours la filtration sur le charbon indispensable.

Je procède donc à la préparation de l'acétate de potasse de cette manière : je dissous la potasse blanche du commerce dans suffisante quantité d'eau et je filtre; je sature avec du vinaigre distillé bien clair et je mets à évaporer; lorsque la liqueur est prête à bouillir, j'y ajoute du vinaigre distillé, de manière à ce que l'excès soit sensible à la langue; je maintiens l'excès d'acide dans cet état, en ajoutant de tems à autre du vinaigre distillé, et j'évapore jusqu'à pellicule; je laisse refroidir jusqu'au lendemain pour laisser cristalliser les sels, qui se trouvaient dans la potassé du commerce; je décante et j'ajoute encore du vinaigre distillé (et non pas du vinaigre radical); lorsque l'évaporation est poussée au point d'obtenir la fusion aqueuse, je plonge promptement dans la liqueur une spatule d'argent pour retirer à chaque fois des portions de terre foliée, que je projette sur les bords de la bassine. Après avoir ainsi desséché la terre foliée, je la dissous dans une très-petite quantité d'eau, et je filtre pour séparer quelques portions de la matière colorante provenant du vinaigre distillé ajouté pendant l'évaporation, et je dessèche de nouveau. Cette dernière opération est le complément de toutes les précédentes, pour obtenir la terre foliée de la plus grande pureté.

C'est sur-tout sur la fin de l'évaporation qu'il est extrêmement important de maintenir un excès d'acide; car, quelque léger que soit l'excès d'alcali, son action sur la matière colorante deviendrait telle lors de la concentration de la liqueur, qu'il serait extrêmement difficile, même par le charbon, de décolorer l'acétate.

La crainte de voir la terre foliée se colorer sur la fin de l'évaporation, m'a quelquefois fait ajouter un trop grand excès de vinaigre; alors j'obtenais un acétate acide.

Enfin, si quelques circonstances imprévues s'opposaient à ce qu'on obtînt par le procédé de l'acétate de potasse blanc, il suffirait de l'exposer desséché au soleil pour l'avoir de la plus grande beauté.

Pardonnez-moi, Messieurs, de vous avoir entretenus une seconde fois de la préparation de l'acétate de potasse; mais j'ai cru que l'indulgence que vous aviez bien voulu me témoigner me commandait de corriger, autant qu'il serait en mon pouvoir, dans un second essai, les imperfections de mon premier.

Note des Rédacteurs. Depuis long-tems, quelques Pharmaciens, qui se sont occupés de la préparation en grand de l'acétate de potasse, ont suivi une méthode qui, jusqu'à présent, était restée circonscrite en quelque sorte dans leurs laboratoires, et qui leur a constamment réussi. Ils versent, non le vinaigre dans la potasse liquide, mais la potasse liquide dans le vinaigre distillé jusqu'à la presque-saturation, c'est-à-dire en laissant un notable excès d'acide. Par ce moyen, il est presque impossible de craindre la réaction de l'alcali sur la matière qui colore la terre foliée, et on obtient toujours de l'acétate de potasse blanc et pur. P. R. D.

NOUVEAU RÉACTIF.

Extrait d'une lettre de M. PELLETIER, Pharmacien de Paris, adressée à l'un des Rédacteurs.

«ON sait que le suc de nerprun (Rhamnus catharticus) prend une couleur verte très-intense avec les alcalis; mais on n'avait point fait attention à l'extrême sensibilité de cette liqueur et à l'emploi qu'on en pouvait faire en chimie. J'ai fait quelques essais comparatifs entre cette

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