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sur deux quintaux à la fois, et M. Poulet regarde aves raison comme un très-grand avantage pour une fabrique, de pouvoir agir sur des masses un peu fortes.

Ce Pharmacien trouve de l'économie dans l'emploi du charbon de terre et dans la suppression des blancs d'œufs; il blâme le mutisme qui, dit-il, augmente la coloration du sirop, contribue à le rendre d'une saveur désagréable, malgré la saturation des acides, avant la concentration.

Les résidus et les dépôts sucrés ou salins traités par l'eau chaude, la liqueur, évaporée en consistance de sirop, s'est prise en une masse gélatineuse; la matière, qui donnait la consistance séparée par le filtre, a été regardée par M. Poulet comme particulière et inconnue. Il nous paraît beaucoup plus raisonnable de la considérer comme une portion de tartrite de chaux très-divisé. Puisqu'il est connu que ce sel occasionne des effets semblables dans la dissolution des sels pour lesquels on emploie la crême de tartre, le tartrite de potasse et de fer (teinture de mars tartarisée), est dans ce cas.

Le raisin noir a constamment fourni à M. Poulet un sirop plus coloré, quoique le moût récent ait paru totalement dépouillé de couleur. Pour cette espèce et même pour le raisin blanc, il regarde l'action du feu sur la matière féculente comme la principale cause de la coloration du sirop; et il préfère, par cette raison, de saturer à froid, et de laisser déposer long-tems le moût clarifié avant de l'exposer sur le feu.

Un autre inconvénient du soufrage est de faire passer au verdâtre le suc et partie féculente du raisin noir; on ne peut donc, à la rigueur, muter que le moût de raisin

blanc.

Le soufrage n'a pas cependant le défaut de multiplier, ainsi qu'on l'a prétendu, la présence des sels dans le sirop de raisin. Celui de M. de Laroche, ainsi préparé, ne con

tient point de sulfate de potasse ou de chaux, le muriate de baryte n'occasionnant aucun changement dans la solution aqueuse.

M. Poulet termine ses observations par former un vœu, savoir que le sirop de raisin soit soumis à un examen administratif avant la vente, de sorte que les mauvaises préparations qu'on voudrait introduire dans le commerce sous ce nom, ne nuisissent pas à celui qui mérite réellement les encouragemens du Gouvernement et le suffrage des

consommateurs.

MATIÈRE MÉDICALE.

Nouveaux moyens de remplacer le quinquina.

M. Robert, pharmacien-major à l'armée d'Espagne, a été chargé par M. Laubert, pharmacien en chef, et par M. Gorsy, médecin en chef de la même armée, de chercher à remplacer l'usage du quinquina dans le traitement des fièvres intermittentes, par des substances indigènes ; la nécessité de faire une pareille recherche dans le pays qui doit être le plus abondamment pourvu de quinquina, prouve combien cette écorce devient rare et de quelle importance il est de lui trouver des succédannées.

M. Robert, dans une notice qu'il a envoyée à la Société médicale d'émulation, rend ainsi compte de ses essais:

M. Laubert, par le mélange de plusieurs substances indigènes, voulait réunir les propriétés principales du quinquina. Obligé de suivre le quartier-général, il me confia le soin de préparer ce fébrifuge européen et de faire les essais nécessaires. Ma marche fut dirigée par M. Vauquelin. Ce grand chimiste, après avoir examiné les diverses espèces de quinquina, s'est arrêté à leur action sur les solutions de gélatine animale, de tartrite de Ieme Année. Février.

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potasse antimoniée, et de tannin. Il pense que les espèces de quinquina qui réuniront la propriété de précipiter ces trois solutions, doivent être regardées comme éminemment febrifuges; mais il appelle l'attention des médecins sur ce point important, et attend que leurs observations aient confirmé ce principe.

L'année suivante, le docteur Don Gregorio Bannarès pharmacien de la chambre de S. M. C., annonça que ses nombreuses observations lui permettaient d'adopter, comme certain, ce que M. Vauquelin avait avancé; il croit même› que la vertu fébrifuge des quinquinas est en raison de l'abondance des précipités formés par leur infusion ou leur décoction dans les solutions indiquées.

D'après ces premières observations, il fallait, avant d'administrer aux malades un nouveau fébrifuge, obtenir un mélange qui réunît les propriétés chimiques des bons quinquinas, propriétés qui, si elles n'annonçaient point sûrement la vertu propre à ces écorces, pourraient au moins faire présumer quelque succès. M. Laubert m'avait indiqué l'écorce de chêne, la racine de gentiane, et la fleur de camomille; je lui proposai d'ajouter le lichen d'Islande. Les raisons que je lui donnai de cette addition, le firent consentir à l'adopter. Je préparai donc ainsi mon premier mélange :

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Toutes ces substances, réduites en poudre très-fine, furent exactement mélangées au moyen d'un tamis de soie ; mais, avant d'administrer ce remède, je voulus m'assurer de ses propriétés chimiques, et l'on préparà une infusion et une décoction de cette poudre.

L'infusion filtrée était d'un jaune brun, d'une saveur amère, astringente, et d'une odeur agréable: elle précipitait assez abondamment la solution de gélatine) ani¬ male et de tartrite antimoniée de potasse: la macération de noix de galle était fort troublée; mais le précipité peu abondant, se rassemblait très-lentemente

La décoction, d'un brun foncé, moins aromatique et d'une saveur plus astringente que l'infusion, précipita éga lement les solutions de gélatine et d'émétique. Elle précipita, en outre, plus abondamment et plus promptement la macération de noix de galle. * up rompusu nhi

D'après ces premiers essais, je crus qu'on pouvait administrer cette poudre aux malades, et nous lui donnâmes le nom de fébrifuge européen de M. Laubert.sion l ob

Nos nombreux essais eurent, en général beaucoup de succès; j'en ai envoyé un compte détaillé au quartier-général je me contenterai ici d'indiquer la manière dont nous administrâmes la poudre fébrifuge dans les fièvres intermittentes, quotidiennes. On en donnait huit grammes deux heures avant l'accès; deux grammes quelque tems après la fièvre, et huit autres grammes avant son retour; dans les fièvres tierces ou quartes, après avoir donné, les jours de fièvre, la même quantité que dans les fièvres quotidiennes, on faisait prendre quelques grammes de cette poudre, les jours où les malades n'avaient point d'accès. Dans tous les cas, les malades avaient pour boisson la tisanne suivante :

Après avoir fait bouillir pendant une demi-heure quatrevingts parties d'écorce de chêne contusée dans trois mille cinq cent parties d'eau, on ajoutait quinze parties de racine de gentiane, et l'on soutenait l'ébullition, encore pendant un quart-d'heure; alors on versait, le tout on versait le tout sur cing parties de camomille, et après une demi-heure d'infusion, on passait la liqueur à travers un linge plasira

Par ces moyens la fièvre fut presque toujours coupée au second accès, ou plutôt les malades n'éprouvaient plus que quelques symptômes fé: riles. Chez deux individus, cependant, la fièvre présenta plus d'opiniâtreté. Le premier, boulanger militaire, d'un tempérament lymphatique, avait depuis deux mois, tous les trois jouis, une fièvre qui commençait par des frissons et se terminait par des sueurs; après avoir pris de la poudre fébrifuge, les accès prirent un caractère beaucoup plus doux, et le malade se trouva parfaitement guéri après cinq accès. Il faut remarquer que les sujets soumis à nos essais étaient dans une église humide et peu aérée. Pendant tout le tems de nos observations, il tomba des pluies froides ou de la neige, et pour se chauffer on n'avait ordinairement qu'un petit nombre de braisières remplies de charbon allumé. Quant à l'autre malade, il avait éprouvé à Bayonne une fièvre intermittente quotidienne, dont il ne s'était délivré qu'au bout de sept mois. Se croyant guéri, il continua sa route, mais il fut obligé d'entrer à Vittoria le nouveau fébrifuge lui fut administré, et après sept accès il sortit de l'hôpital, parfaitement guéri.

Je fis quelques changemens au mélange fébrifuge; j'ajoutai de la noix de galle, et je le préparai ainsi :

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L'infusion et la décoction de ce nouveau mélange agirent d'une manière plus remarquable sur les réactifs indiqués; la solution du tannin, sur-tout, était plus promptement et plus abondamment précipitée,

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