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DE

FLEURY DE CHABOULON

EX-SECRÉTAIRE DE L'EMPEREUR NAPOLÉON ET DE SON CABINET

Pour servir à l'histoire de la Vie privée,
du Retour et du Règne de Napoléon en 1815

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Notre intention, en écrivant ces pages, n'est point de formuler une conclusion sur l'œuvre de Napoléon Ier, de porter un jugement sur un homme à l'égard duquel nous entendons réserver nos sentiments personnels. Nous n'avons d'autre but, en notre qualité de maire de Sens, que de faire connaître un document inédit possédé par le très curieux Musée de cette ville et de démontrer, dans les lignes qui vont suivre, l'intérêt qui s'attache à une telle publication.

Une allégorie, dessinée par Paul Delaroche, représente Napoléon assis et méditant au sommet d'un immense rocher, d'une hauteur quasi fantastique. Cette image, fort belle, résume admirablement, à notre sens, la destinée de cet empereur qui parcourut l'Europe, l'épée à la main, qui fit, suivant ses propres expressions, voler son aigle sur les clochers de toutes les capitales du continent, de «< ce rude

MÉMOIRES.

I

A

210207

et dur guerrier », qui paraissait invincible et qui s'en vint pourtant échouer dans une île perdue au milieu des mers, réduit à l'impuissance la plus complète, mis à tout jamais hors de combat.

Victor Hugo a dit, dans les Misérables, que Waterloo ne fut point une bataille, mais « le changement de front de l'univers ».

Napoléon lui-même paraît avoir senti que sa chute était irrémédiable. A Sainte-Hélène, il songeait surtout à la postérité, il semblait avant tout se préoccuper du verdict de l'impartiale Histoire. Placé sous la plus étroite surveillance,

Lord Bathursts
permission

*

(Voir note au bas de la page vII.)

en butte aux vexations de l'implacable gouverneur Hudson Lowe, ayant perdu tout espoir de retour en France, il faisait son examen de conscience, il revivait sa vie. Il confiait ses pensées aux fidèles compagnons de sa captivité, qui nous les ont léguées dans des Mémoires où la controverse historique va souvent chercher les éléments de sa discussion. Il faisait des tracés sur les cartes géographiques qu'il avait à sa disposition; il annotait les livres qu'il lisait, il préparait, en un mot, la défense du redoutable passé qu'il portait sur ses épaules.

On n'a que des données incertaines et incomplètes sur 'importance et la composition de la bibliothèque de Napoléon à Sainte-Hélène. Il reçut de Londres un certain nombre de livres par l'entremise du Gouvernement, qui, s'il faut en croire le Mémorial, les lui fit payer un prix très élevé. D'autres volumes lui furent envoyés par une Anglaise,

lady Holland, qui lui avait été présentée en 1802 à la Mal-
maison et qui était devenue une de ses plus fanatiques ad-
miratrices sur la couverture de chacun des volumes de cette
origine étaient écrits ces mots : By lord Bathurst permis-
sion et en haut du titre: Napoleon from E. V. Holland **.

Napoleon from CV.Holland Napoleon from CVHolland

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M. Victor Advielle a publié sur ce sujet *** un travail plein d'intérêt et aussi documenté que possible, auquel nous empruntons le passage suivant :

« A la mort de Napoléon, des inventaires avaient été dressés, et l'on exécuta ses intentions du mieux qu'on put.

<< Quant à la bibliothèque, elle fut, dit Quérard, d'abord vendue en bloc à un libraire de Londres, Bossange, qui, après l'avoir écrémée, fit vendre le reste aux enchères publiques dans cette même ville, par un expert qui prit soin de publier un Catalogue, devenu rarissime, mais dont heureusement la Bibliothèque Nationale possède un exemplaire, coté ▲ 14229, qui lui vient de la collection Jullien. »

Par permission de lord Bathurst. Celui-ci était secrétaire d'État des colonies, et aucun envoi ne pouvait être fait au captif de Longwood sans son autorisation.

**Napoléon, de la part de E. V. Holland (Élisabeth Vassall, femme de Henry Richard Vassall Fox).

*** La Bibliothèque de Napoléon à Sainte-Hélène, in-32. Paris, Lechevalier, 1894,

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