biens, & ils joüiffent de toute forte de profperitez: & cependant les juftes font dans l'oubli, ils vivent dans l'aneantiffement & dans l'obfcurité, & ils fe trou. vent exposez à une infinité de difgraces & d'infortunes. Mais un tems viendra auquel les chofes changeront de face. Lorfque l'été fe fera fentir, c'est-à-dire, lorfque JESUS-CHRIST qui eft le veritable Soleil de juftice, viendra juger tous les hommes, les méchans feront privez de l'éclat qui les environne maintenant; ils feront humiliez & aneantis à la face de tout l'Univers, & ils recevront la jufte retribution de toutes leurs mauvaises actions: Les juftes au contraire feront honorez, ils n'éprouveront plus aucunes tribulations, & ils poffederont une gloire immortelle. C'eft ce que le grand Apôtre leur promet dans fon Epitre aux CoColoff. 3. loffiens. Vous êtes morts, leur dit-il, & vôtre vie est maintenant cachée en Dien avec J. C. mais lorsque J. C. qui eft vôtre. vie viendra à paroître, vous paroîtrez auffi avec lui dans la gloire. 34. C'eft pourquoi que les fideles qui ont renoncé au monde, ne s'étonnent pas de voir qu'on décrie leur conduite, qu'on les cenfure, & qu'on les calomnie; qu'ils ne fe plaignent point des perfecutions & des mauvais traitemens qu'ils ont à fouf frir; & qu'ils ne s'impatientent point à l'occafion du bonheur & de la profperité des impies; car la vie prefente eft pour eux un veritable hyver, & il faut qu'ils la paffent dans l'amertume & dans les humiliations. Mais à la fin du monde Dieu diffipera toutes les calomnies dont on les aura couverts. Il fera paroître leur juftice comme la lumiere, & leur innocence comme le foleil en fon midi ; & il leur diftribuera une gloire furabondante qui leur fera oublier toutes les tribulations qu'ils auront éprouvées pendant qu'ils étoient fur la terre. Ils ne doivent donc point avoir maintenant d'autre Occupation que de prier le Seigneur, & d'adorer les ordres de fa divine providence. Ils doivent lui témoigner une foumiffion inviolable être toûjours prêts d'executer fes volontez, & marcher avec une fainte allegreffe dans la voïe des tribulations & des fouffrances. Et lorfqu'ils fe trouvent avec des mondains qui entreprennent de les blâmer, & de leur faire infulte, il faut qu'ils fe contentent de leur dire avec JESUS CHRIST: Nôtre tems n'eft pas encore venu, & nôtre n'est pas de ce monde. Il faut qu'à l'exemple de David ils fe confolent en regne 42. méditant la loi de Dieu, & qu'ils aïent inceffamment dans la bouche ces paroPfal.118. les de ce grand Roi, & refpondebi exprobrantibus mihi verbum, quia fperavi in fermonibus tuis: Je répondrai, Seigneur à ceux qui me couvrent d'opprobres, que j'espère en vos paroles. Il faut enfin qu'ils fe fouviennent que ce faint Prophete declare que ceux qui auront femé ici-bas dans Pfal.125. les larmes, recueilleront avec joie dans le ciel les fruits de tous leurs travaux. 6. Verfet. 7. Ne foyez point jaloux de celui qui reüffit dans fa voie, de l'homme qui commet des injuftices. Verfet. 8. Appaisez vôtre colere ; quittez vêtre indignation; n'aïez point d'émulation qui vous porte à faire le mal. Comme la profperité des gens du monde eft un des plus dangereux artifices dont le Demon puiffe fe fervir pour af foiblir les juftes, & pour les porter à fe relâcher en quelque chofe de leur feverité ordinaire,le Prophete Roial s'applique fouvent dans ce pleaume à les fortifier contre cette tentation; & c'est pour cela qu'il leur dit encore. Ne foyez point jaloux de celui qui reüssit dans fa voie, de l'homme qui commet des injuftice. Surquoi S. Auguftin observe tres-judicieufement que cette vie prefente n'étant 2. Cor. qu'une voïe & un paffage, il ne faut pas s'attendre d'y éprouver des maux, ou d'y goûter des biens qui foient permanens, & de longue durée. Tout eft court dans cette vie, & tout paffe avec elle. Les maux & les tribulations que les juftes fouffrent ici-bas ne durent qu'un moment; & cependant ils en feront recompenfez dans toute l'éternité. Le moment fi court & fi leger, dit. S. Paul, 4.c. 17. des afflictions que nous fouffrons en cette vie, prodait en nous le poids éternel d'une fouveraine & incomprehenfible gloire. Les biens & les avantages des pecheurs font auffi tres courts, puifque nôtre Prophete nous affure dans ce pleaume qu'ils s'évanouiffent comme de la fumée; & neanmoins ils entrainent ordinairement aprés eux une éternité de peines & de fupplices, comme on le voit en la perfonne du mauvais Riche dont parle l'E- Luc. 16. vangile. Quel feroit donc l'aveuglement des chrétiens, s'ils étoient frappez de crainte à la vue des maux de cette vie, & s'ils s'engageoient à quelque chofe d'illegiti me pour les éviter? Ne pourroit-on pas dire d'eux avec le Prophete: Ils ont trem Pfisi. blé de peur, lors qu'il n'y avoit rien à 6. craindre? Ne feroit-ce pas auffi pour eux une extrême folie, de courir avec paffion aprés les biens & aprés les honneurs de cette vie, de porter envie à ceux qui en joüiffent, & de vouloir s'en conferver la poffeffion par des crimes & par des iniquitez. Car ils imiteroient alors ceux qui étant ftupides & infenfez, difputent pour des ombres & pour des phantômes, ou au moins ils feroient femblables à de petits enfans qui fe peinent & qui fe fatiguent pour des chofes de neant, que le refte des hommes regardent avec indifference, & même avec mépris. Cependant l'on voit tous les jours que la plupart des chrétiens craignent fouverainement les maux & les adverfitez de cette vie, qu'ils s'en affligent, & qu'ils en pleurent: & qu'au contraire ils defirent avec ardeur les biens & les honneurs temporels, qu'ils font tous leurs efforts pour les acquerir, & qu'ils font comblez de joie lorfqu'ils les poffedent. C'est pourquoi il eft vrai de dire avec S. Auguftin que leurs joïes & leurs trifteffes font également vaines; parce qu'ils ne s'affli gent & qu'ils ne fe réjouiffent, que pour des chofes qui font elles-mêmes vaines, qui paffent en un moment, & qui ne meritent point qu'on s'en occupe, ni qu'on s'y arrête, Appaifez |