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blent. Ils s'affligent, ils se plaignent, ils murmurent, lorique quelques difgraces & quelques adverfitez renverfent leur fortune, & les reduifent à la pauvreté. Ils ne fçauroient fur-tout entendre parler de la mort fans en fremir auffi-tôt; ils la regardent comme le plus grand de tous les maux; ils font tous leurs efforts pour s'en éloigner; & la leur faire envifager de prés, c'est les jetter dans le defespoir.

L'on remarque au contraire qu'ils ne penfent prefque jamais à la felicité éternelle; qu'ils ne foupirent point aprés la Jerufalem celefte; qu'ils ne demandent point à Dieu la refolution de leurs corps, qu'ils n'ont point d'impatience d'être introduits dans la Sainte Sion : & il n'y a pas lieu de s'en étonner car pour defirer veritablement la vie future, il faut être detaché de toutes chofes, des biens, des

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honneurs, des commoditez temporelles, de tout le monde entier, & principalement de foymême.

Ainfi ils font doublement malheureux, puifque d'un côté ils ont tant d'empreffement & tant d'ardeur pour le monde prefent, & que de l'autre ils ne témoignent que de l'indifference pour le Ciel.

C'eft pour contribuer à tirer les Fideles de cet état funefte, que l'on a entrepris les reflexions qui compofent ce petit volume. On leur prouve par les Saintes Ecritures, par les Peres de l'Eglife, & par des autoritez claires & évidentes, que la terre eft pour eux un lieu d'exil & de banniffement; que depuis le peché ils ne vivent dans ce monde, que pour y porter la jufte peine de leur revolte, & que par confequent ils doivent n'y avoir aucune attache, & s'y conduire

toûjours comme des Pelerins & des étrangers. On leur reprefente enfuite, que le Ciel feul eft leur veritable patrie; qu'ils ont été créés pour y loüer Dieu dans tous les fiecles; & qu'ainfi ils font obligez de s'en occuper continuellement, d'en faire le premier objet de leurs defirs, & d'y rapporter toutes leurs actions & toutes leurs entreprises.

L'on a crû que pour les faire plus facilement entrer dans ces fentimens, il étoit à propos de leur propofer plufieurs Pfeaumes, qui ont rapport à cette matiere, fans s'attacher à l'ordre, ni à la fuite qu'ils peuvent avoir. L'on a même choifi dans des Pfeaumes quelques verfets particuliers qui ont paru plus propres à les détacher de la terre, & à leur infpirer le defir de l'autre vie ; & on les a expliquez autant que l'on a pû, par les paroles mêmes & par les penfées des Saints Peres.

Ainfi l'on efpere que ceux qui liront ce petit volume avec application & dans le deffein de s'édifier, pourront en tirer quelque utilité. Ils y verront que les Saints tant de l'ancien, que du nouveau Testament, fe font toûjours confiderez dans ce monde comme des étrangers & des voyageurs. Ils y apprendront que pour les imiter, & pour profiter de leurs exemples, ils doivent gemir en eux-mêmes de vivre fi long-temps fur la fur la terre, & prier fouvent Dieu de les attirer à lui. Ils Y découvriront des veritez tres-importantes, qui leur feront comprendre, qu'ils ne doivent point courir avec empreffement aprés les biens temporels, briguer les emplois importans du fiecle, ni fe rendre efclaves de la fortune, puifqu'ils font des étrangers ici-bas, qu'ils ne font que paffer par cemonde, & qu'il ne leur eft point permis de s'y ã iiij

arrêter. Ils y reconnoîtront que sy tout eft vain & inutile, excepté louer & fervir Dieu, & que les hommes font des infenfez de s'éloigner de cet Etre fouverain & immuable, pour s'attacher à des neants & à des phantômes.

Il faut donc qu'ils s'appliquent fouvent à ces Pfeaumes, afin de s'avertir eux-mêmes de leur état & de leur condition, & de fe perfuader de plus en plus, qu'ils font des étrangers dans ce monde, & qu'ils ont une autre patrie, à laquelle ils doivent tendre fans ceffe. Il leur fera même tres-utile de fe les imprimer dans la memoire, ou au moins les verfets les plus édifians, afin d'y avoir recours dans les occafions differentes, où ils fe trouveront engagez; afin d'exciter leur zele, en les recitant; afin de les presenter à Dieu, comme une vive expreffion des fentimens de leur cœur; afin de s'en fervir comme

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