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N° 2734.

JEUDI (17 NOVEMBRE 1836.

LA SYMBOLIQUE,

OU

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lique. Il en est tout autrement dans les sectes protestantes. Les écrits des réformateurs ont été reçus par leurs partisans, et leur ont servi de symbole aussi bien que les professions de foi rédigées dans leurs assemblées. Professeur à la Faculté de théologie de Munich. On comprend sans doute ce que peu

EXPOSITION DES CONTRARIÉTÉS DOGMATIQUES
ENTRE LES CATHOLIQUES ET LES PROTESTANS,
D'APRÈS LEURS CONFESSIONS DE FOI PUBLIQUES;

PAR J. A, MOEHLER

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Troisième article (suite du No 2729).

symbole, ils peuvent aider à en pénétrer le sens ; cela est vrai surtout des écrivains hétérodoxes qui ont concouru à la rédaction des professions de foi de leur église, ainsi que l'a fait Mélanchton pour la confes

nons de dire explique l'usage qu'a fait M. Mohler des divers ouvrages des auteurs catholiques ou protestans.

vent être des symboles livrés à la libre discussion'de chaque individu; mais ils sont néanmoins, avec les écrits de leurs fondateurs, les seuls points de M. Mæhler a circonscrit son ou- ralliement des sociétés religieuses sévrage dans le sein des sociétés chré-parées de l'Eglise catholique. Une tiennes nées du protestantisme ou deuxième remarque, c'est que lors formées à son exemple. On n'y trou-même que les écrits des théologiens vera donc ni les symboles des diffé-ne possèdent pas l'autorité ďun rentes sectes qui se formèrent dans le Ive siècle de notre ère, ni celui de l'église grecque, ni celui des novateurs du moyen âge, parce qu'ils ont précédé le schisme formé par Luther. Il ne faut pas y chercher la profession de foi des saint-simoniens,sion d'Augsbourg. Ce que nous veparce que ces novateurs ne sont pas chrétiens. On n'y verra point l'exposition des doctrines de tel ou tel théologien, parce que ces doctrines ne sont pas des symboles, et qu'elles Les symboles qu'il a exposés, et n'ont que le caractère d'un système, dont il montre les contrariétés dogd'une opinion. Mais il faut faire ici matiques, sont ceux, 1o des catholideux remarques importantes : la pre-ques, 2° des luthériens, 3° des rémière c'est que si les écrits des formés. théologiens catholiques ne peuvent Notre auteur n'a point fait usage jamais être considérés que comme des symboles des catholiques destides interprètes plus ou moins exacts nés à contredire des erreurs antéde la foi de leur église, d'après les rieures au xvre siècle. D'après cela, principes connus du catholicisme, il il devoit se borner à citer le concile n'y a que les décrets des conciles gé- de Trente, et dans ce concile, il n'anéraux, ou les points de doctrine in-voit que rarement à se servir des contestablement admis par le corps réglemens et des décrets de discides évêques uni au pape qui for-pline. Au concile de Trente il a ment les articles du symbole catho- pourtant ajouté le catéchisme roTome XCI. L'Ami del a Religion.

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main, rédigé par ordre de cette assemblée, et reçu avec empressement par toutes les églises. Quoiqu'il n'ait pas été approuvé par le concile, qu'il ne soit pas rédigé dans la forme d'une profession de foi, et qu'il ne puisse en revendiquer le caractère, cependant on peut s'en servir dans l'exposition du dogme catholique, comme d'un monument très-important. Il s'est servi de la même manière de l'écrit intitulé: Professio | fidei Tridentina.

La bulle d'Innocent X contre les cinq propositions de Jansenius, et la bulle Unigenitus, donnée par Clément XI, sont des décrets dogmatiques qui, étant reçus par toute l'Eglise, ont la même autorité que les décisions du concile de Trente. Toutefois, comine elles ne sont dirigées que contre deux livres, M. Mohler ne les invoque pas comme un symhole proprement dit, lequel contient toujours une profession du dogme universel. Il s'en sert pour compléter le développement de la doctrine du concile.

Parmi les symboles luthériens, la confession d'Augsbourg doit être placée en première ligne. La défense de ce symbole par Mélanchton passe, avec raison, pour en être le développement authentique. Les luthériens ont cru que l'auteur du symbole devoit en être le meilleur interprète.

probation des princes luthériens. Ils
devinrent eux-mêmes l'objet de lon-
gues divisions entre les protestans
d'Allemagne. Après bien des efforts,
un grand nombre d'entre eux adop-
tèrent le livre de la Concorde, rédigé
par André, de concert avec Chem-
nitz. Ce symbole parut en 1577. I
contient deux parties: la première,
appelée Epitome, est un court exposé
de la doctrine protestante; la seconde,
appelée Solida declaratio, contient
de longues explications sur le dog-
de don
me. Il a plu aux protestans
ner aussi le caractère de symbole
au grand et au petit catéchisme de
Luther, appelé ordinairement la
Bible des laïques.

Il n'en a pas été des symboles ré formés comme des symboles luthe riens; ceux-ci ont été admis généra lement, du moins dans le principe parmi les églises dissidentes qui re connoissoient Luther pour chef. A sent livre de la Concorde n'a pas ob tenu une approbation unanime. Par mi les réformés, chaque pays a un symbole ou même plusieurs symboles opposés les uns aux autres.

Le premier est la confession tene politaine, dressée dans la diète d'Aug bourg, en 1530, par les quatre vill de Strasbourg, Ulm, Memmingen Lindau. Ce symbole ayant été reje par les autres protestans, les quati villes se soumirent plus tard à confession d'Augsbourg, rédigée à même époque et dans la même vill Le second symbole comprend l trois confessions de foi helvétiques.

d

La confession d'Augsbourg avoit été rédigée pour mitiger les articles de Schwbach et la doctrine de LuLe troisième est composé ther, afin de moins effrayer les catholiques; mais elle n'en fut pas XXXIX articles de l'église ang nieux accueillie. Elle fut modifiée à cane, rédigés probablement par Cra son tour par les thèses de Luther, mer, archevêque de Cantor béry, qui prent le nom d'articles de par Ridley, évêque de Londres. Smalkage. Ces articles reçurent l'ap- étoient primitivement au nombre

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42. Trois furent retranchés sous le chefs ou des principaux docteurs de règne d'Elisabeth. ces sociétés religieuses.

Le quatrième symbole est celui que les calvinistes français dressèrent

à Paris en 1559.

Il pouvoit encore moins nous donner le symbole des protestans, qui, en

conservant extérieurement l'une des doctrines de la réforme, ont néanmoins embrassé le rationalisme. Les

Le cinquième est celui qu'adoptèrent les calvinistes des Pays-Bas en 1562, lequel reçut une approbationpartisans de ce dernier système ont ou générale au synode de Dordrecht

en 1574.

Les décisions dogmatiques portées dans cette ville en 1618 et 1619 contre les Arminiens, formèrent le sixième symbole des réformés.

peuvent avoir autant de symboles qu'il y a d'individus, et rien n'empeche chacun d'eux d'en avoir un certain nombre à sa disposition pour varier sa foi, comme on varie ses jouissances.

Voici maintenant comment M.Mohler a mis en œuvre les divers documens que nous venons de citer. Dans

Le septième est le catéchisme d'Heidelberg, composé par ordre du comte Palatin, en 1562. Ce prince avoit quitté le lutheranisme pour embras-son introduction, il donne l'histoire des divers symboles, indiquant leurs auteurs, leurs dates, l'occasion de

ser le calvinism.e.

Le huitième est celui que fit rédi-leur publication et les incidens qui ger le prince d'Anhalt-Dessau en 1597. les firent promulguer.

Il renferme trente-huit articles.

Le neuvième fut publié en 1614, par le margrave de Brandebourg.

L'ouvrage lui-même est divisé en deux livres; l'un, où il met en opposition les symboles des luthériens et Le dixième est la confession d' Augs- des calvinistes, zuingliens, anglicans bourg, dont nous avons déjà parlé. et autres, soit entre eux, soit avec Quoique rédigée pour les luthériens, celui de l'Eglise catholique. Le seelle jouit d'une assez grande autorité cond, où il suit le meme plan, est parmi les réformés, sans doute parce consacré aux petites sectes sorties du qu'en 1540 Mélanchton fit à ce sym-grand schisme de l'église évangélique bole plusieurs changemens, et se rap- et de l'église réformée. procha de la doctrine de Calvin.

Il y a plusieurs autres confessions, mais qui n'apprennent rien de particulier; telles sont celles de Pologne, de Thorn, de Hongrie, etc.

Le premier livre est divisé en six chapitres. La première question sur laquelle M. Mohler expose la triple doctrine des catholiques, des luthériens et des réformés, est celle-ci : Quel a été l'état primitif de l'homme? Tel est l'objet du premier chapitre.

Le second est consacré au péché originel et à ses suites. M. Mohler y expose aussi, en les comparant, le

M. Mohler n'a point donné de notice particulière sur les symboles des petites sectes protestantes; savoir, sur ceux des anabaptistes ou memnonites, des hernhutes ou frères inoraves, des méthodistes, des disciples de Schwe-dogme de l'Eglise, et les opinions des denborg, des sociniens, des Arminiens et des remontrans. En exposant leurs erreurs, il cite les écrits des

réformateurs. Il fait, à cette occasion, une excursion dans le monde païen. Saus donner nullement dans des idées

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produites récemment, et aujourd'hui des fidèles. La tradition. abandonnées, il se sert des traditions glise juge en matière de foi. polythéistés, avec la sobriété et la sa

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§ 4. L'Eglise interprète de la tra

gesse qui conviennent à un théolo-dition. gien exact.

§ 5. Différence de forme entre la doctrine de l'Ecriture et la doctrine de l'Eglise.

§6. Tradition dans le sens restreint Canon des Ecritures. du mot. — § 7. Rapport de la tradition avec Autorité des l'exége scientifique. Pères et libre examen. § 8. De la hiérarchie. $9. Doctrine luthérienne sur l'Eglise.

Le troisième chapitre traite de la justification; mais cette question en soulève plusieurs autres, notamment ceile de la grâce, de la liberté, de la prédestination, de la foi, des bonnes œuvres, pour lesquelles M. Mohler suit la même méthode que dans les deux premiers chapitres. Après avoir exposé la doctrine des symboles, leurs rapports ou leurs oppositions, il ter--L'Ecriture sainte est l'unique scurce mine par un parallèle entre l'opinion protestante et l'opinion des gnostiques, et de quelques systèmes pantheistes du moyen âge.

Dans le quatrième chapitre, le parallèle continue sur la matière des sacremens, et principalement sur ceux du baptême, de la pénitence et de l'eucharistie.

Le cinquième chapitre est un petit traité sur l'Eglise, mais rédigé d'après le plan suivi par l'auteur dans le reste de l'ouvrage. Pour en donner úne idée, nous transcrirons les titres des paragraphies qui le composent.

§ 1er Idée de l'Eglise. Comment le divin et l'humain se pénètrent én elle (1). Visibilité.

bilité.

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et la seule règle de foi.

§ 10. Ordination, intérieure. · Chaque chrétien est prêtre et docteur, par conséquent indépendant de toute société religieuse. Idée de la liberté ecclésiastique. § 11. Eglise invisible.

§ 12. Origine de l'Eglise visible. Dernière raison de la vérité d'une proposition de foi.

§ 13. Point capital de la controverse dans la doctrine sur l'Eglise.

§ 14. Ce qu'il y a de vrai et ce qu'il y a de faux dans la doctrine luthérienne sur l'Eglise.

§ 15. Négations des luthériens dans la doctrine de l'Eglise.

S 16. Doctrine des réformés sur l'Eglise.

Le sixième et dernier chapitre du premier livre sur l'Eglise expose les oppositions dogmatiques des catholiques et des protestans sur l'Eglise souffrante et sur l'Eglise triomphante.

On peut être étonné que le cinquième chapitre n'ait pas été mis en tête de l'ouvrage. L'auteur a compris qu'on lui en feroit l'objection. En effet, avant d'exposer les dognies d'une confession, il paroît naturel de parler de l'autorité reconnue par elle,

et des sources où elle puise sa foi, C'est la marche ordinaire des théologiens. A cela, M. Mohler répond deux choses; la première, c'est que Luther n'a pensé à contester l'autorité de l'Eglise, que quand l'Eglise a proscrit ses opinions sur la justification. Cette première réponse est loin d'être satisfaisante. On mettroit peu d'ordre dans l'exposition de la science théologique, si on régloit sa marche sur les dates En voici une plus fondée, sans être décisive à nos yeux. Les erreurs sur l'Eglise, professées par les protestans, découlent de leurs erreurs sur la justification: elles Sout contenues en germe.

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l'abaisser et la réduire à des termes simples et à des preuves sensibles. Enfin, nous avons bien plus à lutter aujourd'hui contre des sociniens et des rationalistes, que contre des partisans du fatalisme luthérien. Or, ces sectaires n'ont pas été conduits à leurs erreurs sur l'Eglise par les erreurs sur la justification. Ils n'ont pensé qu'à être indépendans en matière de foi. Toutes les autres questions théologiques n'ont pour eux qu'un intérêt accessoire.

Nous soumettons du reste au savant professeur une observation qui nous est inspirée par le respect que nous portons à l'autorité de tous nos savans apologistes.

PARIS.

(La suite au Numéro prochain.)

Les réformateurs avoient rendu la grâce tellement puissante pour opérer le salut, qu'ils avoient nié tout concours, toute activité humaine. En NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES. conséquence, l'Esprit saint enseigne Un journal ose annoncer seul, d'après ces docteurs, toute véun mandement d'un illustre prélat rité à l'homme. Si celui-ci y mêloit pour la mort de Charles X; il en tant soit peu son action, il la défigu- donne l'exorde, et afin qu'on n'ait reroit horriblement. Ils en con- aucun doute, il entoure cet exorde c'uoient qu'il suffit de se tourner vers de guillemets. De plus, il fait conla Bible pour percevoir immédiate-noître la conclusion du mandement, ment les vérités qu'elle renferme. Dès qui est d'ordonner des prières publilors, ils ne pouvoient admettre l'au-ques et un service pompeux dans la torité de l'Eglise. Il semble d'après la vraisemblance, il suppose que le cathédrale. Enfin, pour compléter cela, dit M. Mohler, que l'ordre loprélat a porté lui-même son inandegique exige de commencer par par-ment au château pour le communiler de la justification. quer à la camarilla, que M. Persil en a été fort mécontent, et que mandement a dû être examiné en conseil.

le

Nous osons être d'un avis contraire. Quelque absurdes que soient les opinions des protestans sur le péLe Siècle ne croit certainement pas ché originel, sur la foi, la liberté de un mot de toute cette fable, qui l'homme, l'action de Dieu sur le paroît bien moins plaisante encore libre arbitre, elles n'en sont pas quand on se rappelle que c'est avec moins des questions fort métaphy- des contes à peu près semblables qu'à ́sijues, et rien ne se prête plus facile- une autre époque on exalta les pasment que ces matières à d'intermi-sions populaires, et on provoqua un nables débats. La question de l'Eglise grand désordre. est susceptible sans doute de savantes discussions, mais on peut aussi

On nous a fait l'honneur de nous

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