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Priere avant le Sermon.

tant

à notre fouvenir tant de graces, de miracles, tant de triomphes de tot Efprit; qu'il defcende fur cette affemblée, cet Efprit, qu'il fe communique à ce Prédicateur, & qu'il nous donne à tous *d'être Chrétiens d'effet & de réalité, comme nous le fommes de nom & de profeffion. Amen.

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DOUZIEME

SERMON.

POUR LE JOUR DE LA PENTECOTE

vons en

Celui qui nous confirme avec Chrift, & qui nous a oints, c'eft Dieu. Qui auffi nous a fcellés, nous a donné les arrhes de l'Esprit dans nos cœurs. 2 Cor. I, 21. 22.

Uelque belle que foit cette journée elle a quelque chofe de mortifiant pour nous. Quelque glorieux que foit à l'église l'evénement dont nous célébrons aujourd'hui l'anniverfaire, on ne fauroit le rappeller à fon fouvenir, fans déplorer la différence qui fe trouve entre ce que Dieu faifoit autrefois pour les Chrétiens, & ce qu'il fait aujourd'hui pour

le

nous. Dans la premiere Pentecôte ciel s'ouvrit aux yeux des Chrétiens; & nous, nous ne pouvons percer de nos foibles yeux les voûtes de cette églife. Le faint Efprit defcendit alors d'une façon miraculeufe, pour infpirer ces hommes facrés qui étoient deftinés à porter par-tout l'univers la lumiere de 'Evangile : & ce n'est qu'à force de recueillement & de méditation, que vos Prédicateurs vous propofent aujourd'hui leurs pensées & leurs exhortations. La terre ébranlée, les myfteres les plus abftrus expliqués, les langues les moins. intelligibles devenues fubitement familieres, les malades guéris, les morts reffufcités, Ananias & Saphira tombant aux pieds des Apôtres, & tant d'autres prodiges dont perfonne de nous n'ignore l'étonnante hiftoire; furent les fignes opérés alors, pour donner du poids aux difcours des hérauts de l'Evangile. Et nos vœux, nos prieres, nos instances, font tout ce que nous pouvons faire aujourd'hui, pour nous infinuer dans vos cœurs, & pour nous concilier votre

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Quoi donc cet Efprit qui defcendit alors avec tant d'éclat fur les premiers Chrétiens, nous eft-il refufé aujourd'hui

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Quoi donc n'aurons-nous point de part à la gloire de cette journée; & ne vous entretiendrons-nous des merveilles que vit l'églife naiffante, que pour former des regrets fur l'obfcurité de l'économie dans laquelle il a plu à Dieu de nous faire naître Arriere de nous cette pensée ! Il n'y a du changement que dans la face extéricure non dans le fond & dans la fubftance du chriftianifme: & tout ce qu'il y eut d'effentiel dans ce que le Saint-Efprit fit autrefois pour les premiers Chrétiens, il le fait aujourd'hui pour nous. Ecoutez les paroles que nous avons lues. Celui qui nous confirme avec vous en Christ, & qui nous a oints, c'eft Dieu. Qui auffi nous a fcellés, & nous a donné les arrhes de l'efprit dans nos cœurs. C'eft de cette action du faint Efprit dans nos cœurs dont nous avons deffein de vous entretenir aujourd'hui, & fur laquelle nous ferons trois fortes de réflexions. Les premieres font destinées à devélopper la maniere dont faint Paul exprime cette action, dans les paroles de mon texte. Les fecondes à en expliquer la nature, & à en prouver la réalité. Les troifiemes à marquer les difpofitions de l'homme qui en retardent le fuccès, & en même temps celles qui

l'avancent. C'est tout le plan de ce dif

cours.

I. Nous entendrons la maniere dont faint Paul exprime l'action du faint Esprit dans nos cœurs, fi nous fuivons ces trois regles. 1°. Reduifons la métaphore à la vérité. 2°. Sous prétexte d'entrer dans le fens de la métaphore, n'en énervons pas la force, & ne rejettons pas des myfteres réels, fous ombre de n'en pas admettre de chimériques. 3°. Dans ce que l'Apôtre dit à la fociété générale des Chrétiens, diftinguons ce qui regarde les particuliers. Tout cela a befoin d'éclairciffement.

1o. Reduifons la métaphore à la véri té. Saint Paul vouloit prouver la certitude & la vérité des promeffes que Dieu avoit faites aux Chrétiens par fon miniftere: Tout autant qu'il y a de promeffes de Dieu, elles font oui en lui, & amen en lui (c)... Ce font des façons de ler hébraïques. Les Juifs pour exprimer des difcours trompeurs difent, qu'il y avoit des hommes dont l'oui eft comme non, & le non comme oui: au lieu l'oui du jufte eft oui, & le non eft non. Delà vient cette maxime d'un fameux

(6) 2 Cor. 1, 20.

par

que

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