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la racine carrée étant convenablement modifiées, s'appliquent encore ici. Nous dirons donc seulement que si l'on élève au cube un binome, a + b, on a

(a+b)3 = a3+ 3 a2 b + 3 a b2 +63,

ce qui nous apprend (en supposant que a représente les dizaines et b les unités d'un nombre), que le cube de tout nombre formé de dizaines et d'unités se compose des quatre parties suivantes : 1° le cube des dizaines; 2o le triple produit du carré des dizaines par les unités; 3° le triple produit des dizaines par le carré des unités; 4o le cube des unités. C'est de cette observation que résulte la règle suivante : Pour extraire la racine cubique d'un nombre donné, 45499293 par exemple, on le partage en tranche de trois chiffres en allant de droite à gauche, la dernière tranche à gauche pouvant n'avoir qu'un ou deux chiffres.

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Le premier chiffre 3 de la racine s'obtient immédiatement parce qu'il est la racine du plus grand cube 27 contenu dans la première tranche à gauche 45. On retranche 27 de 45, et à côté du reste 18, on abaisse 499, première tranche à droite de 45. Séparant les deux derniers chiffres 99, on divise 184 par 27, triple du carré de la partie connue de la racine; le quotient 6 indique le second chiffre de la racine ou un chiffre trop fort. Pour l'essayer, on pourrait faire le cube de 36 et voir si ce cube peut se retrancher de 45499; mais il vaut mieux remarquer que le cube des dizaines de 36 a déjà été retranché et que le reste 18499, ne contient plus que les trois autres parties constitutives du cube dont on cherche la racine; alors, comme 3 a2b+3 ab2 +b3 = (3a2+3 ab+b2) b, on formera successivement les nombres 3 a2 3 X 302 2700, 3 ab: = 3 X 30 X 6= = 540, b2 = 62 = 36, et, en multipliant leur somme 3276 par le chiffre essayé 6, le résultat devra pouvoir se retrancher de 18499. Dans le cas où nous sommes placés, ce résultat est 19656; la soustraction est impossible; donc 6 est trop fort. En essayant 5 de la même manière, on trouve que l'ensemble des trois dernières parties du cube de 35 est égal à 15875 qui peut se retrancher de 18499: 5 est donc le second chiffre de la racine. On l'écrit à droite du 3 déjà obtenu; on abaisse la tranche 293 à coté du reste 2624, et on continue l'opération de la même manière.

=

=

=

Quand les nombres sur lesquels on opère sont un peu grands, on voit combien ce calcul est long. Aussi fait-on la plupart des extractions de racines cubiques à l'aide des logarithmes. E. MERLIEUX.

CUBEBE, fruit du piper cubeba ( voyez Poivre ). Ce fruit est une petite baie brûnatre, ronde, sèche, de la grosseur d'un grain de poivre ordinaire, ridée et portée sur un petit pédicule de 5 à 8 millimètres; ce qui lui a fait donner le nom poivre à queue. Les baies sèches du cubèbe constituent aujourd'hui un des médicaments les plus employés dans presque toutes les parties du monde. En 1789, lorsque le commerce avec Java était la propriété exclusive de la Compagnie hollandaise des Indes orientales, l'importation en Europe de cette substance dépassa 5,000 kilogrammes. En 1830 elle s'est élevée pour l'Angeterre seulement à 9,270 kilogrammes.

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Il n'y a guère que quarante ans que le cubèbe a pris en médecine une haute importance, par suite de son heureuse application au traitement des affections urétrales. Son efficacité dans la gonorrhée ne saurait être contestée aujourd'hui. Le cubèbe a sur le copahu cet immense avantage qu'il ne produit pas chez les malades l'extrême répugnance que détermine ce dernier médicament. On les allie souvent ensemble. D'autres fois le cubèbe se prend simplement en poudre, mêlé avec un peu d'eau, de bouillon ou de vin blanc. Mais ce mode d'administration est très-variable ainsi que la dose du médicament.

D'après Monheim, les baies de cubèbe présentent la composition suivante : Huile volatile verte, 2,5; huile volatile jaune, 1; cubébin, 4, 5; matière extractive,!6; résine céracée, 3; résine molle, 1,5; chlorure de sodium 1; fibre végétale, 65. Parmi ces substances, celle qui a reçu le nom de cubébin, et à laquelle on attribue les propriétés médicinales du cubèbe, a été regardée par plusieurs chimistes comme un corps particulier, et par Berzélius comme un simple mélange de résine et de chlorophylle.

Outre leur action spéciale, les baies de cubèbe ont encore des propriétés assez analogues à celles de la plupart des autres poivres; leur odeur est plus forte, mais plus agréable que celle du poivre noir; elles sont regardées comme un bon stomachique et comme un carminatif efficace.

CUBEBIN. Voyez CUBÈBE.

CUBIÈRES (MICHEL, chevalier DE), qui se donna tour à tour les surnoms de Dorat et de Palmézeaux, est un de ces hommes auxquels est échu le triste bonheur d'échapper à l'odieux par le ridicule. On se rappelle plutôt à ce nom le fécond faiseur de drames burlesques et de poëmes bizarres que le courtisan de Chaumette, le panégyriste de Marat, et le membre de l'anarchique Commune de 1793. Né à Roquemaure (Gard), en 1752, et cadet d'une famille noble de ce pays, il avait, suivant l'usage du temps, été destiné à l'état ecclésiastique; mais quelques vers érotiques adressés par lui à l'Almanach des Muses motivèrent son renvoi du séminaire. Son frère aîné, écuyer du roi, le fit alors entrer, en la même qualité, chez la comtesse d'Artois. Mais sa passion pour la littérature le dégoûta bientôt de ses fonctions, et il obtint la permission de vendre sa charge. Ce fut chez lui l'époque d'un débordement d'ennuyeux romans, de soi-disant comédies, de prétendus recueils poétiques, dont l'un était burlesquement intitulé Les Hochets de ma Jeunesse. Pour achever sans doute de se créer un fàcheux renom, il publia une Lettre sur la funeste influence de Boileau. En revanche, on vit surgir alors une trinité littéraire, composée du prétentieux Dorat, du dramaturge Mercier, et du cynique Rétif de La Bretonne. Ce furent là pour lui les grands hommes du siècle. Aussi, Rivarol, qui fit une si plaisante justice des grands hommes de cette trempe, n'oublia-t-il pas le chevalier-poëte dans son fameux Almanach; de plus, il lança contre lui cette charade épigrammatique, qui n'était peut-être pas du meilleur goût, mais qui n'en divertit pas moins tout Paris aux dépens du pauvre Cubières :

Avant qu'en mon dernier mon tout se laisse choir,
Ses vers à mon premier serviront de mouchoir.

Le fait est qu'il suffisait bien déjà de nombre de vers plus que singuliers du chevalier pour le ridiculiser; et comme on ne prête qu'aux riches, un mauvais plaisant prétendit avoir trouvé dans son Eloge de Voltaire le distique suivant:

Il n'est point d'indigent, même d'homme à son aise,
Qui n'ait La Henriade, et qui n'en soit bien aise.

Ce fut dans ce temps qu'il adopta le nom de Palmézeaux, d'abord pour écarter le souvenir de l'impertinente charade, puis pour narguer l'Académie Française et autres, qui lui

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avaient refusé, dans leurs concours, des palmes que, suivant lui, il avait si bien méritées.

Cubières était déjà à la tête d'une douzaine de volumes mort-nés, lorsque la Révolution devint pour lui une nouvelle Muse qui lui inspira une foule de mauvais poëmes, entre autres ses fades plaisanteries rimées ayant pour titres : Les États généraux du Parnasse, de l'Église, de Cythère, etc.; heureux encore s'il ne leur avait pas fait succéder plus tard des odes en l'honneur de Carrier et l'Éloge de Marat! A l'occasion de ce dernier, et comme il avait, suivant l'usage du temps, remplacé le nom de son patron par celui de Dorat, on annonça malignement qu'il allait, pour troisième métamorphose, se faire appeler Marat-Cubières. Un tort plus grave sans doute fut d'accepter une place dans cette Commune de Paris, de sanglante mémoire, dont il devint le secrétaire. Disons pourtant, avec justice, que, malgré les lignes acérées dont l'a stigmatisé Mme Roland dans ses Mémoires, Cubières n'était point un méchant homme; qu'il se fit, comme quelques autres, terroriste par terreur, et que dans cette assemblée il se borna à des discours et à des déclamations. On peut même supposer que le poëte musqué paraissait encore un peu suspect à ces rudes républicains par la réponse assez brusque de Chaumette, auquel il offrait de dédier un recueil de vers à sa femme : « Ma femme, lui dit-il, n'est pas une femme de lettres comme une autre : voilà ses œuvres dans ma commode. » C'était de vieux bas auxquels elle faisait des reprises.

Obligé plus tard, par la loi sur les ex-nobles, de donner sa démission, Cubières rentra alors pour toujours dans la vie privée, et l'on n'entendit plus guère parler de lui qu'en 1803, où il trouva un nouveau moyen d'amuser le public à ses dépens. Il imagina de refaire la Phèdre de Racine, qui pourtant n'était pas mal, suivant l'expression malicieusement plaisante d'un vaudeville de l'époque; et sa tragédie d'Hippolyte fut jouée sur un théâtre secondaire, au milieu des sifflets. Protégé de nouveau dans sa vieillesse par un frère qui avait suivi une ligne politique toute différente de la sienne, Dorat-Palmézeaux-Cubières obtint, sous la Restauration, malgré ses peccadilles révolutionnaires, un petit emploi dans les postes. Il l'a occupé jusqu'à sa mort, arrivée en août 1820. Chamousset, ou la Poste aux Lettres, poëme plus innocent que ceux qui lui avaient autrefois été inspirés par d'autres fonctions, fut son dernier ouvrage. OURRY.

CUBIÈRES (AMÉDÉE-LOUIS DESPANS DE), général, pair de France, ancien ministre, dont le nom restera tristement célèbre pour la part qu'il eut à l'affaire Teste, était fils du marquis de Cubières, premier page de Louis XV, écuyer de Louis XVI et de Louis XVIII. Né à Paris, le 4 mars 1786, il vit toute sa famille incarcérée à l'époque de la terreur, et son jeune âge n'eut d'autre refuge que la prison où la duchesse douairière d'Orléans était aussi détenue. Il en sortit pour faire nombre parmi les enfants de la liberté, que la république avait réunis à l'abbaye Saint-Martin. Recueilli et élevé dans la famille Jordan, il fut admis comme élève du gouvernement au prytanée de Saint-Cyr, et plus tard à l'école militaire de Fontainebleau. Nommé le 1er brumaire an XIII sous-lieutenant au 51° de ligne, il le rejoignit à l'armée des côtes de l'Océan. Son premier fait d'armes eut lieu sur la prame La Ville de Montpellier, au combat de Midelbourg, où un détachement du 51° de ligne et du 7o de hussards enleva un brick anglais à l'abordage. Il fit la campagne de l'an XIV au troisième corps de la grande armée, et se trouva aux combats de Greiffenberg, de Germersheim, d'Elchingen, d'Ulm, de Marienzell, de Ried, et enfin à la célèbre bataille d'Austerlitz, où il fut légèrement blessé.

Blessé de nouveau à la bataille d'Auerstædt, il fut nommé lieutenant le 30 novembre 1806. Blessé encore d'un coup de baïonnette et un moment prisonnier à Eylau (1807), il fut du très-petit nombre d'officiers échappés comme par miracle au feu meurtrier qui renversa le 51° presque tout entier. Cubières

combattait encore avec la même ardeur à Heilsberg et à Friedland. Le 7 juillet l'empereur le récompensa par la croix de la Légion d'Honneur; et le 20 décembre suivant le général Morand l'attacha à sa personne en qualité d'aide de camp. En 1809 il servit avec la même activité au combat de Rohr, il pénétra avec quelques cuirassiers dans un carré en nemi, où un général autrichien lui rendit son épée. A Landshut, à Eckmuhl, à Ratisbonne, à Essling, il se conduisit de manière à mériter le grade de capitaine, que l'empereur lui accorda le 7 juin. Il assista le 6 juillet à la bataille de Wa gram, et le 11 au combat de Znaïm. En 1812 il suivit son gé néral en Russie. Pendant cette campagne, il se distingua à Ostrowno, à Smolensk, à Viazma, à la Moscowa, où il eut trois chevaux tués sous lui; à la seconde affaire de Smo lensk, au passage de la Bérézina et au combat de Kowno, qui lui valut le grade de chef de bataillon. La campagne de 1813 fut pour lui l'occasion de nouveaux succès et de nouvelles récompenses. Le 2 mai, à Lutzen, il dirigea le mouvement du régiment croate d'Ogulin. Le 3, à la tête d'un escadron de lanciers napolitains, il se fit jour au travers d'une masse de cosaques, pour porter des ordres au grand parc d'artillerie, resté à deux myriamètres du champ de bataille. A Leipzig, à la défense de Lindenau, à l'enlèvement de Costheim, il gagna la croix d'officier de la Légion d'Honneur et le grade de colonel. En 1814 il reçut, le 2 février, le commandement du 18e léger, dont les débris se réunirent à Grenoble.

Après l'abdication de l'empereur, les régiments d'infanterie légère ayant été réduits à quinze, le colonel Cubières fut forcé de licencier le 18°. Renvoyé dans ses foyers, il dut à la protection du général Maison d'être placé, le 16 novembre, à la suite du régiment du roi, 1er d'infanterie légère. Au retour de l'ile d'Elbe, Napoléon lui confia le commandement de ce corps. Quand l'armée eut à se prononcer sur l'Acte additionnel aux constitutions de l'empire, le colonel Cubières ne craignit pas de donner l'exemple patriotique d'un refus motivé. Au combat des Quatre-Bras, le 16 juin 1815, chargé d'attaquer une ligne d'infanterie écossaise, il adressa ce peu de mots à ses soldats: Voilà les Anglais ; souvenezvous des pontons! Et huit cents Écossais restèrent sur le champ de bataille. Quoique atteint de plusieurs coups de sabre à la tête, il ne quitta point son poste. A Mont-SaintJean, ayant pris le commandement de la 1re brigade, vacant par la mort du général Baudouin, il reçut l'ordre de contenir l'extrême droite de l'ennemi et d'essayer de la déloger d'Hougoumont, ferme crénelée, qui fut inutilement attaquée à plusieurs reprises. Dès le commencement de l'action, il avait été atteint d'une balle à l'épaule gauche. Le colonel Cubières ramena le 1er léger et le 3o de ligne sous Paris : il les conduisit ensuite derrière la Loire, où leur licenciement s'opéra. Mis en non-activité le 25 août, il se retira dans le département de la Meuse, dont il dirigea la recette générale jusqu'en 1823. Le maréchal Maison lui fit obtenir le 3 mars le commandement du 27° régiment de ligne. Il rejoignit ce corps à Cadix, au mois de mai, et reçut la décoration de Saint-Ferdinand. En 1828 il mena son régiment en Morée. Nommé maréchal de camp le 22 février 1829, il revint en France le 29 mai; mis en demi-solde à cette époque, il se retira à Bar-le-Duc.

Arrivé à Paris aussitôt après les événements de Juillet 1830, il devint membre de plusieurs commissions. En 1831 Louis-Philippe le nomma chef d'état-major de la première division militaire et commandeur de la Légion d'Honneur. Envoyé en mission à Ancône le 9 février 1832, il prit le commandement des troupes de débarquement. Élevé au grade de lieutenant général le 31 décembre 1835 et maintenu à la tête des troupes d'occupation d'Ancône, il fut mis en disponibilité le 3 novembre 1836, et arriva à Paris le 3 janvier 1837. Directeur du personnel et des opérations militaires au ministère de la guerre le 12 février suivant, et

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membre du comité de l'infanterie et de la cavalerie le 28 avril, le portefeuille de la guerre lui fut confié le 31 mars 1839: il le garda jusqu'au 11 mai. On lui doit la décision du 4 avril, qui porte que l'histoire de chacun des régiments de l'armée française sera écrite de manière à rattacher aux numéros portés par les corps la série de leurs belles actions militaires, depuis François Ier jusqu'à nos jours. Le roi le nomma pair de France le 7 novembre 1839. Appelé de nouil attacha veau, le 1er mars 1840, au ministère de la guerre, son nom à la malencontreuse idée des fortifications de Paris, objet de si justes attaques, mit en état de défense les principales places frontières, créa de nouveaux régiments et organisa le nouveau corps des chasseurs à pied. Démissionnaire le 29 octobre 1840, il continua de faire partie du comité de l'infanterie et des inspecteurs généraux de cette arme. A la chambre des pairs, il prit plusieurs fois la parole, notamment sur les questions de chemins de fer et de douanes. [Cependant, un jour un procès vint à faire scandale au palais; on apprit que les dossiers d'une affaire contenaient des lettres de nature à révéler un crime de corruption commis par d'anciens ministres; la chambre des pairs fut convoquée. MM. Teste, Cubières, Pellapra et Parmentier furent inculpés de corrruption et de tentative de corruption; le général Cubières était, en outre, accusé d'escroquerie. Il résulta du procès que le général s'était entremis pour obtenir du ministre Teste la concession d'une exploitation minière à Gouhenans, moyennant une somme de 100,000 fr, que le ministre reçut à peu près par son intermédiaire et par les soins de M. Pellapra. L'affaire étant devenue mauvaise, M. Parmentier, feignant de ne pas croire à la remise de la somme au ministre, n'avait pas voulu tenir compte de cette somme, et menaça de faire du scandale; il obtint des sacrifices du général; celui-ci se lassa enfin. M. Teste ne voulait rien restituer. Parmentier écrivit à Mme de Cubières pour l'engager à sauver l'honneur de son mari, et enfin par un procès il mit sa menace à exécution. Le général nia d'abord toute participation à la corruption; mais dans ce cas il avait donc voulu tromper ses coassociés. Une révélation de Marrast découvrit le voile de cette affaire. M. Teste dut cesser de nier; et la question d'escroquerie se trouva écartée; mais le général fut condamné comme coupable de corruption d'un ministre, à la dégradation. civique et à 10,000 fr. d'amende. M. Baroche s'était chargé de la défense du général. Il rappela l'affaire Hourdequin, et dit que dans ce procès celui qui avait fait les promesses ne fut pas seulement mis en accusation; et cependant, disait le défenseur, dans cette affaire il s'agissait de choses dont un fonctionnaire avait disposé et qui appartenaient au public, tandis que dans l'affaire Teste ce qui a été donné, c'est-à-dire la concession de la mine, a été donné par un ministre qui pouvait l'accorder à telle ou telle personne indifféremment. En donnant comme il a donné, le ministre n'a fait de tort à personne. La cour des pairs n'admit pas ce système commode. M. Baroche appuyait sur ce point que le général n'avait pas pris l'initiative de la corruption. « Mais, pour réil pondre à cette assertion, disait le procureur général, suffit de relire les lettres du général. Dans une de ces lettres il dit qu'il est puéril de compter sur le bon droit, parce que le gouvernement est dans des mains avides et corrompues. Par une autre lettre, il presse les réponses de Parmentier; par une troisième, il renouvelle des instances plus fortes en.core; enfin, par une quatrième, il indique l'acte qui est à faire, et qui fut en effet rédigé comme il l'avait indiqué. Il faut être juste avec tout le monde, ajoutait M. Delangle; l'idée première n'est pas venue à Parmentier. En 1842, c'est par le général Cubières que l'initiative est prise; c'est lui qui demande avec instance que l'on fasse les fonds de la corruption, et c'est dans ses mains que ces fonds sont remis. Il est lié avec l'intermédiaire qui approche du ministre. On le voit talonnant sans cesse le ministre, si je puis m'ex- |

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primer ainsi. » Le défenseur du général le déclarait assez puni par les tortures que son complice Parmentier lui avait fait endurer. « Vous avez manqué à l'honneur, répondait le procureur général, vous ancien ministre, vous pair de France, vous général de l'armée française, placé dans une de ces situatious où il faut que l'honorabilité réponde au rang; vous devez être puni par une assemblée qui a aussi vivement le sentiment du véritable honneur. »>

Après sa condamnation, le général Cubières alla vivre en province; le 28 août 1852 il obtint un arrêt de réhabilitation de la cour d'appel de Rouen. Mais un an après, il mouL. LOUVET.] rut à peu près oublié.

CUBIQUE (Racine). Voyez Cube. CUBIT, mesure de Maroc. Voyez COUDÉE. CUBITAL, qui a rapport au cubitus. On distingue une artère cubitale, deux veines cubitales, un nerf cubital, etc. (voyez BRAS).

CUBITUS. Deux os entrent dans la composition de l'avant-bras: le radius en dehors et le cubitus en dedans. Celui-ci est un os long, prismatique et triangulaire, autour duquel pivote le radius dans les mouvements de pronation et de supination. Son extrémité supérieure, beaucoup plus grosse que l'inférieure, présente en arrière une saillie, l'apophyse olécrane, qui forme la partie pointue du coude; en avant se trouve une autre saillie, l'apophyse coronoïde; entre ces deux apophyses, l'on voit une grande échancrure appelée sygmoïde, qui est en rapport avec l'humérus. En bas, le cubitus s'articule avec le acarpe, et présente en dedans une petite éminence, l'apophyse styloïde, que l'on peut sentir un peu au-dessus du poignet. Le cubitus est de plus en rapport avec le radius, au moyen d'une petite surface articulaire placée à chacune de ses extrémités. De nombreux muscles l'entourent ou s'y insèrent.

CUBOÏDE, os de la partie du pied nommée tarse. Son nom indique suffisamment sa forme. Cet os situé à la partie interne du pied s'articule en arrière avec le calcanéum, en avant avec les deux derniers os du métatarse, et en dedans avec le troisième os cunéiforme. CUBOMANCIE (du grec xúбoç, dé à jouer, et μavtela, divination). Voyez ASTRAGALOMANCIE.

CUCUPHA ou CALOTTE CÉPHALALGIQUE. Voyez CALOTTE.

CUCURBITACÉES, famille de plantes ainsi nommée de cucurbita, nom latin du genre courge, que l'on peut en regarder comme le type. Les cucurbitacées sont des plantes dicotylédones, diclines, irrégulières, et presque toutes remarquables par leurs propriétés médicales ou alimentaires; elles sont généralement herbacées, rampantes et grimpantes, et munies de vrilles qui naissent à l'aisselle des feuilles. Leurs fleurs sont pour la plupart unisexuelles et monoïques; elles ont un calice et une corolle soudés entre eux par leur base : les mâles ont cinq étamines, dont quatre sont souvent réunies, deux à deux, par les filets; les femelles ont un ovaire infère, couronné par un disque épigyne. Le fruit est un pépon, c'est-à-dire qu'il est charnu, qu'il renferme un grand nombre de graines aplaties, nichées dans la pulpe, et que son centre est occupé par une cavité.

Outre le cucurbita, dont nous avons parlé plus haut, nous devons citer encore au nombre de ceux qui appartiennent à cette famille, les genres cucumis (voyez CoxCOMBRE et MELON) et bryonia (voyez BRYONE).

CUCURBITE, partie basse ou chaudière d'un alambic. Ce mot dérive de cucurbita, nom latin de la courge à laquelle on avait primitivement emprunté la forme de la cucurbite. Après même que cette forme eut été changée, on en avait conservé le nom; mais le mot de curcubile est assez généralement remplacé aujourd'hui par ceux de chaudière et de bouilleur. PELOUZE père.

CUDOWA ou KUDOWA, village du comté de Glatz (Silésie prussienne), à environ 7 kilomètres de la ville de

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Nachod (Bohême), à 335 mètres au-dessus du niveau de la mer, est célèbre par sa source d'eau alcaline, ferrugineuse, dont la température est de 9° R. On l'emploie surtout, tant en boisson que sous forme de bains, contre l'aménorrhée, la chlorose, les scrofules, la leucorrhée, etc., contre les maladies nerveuses chroniques accompagnées de faiblesse générale et locale, l'hypochondrie nerveuse, l'hystérie, etc. On y a créé les établissements nécessaires pour donner des bains de douches, de pluie, etc., ainsi que tout ce que réclamait la commodtié des baigneurs. Cette source était en renom dès 1622; ce ne fut toutefois qu'en 1772 qu'on s'avisa pour la première fois de recueillir ses eaux ; et de cette époque datent les constructions dont l'agrandissement successif a donné à ce village l'aspect agréable qu'il a aujourd'hui. Les belles promenades qu'on trouve à peu de distance ajoutent aux charmes de ce séjour.

CUDWORTH (RALPH-RODOLPHE), philosophe et théologien anglais, né en 1617, à Aller, dans le comté de Sommerset, D'abord professeur au collége d'Emmanuel à Cambridge, où il compta au nombre de ses élèves le célèbre William Temple, puis principal du collège de Clare-Hall, dans la même université, où il eut sous sa direction le grand prédicateur Tillotson, devenu plus tard primat d'Angleterre, il passa en 1654 au collège du Christ, avec les mêmes fonctions, qu'il conserva jusqu'à sa mort. Il était en 1657 au nombre des théologiens choisis par un comité des Communes pour revoir la traduction anglaise de la Bible, travail devenu tout à fait inutile par la dissolution du parlement.

Nommé récemment prébendier de Glocester, il publia l'ouvrage sur lequel se fonde sa réputation : The true intellectual System of the Universe (Londres, 1678). Avant lui, Gale avait enseigné que la vraie philosophie était dès l'origine renfermée dans la parole de Dieu adressée à son peuple, et que depuis cette manifestation elle fut révélée aux autres peuples à diverses époques et de diverses manières. La philosophie, selon Gale, doit marcher constamment avec la théologie, et s'en aider en toute occasion. Cudworth adopta pleinement cette doctrine, et la professa plus savamment que celui à qui il l'avait empruntée. Dans l'ouvrage que nous avons cité, répertoire prodigieux de littérature ancienne, il affirme que l'idée de Dieu, comme l'être souverainement intelligent, puissant et juste, se trouve dans les écrits de presque tous les philosophes anciens, assertion qui le fit traiter de latitudinaire et même d'incrédule. Assurément il méritait plutôt d'être appelé l'esclave de Platon, puisque, dans le cours presque entier de sa carrière philosophique, il suivit servilement les traces de ce philosophe de l'antiquité. En effet, s'il veut prouver l'existence de Dieu, c'est principalement aux idées innées qu'il a recours; pour s'expliquer les formes et les proportions des corps, il fait intervenir une nature plastique, subordonnée à la Divinité, ce qui n'est point autre chose que l'âme du monde de Platon; l'origine première du bien moral et de la justice, il la trouve, sur l'indication de Platon, dans les idées morales, copies fidèles de la sagesse divine; et lorsqu'il soutient contre Descartes l'existence des causes finales, il se contente d'opposer à son antagoniste l'irrécusable autorité de Platon. Enfin, il résout la plupart de ses problèmes d'après les doctrines du père de la première académie.

Cudworth mourut à Cambridge, en 1688, avec la réputation d'un savant du premier ordre, d'un profond métaphysicien et d'un homme plein de modestie et de piété. Son Système intellectuel du Monde a été fort bien traduit en latin par Moshem, et Thomas Wise en a donné un excellent abrégé. E. LAVIGNE.

CUEILLETTE ( Affrétement à la). Voyez AFFRÉTEMENT. CUENÇA, chef-lieu de la province d'Espagne du même nom, dans le royaume de la Nouvelle-Castille (superficie totale 292 myriamètres carrés, avec une population de 334,000 âmes). C'est une place forte, comptant envi

CUFIQUE

ron 6,000 habitants; elle est bâtie sur un rocher nu et aride, au confluent de l'Huescar et du Hucar, que l'on y traverse sur le pont de San-Pablo, long de 100 mètres et haut de 53 mètres, reposant sur treize piliers seulement. Le plus remarquable de ses édifices est sa cathédrale. Cette ville, siége d'évêché, possède un séminaire, un collége royal et deux hôpitaux. Le blanchissage et la teinture des laines, la fabrication des étoffes de laine et du papier, forment avec la culture des abeilles la principale industrie de ses habitants. CUENÇA (SANTA-ANNA de), chef-lieu de la province du même nom dans la république de l'Équateur (Amérique du Sud), est bâtie sur un plateau situé à 2,700 mètres audessus du niveau de la mer, au voisinage du golfe du Guyaquil, et compte 20,000 habitants, dont la fabrication des étoffes de laine et celle des chapeaux constituent la principale industrie.

CUEVA (JUAN DE LA), poëte espagnol du seizième siècle, naquit vers 1550, à Séville, et mourut après 1607. Il s'essaya dans presque tous les genres de poésie, et pour quelquesuns fut le premier à les faire connaître à ses compatriotes. Il ne manquait ni de talent ni de savoir; il avait surtout une facilité toute particulière pour manier la langue et faire des vers; mais il en abusa pour produire des œuvres manquant le plus souvent de maturité. Le temps où il vécut fut d'ailleurs pour la littérature espagnole une époque de transition du vieux style national au style classique moderne, circonstance qui a donné à ses ouvrages un caractère vague et incertain, encore bien que son goût particulier le portât à rester fidèle au vieux style national. Parmi ses nombreuses pruductions, nous citerons les Obras (Séville, 1582), contenant des poésies lyriques, des sonnets, des canzones, des élégies, des églogues et les Lamentations de Vénus au sujet d'Adonis, en octaves, dans le style classique italien; Coro Febeo de romances historiales (Séville, 1587-88), dix livres de romans historiques, la plupart ayant pour sujets des traditions empruntées à l'histoire et à la vieille mythologie classique, et le très-petit nombre seulement des traditions nationales, manquant dès lors à ce point de vue d'intérêt et de cachet propre, mais remarquables par le choix des formes nationales et par l'habileté avec laquelle le poète les manie; Primera parte de las Comedias y Tragedias (Seville 1583 et 1588, in-4°), contenant quatre tragédies et dix comédies, qui furent toutes représentées à Séville de 1579 à 1580, et qui lui assurent une place honorable dans l'histoire de la poésie espagnole, quoique ce ne soient encore, sous beaucoup de rapports, que des essais imparfaits annonçant du talent, mais ne pouvant point passer pour les œuvres d'un génie créateur; enfin, La Conquista de la Betica (Séville, 1603), poëme héroïque en vingt chants et en octaves, où il chante la conquête de Séville par le roi Ferdinand III de Castille, mais qui, en dépit de l'heureux choix du sujet et la simplicité d'un plan au total bien ordonné, est exécuté si lourdement, si prosaïquement, qu'il s'élève bien rarement au-dessus de la sécheresse d'une chronique rimée.

CUFIQUE ou COUFIQUE (Écriture). C'est la plus ancienne forme de l'écriture des Arabes. Ce nom lui vient de la ville de Kufa, dans le pachalik actuel de Bagdad, de la province d'Irak et Arabi, où résidait le khalife Ali, et d'où elle paraît être originaire. Les anciens caractères cufiques ont tant d'analogie avec l'ancienne écriture syriaque, l'estranghelo, qu'il n'est guère permis de douter que les Arabes les empruntèrent aux Syriens; et des traditions historiques confirment cette présomption. Il est probable qu'ils ne furent introduits par les Arabes que peu de temps avant Mahomet. Bien que nous ne connaissions pas les caractères dont ils se servaient avant cette époque, et quoique le peu de renseignements que nous offrent à cet égard les écrivains turcs soient insuffisants pour baser une autre opinion, il est peu croyable que les Arabes soient restés jusqu'au sixième siècle de l'ère chrétienne sans avoir l'écriture. Peut-être les

CUFIQUE inscriptions phéniciennes et palmyréniennes et les caractères tracés sur les monnaies des Sassanides contiennent-ils des vestiges de cette antique écriture primitive. L'influence que l'école de Kufa exerça sur l'islamisme fit prévaloir l'écriture inventée dans son sein, et elle demeura en usage jusqu'à ce que le besoin d'une écriture plus commode et indiquant d'une manière plus claire différentes consonnes distinctives se fut fait sentir parmi les Arabes. Plus tard on ne l'employa plus que pour les monnaies et les inscriptions, tandis que l'écriture neskhi arrivait à la remplacer complétement dans l'usage ordinaire. Il n'y a que l'écriture des Arabes de Mauritanie qui ait encore conservé beaucoup de ce qu'il y a de rond et d'anguleux dans le cufique. Consultez Lindberg, Sur quelques médailles cufiques et sur quelques manuscrits cufiques (Copenhague, 1830), et Mæller, Paléographie orientale (Gotha, 1844).

CUFIQUES ou COUFIQUES (Monnaies). On comprend sous cette dénomination toutes les monnaies frappées par les premiers princes mahométans et portant des inscriptions en écriture cufique. Il en existe en or (dinar), en argent (dirhom), et en bronze (feuls). Elles ne portent d'ordinaire que des inscriptions contenues les unes dans un anneau, les autres dans un cordon qui règne tout autour, et se composent quelquefois de deux lignes. D'autres images, surtout des figures, sont beaucoup plus rares; et les dernières ne sont pour la plupart que des imitations d'un modèle préexistant, byzantin surtout, ainsi que le voulaient des intérêts particuliers, comme ceux du commerce. L'étude des monnaies cufiques est arrivée dans ces derniers temps à une perfection qui devra rattacher cette partie de la numismatique aux autres parties de la science. L'oubli dans lequel la connaissance des monnaies cufiques était restée jusqu'à ce jour tenait à l'extrême difficulté de l'étude de la langue. A cet égard nous avons de grandes obligations aux travaux d'Aler (Museum Cuficum Borgianum), des deux Tychsen, de Reiske, de Hallenberg, de Sylvestre de Sacy, de Castiglioni, etc., et dans ces derniers temps à ceux de Fræbn.

CUGNIÈRES (PIERRE DE), avocat contemporain de Philippe de Valois; le courage avec lequel il s'éleva contre les envahissements du clergé a rendu son nom célèbre. On a prétendu à tort qu'il était avocat du roi : cette charge n'existait pas de son temps. On lui a attribué aussi la fameuse lettre de dérision et d'insultes que Philippe le Bel écrivit à Boniface VIII. Quoi qu'il en soit, on le voit en 1330 porter la parole au nom des députés laïques, dans la cour que le roi avait convoquée en son palais pour juger leurs différends avec le clergé. Il commença son discours par ce texte de PÉvangile : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. » Le 7 décembre 1335, il parla de nouveau devant le roi, au bois de Vincennes, et après avoir exposé tous ses griefs contre les ecclésiastiques, il conclut à ce que les prélats se contentassent du spirituel et à ce que le temporel ap. partint au souverain et aux seigneurs laiques. Les successeurs de Philippe le Bel ont plus d'une fois emprunté aux vigoureuses et lucides plaidoiries de Pierre de Cugnières des arguments pour combattre les prétentions cléricales. De leur côté, pour se venger d'un adversaire qui les avait tour à tour vaincus avec les armes de la raison, du savoir et du sarcasme, les prêtres cherchèrent à vouer sa mémoire au ridicule. Dubreuil, dans ses Antiquités de Paris, dit que l'on avait donné le nom de Pierre du Cuignet à une petite et laide figure qui est à Notre-Dame, à un coin du jubé du midi, au-dessus de la figure d'enfer, » au nez de laquelle on éteignait les cierges de l'autel voisin. Une figure analogue, appelée du même nom, existe encore au premier gros pilier de la cathédrale de Sens et dans beaucoup d'autres églises. En outre, une longue et mauvaise chanson fut rimée par quelque clerc sur la grimace de maistre Pierre du Cognet. Le lieu et l'époque de la mort de Pierre de Cugnières sont restés inconnus. W.-A. DUCKETT.

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CUILLER ou CUILLÈRE, ustensile de table dont on se sert ordinairement pour manger le potage et d'autres aliments liquides ou de peu de consistance (voyez COUVERT). On lit dans quelques monuments latins du moyen âge qu'on nommait cochlea ou cochlear, d'où s'est formé cuiller, un instrument qui servait de mesure, et qui fut en usage parmi les ecclésiastiques pour retirer l'hostie du vase sacré. Flodoard compte douze cuillères parmi les ustensiles d'argent appartenant à l'église de Reims : ce fut même un usage consacré dans les premiers siècles de ne retirer l'hostie du calice qu'avec une cuillère. Du reste, ce meuble était généralement adopté vers le commencement du quatorzième siècle. L'usage des fourchettes fut introduit plus tard, et nous ne les trouvons mentionnées que dans un inventaire de la vaisselle du roi Charles V, daté de 1379. On voit dans le cabinet de quelques amateurs des fourchettes-cuillères curieusement travaillées : le dernier de ces meubles n'a pas de manche, il est fixé aux deux dents de la fourchette et s'enlève à volonté. Ces jolis bijoux en ivoire, en bois, et parfois en argent, ne remontent pas au delà du seizième siècle. LE ROUX DE LINCY. CUILLERON. Ce nom, dérivé de cuillère, signific: 1o la partie creuse de la cuillère qu'on met dans la bouche en mangeant; 2° pétale ou autre partie d'une fleur ou plante qui a la forme d'une cuillère; 3° deux petites pièces membraneuses, disposées comme les deux valves d'une coquille, situées au-dessous de la racine des ailes des insectes diptères (mouches) et à la base des élytres de certains coléoptères. Les cuillerons des insectes, qu'on désigne aussi sous le nom d'ailerons, sont au nombre de deux sur chaque côté. Ils sont très-étendus chez les mouches, et rudimentaires chez les cousins et les tipules. Ils ne contribuent pas à produire le bourdonnement. Leurs fonctions se bornent à faciliter et à modifier le vol. L. LAURENT.

CUILLERS (Herbe aux ). Voyez COCHLEARIA. CUIR. On donne ce nom à la peau épaisse de certains animaux, et plus particulièrement à la peau de quelques animaux lorsqu'elle a été séparée de la chair, tannée et corroyée. La peau des bœufs, des vaches, des veaux, des chevaux, est généralement soumise au procédé du tannage. Le tannage des cuirs est précédé de bien des opérations préparatoires, comme le lavage ou la trempe des peaux, l'écharnement ou l'écolage, le planage à la chaux, la dépilation ou débourrement, enfin le gonflement.

Les peaux de bœuf, de buffle, etc., sont particulièrement propres pour la préparation des cuirs forts à semelles et grosses bottes; avec les peaux de petites vaches, de veaux, de chevaux, etc., on prépare les cuirs doux pour tiges de bottes fines et les escarpins, pour certains ouvrages de sellerie, de carrosserie et d'ameublement ; en un mot, tout ce qui est connu sous le nom de molleterie.

On reconnaît qu'un cuir est suffisamment tanné à l'examen de la tranche nouvellement coupée : l'intérieur doit être luisant, comme marbré, et ne doit pas présenter dans le centre une raie blanche, qu'on nomme la corne ou crudité des cuirs. Ce dernier signe est toujours l'indice que le tannin n'a pas assez pénétré la peau : c'est alors un cuir creux, qu'il faut rejeter comme d'un mauvais emploi.

L'art du tanneur ne s'exerce pas seulement à la préparation des cuirs forts, mais aussi dans la fabrication des petits cuirs, dits cuirs à œuvre. Pour ceux-ci, on emploie les peaux de petites vaches, de veaux, etc. Ces cuirs, en général moins épais et moins solides que les cuirs forts, se distinguent par une plus grande souplesse. On prépare encore des petits veaux à l'usage des relieurs par une méthode assez semblable. On y emploie de préférence et par économie les peaux de veau mort-né.

Le cuir de Hongrie est une peau qui n'a point été tannée : elle ne doit sa conservation et son inaltérabilité qu'aux matières salines et graisseuses dont elle a été imprégnée. Ce

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