mécompter, en prenant quelque part ou portion de la terre d'autrui; & pour cet effet, il faut qu'il en foit bien informé par des indicateurs voisins; qu'il fache, par eux ou par d'autres, quelles font les véritables limites.

Il doit enfuite obferver la fituation & le plan de la piece qu'il doit mefurer, & confidérer fa forme, fa figure, pour prendre fes mefures, & prévoir par avance ce qu'il doit faire, lorsqu'il en fera l'arpentement.

Il doit particulierement obferver de ne fe fervir que de la mefure commune du lieu où il eft; que s'il eft obligé d'aller aux Provinces voisines, où fa bonne renommée le fait appeller, il se doit informer avec quelle mefure l'on arpente, fi l'on parle à perche, à vergée, à féterée, à acre & autres mefures, toutes lefquelles font limitées fur le pied du Roi, qui eft compofé de douze pouces. Je ne pouffe pas plus avant ce difcours, parce que j'expliquerai ci-après comme l'on arpente à Paris, & comme l'on arpente en Province.

DES INSTRUMENS

pour arpenter.

Pour arpenter, il faut néceffairement quelques inftrumens, fans lefquels on ne fauroit mefurer le plan, & favoir au jufte la fuperficie d'une terre.

Il faut premierement,

Une Equerre,

avec Un Bâton pour la fupporter.

Une Chaîne ou Corde.

Dix Piquets de bois.

Et une Regle ou échelle de cuivre.

L'EQUERRE

L'EQUERRE que j'ai fait faire, & dont je me fers, qui eft figurée ci-après, & très-particuliere; elle eft fi facile en fon ufage, & fi fidele en fon opération, que par elle on peut lever les plans de toutes fortes de terres, & les rapporter fidélement fur le papier, fans avoir befoin ni de Rapporteur, ni de Demi-cercle, ni de Compas de proportion ni d'autres Inftrumens de Géométrie & de Mathématique ; la pratique en eft quatre fois plus aifée, & le coût en eft quatre fois plus petit.

LE BATON que j'ai inventé pour la foutenir, eft compofé d'une maniere fi propre, qu'il peut fervir même pour la bienféance: on le peut porter par la Ville comme une canne d'inde, fans qu'on puiffe connoître que c'eft un Bâton de Géométrie & d'Arpenteur. Le deffus dudit Bâton s'ouvre & fe ferme à vis par une garniture d'argent ou de cuivre.

LA CHAINE n'eft pas auffi comme les autres, qui ne font compofées que d'une fuite de boucles entortillées, qui pour l'ordinaire fe trouvent embarraffées & embarraffantes lorfqu'on s'en veut fervir celle-ci est beaucoup plus commode & plus légere; elle eft de fil de fer; on la plie par pieds, & lefdits pieds lui fervent d'une jufte division. Je la divife pourtant d'une autre façon, en demitiers & quart; & afin que fon ufage en foit plus général & plus univerfel, on la peut porter à la poche fans incommodité; car toute la Chaîne étant affemblée & pliée, elle n'a qu'un pouce d'épaiffeur & un pied de longueur.

LES DIX PIQUETS font de bois, de la groffeur du petit doigt, pointus par un bout, & d'environ deux pieds & demi de long: ils font faits au tour, afin qu'ils foient plus déliés, & qu'ils puiffent tous tenir dans la main d'un homme.

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LA REGLE doit être de cuivre, & il eft bon de la faire d'un pied de long, afin qu'elle ferve à divers ufages: il la faut divifer en douze parties égales, comme fi c'étoit douze pouces ; mais la derniere partie, il la faut sous-diviser en douze lignes qui font un pouce,

INSTRUCTION,

Pour fe bien fervir des Inftrumens dans le Mefurage ou Arpentage.

Pour arpenter, il faut premierement confidérer la fituation, la figure & l'étendue de la piece que Vous voulez melurèr, & enfuite planter votre BATON d'Arpenteur au coin où vous defirez commencer votre opération, & pofer votre EQUERRE deffus.

Mais vous ne pouvez rien faire, fi vous n'avez la jufte vifée des deux bouts de la piece qui regardent droit le coin où vous êtes; c'eft pourquoi vous devez y envoyer votre homme pour y planter un autre bâton tel qu'il foit, pourvu qu'il foit un peu droit, & fendu par le haut pour y mettre un morceau de papier, afin que ce papier ou ce blanc yous ferve de vifée.

Que fi votre homme le pose trop en-dedans ou trop en dehors, vous lui ferez figne de la main (fans crier) jufqu'à ce qu'il l'ait mis au point où vous defirez qu'il le mette.

Cela fait, regardez par les pinules dudit Inftrument fait en croix, c'eft-à-dire, par les fentes qui fe rencontrent aux quatre bouts d'icelui, jufqu'à ce que vous voyez dans le milieu derdites fentes le papier qui vous fert de vifée, & lequel vous paroîtra comme rond quoiqu'il foit quarré. Vous ferez de même aux autres côtés.

Ayant donc découvert avec jufteffe les deux lignes vifuelles qui coupent & limitent les deux côés de votre piece, par le moyen de votre Equerre; ce que vous aurez à faire, c'eft de lever ledit Inftrument le plus délicatement que vous pourrez, fans l'ouvrir ni fermer davantage, afin qu'en le mettant en ufage, & l'appliquant fur le papier, l'angle fe trouve régulier & fidele: cette méthode eit belle & facile, puifqu'il ne faut que tirer deux