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L'inconséquent palinodiste

Qui suit le vent comme à la piste",
Va tantôt votant pour le roi,

Et va tantôt votant pour moi.

S......

LOGOGRIPHE

CHACUN m'estime et vante ma valeur,
Par-tout on me cite, on me fête ;
Mais hélas! tranche-moi la tête,
On me voit ici bas végéter sans honneur.
Ma décomposition n'est pas très-curieuse :
Elle ne peut offrir qu'une liqueur visqueuse,
Une mesure, enfin un insecte rongeur.
Devine, c'est assez : Adieu, mon cher lecteur.

ACHILLE BÉLOT, vérificateur de l'enregistrement.

CHARADE.

MON premier n'est pas dur; positif est ce point;
Mon dernier ne doit jamais l'être,

Sur-tout envers celui dont on tient son bien être.
On n'aime mon entier qu'autant qu'il ne l'est point.

S........

Mots de l'ENIGME, du LOGOGRIPHE et de la CHARADE insérés dans le dernier Numéro.

Le mot de l'Enigme est Cocher de place.

Celui du Logogriphe est Rosse, dans lequel on trouve : rose e!

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LITTÉRATURE ET BEAUX-ARTS.

DE LA MUSIQUE DRAMATIQUE EN FRANCE, ou Des Principes d'après lesquels les compositions lyri-dramatiques doivent être jugées; des révolutions successives de l'art en France et de sa décadence; des compositeurs qui ont travaillé pour nos spectacles lyriques et de leurs productions restées au théâtre ; par M. MARTINE. Un vol. in-8°. — Prix, 5 fr., et 6 fr. 25 c. franc de port. A Paris, chez J.-G. Dentu, imprimeur-libraire, rue du Pont de Lodi, n° 3; et au Palais-Royal, galeries de bois, n° 265 et 266.

Je crois déjà entendre tous les musiciens compositeurs, instrumentistes et chanteurs, depuis l'homme de génie dont la réputation est hors d'atteinte, jusqu'au moindre croque-note, se demander en lisant le titre de l'ouvrage de M. Martine, cet auteur sait-il la musique, pour oser la juger et nous juger nous-mêmes? De combien d'opéra sérieux ou comiques se compose son œuvre? A-t-il écrit sur la basse fondamentale, sur l'harmonie sur la mélodie? S'est-il fait entendre dans quelques concerts, chante-t-il à livre ouvert ? et mille autres questions de ce genre. Si on leur répond que M. Martine n'est qu'un amateur, ils condamneront son livre sur l'étiquette, et diront qu'il ne vaut rien, sans avoir seulement daigné en lire une page. Tous les membres qui composent le vaste empire musical et dont je n'excepte ni le facteur d'instrument, ni le marchand de musique, ni les soufleurs des théâtres d'opéra, opineront de la même manière; les maîtres le diront à leurs élèves, les élèves à leurs parens, les parens à leurs amis, et l'ouvrage ne sera lu que par un petit nombre d'hommes éclairés qui ne condamnent jamais sans entendre. S'il est bon, malgré l'anathême dont il a été frappé en nais

sant, il obtiendra ce qu'on appelle un succès d'estime ; mais il ne sera bien apprécié que lorsqu'on aura oublié l'arrêt des gens du métier. Alors, peut-être, l'auteur sera mort en protestant contre l'injustice de ses contemporains, ou, s'il vit encore, ce succès tardif ne lui procurera aucune de ces jouissances de l'amour propre qui sont la plus noble récompense des gens de lettres, parce que la renaissance de son livre s'opérera graduellement et ne fera pas plus de bruit que n'en fait la réimpression d'un ouvrage connu.

L'amateur qui écrit sur les beaux-arts ( et j'entends par-là la peinture, la sculpture, l'architecture, la gravure et la musique), n'a pas d'autre perspective que celle-là; et si l'on a dit avec tant de justice que rien n'égale la jalousie d'un médecin, on peut dire avec plus de justice encore, qu'il n'est rien au-dessus de l'amour-propre des artistes. En effet, ces messieurs croient être les seuls juges compétens de leurs travaux. Si un amateur veut les juger, ils lui reprochent de n'être pas artiste, sur-tout lorsqu'il fait apercevoir ces légers défauts existants même dans les compositions qui, pour approcher le plus de la perfection, ne sont pas encore parfaites; mais ensuite, si un peintre, un sculpteur, un graveur, un architecte, un musicien, reconnait ces mêmes défauts dans l'ouvrage d'un confrère, celui-ci crie aussitôt à la jalousie, et il attribue à ce vil sentiment des observations que sans doute l'amour des beauxarts a fait naître. L'artiste croit donc être seul en état de juger ses travaux, et comme il voit tout à travers le prisme de l'amour-propre, on sait d'avance quelle sera son opinion, ainsi le peindre de portrait se croit un Poussin, le croque-note, un Piccini, le maçon un Palladio, et c'est beaucoup s'ils veulent laisser la première place à ces grands hommes pour se placer immédiatement à leur suite.

M. Martine en écrivant sur la musique, celui des beaux-arts qui procure le plus de vraies jouissances, s'annonce sous le modeste titre d'amateur, mais cet amateur est un juge éclairé, un sage appréciateur des

compositions dramatiques des plus célèbres musiciens, un habile adversaire de ces théories calculées qui dénaturent la musique en substituant une suite d'accords bizarrement harmoniques, à cette mélodie suave et expressive qui fait le charme des beaux chants des grands maîtres de l'école italienne; malgré cela son ouvrage n'obtiendra pas le succès qu'il mérite, et s'il paraissait aussi un écrit, même mauvais, d'un homme qui aurait brillé dans un concert, ou qui pourrait se dire auteur de trois ou quatre opéras, il obtiendrait la préférence sur celui de l'amateur savant et judicieux. Espérons néanmoins que M. Martine aura un meilleur sort que les amateurs qui l'ont précédé. Cependant, lorsque je considère quelle a été la destinée des Considérations sur les divers systèmes de la musique ancienne et moderne, sans contredit l'un des plus importans ouvrages qu'on ait jamais écrits sur l'art musical, je crains beaucoup pour l'Essai sur la musique théâtrale. L'auteur de cet Essai expose, dans le passage que je vais citer, les motifs qui l'ont déterminé à le faire, les principes qui le dirigeaient en le faisant, et les idées d'après lesquelles il l'a fait. «On a beaucoup écrit sur la musique, dit-il, mais on » n'a point encore tracé un tableau rapide des modifi>>cations qu'elle a subies jusqu'à nos jours sur nos théâtres » lyriques; on n'a point développé ses progrès et sa » décadence par des principes évidens et par leur diverse application aux compositions musicales restées au » théatre; c'est le but que je me suis proposé dans cet » écrit. Je m'attends à bien des critiques, dans une ma» tière qui a donné lieu à tant de débats. Il est impos»sible de satisfaire tout le monde ; mais personne ne » pourra me contester le mérite de l'impartialité, qualité » si importante pour bien juger, et cependant si rare » dans nos querelles musicales, où la plupart des juges » se font une idole à laquelle ils vouent une admiration » excessive. Etranger à toute coterie, à toute préven» tion, je cherche à rendre justice aux musiciens même >> dont j'aime le moins les talens, en citant ce qui dans » leurs productions me semble louable. L'intérêt que

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» l'on met en France à tout ce qui appartient à la mu» sique, me fait espérer que mon ouvrage excitera quel» qu'attention; il peut même n'être pas sans utilité dans » un tems où les avis sont si divers sur ce bel art. »>

Il suffit de lire l'ouvrage de M. Martine pour reconnaître qu'il ne s'est pas écarté un instant des principes d'après lesquels il avait conçu l'idée de son travail. exécuté ensuite avec beaucoup de talent, et dont voici àpeu-près les idées principales.

»

La musique est un art d'imitation, elle peint les divers sentimens par des sons, comme la poésie les peint par des discours mesurés. Elle exprime la douleur et la joie, la crainte et le plaisir, le désespoir et l'espérance, en un mot, elle rend les diverses affections de l'ame: « Elle doit donc être premièrement expressive, dit M. » Martine, si elle est jointe à des paroles, elle doit rendre >> fidèlement leur signification; elle doit peindre les sen» timens, les passions qui y sont indiqués. Présente>> t-elle un caractère opposé? est-elle vague, indécise? » elle est mauvaise, quels que soient d'ailleurs ses agrẻ» mens. Mais, dira-t-on peut-être, cette assertion, vraie » pour la musique vocale, ne saurait l'être pour l'instru» mentale, qui n'ayant point de paroles à exprimer, n'a » par conséquent rien de déterminé. Sans doute le com»positeur peut donner à une symphonie le caractère » qui lui plaît, elle peut être à son gré guerrière, pasto>> rale, triste, gaie, mais il faut toujours qu'elle en ait »un. Ce n'est pas assez que la musique soit expressive, >> il faut qu'elle soit encore mélodieuse, c'est-à-dire, » composée d'une suite de sons qui flattent agréable» ment l'oreille. La mélodie sans expression, l'expression » sans mélodie sont également mauvaises, et je prouverai >> bientôt qu'à l'exception d'un très-petit nombre de cas, » ces deux qualités, loin d'être incompatibles, se forti» fient mutuellement et concourent au même but. »

C'est pour développer ces principes si féconds en heureux résultats, que M. Martine a composé son Traité de la musique dramatique, qu'il divise en deux parties. La première est purement théorique; dans la seconde il

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