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vant avec zele mon Roi & ma Pa- 1657. » trie. D'ailleurs je méprife un enne» mi qui n'ofe fe montrer. La baffeffe de fon courage eft un fupplice » affez grand pour lui, & je fuis affez vengé, puifque fa Majefté daigne jetter quelques regards favorables » fur moi.

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Cependant on fit de très-grandes perquifitions pour découvrir les au teurs de cet indigne attentat; on promit même une fomme confiderable à ceux qui pourroient y parvenir; mais tout devint inutile. On foupçonna feulement, & le foupçon tomba tantôt fur l'un & tantôt fur l'autre. Chacun conduit par fa paffion, s'arrêta fur ceux qu'il haïffoit : mais aucun ne put juftifier fon foupçon par des preuves certaines.

Sur ces entrefaites la Charge de Meftre de Camp General de l'armée de la Province de l'Alenteyo vint à vacquer. Le Comte de Sou re, genereux dans toutes fes actions, & toujours prêt à facrifier fes interêts au bien de l'Etat & au fervice de fon Maître, demanda qu'on éle vât à cette dignité André d'Albuquerque, quoiqu'il eût fujet de fe plaindre vivement de cet Officier. Il

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lui avoit manqué en plufieurs occa fions; mais il étoit d'ailleurs plein de valeur & de mérite, & le Comte de Soure auroit cru fe deshonorer & manquer à l'Etat, s'il ne lui avoit pas rendu juftice dans cette occafion. Il feroit à fouhaiter qu'un exemple fi beau & fi grand fervît de regle à ceux qui fe trouvent à la tête des armées. Tout Officier de mérite feroit dignement recompenfé, & l'Etat feroit dignement fervi.

La Reine eut égard à la demande du Comte de Soure, & d'Albuquerque fut honoré de la Charge vacanre. Celle de General de la Cavalerie que celui-ci occupoit, fut demandée par François de Melo, General de I'Artillerie. Il avoit toutes les qualitez & tous les talens neceffaires pour en remplir dignement les fonctions, mais la fanté ne lui permettoit pas d'être longtems à cheval. Le Comte de Soure pour l'obliger à fe defister de fa prétention, le fit nommer à l'Ambaffade d'Angleterre, & le fit honorer du titre de Confeiller de la Guerre, avec une Commanderie. En même tems il propofa pour General de la Cavalerie & de l'Artillerie, François d'Aevedo, & Antoine de

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Melode Caftro. L'un & l'autre avoient 1657 également bien fervi ; ils avoient de la valeur, de l'experience, du courage, & un zele infatigable. Enfin ils étoient dignes des poftes pour lefquels on les propofoit; mais les ennemis du Comte de Soure s'étant réveil→ lez, ils employerent tout leur credit, pour empêcher la Reine d'accorder les Charges qu'on demandoit pour

eux.

Le Comte de Soure fut fur ces entrefaites attaqué de la goute. Ses ́ ennemis qui ne laiffoient échaper aucune occafion de lui nuire, & de le dégoûter du fervice, engagerent la Reine à lui envoyer des ordres pour partir inceffamment, afin de raffembler promptement l'armée. Pierre Vieyra Secretaire d'Etat, lui porta ces ordres, en lui difant, que les Caftillans étant fur le point d'entrer dans le Portugal, fa prefence étoit abfolument neceffaire dans la Province d'Alenteyo. Le Comte comprenant qu'on ne cherchoit qu'un prétexte pour l'éloigner du commandement, répondit ainfi au Secretaire. «Je ferois déja

parti, malgré mes incommoditez, » fi l'on m'eût accordé à tems les fecours que je demandois, pour def

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1657. » fendre la Province d'Alenteyo ; » mais on n'a pas daigné m'enten dre. Cependant l'armée deftinée » pour la deffense de cette Province, » manque de tout; & je ne la rejoin» drai point, qu'on ne l'ait mife en » état de pouvoir agir efficacement, Je n'irai point fervir de triomphe » aux Caftillans.

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Le Comte demeura inébranlable dans ces fentimens; la Reine lui fit parler une feconde fois par Vieyra & par le Comte d'Odemira, & ils lui dirent, qu'apparemment fa fanté ne lui permettant pas de partir, il ne devoit pas être étonné, fi on nommoit un autre à fa place: « Ma fanté,jleur ré

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pondit le Comte, eft toujours bon»ne, lorfqu'il s'agit de fervir l'Etat ; » mais comme Sa Majefté connoît fans doute des fujets plus dignes » du Commandement que moi, elle eft la maîtreffe de faire ce qu'elle

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jugera à propos. » La Reine ayant reçu cette réponse, nomma auffitôt pour Gouverneur de la Province d'Alenteyo, le Comte de Saint Laurent. Le Comte de Soure fut extrê mement fenfible à la maniere donton de traittoit. Il croyoit mériter plus d'égards, & fes fervices en méritoient

en effet; mais les fervices, de l'efpece 1657% de ceux qu'il avoit rendus, ne font. pas toujours ceux qui excitent davantage la reconnoiffance des Prin

ces.

Le Comte de Saint Laurent ferendit promptement à la Cour, pour remercier la Reine de la grace qu'elle venoit de lui faire. Il affura cette Princeffe, qu'il alloit inceffament partir pour l'Alenteyo, & il lui promit de ne rien épargner, pour faire applaudir le choix qu'elle avoit daigné faire de lui, pour commander dans cette Province. Du confentement de la Reine, le Comte de Saint Laurent confera les Charges de Generaux de la Cavalerie, & de l'artillerie, à Emmanuel de Melo Meftre de Camp, & Gouverneur de Moura,& à Alfonfe Furtado de Mendoce, auffi Mestre de Camp, & Gouverneur de CampoMajor. On renforça de deux nouveaux Regimens d'infanterie l'armée de l'Alenteyo, commandez l'un & l'autre par Louis Alvarés de Tavora, Comte de Saint Jean, & par Dom Juan Macaregnas, Comte de la Torre. Celui-ci obtint encore le Gouvernement de Campo Major.

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Le Gouvernement d'Olivença étoit auffi vaquant, Emmanuel de Saldagne,

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