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l'état de nature et aux yeux de Dieu et de la j tice, le nain a les mêmes droits que le géant. Sans doute des conventions particulières p vent modifier ces droits natifs.

De même que l'homme peut se dépouiller d'u partie de son indépendance pour mieux assurer reste, de même une nation indépendante qui tronve trop faible, peut se soumettre à une s ciété mieux organisée ou plus forte.

Mais on ne peut admettre, dans aucune h pothèse, une aliénation complète et absolue d droits que l'homme tient de son créateur.

Si on la suppose volontaire, elle emporte avec e l'idée d'un devoir de réciprocité. Je mets à votre d position toutes mes forces physiques et morale à condition que vous les dirigerez pour mon pl grand avantage. Si vous tralissez ma confiance qui peut m'empêcher de retirer le mandat que vous avais donné? Si ce n'était, qu'une char pour vous, vous n'avez pas le droit de vous plaindre; je ne fais tort qu'à moi-même, et réparant le préjudice ou les dépenses que dat vous avait causés, je suis quitte envers vou : Admettre l'aliénation de ces droits, sans co dition d'aucun devoir de réciprocité, serait u supposition que rien ne saurait justifier, à moi d'un consentement formel et libre et dans

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le ma

cas; il serait évident que cet homme aurait l'esprit aliéné. Cet abandon passif des droits natu rels serait d'ailleurs illégitime; d'abord, parce que la dignité que le créateur a imprimée à l'homme, ne permet pas qu'il se dégrade à ce point; parce qu'ensuite cet homme a des devoirs à remplir sur la terre, et qu'il pourrait servir d'instrument à l'oppression de ses semblables, crime dont il resterait le complice. Celui qui réclamerait l'exécution d'un pareil traité, serait un être pervers; car il userait d'un ascendant usurpé, et il accepterait un droit contraire à la loi naturelle.

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Cet engagement étant frappé, aux yeux de la saine morale, d'une nullité radicale, ne serait jamais obligatoire, et pourrait toujours être révoqué par l'insensé qui l'aurait consenti.

Quand on le supposerait obligatoire pour celui qui l'a souscrit, il ne pourrait jamais l'être pour ses enfans ou sa descendance. Car ceux-ci tiennent de l'auteur des choses la même liberté et la même indépendance que possédait leur auteur avant cette aliénation. La paternité impose des devoirs, et ne donne aucuns droits réels sur la personne et la vie de l'enfant.

Si on suppose cette aliénation forcée ; par exemple, si pouvant me donner la mort comme à un ennemi vaincu, vous m'avez laissé la vie pour

m'employer comme votre esclave, votre droit aucun caractère de légitimité; aux yeux du cr teur je demeure votre égal, et j'ai le même dr que vous. Votre droit sur ma personne a cessé moment que vous avez cessé d'être en danger; donc, vous me contraignez à vous servir suiva vos caprices, sans consulter ma volonté, vo usez du droit de la force : nous restons en état guerre. Si vous vous affaiblissez, si moi ou l miens nous devenons les plus forts, qui peut dou ter que nous n'ayons le droit de briser le frein d l'esclavage, de rentrer dans cet état d'indéper dance et de liberté naturelles que nous tenions d la bonté du créateur?

Ce

que nous avons dit des individus s'appliqu

aux nations.

Le droit de la guerre n'est légitime qu'autan qu'il est nécessité par le besoin de la défense; u peuple ne peut pas devenir l'esclave d'un autr par droit de conquête..

La force ne peut engendrer le droit: la posses sion, si longue qu'elle soit, n'est qu'une injustice de plus, parce que le principe en est vicieux.

Aussi les philosophes et les législateurs modernes, qui ont étudié la nature et la dignité de l'homme, n'ont-ils pas hésité à reconnaître ses droits inalienables et imprescriptibles, c'est-à-dire,

les droits dont il ne peut se dépouiller quand il entre dans l'état de société.

En examinant la nature du pacte social, ils ont reconnu que les sociétés politiques n'avaient été instituées que pour garantir la jouissance de ces droits, et pour leur assurer une protection efficace.

Les nations étant composées d'hommes naturellement libres et indépendans, les nations ou les états souverains, doivent être considérés comme autant de personnes libres qui vivent entr'elles dans l'état de nature.

Les citoyens n'en jouissent pas pleinement et absolument dans l'Etat, parce qu'ils l'ont soumise en partie au souverain; mais le mais le corps de la nation, l'Etat, demeure absolument libre et indépendant à l'égard de tous les autres hommes et des nations étrangères, tant qu'il ne se soumet pas volontairement à elles.

Le droit des gens n'est originairement autre chose que le droit de la nature appliqué aux nations; et le droit public, le droit de la nature, appliqué à l'organisation particulière et intérieure de chaque société.

Les droits qui dérivent de la Nature pour n'être point écrits dans des Chartes jurées, n'en existent pas moins, parce que leur sanction a été gravée en caractères ineffaçables dans nos cœurs,

par l'auteur de toutes choses, et qu'ainsi ils ont un fondement plus solide que toutes les institutions humaines. Ces droits et ces devoirs n'ont pas besoin du fait de l'homme, par conséquent de la promulgation, pour exister. Les lois naturelles, d'après les publicistes, sont strictement et formellement obligatoires pour tous les hommes, quelle que soit leur position sociale. Nul ne peut s'excuser sous prétexte d'ignorance; car ce serait avouer qu'il n'a pas reçu du créateur l'intelligence nécessaire pour connaître le juste et l'injuste.

Mais tant d'individus, tant de peuples ont été victimes de l'ignorance de ces principes, et sont encore exposés à le devenir, qu'on ne saurait trop applaudir aux efforts de ces amis de la justice et de l'humanité, qui les ont promulgués à la face du Monde, et qui, par l'autorité de leur nom, la hauteur de leur talent, la force de leur dialectique, ont réduit au silence les zoïles de l'esprit humain.

Il en est résulté ce bien, que l'on n'ose plus soutenir publiquement des thèses contraires à la loi naturelle.

Les premiers législateurs étaient de profonds moralistes; ils ont fait plus, ils ont donné, par leurs lois, à ces principes, une sanction publique, et les ont fait sortir du cercle des théories.

Les anciens connaissaient la nature du pacte

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