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4-26-29.

TABLEAU

· DES PROGRÈS DU DROIT PUBLIC

ET DU

DROIT DES GENS,

JUSQU'AU XIX. SIÈCLE.

Il n'y a de véritable loi que celle qui découle des lois invariables et éternelles de la nature.

Platon, Somm. du liv. X de la Rép.

L

'ÉTABLISSEMENT des gouvernemens représentatifs, et l'érection de tribunes publiques au sein de la plupart des états de l'Europe; les discussions délicates et importantes auxquelles la réunion des congrès de Vienne, d'Aix-la-Chapelle, de Laybach et de Vérone ont donné naissance; la lutte qui s'est établie en Orient, au nom de la religion, de la liberté et de l'indépendance, contre le gouvernement le plus absolu que l'on connaisse; la formation de tant de nouveaux empires dans le Nouveau-Monde; les changemens que les états antérieurement constitués ont éprouvés ou sont prêts à subir dans leur organisation intérieure;

a

l'attention que depuis un petit nombre d'années les hommes éclairés de tous les pays accordent à la marche des cabinets, et les mouvemens des grandes populations vers un autre ordre de choses; toutes ces circonstances réunies ont donné aux sciences politiques une direction nouvelle et un développement qu'elles n'avaient pas connus jusqu'à présent.

Le moment est venu d'ouvrir des archives où soient déposés les titres de l'existence sociale des nations indépendantes, et de composer des Annales dans lesquelles chacune soit appelée à fournir sa part de matériaux et le contingent de ses lumières, pour accélérer les progrès de la civilisation, et pour atteindre la perfectibilité à laquelle il est donné à la raison éclairée de l'homme de s'élever, suivant le vœu de son créateur.

Quelle étude plus noble et plus grande que celle quis'occupe incessamment de rechercher quels sont les droits et les devoirs de l'homme dans l'état de nature; comment la jouissance de ces droits lai est garantie dans l'état social; quels sont les devoirs des chefs des nations et ceux des individus envers le corps politique dépositaire des droits de tous; comment et dans quel but ces sociétés ont été formées; comment elles se maintiennent; comment elles s'altèrent, et comment elles périssent en apparence, pour se reconstituer sous une autre

forme, semblables au Phénix qui renaît de ses propres cendres.

Cette importante étude a occupé de siècle en siècle les méditations des plus beaux génies; elle a formé des législateurs et des hommes d'état ; elle se rattache aux intérêts les plus graves, à nos inté rêts de tous les jours; l'être placé le plus bas dans la hiérarchie sociale y est intéressé lui-même, par cela seul qu'il appartient à l'humanité.

:

Qu'il existe certains esprits qui méprisent ou affectent de mépriser cet enseignement, et qui même voudraient qu'il fût interdit, nous le concevons les uns, quoiqu'ils ne soient pas dépourvus de quelques connaissances spéciales, même en législation, ne voient que la lettre du droit positif; ils ne savent pas s'élever jusqu'aux principes généraux des lois et des institutions humaines ; ils sont exposés à adopter les idées les plus fausses, les sophismes les plus grossiers pour eux il n'y de différence entre une bonne et une mauvaise loi. La maxime de Cicéron: C'est une absurdité de regarder comme juste tout ce qui est écrit dans les institutions ou les lois des peuples (1); n'a de pas sens, si même ils ne la déclarent pas criminelle.

pas

Les autres, par égoïsme ou par ambition, vou

(1) Stultissimum illud existimare omnia justa quæ scita sint in populorum institutis aut legibus.

a.

draient que les ténèbres de l'ignorance fussent encore répandus sur tous les esprits, afin de faire mouvoir les hommes et les peuples comme des machines. Suivant eux, c'est aux seuls qu'il appartient de s'occuper des affaires publiques; les gouvernés doivent payer les impôts, servir de leur personne, et se taire.

gouvernans

Les premiers n'ouvriront pas nos Annales ; les autres, s'ils daignent les parcourir, le feront dédaigneusement, et peut-être blâmeront-ils la licence que nous avons prise de parler des devoirs des chefs des nations et des droits des peuples.

L'indifférence des uns et la crainte de déplaire aux autres ne doivent pas nous arrêter; nous nous adressons aux hommes loyaux, consciencieux et éclairés de tous les pays; et, si la modération que commande un enseignement aussi auguste, modération dont nous nous sommes fait une loi inviolable; si le respect que nous professons pour toute opinion appuyée de raisons qu'on puisse avouer, se rencontrent constamment dans nos paroles, nous devons espérer que nos compatriotes, aussi bien que les étrangers, sous quelque bannière politique qu'ils soient enrôlés, approuveront notre entreprise et encourageront nos efforts.

Les hommes d'état vraiment dignes de ce nom, et les publicistes qui, quoique sans caractère public, contribuent si puissamment, par leurs écrits,

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