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TYPOGRAPHIE DE H, FIRMIN DIDOT. MESNIL (EURE).

HISTOIRE

CONTEMPORAINE

COMPRENANT

LES PRINCIPAUX ÉVÉNEMENTS QUI SE SONT ACCOMPLIS

DEPUIS

LA RÉVOLUTION DE 1830

JUSQU'A NOS JOURS

ET RÉSUMANT, DURANT LA MÊME PÉRIODE

LE MOUVEMENT SOCIAL, ARTISTIQUE ET LITTÉRAIRE

PAR

AMÉDÉE GABOURD

TOME SEPTIÈME

PARIS

LIBRAIRIE DE FIRMIN DIDOT FRÈRES, FILS ET CIE
IMPRIMEURS DE L'INSTITUT, RUE JACOB, 56

1867

Tous droits réservés

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HISTOIRE

CONTEMPORAINE.

LIVRE VINGT-DEUXIÈME.

LA FRANCE ET L'EUROPE DURANT LE GOUVERNEMENT

PROVISOIRE.

1848.

I

Le gouvernement de hasard qui osait assumer la responsabilité de la situation ne parvint pas sur-lechamp à se faire obéir. Au milieu de l'étrange confusion des événements le pouvoir semblait appartenir à quiconque avait la hardiesse de le prendre, et les concurrents étaient nombreux. En France, dans la multitude si diverse qui s'intitule le parti démocratique, on rencontre un petit nombre d'hommes convaincus et dévoués dont on exploite volontiers le courage; au-dessus d'eux se présente aux regards une autre catégorie d'individus qui évitent prudemment le danger, parlent tout haut, se dressent sur

HIST. CONTEMP. -T. VII.

la borne ou à la tribune aux harangues, et se montrent, après le combat, avides à la curée des places, impatients de se partager entre eux, les dépouilles des vaincus; ceux-là sont les plus nombreux, les plus implacables, les seuls écoutés. Parmi eux baucoup se contentent, lorsqu'il le faut, d'un emploi de souspréfet ou de commissaire de police, mais tous rêvent d'abord la dictature et s'en croient dignes. Ceux d'entre eux qui occupaient déjà les appartements, les corridors, les escaliers de l'hôtel de ville, se plaignaient tout haut de ce qu'on installât au sommet de la révolution des hommes dont ils dicutaient les titres et qui, à les entendre, n'étaient pas tous dignes de représenter le peuple. Une tourbe d'émeutiers, exaltés par l'ardeur de la lutte, les mains noires de poudre, la bouche convulsive, les regards enflammés, acceptait ces réclamations et les trouvait justes. Le reste de la foule, composé d'hommes qui voulaient en finir et qu'épouvantait leur propre victoire, se montrait au contraire disposé à accueillir le gouvernement provisoire et à lui concilier l'obéissance de tous. Ceux-là vantaient aux autres le patriotisme' modeste et opiniâtre de Dupont (de l'Eure), la science républicaine d'Arago, le génie de Lamartine, la probité de Garnier- Pagès; ils énuméraient les services d'Armand Marrast et de Flocon; ils rappelaient les théories de Louis Blanc en faveur du travail, et surtout ils persuadaient aux ouvriers qu'ils avaient tout à espérer, tout à attendre d'un comité suprême dans les rangs duquel l'un d'eux, le citoyen Albert, avait obtenu place. Durant les conflits, les luttes, les fluc

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