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utilité d'un tel voyage; voilà comment nous pouvons encore, comme au temps de Pythagore et de Platon, aller chercher la sagesse en Egypte.

RÉPONSE DU PRÉSIDENT

(M. F. SCHÜTZ)

AUX RÉCIPIENDAIRES.

MESSIEURS,

Vous savez tous quels grands événements s'accomplissent et se préparent aujourd'hui, la civilisation européenne rayonnant sur le globe, avec une force irrésistible, entraine au progrès l'Islam, son antique adversaire; elle arrache à son isolement l'immense empire, qui contient le tiers de l'espèce humaine.

Du Caucase à l'Amoor, des bras de géant étreignent le monde oriental, des flottes redoutables le menacent d'Ormuz à Nippon. Le passé n'a rien vu de comparable à ce mouvement providentiel, qui rapproche violemment les trois familles humaines, et cependant, un mouvement aussi grand peut-être s'accomplit et se prépare en ces hautes régions de l'intelligence, où les idées s'élaborent, avant de se manifester sur la terre.

Après une laborieuse étude des faits, la plupart des sciences se sont élevées à la détermination de leurs lois. Elles aspirent à se classer, à se grouper en familles, à faire graviter leur harmonieux système, autour d'un

foyer commun, d'une science centrale, encore sans formule et sans nom, mais qui sortira de la philosophie comparée de toutes les connaissances humaines. La possession du grand principe de l'Unité de loi permettra des simplifications inespérées dans chaque genre d'étude, en sorte que l'homme voué à une connaissance spéciale pourra suivre avec intérêt le développement de presque

toutes les autres.

On commence à voir que sur la terre, comme au ciel, le vrai, le beau et le bon, ne sont qu'un ; à comprendre qu'il ne faut, en nul ordre de choses, séparer ce que Dieu a voulu unir à jamais.

Toutes les sciences ne sont que des rameaux d'une seule tige; les sciences, les lettres et les arts sont unis comme dans les corps, la substance est unie à la forme, ou comme dans le soleil, la clarté est unie à la chaleur vivifiante.

Bientôt les Académies ne seront plus des associations d'individus isolés même dans leurs réunions, recueillant des idées sans pouvoir les propager, entretenant avec peine un peu de vie intellectuelle au fond des provinces; elles deviendront des écoles fécondes, où chacun sera tour à tour disciple et maître, et collaborateur d'une œuvre générale. Elles pourront entreprendre pour l'histoire sans fin du monde et de l'humanité, ce travail collectif que Stanislas rêvait pour la Lorraine et qu'un ministre célèbre a essayé d'organiser en France.

Par là, seulement, finiront les abus de la centralisa

tion littéraire et scientifique; le mérite individuel et l'utilité évidente l'emporteront enfin sur les petites oligarchies, qui se partagent et gardent, avec un soin jaloux, toutes les questions et tous les organes de la grande publicité.

Oui, dans un avenir prochain, l'association de toutes les Sociétés savantes donnera aux travaux de l'intelligence et surtout aux recherches des sciences naturelles, de l'histoire et de la philologie, une rapidité, une précision, une force collective qu'il est difficile d'imaginer aujourd'hui. Le télégraphe électrique ne servira plus seulement à la transmission des nouvelles politiques, au débat des intérêts exclusivement matériels, l'étude parcourra le monde aussi prompte que la pensée, la science, comme un aigle héraldique, tiendra dans ses larges serres et sous son œil de feu l'immensité du globe.

Déjà le pressentiment de cet avenir porte les Sociétés savantes des différentes contrées à établir entre elles des rapports intimes, à vivifier par le concours de l'appui mutuel et de l'émulation toutes les forces de l'étude et de la pensée.

Les annales de l'Académie de Stanislas conserveront des témoignages certains de cette haute tendance, nous recevons aujourd'hui, en échange des nôtres, avec les mémoires des Sociétés de la France, ceux des plus illustres compagnies de la Hollande, de la Belgique, de l'Italie, de la Suisse, de la Bavière, de l'Autriche et de la Russie. Chaque jour les correspondances scientifiques de

quelques-uns de nos membres avec l'Angleterre, l'Amérique du nord, la Turquie, l'Inde et l'extrême Orient, préparent à notre Société des relations nouvelles, une publicité plus étendue.

Jamais l'Académie de Stanislas ne fut plus active et plus forte, la mort ne lui a enlevé aucun de ses titulaires.

Elle est heureuse de penser que, grâce au maintien de la Faculté des Sciences, elle conservera trois membres pleins d'avenir, qui, depuis plusieurs années déjà, sont étroitement unis à chacun de nous par les liens de la confraternité, de l'estime mutuelle ou de l'amitié, et surtout par le désir commun de favoriser, de håter, de servir en notre ville les progrès du savoir, de l'agriculture et de l'industrie.

Car, nous voyons chaque jour s'allier dans un faisceau lumineux les trois éléments de la puissance intellectuelle : l'administration des services publics, l'enseignement officiel et le travail libre du savant isolé.

Cette union n'est pas stérile; tandis que les professeurs des Facultés enrichissent nos recueils de leurs mémoires et de leurs découvertes, plusieurs membres de notre Académie enseignent l'agriculture, l'architecture, la géologie et l'hygiène, dans cette école des sciences appliquées, dont la prospérité croissante justifie l'espoir de faire de notre ville un centre intellectuel pour les départements de l'Est, un lien durable entre la France et l'Allemagne.

Un de nos concitoyens, M. Paul Bonfils, en fondant

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