avec celui de l'homme de notre choix ? Ses droits, ceux de son fils, ne sont-ils pas les nôtres ? L'huile sainte n'a-t-elle pas été répandue sur sa tête ? Sa dynastie n'est-elle pas notre ouvrage ? n'est-elle pas consacrée par notre volonté ? par quatre millions de votes authentiques, quinze ans de victoire, et sur-tout par ce dernier triomphe, le plus beau de tous, où, pendant qu'une cour éphémère abandonnée, fuit en secouant des torches incendiaires, le peuple et l'armée portent leur monarque dans la capitale qu'il a couverte de trophées, et jusqu'au palais qu'il a rempli de si grands souvenirs? Pharamond, Clovis, Charlemagne, les Capets ont-ils été par d'autres voies faits monarques de la France ? Est-il un seul de ces chefs de dynastiés dont l'histoire offre une légitimité plus incontestable ? Quoi! nous serions moins libres qu'au 5o, au 7o, au 9o, au 10° siècle? Ne sommes-nous plus les fils des Francs et des Gaulois? Nos pères nous ont-ils vendus comme un vil troupeau ? Sommes-nous la propriété d'une famille? S'il existait encore un rejeton des Stuarts, l'Europe devrait-elle déclarer la guerre à la Grande-Bretagne dour le replacer sur le trône? C'est trop.... L'Europe est éclairée, et ses souverains, dans cette grande époque, se montreront dignes de leur siècle. Mais si nos vœux étaient trompés, s'il fallait que la France reprit les armes, la guerre et la victoire scelleraient pour toujours des droits que nous tenons de Dieu et de nos épées; la guerre serait nationale, et la victoire, aussi prompte que la nécessité de vaincre, serait impérieuse. Nous, jeunes bretons, fils de pères qui nous ont légué un précieux héritage à défendré, et dont les frère aînés, mûris par vingt-cinq ans de vicissitudes, sont encore là pour nous guider et marcher à notre tête nous avons, pour le bien de la France, pour celui de ces contrées, de cette Bretagne qui nous est si chère, des devoirs à remplir, des engagemens à contracter. Notre pays a long-tems, souffert; et ici, plus qu'ailleurs, s'est efforcé avec plus d'opiniâtreté de nous accabler, le systême féodal dont les rameaux, neguère prêts à se réunir, sont à jamais dispersés et brisés. On dit (mais nous repoussons cette pensée) qu'il est de nos concitoyens qui appellent l'étranger et rêvent la dévastation de leur patrie. On dit que la guerre civile deviendrait son affreuse auxiliaire. Non, la guerre civile, que tout l'or, toute la puissance de la cour n'ont pu rallumer, dont la présence de ses princes n'a pu exciter la moindre éteincelle, n'éclatera pas dans nos contrées. Nos concitoyens savent de quel côté sont leurs amis, et, tandis que nous concourrons avec tous les Français au succès de la cause nationale, nous, ici, d'une main ferme, nous maintiendrons le respect des personnes et des propriétés, nous ferons prévaloir les saines doctrines et l'égalité des droits, première condition de la liberté reconquise. Dans cette vue, Bretons, nous vous proposons un pacte fédératif, nous desirons qu'un lien étroit nous unisse, et qne, nous prêtant un mutuel se cours, nous garantissions à nos inrrépides guerriers qu'en leur absence, leurs foyers seront préservés, et qu'aucun attentat ne restera sans vengeance et n'échappera à la sévérité des lois, dont nous serons les défenseurs. Les magistrats sauront qu'ils ont autour d'eux une masse impo- ' sante, dévouée, prête à seconder l'action de l'autorité, réglée par les constitutions et les lois de l'Empire. Art. 1. Les citoyens der cinq départemens de la Bretagne, dévoués à la cause nationale et à l'Empereur, sont fédérés : l'association qui les lie prend le titre de Fédération bretonne. 2. L'objet de cette confédération est de consacrer tous ses moyens à la propagation des principes libéraux, d'opposer la vérité à l'imposture, de répandre la lumière au milieu des hommes égarés, de soutenir l'esprit public au niveau des circonstances présentes, de s'opposer à tous les désordres, de maintenir dans l'intérieur du pays la sûreté publique, d'employer tout ce qu'on peut avoir d'influence et de crédit pour faire rester chacun dans la ligne de ses devoirs envers le prince et la patrie, de porter un secours effectif et prompt à la première réquisition de l'autorité publique, par-tout où besoin sera, de secourir les villes, bourgs et villages menacés, de déjouer tous les complots tramės contre la liberté, nos constitutions et l'Empereur; enfin, de se prêter mutuellement assistance et protection selon les cas et les événemens. 3. Tous les confédérés sont spécialement tenus de se conformer au décret du 10 de ce mois, relatif à l'armement des citoyens. 4. La confédération n'a aucune autorité politique mais elle exerce sur ses membres une police mo. rale, persuadée que la plus grande peine qu'elle puisse infliger à l'un de ses membres, est de le déclarer indigne d'en faire partie, s'il venait à forfaire à l'honneur. 5. Tout citoyen qui desire concourrir au but de l'association, quel que soit son rang, son état, sa profession, peut faire partie de la confédération; il n'y a d'exclusion que celle qui serait fondée sur des motifs d'inconduite et de mauvaises mœurs. 6. Les confédérés, loin de sortir de la condition commune sont, par le fait même de leur assosiation, plus étroitement tenus que tous autres, à l'accomplissement des devoirs du citoyen, et toutes les fois qu'il auront à agir, ils devront être préalablement munis des ordres, réquisitions ou consentement de l'autorité publique. Ils font partie nécessaire de la garde nationale, et n'en forment point un corps isolé. La confédération est seulement un moyen d'unir plus particulièrement tous les amis de la patrie de la liberté, et de l'Empereur, en laissant dans un honteux abandon le petit nombre, de Français indignes de ce titre, qui appelleraient le jong honteux de l'étranger, et se porteraient à des excés dans l'intérieur. 7. La confédération aura à Rennes, des commissaires qui, après avoir prévenu l'autorité, se réuniront dans un lieu indiqué, et correspondront avec les commissaires intermédiaires qui seront établis dans chaque chef-lieu d'arrondissement; il n'y aura pas de commissaires intermédiaires pour l'arrondissement de Rennes. Ceux des habitans qui y sont domiciliés enverront leur adhésion à la commission centrale. 8. Quant aux citoyens des autres arrondissemens, ils se rendront en personne, ou par députés, au chef-lieu de la sous-préfecture, et après en avoir prévenu le sous-préfet et le maire, ils se réuniront à l'effet de procéder à la nomination de leurs commissaires, dont le nombre reste à leur choix; les commissaires intermédiaires recevront les actes d'adhésion eles transmettront au commissarial central. 9. La réunion au chef-lieu d'arrondissement aura lieu sur le premier avis des commissaires centraux. 10 Les fédérés étant tenus de protéger surtout les campagnes et de porter des secours prompts et puissans sur tous les points de la Bretagne qui seraient menacés, devront s'offrir à marcher en personne toute les fois que dans le but ci-dessus, il sera, par l'autorité publique, demandé aux gardes nationales une force mobile pour un service d'urgence et temporaire. 11. On n'admettra que des excuses constatées, lėgttimes et motivées sur l'âge, la maladie ou des infirmités. 12. Les jeunes gens marcheront toujours avant les plus àgés. 13. Si l'un des confédérés manque à ses obligations, il en sera donné avis par le commandant de la garde nationale, dont il fait partie, aux |