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faubourg Saint-Antoine, beaucoup d'habitans se sont plaints de ce qu'en 1814 on avait refusé de leur donner des armes; l'Empereur a répondu qu'il espérait que cette année l'étranger n'entamerait pas nos frontières; mais que dans tous les cas on aurait à Paris quarante mille fusils, et mille officiers de ligne, qui tous ont fait la guerre, pour armer et diriger la population.

Les mêmes mesures ont été prises pour la ville de Lyon.

La guerre dont on est menacé serait une guerre contre l'indépendance des nations.

Les coalisés voudraient traiter la France comme ils ont traité la Saxe, Gênes et le royaume d'Italie; ils y trouveraient d'autres obstacles et des hommes nouveaux leurs insinuations, leurs proclamations insidieuses ne sont plus de saison; ils ne parviendraient pas plus à nous désunir, qu'ils ne réussiraient à nous vaincre; ils apprendraient à leurs dépens ce que peuvent vingt-huit millions de Français, cinq cents mille vétérans, et trente mille officiers qui ont triomphé dans plus de cinquante batailles.

On n'a assurément jamais accusé les Français de manquer de courage; ils ne manqueront pas d'armes et d'aucun moyen de défense, et des officiers expérimentés seront par-tout pour les diriger.

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Les Saxons sont toujours ici. Ils continuent de

forcer les Prussiens de boire à la santé du roi de Saxe et à celle de Napoléon, et lorsqu'ils refusent, ils les forcent à mettre le sabre à la main. Cet état d'incertitude et de vexation est si cruel, que nous désirons voir commencer les hostilités. Il est certain que s'il paraissait, l'Empereur trouverait ici vingt mille partisans prêts à prendre les armes ; le moment est favorable pour agir; nous ne sommes entourés que de Saxons et de Belges, aussi impatiens que nous de secouer le joug. Il ne paraît plus aucuns journaux étrangers, la police emploie tous les moyens de rigueur pour prohiber ces feuilles, surtout celles de France. Les officiers prussiens nous disent que les hostilités ne commenceront que lorsque les Russes seront arrivés, ce qu'ils n'espèrent qu'à la fin de mai. Un officier belge au service des Pays-Bas a dit hautement que le corps entier des officiers de son régiment était pour la France, et que bientôt ils trouveraient occasion de la prouver.

Du 2 mai au soir.

Ce matin, les régimens saxons en garnison dans cette ville ont reçu l'ordre de se rendre sur la place afin d'être incorporés avec les régimens prussiens. Ils ne se sont trouvés au lieu indiqué que l'aprèsmidi. Lorsqu'on leur a annoncé leur incorporation, ils sont tous sortis des rangs dans le plus grand désordre, et ont fait entendre les cris de vive le roi de Saxe! vive l'Empereur des Français! Les officiers eux-mêmes ont presque tous imité l'exemple de leurs soldats et l'insurrection a été complette. Au moment où j'écris, les Saxons parcourent les rues le sabre à la main, cherchant les Prussiens, les défiant, les traitant de lâches et de brigands. De la manière dont les têtes sont montées, nous craignons cette nuil des mouvemens sérieux; déjà un officier saxon a tué un des commandans prussiens. A Liège, les habitans seraient disposés à se joindre aux Saxons; mais il faudrait voit paraître les Français; sans eux, ce ne serait qu'une dangereuse imprudence.

Du3 mai au soir.

Cette nuit les Saxons se sont portés au-devant des deux généraux prussiens Blücher et Russel. Leur intention paraissoit être de leur faire un mauvais parti; mais ne les trouvant pas, ils se sont bornés à brisér les carreaux des vitres de leurs maisons, et une partie des meubles à leur portée.

Vers minuit, on a donné ordre aux grenadiers de la garde royale saxonne de se rassembler et de partir sur-le-champ; ils ont refusé d'obéir, cependant

nyant appris que des régimens prussiens étaient en marche sur Liège, ils se sont décidés à partir, mais en jurant que jamais ils ne deviendraient soldats prussiens; que Napoléon était l'ami fidèle de leur roi; qu'ils n'avaient point trahi l'Empereur, qu'ils avaient été trahis eux-mêmes; que les Prussisns étaient des hommes sans foi qui avaient dépouillé le roi de Saxe, etc.

Ce matin, on a donné ordre à tous les régimens saxons de se réunir de nouveau avec armes et bagages pour partir de suite vers une destination que nous ne connaissons pas.

L'insurrection s'est de nouveau manifestée. Vive Napoléon! vive le roi de Saxe! tel était le cri des soldats faiblement contenus par quelques officiers dont les ordres n'étaient plus écoutés.

Enfin, vers deux heures, ils se sont un peu calmés. On leur a promis qu'ils ne seraient point incorporés, qu'en partant, ils allaient se réunir à leurs camarades de la garde royale, déjà sortis de la ville depuis trois heures du matin; voulezvous, leur a-t-on dit, rejoindre vos grenadiers et suivre leur exemple: on a renoncé à l'idée de vous incorporer, ainsi rentrez dans l'ordre et dans le devoir.

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Il paraît que le desir de se réunir à la garde royale a déterminé les troupes à partir. Si vous nous trompez, criaient les soldats, garre à vous nous avons des cartouches et nous saurons nous en servir.

Tout le monde est resté ici convaincu que si l'incorporation est tentée en plaine et si les Saxons $2

ont été trompés, il y aura une scène terrible; on est également convaincu que, soit dans les rangs prussiens, soit sous les drapeaux saxons, la coalition ne peut compter sur ces régimens, qui sont très-beaux et nombreux.

ANGLETERRE.

Londres, le 2 mai.

LETTRE A LOUIS-STANISLAS-XAVIER,

Sur les causes réelles de sa dernière expulsion, et sur la perspective de sa situation future et de celle de sa famille.

(Extrait du Weckly political register.)

En partageant les sentimens de compassion que' mes compatriotes éprouvent pour vous dans les circonstances actuelles, je crois avoir le droit de' vous faire connaître mon opinión sur les causes réelles de votre dernière expulsion de France et sur la perspective qui se présente à vous et à votre famille. Je m'y crois d'autant plus autorisė, que les avis que je vous avais offerts à votre restauration n'ont pas été suivis, et qu'il est évident aujourd'hui que c'est en agissant contrairement à ces avis, que l'on a donné des motifs nombreux d'accusation contre vous et contre votre gouvernement. If me paraît évident que la maison des Bourbons ne peut plus jamais régner en France. La guerre pour Jaquelle tout le reste de l'Europe se ligue aux frais de l'Angleterre qui verse dans les mains de ses rois, peut amener de grandes révolutions en

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