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à l'Angleterre notre systême d'élection des Bourgs, nos actes du test, nos lois sur les libelles!

L'Amérique a déjà reçu des milliers des plus entreprenans, des plus ingénieux, des plus habiles de nos habitans. Cependant l'Amérique est à une distance considérable, mais l'amour de la liberté et de la vérité a triomphe de tous les obstacles, de toutes les répugnances. Le France, au contraire, est aussi prés de quelques-unes de nos contrées que certaines parties de nos îles. Les nouvelles en arrivent facilement, et qu'une famille fasse connaître qu'elle y a trouvé le bien-être, une autre suivra bientôt, puis une autre, puis un nombre infini. Les familles de fortune médiocre iront y jouir de l'abon dance avec le même revenu qui les tient ici dans la gêne; celles qui ne font que vivre mal à l'aise en Angleterre, iront chercher en France l'aisance complette; les malheureux iront y chercher du pain; les artisans, les ouvriers y trouveront des moyens d'économie et de fortune. Qui ne s'empresserait, en effet, d'éviter de payer sa part de 40 millions sterlings par an pour le service de la dette nationale ? Qui ne fera le trajet de quelques milles pour jouir de la liberté politique et religieuse ? La langue sera, dit-on, un obstacle. Qu'est-ce que la langue ? les protestans français eurent bientôt surmonté cette difficulté. Les pétitions sur le bill des grains ont assez fait connaître que la France est la terre où il faut aller chercher l'aisance et le bien-être. On y a rappelé sans cesse combien étaient peu considerables les impôts en France, en proportion des nôtres, et l'on y a sur-tout insisté sur ce qu'on ne

payait point de dimes; or, par leurs discours même, les opinans sur la question des grains sont devenus des recruteurs pour l'émigration en France. Si donc nous avions la paix avec la France, et que le gouvernement de ce pays soit tel que l'attendent les amis de la liberté, quelles seront les conséquences de cette paix relativement à notre population, à nos arts, à nos manufactures, à notre agriculture, à notre commerce, à nos moyens de payer les intérêts de notre dette nationale?

Quoi donc, faut-il que nous ayons la guerre pour prévenir l'émigration en France? Toute horrible que soit une pareille idée, je sais qu'elle sourit à beaucoup de personnes, et j'en ai entendu plusieurs soutenir l'affirmative: oui, disentelles, guerre à la France pour que les Anglais ne soient pas tentés d'émigrer dans ce pays. Heureusement cette idée est aussi ridicule qu'elle est détestable, à moins qu'on n'espère détruire totalement par la guerre et la France et l'Amérique Non, ce n'est point par la guerre qu'on pourra prévenir les émigrations. Le moyen de retenir chez nous nos artisans, nos manufacturiers, les propriétaires de petites fortunes, c'est de faire qu'ils y trouvent plus de bonheur qu'ailleurs, c'est-à-dire plus d'aisance, plus de liberté réelle. Prenons garde d'être surpassés dans les améliorations du gouvernement représentatif : voilà la. rivalité qui doit exister entre les deux peuples, et non pas une rivalité guerroyante, et non pas une rivalité de gêne pour le commerce. Faisons une réforme parlementaire dans la chambre des com

munes, réforme qui n'attaque ni les droits de la couronne ni celui de la pairie, et alors nous n'aurons pas besoin d'une guerre pour empêcher la contagion des principes français et l'émigration des Anglais en France, pas plus que nous n'en avons besoin pour être à l'abri des attaques d'un peuple qui montre les dispositions les plus positives à vivre en paix.

INTÉRIEUR.

Lyon, le 7 mai.

Les citoyens de Lyon aux habitans des departemens environnans.

Tous les rois de l'Europe se liguent de nouveau contre la France.

Ils ont à punir le choix d'un prince fait par un peuple libre, et à relever le pouvoir absolu.

Ils veulent comprimer pour toujours une nation. belliqueuse et forte, dont les armées ont pendant vingt-cinq ans parcouru victorieuses leurs capitales' et leurs empires, ébranlé ou détruit leurs trônes, et qui, une seule fois trompée mais non vaincue, a bientôt après brisé les chaînes que la perfidie avait imposées à l'erreur.

Ils veulent étouffer à jamais ce génie guerrier ce caractère généreux d'une nation qui lui font préférer la liberté et l'honneur au repos; et pour obtenir ce résultat funeste à tous les peuples, ils veulent la dissoudre.

Ainsi donc, si les légions qu'ils ont armées, envahissant de nouveau le sol sacré de la pa

trie, souillaient de leur présence la capitale du grand Empire; si notre faiblesse trahissait nos courages;, si nous cessions d'être ce que nous avons été depuis que le souffle de la liberté a échauffé toutes nos ames, nous devrions renoncer pour toujours à notre indépendance politique et au titre glorieux de Français. Séparés les uns des autres sous les dénominations de ces peuplades anciennes, dont les guerres barbares ont occupé quelques siècles obscurs de notre histoire, et que les bienfaits de la politique avaient confondues en une seule nation, nous n'aurions plus la même patrie, les mêmes lois, même prince. Devenus étrangers, nous aurions perdu le doux titre de frères, et déshonorés aux yeux des nations que nous avons vaincues tant de fois, nous courberions la tête sous le joug de princes faibles et jaloux de leur pouvoir, esclaves eux-mêmes de puissances ètrangères; nous qui, fiers de notre liberté conquise, n'avons voulu reconnaître comme souverain que celui que ses victoires et son génie avaient fait proclamer par tous les peuples, le brave des braves, le héros du siècle, le plus grand-homme de la Terre.

un

Quels funestes événemens devraient précéder celui de notre chute! La dévastation de notre belle patrie, les incendies des villes et des hameaux, le meurtre des citoyens, le pillage des propriétés, le débordement de tous les crimes que peuvent commettre des hordes armées, et dont les contrées envahies, de l'Alsace, de

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la Lorraine, de la Champagne, de la Bresse, et du Lyonnais, présentent encore les affreux vestiges.

Et nous souffririons un tel excés d'ignominie et de malheurs !

Non! au cri de la patrie en danger, la nation se lève toujours guerrière, toujours redoutable.

Que pourra l'orgueilleuse rage des rois qui nous

menacent?

Une armée puissante de héros, créée subitement par l'enthousiasme et le génie, et conduite par le vainqueur de l'Europe, brûlant d'impatience, borne nos frontières; deux millions d'hommes guidés par l'amour de la liberté, et accoutumés aux accens de la gloire, s'élancent de leurs foyers, et vont présenter un mur d'airain à l'insolent aggres

seur.

Dans l'intérieur de l'Empire, des magistrats, fidèles à leurs sermens, seconderont la volonté nationale. Les causes qui avaient amené l'issue fatale de la campagne de 1813, ont cessé d'exister. Nos soldats captifs ont repris les armes. Les lâches qui avaient trahi la confiance de l'Empereur et du peuple, ne sont plus à la tête des armées ou des administrations. Nous ne verrons plus, tandis que les uns vendaient l'Empire, les autres appeler l'ennemi dans nos murs, cacher les armes, réprimer lélan généreux des citoyens, abandonner nos guerriers blessés, et prodiguer leurs soins à des barbares couverts du sang français et enrichis de nos dépouilles, et se vanter ensuite, avec bassesse, d'avoir aiguisé contre leur prince et leur bienfai

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