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fit connoître aux représentans à l'ouverture de la séance du 22:4

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« Il sera nommé par les chambres une dépu »tation chargée de négocier avec les puissances

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Si l'empereur est le seul obstacle à la paix, » cet obstacle sera levé par une mesure qui sera »'écrite dans le message que vous allez rece » voir incessamment de S. M.»

Cette mesure n'étoit pas expressément marquée dans le rapport.

Mais elle le fut ouvertement par plusieurs membres qui montèrent à la tribune pour demander l'abdication. Appuyé! Appuyé! s'écrièrent les uns; non! non! s'écrioient les autres avec l'accent de la fureur.

Pendant ce débat, l'abdication, arrachée non sans peine ni sans négociations, arrive. Elle est apportée par quatre ministres, et remise au président par Fouché, duc d'Otrante *La séance fut aussitôt suspendue, et le bureau en corps se rendit à l'Elysée pour remercier NAPOLÉON de son abdication.

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Le président à son retour, annonça à la chambre qu'il avoit adressé à l'empereur un discours tel que les circonstances lui avoient paru l'exiger.

Un discours semblable fut adressé par le président de la chambre des pairs. La réponse à ces deux discours parut le lendemain dans les journaux. (Voyez les pièces officielles, No. 75).

On fat fort étonné de ne pas y voir les deux discours qui donnèrent lieu à cette réponse. Ces pièces n'eussent pas été le monument le moins curieux de la session des deux chambres:

Il ne suffisoit pas aux deux chambres de précipiter du trône le général abandonné par la victoire, et déserteur pour la cinquième fois de sa propre armée; au chef dégradé il falloit en substituer un autre, ou du moins un gouvernement provisoire. Ce fut là l'objet des grands travaux des deux chambres.

M. REGNAULT fit arrêter, dans celle des représentans, une proposition ainsi conçue':

« Il sera nommé, sans délai, une commis»sion de cinq membres, dont trois seront » choisis par la chambre des représentans et » deux par la chambre des pairs, pour exer

cer provisoirement les fonctions du gou» vernement; les ministres continueront leurs >> fonctions sous l'autorité de cette commis>>sion,»

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Les trois membres de la commission choisis par la chambre des représentans furent, le duc d'Otrante (Fouché de Nantes), ministre de la police générale; M. le comte Carnot, ministre de l'intérieur, et le général Grenier.

Cette nomination se fit en deux tours de scrutin, et avec assez de calme.

Mais les choses ne se passèrent pas aussi tranquillement dans la chambre des pairs. La nomination des deux membres du gouvernement y fut précédée d'une discussion des plus orageuses. Qu'il nous soit permis d'en retracer le souvenir en peu de mots.

A neuf heures du soir le prince Lucien monte à la tribune et dit : « Messieurs, l'empereur est » mort, vive l'empereur! l'empereur a abdi

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qué, vive l'empereur! Telle est la maxime » sur laquelle repose une monarchie constitu »tionnelle. Je demande que la chambre des » pairs, qui a juré fidélité à l'empereur et aux >> constitutions, déclare, sans délibération, et » par un mouvement spontané, qu'elle recon» noît Napoléon II comine empereur des Français : j'en donne le premier l'exemple, » et lui jure fidélité. »

M. de Pontécoulant : « Il m'est - pénible

» d'avoir à proposer une opinion contraire à » celle du préopinant.'

» Napoléon a été mon bienfaiteur. Je lui »reste fidèle jusqu'au moment où il me délie » de mes sermens, et ma reconnoissance de »ses bienfaits m'y tiendra lié jusqu'au dernier » soupir

» Mais on veut nous faire adopter une proposition sans délibération, ce qui est con» traire à l'usage d'une assemblée délibérante,

Et le prince qui nous fait cette proposition » a-t-il lui-même un titre pour parler dans cette » chambre? Est-il Français? Oui, par ses sen» timens ; mais, sous le rapport constitution»nel, ce n'est qu'un prince étranger, un prince >> romain, »>

Le prince Lucien : « Je vais répondre à ce >> qui m'est personnel, »

M. de Pontécoulant: «Vous répondrez » après. Prince, respectez l'égalité dont vous » avez tant de fois donné l'exemple.

» On veut què nous proclamions Napo » léon II. Je déclare fermement que rien ne >> me fera reconnoître un souverain qui n'est » pas en France, une régente qui n'est pas en » France. On ifoit bientôt retrouver je ne sais

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quel senatus-consulte. On nous diroit qué » l'empereur doit être considéré comme étran»ger ou captif, la régente comme étrangère » ou captive, et l'on nous donneroit une autre » régence qui nous amèneroit la guerre civile. » Je demande un ordre du jour qui ne préjuge >> rien. »

» Le prince Lucien : « Si je ne suis pas » Français à vos yeux, je le suis aux yeux de

"la nation entière.

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» Du moment où Napoléon a abdiqué, son fils lui a succédé. Il n'y a point là de déli»bération à prendre, mais une simple déclaration à faire. >>

Le comte Labédoyère : « J'ai fait ce matin » une motion semblable à celle que l'on dis» cute en ce moment. J'ai dit et je répète que

l'empereur devoit regarder son abdication » comme nulle, si on ne reconnoissoit pas son » fils. Les hommes qui étoient à ses pieds » dans la prospérité pourront s'élever aujour» d'hui contre son fils; mais il en est qui lui >> resteront fidèles. Il y a des hommes dans les » deux chambres, qui voudroient voir ici nos » ennemis, qu'ils appelleront bientôt leurs alliés. » Mais s'ils rejettent Napoléon II, l'empereur

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