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chose d'agréable à la Toscane, avoit rencontré dans le cardinal Consalvi, le désir de faire un choix qui seroit agréé de l'Autriche.

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Cette nouvelle nomination déplaisoit à l'Espagne d'ailleurs elle continuoit d'insister sur les demandes qui restreignoient l'autorité du nonce; mais elle céda, et consentit à admettre le nonce Gravina qu'elle ne vouloit pas recevoir depuis plus d'un an. La Russie qui avoit aussi fait attendre le passeport d'entrée au nonce Arezzo, finit par ne plus le refuser.

» Voici l'état de Rome, écrivoit M. Cacault: tout reprend en Europe une marche civile et régulière ; c'est au génie du premier consul qui en donne l'exemple, que les souverains qui n'ont pas d'armée doivent l'indépendance et la considération raisonnable. Tout se remonte ici sur le ton de dignité et d'honneur pour le Saint Siége et pour le Saint Père, homme de bien et vertueux, d'après l'exemple de la considération que nous montrons au Pape. Cette souveraineté que la révolution avoit accoutumé à regarder avec mépris, reprend ici son autorité. Les ministres étrangers jouissent de leurs prérogatives, sans se permettre des actes impérieux ; et la considération de la France est telle, qu'ils n'oseroient être insolens, quand le ministre d'une grande nation ne l'est pas.

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Oui, le mot du premier consul sur les cinq cent mille hommes du Pape est aujourd'hui dans ce pays la loi de tout le monde.... Cependant, le roi de Naples, souverain catholique, est le seul dont les rapports avec la cour de Rome ne soient pas rétablis parfaitement. Il n'y a pas de nonce du Pape à Naples; il n'y a qu'un chargé d'affaires de Sa Sainteté. Le roi des Deux-Siciles a donné

au cardinal Fabrice Ruffo le titre de ministre plénipotentiaire à Rome; mais ce cardinal n'a ni la confiance ni l'amitié de M. le chevalier Acton. »

Le 15 mars, le bailli Tommasi trouvant dans M. le commandeur Bussi, de l'activité, du zèle, le nomma bailli, et son lieutenant commissaire à Malte, avec ordre de s'apprêter à recevoir la consigne de Malte, des îles du Gozo et de Cumino, pour les gouverner. Mais le commandant Anglais suscitoit tous les jours de nouvelles difficultés qui affligeoient le gouvernement Pontifical, et le ministre de France.

Celui-ci avoit aussi sujet de se plaindre des menaces des acquéreurs de biens nationaux. Parmi eux se trouvoient des Vénitiens, des Allemands. Ils réclamoient la protection de leurs souverains, et en définitive, ils excitoient les créanciers Français à parler plus fort, pensant que le coup de main du premier consul seroit plus efficace. De nouvelles sollicitations étoient adressées à M. Cacault. Il dit qu'il alloit discuter cette affaire pour la dernière fois.

CITOYEN MINISTRE,

« J'ai appuyé les demandes du citoyen Duveyrier avec l'adresse et la douceur faites pour réussir à raccommoder de semblables affaires. A l'époque présente, ce qu'on appelle affaires dans lesquelles il faut partager, en donnant au protecteur un tiers ou la moitié, ne sauroit avoir lieu, et pareille chose ne s'est jamais faite, dans aucun temps, en ma présence. Les ministres du pays et ses bureaux sont

purs, et ne demanderont rien à personne. Il en est de même de la légation française. Les intéressés en affaires de biens nationaux recevront, sans la diminution d'un sou, tout ce qui résultera de la liquidation, et j'ai calculé qu'en vertu de ces avantages, le citoyen Duveyrier et compagnie devroient être infiniment contens. Dans une autre circonstance, en réalisant avec toute l'étendue la spéculation, et partageant comme il auroit fallu le faire, les véritables intéressés n'auroient pas touché plus qu'ils ne pourront toucher aujourd'hui. Les espérances chimériques de haute protection du citoyen Duveyrier et compagnie ont retardé de plus d'un an la fin de cette affaire, et, comme la conduite du citoyen Duveyrier tribun a été le fanal sur lequel les autres intéressés ont dirigé leur marche, il en est résulté une stagnation contraire aux intérêts des autres acheteurs des biens nationaux, qui, après avoir perdu du temps et les intérêts de ce qui leur revient, perdent encore, en s'éloignant de l'époque où tout étoit permis, d'autres avantages. Tous se sont exposés à subir la déchéance de leurs droits en négligeant de se présenter avant le terme fatal. Le premier consul veut favoriser les intérêts des Français, et j'aime à accomplir ses intentions; mais le premier consul veut aussi que tout soit réglé dans le système de justice et de paix qui fait aujourd'hui le bonheur du monde, où partout les gouvernemens et les peuples marchent en avant sur les ruines des divers arriérés, en faisant des liquidations, chacun suivant ses moyens. Si vous aviez comme moi sous les yeux la révélation de tout ce que l'avidité a opéré ici, secondée par le vandalisme des Romains soi-disant patriotes, vous seriez comme moi étonné de ce qui reste, et indigné des espérances et des projets de ceux qui considèrent Rome comme soumise aux mêmes violences, et qui voudroient que tout y fut mené comme on faisoit alors. Sans les ménagemens et la protection du premier consul, ce pauvre pays ne se rele

veroit jamais; le Pape, qui est un saint, et le meilleur des hommes, mais qui ne sait pas se faire craindre, seroit tombé, renversé du Saint Siége; toute sa puissance est dans celle de la France, et c'est cette fermeté à défendre l'autorité appartenant au Pape seul, qui soutient tout ici ; et lorsque vous voudrez que tout s'écroule à Rome, il n'y a autre chose à faire que de retirer la main protectrice du premier consul qui fait tout ici, et qui ne peut continuer à être aimé et respecté qu'en continuant à être bienfaisant avec justice.

» J'ai l'honneur de vous saluer respectueusement.

» CACAULT. »

Quel triomphe pour l'honneur et la morale, quand le représentant d'une puissance formidable ne parle que le langage des convenances, de la plus exacte probité, et donne ainsi l'exemple des plus rares vertus politiques! aussi le nom de M. Cacault n'étoit-il toujours prononcé qu'avec de justes louanges, et d'éclatantes bénédictions.

CHAPITRE XXIX.

LA PROTECTION DES FONDATIONS FRANÇAISES RENDUE A LA FRANCE. IGNOBLES SATIRES CONTRE LE PAPE. M. CACAULT FRAPPÉ PAR UN FACINOROSO. belle condUITE DE CE MIMISTRE DANS CETTE CIRCONSTANCE. NÉGOCIATION AVEC L'ANGLETERRE. CÉNOTAPHE ÉLEVÉ en l'honneur DU CARDINAL DE BERNIS. CITATION DE DEUX LETTRES DE CE CARDINAL A M. DE

MONTMORIN.

Nous ne pouvons nous lasser d'entendre parler ce Thraséas, ce Las-Cases politique. Il y avoit encore à traiter une dernière affaire jusque-là passée sous silence. C'étoit celle des fondations françaises faites de temps immémorial par nos rois et des nationaux généreux. M. Cacault pensoit à donner une direction sage et sensée à cette affaire.

CITOYEN MINIstre,

Lorsque j'ai eu l'honneur de signer avec le général Bonaparte le traité de Tolentino, les intentions et les sentimens du général à l'égard de la paix universelle et du Saint Siége étoient les mêmes qui ont été manifestés depuis avec tant d'éclat et de succès pour le bien du monde entier. Ce traité, dicté comme une capitulation, a pourtant été fait dans les vues de stabilité et de durée perpétuelle de paix et de bonne harmonie entre la France et le Saint Siége. Nous avions pris en considération que

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