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30.Sept.1895.

Nr. 11299. Tout individu soupçonné d'étre Arménien est appréhendé et maltraité. || Le Frankreich. Sultan a fait prendre des dispositions militaires autour de Yldiz. || On doit considérer la manifestation arménienne comme absolument réprimée, mais on ne peut savoir encore si, sous l'influence des Mollahs, la population musulmane de Stamboul ne se livrera pas à quelques excès contre les chrétiens. P. Cambon.

Nr. 11300. FRANKREICH.

Derselbe an Denselben. Weiteres

über den Strassenkampf.

Nr. 11300.

2. Okt. 1895.

Thérapia, le 2 octobre 1395.

Je résume, d'après des témoins oculaires, les incidents d'hier et d'auFrankreich. jourd'hui: hier matin de nombreux groupes d'Arméniens se sont dirigés vers Koum-Kapou et vers le tombeau du Sultan Mahmoud. Plusieurs ont été dispersés en route par la police. Après un essai infructueux pour entraîner le Patriarche et un conflit de courte durée avec la gendarmerie, le groupe de Koum-Capou s'est cantonné derrière l'église du patriarcat. Celui du Sultan Mahmoud, fort de deux mille hommes environ et mené par un prêtre, s'est acheminé vers la Porte entre dix et onze heures. Arrêté par un détachement de gendarmerie commandé par un major, il voulut passer outre aux sommations de cet officier qui a donné l'ordre de charger et de tirer. Les Arméniens ont riposté, le major a été tué; une quinzaine de gendarmes et une soixantaine d'Arméniens ont été blessés. || L'attroupement dispersé, les Arméniens ont été traqués toute la journée par les agents de police et les mollahs armés pour la plupart de bâtons et de revolvers. On signale plusieurs actes de sauvagerie et de pillage. Ces désordres ont duré toute la nuit. || On a encore tué et blessé des Arméniens ce matin à Stamboul et méme à Galata; le corps du major tué hier a été promené aujourd'hui dans toute la ville escorté par des mollahs. Un millier de personnes, hommes et femmes, se sont réfugiées au patriarcat ct refusent jusqu'à présent d'en sortir, On procède à des centaines d'arrestations; tous les Arméniens récemment amnistiés sont recherchés. || Le Ministre de la police avoue 30 morts et 520 blessés, mais ces chiffres sont très inférieurs à la réalité.

P. Cambon.

Nr. 11301.

3. Okt. 1895.

Nr. 11301. FRANKREICH. - Derselbe an Denselben. Ministerwechsel in der Türkei.

Thérapia, le 3 octobre 1895.

Kiami Pacha est nommé Grand-Vizir en remplacement de Saïd Pacha. Frankreich. On signale dans la journée quelques désordres et plusieurs meurtres d'Arméniens. Les églises de Galata, de Péra et de Koum-Kapou sont encore pleines de réfugiés qui refusent absolument de sortir.

P. Cambon.

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Frankreich.

6. Okt. 1895.

Turkhan Pacha est remplacé au Ministère des Affaires étrangères par son Nr. 11302. prédécesseur Saïd Pacha. || Le nouveau Ministre nous a apporté ce soir à sir Philipp Currie, à M. de Nélidoff et à moi une note contenant l'exposé par écrit des diverses réformes promises par la Porte pour les six vilayets orientaux d'Asie Mineure. Il ne se dissimule pas qu'après les derniers événements de nouvelles concessions seront nécessaires. P. Cambon.

Nr. 11303. GROSSMÄCHTE. Die Botschafter der Grossmächte an den türk. Minister des Ausw. Beschwerde über Einschliessung der Armenier in den Kirchen.

8 octobre 1895.

Grossmächte.

8. Okt. 1895.

Nous apprenons de source autorisée que les églises arméniennes de la Nr. 11303. Capitale, où se trouvent de nombreux réfugiés, avec femmes et enfants, sont cernées par la police qui y empêche l'introduction des vivres. || Si cette information est exacte, il y aurait à craindre qu'un parail état de choses n'ait des conséquences extrêmement graves et n'amène des malheurs irréparables. Nous croyons donc devoir offrir au Gouvernement Impérial d'interposer nos bons offices pour résoudre la difficulté qui a donné lieu à ces mesures et nous le prions de vouloir bien en attendant en faire suspendre l'exécution. Calice, Nelidow, Cambon, Currie, Saurma, Bollati.

Nr. 11304. TÜRKEI. Der Minister des Auswärtigen an den französischen Botschafter in Konstantinopel. Antwort auf das Vorige.

8 octobre 1895.

Türkei.

Reçu votre télégramme. Ainsi que j'ai eu l'honneur d'informer Votre Nr. 11304. Excellence par ma Note verbale d'aujourd'hui, aucune décision n'a été prise 8. Okt. 1895. pour empêcher l'introduction des vivres dans les églises où se trouvent réunis. des Arméniens; cette nouvelle est donc sans fondement, d'autant plus que tous les jours et même aujourd'hui, ainsi qu'il ressort des rapports de la police et de la préfecture de la ville, les aliments nécessaires ont été introduits dans ces églises. Nous remercions Votre Excellence des bons offices qu'Elle veut bien nous offrir et nous sommes prêts à nous entretenir avec Elle pour chercher les moyens propres à résoudre ces difficultés. Saïd.

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Nr. 11305. FRANKREICH. Der Botschafter in Frankreich an den Minister des Auswärtigen. Beratung der drei Botschafter über die Reformen.

Constantinople, le 8 octobre 1895.

Nr. 11305.

Les trois Ambassadeurs sont tombés d'accord pour préciser les différentes Frankreich. communications de la Porte de la façon suivante: les réformes consenties par s. okt. 1895.

Frankreich.

8. Okt. 1895.

Nr. 11305. la Porte seront formulées dans un acte général rédigé d'accord avec les Ambassadeurs et promulgué par décret. Un fonctionnaire chrétien, sur le choix duquel les Ambassadeurs seront officieusement consultés, sera adjoint au Haut Commissaire. || On précisera la participation des chrétiens aux emplois publics, et sans exiger la nomination des valis chrétiens, on écartera toute disposition attribuant exclusivement ces emplois à des musulmans. Tout en reconnaissant que la Commission de contrôle ne doit pas exiger d'autres réformes que celles admises par la Porte, ses attributions seront définies. On lui donnera notamment la mission de déterminer pour chaque vilayet le nombre des fonctionnaires chrétiens proportionnellement à la population. | Des moavin (secrétaires généraux) chrétiens seront adjoints aux valis et mutessarifs musulmans partout où se trouvent des agglomérations chrétiennes. || Quant à l'intervention des Ambassadeurs dans le choix des valis qui avait soulevé la plus vive opposition du Sultan, nous nous contenterons en prenant acte de la promesse de faire de bons choix de réserver notre droit de représentations pour le cas où la Porte nommerait des agents incapables ou indignes. Pour les prisons, l'amnistie, les règles relatives à la gendarmerie, nous prendrons acte des engagements de la Porte en les éclaircissant. Pour les gardes champêtres, nous substituerons au nombre de cinq proposé par la Porte un nombre à fixer par le vali sur la proposition des mudirs. Enfin, le bénéfice des réformes étant réclamé en dehors des six vilayets orientaux d'Asie Mineure, nous dirons que les mêmes principes doivent étre appliqués dans tous les arrondissements d'Asie Mineure, où les chrétiens forment une notable partie de la population. || Les trois Ambassadeurs sont d'avis de prier leurs Gouvernements de les autoriser par le télégraphe à répondre à la dernière communication de la Porte et à proposer les dispositions susénoncées dans la forme qui leur paraîtra la plus convenable. || Nous apprécierons, d'après les circonstances du moment, s'il convient d'adresser une note à la Porte, ou d'entrer verbalement en négociations, ou d'adopter tel autre moyen de communication. La situation actuelle nous autorise à insister pour être mis en mesure d'agir le plus promptement possible. P. Cambon.

Nr. 11306.
Türkei.

2. Okt. 1895.

Nr. 11306. TÜRKEI. Der Minister des Auswärtigen an die
Botschafter der Grossmächte in Konstantinopel.
Antwort auf Nr. 10985.

Sublime Porte, le 8 octobre 1895.

Dans la Note verbale qu'ils ont adressée au Ministère Impérial des Affaires Étrangères à la date du 6 de ce mois, à propos des incidents qui se sont dernièrement produits à Constantinople, MM, les Représentants des grandes puissances lui font part de la préoccupation que leur inspirent les conséquences qui pourraient résulter de cet état de trouble. || La cause de la persistance

Türkei.

8. Okt. 1895.

de cette agitation qui préoccupe MM. les Représentants étrangers est, comme Nr. 11306. on le sait, l'obstination d'un certain nombre d'Arméniens à rester enfermés dans trois églises. On est donc fondé à espérer que si les conseils de la part de MM. les Représentants des grandes puissances, exhortant les Arméniens à rentrer dans le calme, venaient se joindre aux mesures prises par le Gouvernement Impérial, l'ordre et la tranquillité ne tarderaient pas à être complètement rétablis. Le fait que, depuis le premier jour de ces incidents, les musulmans ne se sont point portés à des sévices contre les Arméniens est une preuve que tant qu'ils ne seront pas attaqués par ceux-ci, ils ne prendront l'initiative d'aucune agression. || Mais, si, par suite de la grande étendue de la capitale, des Arméniens attaquent inopinément les musulmans et autres habitants sur des points qui leur paraîtraient propices, il est tout naturel que ceux-ci, en attendant l'arrivée de la force publique, cherchent à se défendre eux-mêmes. MM. les Représentants des Grandes Puissances peuvent être sûrs que si un certain nombre d'Arméniens se sont réfugiés dans les églises dont ils ne veulent pas sortir sans avoir obtenu des garanties sérieuses pour leur liberté et leur vie, ce n'est point, comme ils le prétendent, parce que des Arméniens qui n'étaient pas mêlés au mouvement ont été arrêtés et plusieurs d'entre eux maltraités, mais bien parce que leur but réel est d'augmenter la surexcitation provoquée par les incidents qu'ils ont suscités et de préparer ainsi la voie à un autre mouvement encore plus grave: les coups de pistolet qu'ils ne cessent de tirer jour et nuit dans les églises et ailleurs et les rumeurs alarmantes qu'ils répandent en sont la preuve. Le lundi, jour où le mouvement a commencé, les Arméniens armés surgirent en masse et se mirent à manifester, tuant et blessant un commandant de gendarmerie et les musulmans qu'ils rencontraient. Repoussés par la police, ils se dispersèrent, mais pour aller se rassembler de nouveau sur d'autres points où ils attaquèrent encore la population. Les mutins étant en bien plus grand nombre que les agents de police et gendarmes présents, les musulmans durent riposter et se défendre eux-mêmes. || Dans un pareil moment d'effervescence, il se peut que des représailles aient eu lieu comme cela arrive, du reste, dans les pays les plus civilisés de l'Europe; mais quant aux agressions qui se sont produites contre des chrétiens appartenant aux autres communautés, il est prouvé qu'elles sont le fait des Arméniens mêmes. Toutefois, comme aucune plainte n'a été formulée à propos d'actes de pillage commis pas plus par des musulmans que par des Arméniens, la nouvelle concernant la perpétration de pareils faits ne peut pas être fondée.

En vue de mettre un terme à cet état de choses, le Gouvernement Impérial n'a négligé aucune mesure; il a fait publier dans les quartiers de la ville des recommandations et conseils efficaces invitant la population musulmane à s'abstenir de tout acte d'agression sous peine des punitions les plus sévères; des avis dans le même sens, adressés au public en général, ont été insérés à diverses reprises dans les journaux et des patrouilles de soldats,

Türkei.

par

Nr. 11306. d'agents de police et de gendarmes ne cessent de circuler dans les rues. 8. Okt. 1895. Dès lors, l'allégation d'après laquelle l'autorité semblerait avoir encouragé les musulmans à commettre des excès est inadmissible, ce qui est prouvé par le Communiqué officiel paru dans les journaux le second jour des incidents. || Il a été constaté par une enquête que deux étrangers seulement ont été, suite de certaine ressemblance, arrêtés pendant les recherches faites par la police pour la découverte des prévenus; mais leur identité ayant été établie, ils ont été aussitôt relâchés. La préfecture de police repousse formellement l'assertion comme quoi des détenus auraient été maltraités, blessés ou tués par ses agents. Quant à la croyance que, si cette situation se prolongeait, l'agitation en s'étendant pourrait gagner les provinces de l'Empire, elle est fondée. En effet, à en juger du contenu de certains écrits subversifs trouvés sur les agitateurs arméniens, des instigations révolutionnaires avaient dû être faites préalablement dans les provinces puisque aussitôt après les incidents surgis dans la capitale, des faits séditieux ont commencé à se produire aussi dans quelques vilayets, faits qui sont réprimés au fur et à mesure qu'ils surgissent. | Pour ce qui est des mesures prises par la Sublime Porte pour prévenir le retour d'incidents regrettables et mettre les chrétiens et les colonies étrangères à l'abri d'éventualités périlleuses, des recommandations efficaces ont été faites, ainsi qu'il a été dit plus haut, au public par la voie des journaux et aux étudiants en théologie par S. A. le Cheikh-ul-Islam; des conseils et avertissements ont été adressés dans les quartiers aux habitants; et des patrouilles de soldats, d'agents de police et de gendarmes montés et non montés circulent jour et nuit dans les rues pour le maintien de l'ordre. || Certes, cet état de choses ne peut prendre fin que si les Arméniens renoncent à leurs menées révolutionnaires. Il est évident qu'en empêchant la fourniture de vivres à ceux qui sont réfugiés dans les églises on les obligerait à les évacuer, mais les Autorités Impériales, espérant arriver à les en déloger par la persuasion n'ont pas voulu jusqu'ici pousser plus loin les dispositions adoptées et elles ne cessent de faire à cet effet des recommandations tant au Patriarcat qu'aux notables de la Communauté. || Le Gouvernement Impérial remercie MM. les Représentants étrangers de leur désir de lui prêter leur concours pour rétablir la tranquillité dans les esprits. Une Commission a été chargée d'examiner les motifs de l'arrestation des détenus et tous ceux dont la mise en liberté est jugée nécessaire sont immédiatement relaxés.

Nr. 11307. Frankreich. 10. Okt.1895.

Nr. 11307. FRANKREICH. Der. Botschafter in Konstantinopel an den Minister des Auswärtigen. Bemerkungen zum Vorigen.

Thérapia, le 10 octobre 1895.

La Sublime Porte a adressé avant-hier soir aux Représentants des Grandes Puissances une note que vous trouverez ci-jointe en copie, et dont nous avons généralement trouvé, mes collègues et moi, le ton suffisamment

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