Page images
PDF
EPUB

Nr. 11356. été extraits.

La fusillade a causé une panique à Péra et a fait reparaître Frankreich. quelques groupes d'hommes armés. J'ai parcouru la ville cette nuit; ce matin

30. Aug. 1896.

le calme est rétabli.

J. de la Boulinière.

Nr. 11357. FRANKREICH.

-

Der Minister des Auswärtigen an die Botschaft in Konstantinopel. Betonung der Einführung von Reformen ist notwendig.

Nr. 11357.

31.Aug. 1895.

Paris, le 31 août 1896.

Dans les communications adressées par les Ambassadeurs à la Porte à Frankreich. l'occasion des troubles arméniens, a-t-on fait mention de la nécessité d'appliquer d'urgence les réformes promises aux vilayets arméniens? I importe de faire ressortir cette nécessité. Si des mesures sérieuses étaient prises pour l'exécution des réformes, une détente ne manquerait pas de s'ensuivre, et l'opinion européenne deviendrait moins défavorable. Les détails survenus ont permis de douter de la sincérité du Gouvernement ottoman et, tant que la confiance n'aura pas été rendue aux populations qui attendent l'exécution des promesses qu'on leur a faites, les plus graves désordres sont à craindre. Les récents événements ne l'ont que trop marqué. G. Hanotaux.

Nr. 11358. Frankreich. 31.Aug.1896.

[ocr errors]

Nr. 11358. FRANKREICH. Die Botschaft in Konstantinopel an den Minister des Auswärtigen. Neue Mahnung an die Pforte.

Péra, le 31 août 1896.

Les premiers drogmans des Ambassades, en portant les félicitations d'usage au Palais, ont fait la déclaration suivante: || Le premier drogman de l'Ambassade de France, en se présentant au Palais Impérial pour offrir les compliments d'usage du Chargé d'affaires de France à l'occasion de l'avènement au Trône de Sa Majesté, est chargé d'exprimer en même temps des regrets au sujet des événements douloureux qui ont signalé la vingtième année de son règne. J. de la Boulinière.

Nr. 11359.

Frankreich.

--

Nr. 11359. FRANKREICH. Der Minister des Auswärtigen an die Botschaft in Konstantinopel. Unterredung mit dem türkischen Botschafter.

Paris, le 2 septembre 1896.

J'approuve la série de démarches dont vous me rendez compte. Ne 2. Sept. 1896. négligez rien pour que les ordres nécessaires soient envoyés dans les provinces, spécialement en Arménie et en Crête. Avertissez-moi lorsque vous pourrez apprendre d'une manière certaine que les promesses qui vous sont faites ont

[ocr errors]

Frankreich.

2. Sept. 1896

été tenues et que les ordres ont été réellement expédiés. || Il devient de plus Nr. 11359. en plus nécessaire que l'ordre soit promptement rétabli et ne soit plus troublé. Sans cela de graves complications paraissent imminentes. || J'ai vu hier Munir Bey. Je lui ai dit qu'il devenait impossible même aux amis du Sultan de le défendre; qu'il suivait, à l'encontre de nos conseils les plus prèssants et en dépit de ses engagements réitérés, la politique la plus aveugle. || Deux Français ont été blessés; demain notre colonie et nos protégés catholiques peuvent se trouver en danger. Le Gouvernement français ne faillira pas à son devoir de les protéger. Si lo Sultan veut n'être pas abandonné par tous et éviter une catastrophe à peu près certaine, qu'il intervienne efficacement et sans retard pour réparer le mal qui a été fait. Que les réformes soient mises en pratique, que les autorités militaires et les populations musulmanes soient contenues et que le calme renaisse notamment à Constantinople. Sinon, ai-je dit à Munir, je crains fort que le présent entretien ne soit un des derniers que nous ayions. G. Hanotaux.

Nr. 11360. GROSSMÄCHTE.

Die Vertreter der Grossmächte in Konstantinopel an die Pforte. Sie bezeichnen die Metzelei als vorbereitet.

2 septembre 1896.

Grossmächte.

2. Sept. 1896.

En se référant à leur Note collective du 15/27 août, les Représentants Nr. 11360. des grandes Puissances croient devoir attirer l'attention de la Sublime Porte sur un côté exceptionnellement grave des désordres qui ont ensanglanté dernièrement la Capitale et ses environs. C'est la constatation par des données positives du fait que les bandes sauvages qui ont assomé les Arméniens et pillé les maisons et les magasins où ils pénétraient en prétendant y chercher des agitateurs, n'étaient point des ramassis accidentels de gens fanatisés, mais présentaient tous les indices d'une organisation spéciale connue de certains agents de l'autorité, sinon dirigée par eux. || Les circonstances suivantes le prouvent:

1o Les bandes ont surgi simultanément sur différents points de la ville à la première nouvelle de l'occupation de la Banque par les révolutionnaires arméniens, avant même que la police et la force armée aient paru sur les lieux du désordre; or la Sublime Porte reconnaît que des avis étaient parvenus d'avance à la police sur les projets criminels des agitateurs; || 2° Une grande partie des gens qui composaient ces bandes étaient habillés et armés de la même manière; || 3° Ils étaient conduits ou accompagnés par des softas, des soldats ou même des officiers de la police qui, non seulement assistaient impassibles à leurs excès, mais y prenaient même parfois part. | 4° On a vu quelques-uns des chefs de la sûreté publique distribuer à ces bachibouzouks des gourdins et des couteaux et leur indiquer aussi la direction à prendre pour trouver les victimes; || 5° Ils ont pu circuler librement et accomplir

Grossmächte

Nr. 11360. impunément leurs crimes sous les yeux des troupes et de leurs officiers aux environs 2.Sept. 1896. mêmes du Palais impérial; || 6° Un des assassins, arrêté par le drogman d'une des Ambassades, a déclaré que les soldats ne pouvaient pas l'arrêter; conduit au Palais de Yildiz, il a été accueilli par les gens de service comme une de leurs connaissances; 7° Deux Turcs employés par des Européens qui avaient disparu pendant deux jours de massacre ont déclaré à leur retour qu'ils avaient été réquisitionnés et armés de couteaux et de gourdins pour tuer des Arméniens.

Ces faits se passent de commentaires. || Les seules observations à y ajouter seraient qu'ils rappellent ceux qui ont affligé l'Anatolie, et qu'une force pareille, qui surgit sous les yeux de l'autorité et avec le concours de quelques-uns de ses agents, devient une arme extrêmement dangereuse dont le tranchant dirigé aujourd'hui contre telle ou telle nationalité du pays peut être employé demain contre les Colonies étrangères ou se retourner contre ceux-là mêmes qui en ont toléré la création. || Les Représentants des Grandes Puissances ne se croient pas en droit de dissimuler ces faits à leurs Gouvernements et estiment qu'il est de leur devoir de réclamer de la Sublime Porte que l'origine de cette organisation soit recherchée et que ses inspirateurs et ses principaux acteurs soient découverts et punis avec la dernière rigueur. || Ils sont prêts, de leur côté, à faciliter l'enquête qui devra être ouverte en faisant connaître tous les faits qui leur ont été rapportés par des témoins oculaires et qu'ils prendront soin de soumettre à une investigation spéciale.

Nr. 11361.

3. Sept. 1896.

[ocr errors]

Nr. 11361. FRANKREICH. Die Botschaft in Konstantinopel an den Minister des Auswärtigen. Bericht über die Ereignisse in Konstantinopel.

Thérapia, le 3 septembre 1896.

Mes précédentes communications ont déjà rendu compte à Votre Excellence Frankreich. des faits dont la Banque ottomane a été le théâtre le 26 août et des troubles qui ont, de nouveau, ensanglanté Constantinople. || Aujourd'hui, la lumière se fait sur ces incidents dont les détails commencent à être mieux connus. || Les organisateurs de cet audacieux coup de main avaient averti dès la veille les différentes Ambassades qu'en présence de l'abandon dont la nation arménienne avait été l'objet de la part des Puissances, il fallait s'attendre à des événements graves. Réduite au plus extrême désespoir, elle n'hésiterait devant aucun moyen pour faire sortir l'Europe de son inaction. || Nul ne se doutait que, quelques heures à peine après l'envoi de cette lettre, les révolutionnaires arméniens passeraient à l'exécution de leurs menaces. || Leur plan, si le manque d'esprit de suite habituel aux Arméniens n'en avait empêché la réalisation, était assez habilement conduit. D'après les déclarations faites par les chefs de la bande pendant leur internement à bord du yacht de Sir Edgar Vincent,

Frankreich.

3. Sept. 1896.

l'attaque devait partir simultanément de plusieurs points de la ville. Tandis Nr. 11361. qu'un groupe envahissait la Banque, deux autres cherchaient à faire sauter la Sublime Porte et à soulever le quartier de Psamatia dans Stamboul; un troisième s'installait „respectueusement", selon leur expression, au Crédit Lyonnais à la tète du pont qui relie Galata à Stamboul et, de là, faisait pleuvoir bombes et projectiles sur le vaste corps de garde situé en face. || Une quatrième bande occupait le poste de Voïvoda qui commande la montée de Galata à Péra; enfin une cinquième attaquait le grand corps de garde de GalataSéraï situé au centre même de Péra. Intimider la finance, qu'ils croient puissante sur les décisions des Gouvernements, terrifier la population européenne par l'emploi des bombes et de la dynamite, impressionner les Ambassades en s'installant au centre de Péra et révéler en même temps au Sultan une puissance d'organisation secrète inconnue jusqu'ici, tel était le programme. Votre Excellence sait comment il a échoué. Il semble que le coup ne devait être exécuté que le jour de la fête du Sultan, 31 août. La fièvre et l'impatience naturelles aux conspirateurs et qui précipitent souvent leurs actes avant l'heure déterminée ont, sans doute cette fois encore, agi sur les nerfs tendus des affiliés du complot et la détente s'est opérée, semble-t-il, à contre temps. La Sublime Porte n'a pas été attaquée, le Crédit Lyonnais n'a pas été inquiété et, si des bombes ont éclaté autour des postes de Voïvoda et GalataSéraï, l'affaire, sur ces deux points, a manqué d'ensemble et de promptitude. || Quoi qu'il en soit, comme toujours en Turquie, un dénonciateur s'est trouvé pour éventer le complot. Le mardi dans la matinée, le Ministre de la police était informé qu'un coup de main se préparait dans le quartier de Psamatia. On révélait à Nazim Pacha l'existence d'une fabrique clandestine de bombes installée dans les locaux, déserts pendant les vacances des élèves, de l'École de filles de Soulon-Monastir. La vieille construction en pierre abritait depuis quelque temps derrière ses murs une bande d'ouvriers de toutes sortes occupés à la fabrication des engins et la présence de trois institutrices arméniennes demeurées dans l'établissement masquait cette sinistre besogne aux yeux de la police. || Celle-ci une fois prévenue, un détachement de troupes fut envoyé sur les lieux; le bâtiment fut cerné et sommation fut faite aux Arméniens qui l'occupaient d'avoir à se rendre. Ceux-ci refusèrent et répondirent par une fusillade nourrie. La troupe riposta et après une lutte assez vive à laquelle les trois femmes prirent part, les Arméniens se rendirent. Ils furent massacrés sur place; deux des institutrices furent arrêtées; la troisième, une toute jeune fille, parvint à se sauver et à s'embarquer pour l'Europe. || La terreur se répandit bien vite dans tout le quartier, et jusqu'au matin, la population arménienne affolée fit évacuer les femmes et les enfants sur la côte d'Asie. Il était environ une heure et demie de l'après-midi quand les vingtcinq Arméniens désignés pour occuper la Banque ottomane se trouvèrent réunis sans bruit aux alentours de l'édifice. || Deux d'entre eux se présentèrent tout d'abord isolément aux guichets intérieurs. Après y avoir changé de la

Frankreich.

3. Sept. 1896.

Nr. 11361. monnaie, ils ressortirent et, ayant constaté que l'entrée était facile, sur un signe, il rassemblèrent quelques-uns des leurs et suivis à quelques pas du reste du groupe subitement rassemblé, tirèrent leurs revolvers de leurs poches et tuèrent à bout portant les sentinelles de garde. Puis ils envahirent le grand hall central, déchargeant à profusion leurs armes, tandis que dans la rue éclataient des bombes. L'émoi fut grand parmi les employés de la Banque; dans le désordre, le Directeur général de la Banque se retira aussitôt dans le local de la régie des tabacs qui communique avec celui de la Banque. Les émeutiers avaient barricadé les portes de la Banque, en interdisant l'entrée et la sortie. M. Auboyneau, Directeur général adjoint, qui se trouvait dans son bureau, s'aboucha immédiatement avec les deux chefs de la bande, hommes tout jeunes encore et parlant couramment le français. La situation était périlleuse pour les cent vingt employés qui demeuraient entre les mains des insurgés. Avec un sang-froid auquel tous les employés de la Banque rendent hommage, M. Auboyneau chercha à persuader à ces bandits de quitter les locaux de la Banque. Ceux-ci s'y refusèrent: „Nous ne vous en voulons nullement, dirent-ils, et vous n'avez rien à craindre de nous. Nous ne voulons toucher ni à votre argent ni à vos dépôts. Nous voulons seulement faire une manifestation et dicter d'ici nos conditions".

Après une longue discussion, ils consentirent à laisser M. Auboyneau quitter la Banque et se rendre au Palais pour faire part au Sultan des conditions que les émeutiers mettaient à évacuer la Banque. On ne pouvait, en effet, songer à les déloger par la force et à faire donner la troupe. C'eût été le signal du massacre de tous les employés et M. Auboyneau mérite d'être félicité pour l'énergie avec laquelle il a poursuivi, en face des Arméniens et du Sultan, le salut de son personnel et des caisses de la Banque. || La situation devenait de plus en plus critique, dans le reste de la ville; en effet, les troupes étaient tout à fait insuffisantes, le Sultan n'ayant pas consenti à distraire, pour maintenir l'ordre, un seul homme des trente bataillons casernés autour de Yldiz. || De toutes parts, à Galata, éclataient des coups de feu répondant à des bombes. Dès les premiers instants, une bande d'assommeurs partie des bas-fonds de Stamboul s'était précipitée dans les quartiers chrétiens. Une véritable chasse à l'Arménien s'organisait; ceux qui avaient l'imprudence de se montrer ou de sortir pour fuir dans des lieux plus sûrs étaient immédiatement tués à coups de gourdins, de barres de fer ou de poignards. Les magasins arméniens étaient pillés et saccagés, leurs propriétaires égorgés et la populace se ruait sur les maisons où l'on croyait trouver des Arméniens, enfonçant les portes, brisant les fenêtres. Dans les khans voisins de la Banque et des nouveaux quais, nombre de bureaux de banquiers, de gens d'affaires, d'avocats étaient saccagés de fond en comble par la populace musulmane, avide de pillage et du sang des ,,hammals" arméniens, gardiens habituels des locaux de Galata. || Pendant toute la soirée, sur tous les points de la ville, à Galata, à Perchembé-Bazar, à Tophané, à Bechiktache, au bas même de la

« PreviousContinue »