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1790; le troisième de 1790 à 1830; le quatrième de 1830 à 1870; le cinquième et le sixième groupent, l'un les prosateurs, l'autre les poètes vivants en cette même année 1870.

Parcourons rapidement ces six volumes. En tête du premier, je rencontre l'épigraphe suivante: «La Littérature, qui est l'expression fidèle de la société, doit former un ensemble qu'il faut parcourir dans son entier pour saisir le caractère particulier des diverses époques d'une langue, et se faire une juste idée de l'esprit, de la mission et de l'influence des écrivains de chaque s'ècle (Herrig et de Burguy, préface de la France littéraire).

On ne pouvait choisir une épigraphe mieux appropriée au sujet c'est en effet la littérature française tout entière que le lieutenant-colonel Staaf passe en revue; par malheur, certaines époques défilent à notre gré un peu trop vite, certaines autres un peu trop lentement.

Dès le folio 13 du premier volume, voici Rabelais qui passe. Neuf vers ont représenté la Chanson de Roland, cette première ét subline inspiration du patriotisme français; Joinville, Froissart, Comines, ces témoins des anciens temps, si clairvoyants et si judicieux sous leur naïveté apparente, occupent chacun une demi page; et si nous tournons le folio 40, nous nous apercevons tout à coup que nous sommes sous le roi vert-galant, aux premiers jours du siècle de Louis XIV.

La fin du volume nous offre un tableau très-complet et trèsvivant de la littérature française au XVII° siècle, depuis Saint Vincent de Paul jusqu'à Saint Simon et Rollin; tout au plus ferionsnous remarquer que ce dernier écrivain appartient, non-seulement par la date, mais encore par l'esprit de ses ouvrages, au siècle suivant.

L'excellent aperçu historique de la littérature française depuis ses commencements jusqu'au siècle de Louis XIV, qui précède le tome I, est de M. Jules-Henri Kramer; les notes et notices sont de M. Auguste Robert; Voltaire et Villemain ont été mis à contribution pour les jugements littéraires.

Le xvin® siècle, prosateurs et poëtes, fait la matière du tome

H, qui s'ouvre par une introduction empruntée à l'abbé Drioux, à d'Alembert, à Palissot, à Victor Hugo, à de Barante. Aucun reproche à faire à ce tableau, plus complet encore que le premier, peint à larges traits, mais d'une main sûre et indépendante. Un appendice contenant des notices et citations supplémentaires, des éclaircissements, des curiosités littéraires, termine le volume, et peut être d'un grand secours, grâce au répertoire que l'auteur a placé à la suite.

Le tome III est consacré à la littérature de l'Empire et de la Restauration et précédé de jugements littéraires par Vinet et M. Demogeot; le tome IV à la littérature contemporaine et suivi, comme le tome II, d'un appendice et d'un répertoire; le tome V, précédé de morceaux critiques par Gustave Planche et MM. Demogeot et Auguste Desplaces, nous fait connaître tous les prosateurs de quelque mérite vivants en 1870, depuis Mérimée, Georges Sand, Sainte Beuve, etc., jusqu'à M. X... qui doit être fort honoré de se trouver en parcille compagnie; le tome VI nous montre tous les poëtes rimant ou essayant de rimer à la mème époque, et nous devons avouer que nous avons fait là connaissance avec plus d'un versificateur dont nous ignorions complétement l'existence. Comme au tome II et au tome IV, un appendice et un répertoire terminent ce dernier tome, le plus compact et le plus curieux de tous.

Nous avons noté brutalement les petits défauts de l'ouvrage du lieutenant-colonel Staaf; pour compléter leur énumération, il ne nous reste plus qu'à signaler le manque de méthode dans la clas– sification et l'obscurité des divisions et des titres, qui fait que le lecteur met quelque temps à s'y reconnaitre et a besoin d'un apprentissage pour tirer du recueil tout le parti qu'il lui offre. Nous ne ménagerons pas plus les éloges que nous n'avons ménagé les critiques.

Tous ceux qui ont eu à parler en public de la littérature française, savent combien la tàche est rendue difficile par l'ignorance presque complète de l'auditoire; cette difficulté est plus sensible encore lorsqu'il s'agit de professer la littérature française

devant des jeunes garçons ou des jeunes filles qui ne connaissent que très-peu d'auteurs et par très-peu de morceaux. On ne saurait donc trop vulgariser un recueil comme celui du lieutenant-colonel Staaf, où figurent tous les écrivains français, depuis l'auteur de la cantilène de Sainte Eulalie jusqu'à M. Z... critique influent et romancier estimable. D'ailleurs, outre ce mérite incontestable de former à eux seuls, par leur ensemble, une bibliothèque de choix, outre cet autre mérite, sur lequel nous appellerons l'attention des instituteurs et des institutrices, de pouvoir être achetés par fascicules séparés, les six volumes du lieutenant-colonel Staaf sont remplis de notices critiques rédigées avec une absence complète de parti pris et une très-grande largeur de vue.

Il n'est peut-être pas inutile aussi de faire remarquer, qu'indépendamment des circonstances atténuantes sur lesquelles un étranger peut toujours compter, l'ouvrage que nous venons d'analyser a contribué à propager dans le Nord de l'Europe le goût de la langue et de la littérature françaises.

Pour tous ces motifs, et malgré les quelques critiques peutêtre un peu rigoureuses, que j'ai dû faire sur la méthode et sur le plan de l'ouvrage du lieutenant-colonel Staaf, j'ai l'honneur de vous proposer d'accorder à cet ouvrage, très-considérable et très-précieux, une récompense qui puisse figurer à côté de celles, fort honorables, qu'il a déjà reçues de diverses Sociétés. ALPHONSE PAGÈS.

FRANCE. POSITIONS GÉOGRAPHIQUES.

par M. OURSEL, ex-capitaine du Génie auxiliaire.

(Paris, Imprimerie l'aul Duport: 0,75 centimes).

Sous le titre : France. Positions Géographiques, M. Oursel, ex-capitaine du génie auxiliaire, a publié un Tableau qui a pour but de mieux faire connaître la France: on ne saurait en effet, trop insister sur cette étude.

Ce tableau indique la position des principales villes, déterminée en latitude, longitude, altitude, distance de Paris. On y trouve aussi l'heure de chacune de ces villes quand il est midi à Paris.

La colonne qui indique la distance de chaque ville à Paris, se divise en quatre sections: distance à vol d'oiseau, distance par voie de terre, distance par voies ferrées et correspondantes, distance légale.

La notice très-courte qui occupe le milieu du tableau est un résumé simple et clair des principales notions sur la position respective des différents lieux du globe, sur la latitude, la longitude, et les distances de Paris. J'ai remarqué surtout la colonne relative aux distances légales, où l'auteur explique comment ces distances ont été fixées par l'arrêté du 25 thermidor an XI et suivants. Pour acquérir les connaissances condensées dans cette notice, il faudrait consulter bien des volumes scientifiques, arides à lire, coûteux à se procurer. L'emploi de ce tableau aura donc pour résultat une notable économie de temps et d'argent.

Une carte de France où se trouvent indiquées les villes mentionnées au tableau, ainsi que les fleuves et les principales rivières, permet de chercher indifféremment sur la carte ou dans le texte la position d'une ville. Il est seulement regrettable que la limite des départements n'ait pas été figurée sur cette carte: c'eût été un complément fort utile

Ce tableau, qui offre les garanties désirables d'exactitude, puisqu'il est dressé d'après les documents des ministères, peut donc être utile au maître qui désire apprendre, se rappeler ou se renseigner promptement. Exposé dans l'école, il familiarisera l'élève avec des connaissances trop souvent négligées.

Je vous propose donc, Messieurs, de le placer dans votre collection d'ouvrages géographiques, et d'adresser à l'auteur une lettre de remerciements.

WILFRID MARIE-CARDINE.

PÉDAGOGIE

LE MOBILIER SCOLAIRE, EN FRANCE

ET A L'ÉTRANGER.

LES BANCS ET LES TABLES D'ÉCOLE.

La récente exposition du mobilier scolaire au palais de l'Industrie (exposition de l'Union Centrale) a vivement intéressé. le public chaque jour plus nombreux qui suit avec attention les progrès de l'Enseignement primaire.

La question des bancs et des tables d'école paraît nouvelle en France; elle est déjà presque vicille en Europe et en Amérique. A l'étranger, les pédagogues et les médecins ont étudié depuis trente ans toutes les questions qui touchent à l'hygiène scolaire. On formerait une bibliothèque avec les traités qui ont été écrits sur cette question. M. Barnard (contributions to the improvement of the schoolhouses in the United States) le Dr Sheber de Leipzig, le docteur Farhrner de Zurich (Das Kind und der Schultisch), Passavant à Franckfort, Parow à Berlin, Guillaume et Coindet en Suisse ont précédé le Docteur Riant (Hygiène scoluire), M. Junka (matériel scolaire), et enfin M. Buisson qui, dans son rapport si remarquable sur l'enseignement primaire à l'exposition de Vienne, nous a donné le dernier état de la question.

En France, nul ne semblait se douter qu'il y eût là un problème sérieux et délicat à résoudre. Nos écoles primaires étaient

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