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commencement de janvier, et l'on resta dans une inaction respective pendant une partie de ce mois.

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les rochers inébranlables, et ne laissent après elles qu'un bruit confus.

«Soldats! désirant distinguer tous ceux qui ont participé à ces exploits immortels, j'ai fait frapper des médailles d'argent qui ont éte bénies par notre sainte église. Elles portent la date de la mémorable année 1812. Suspendues à un ruban bleu, elles décoreront les poitrines guerrières qui ont servi de bouclier à la patrie. Chaque individu de l'armée russe est digne de porter cette honorable récompense de la valeur et de constance.

Entrée des Russes en Pologne. — L'armée russe se porta de Merecz sur Plotzk. Schwartzenberg reçut, le 22 janvier, l'ordre de se retirer sur la Gallicie, et d'y prendre des quartiers d'hiver. A cette époque, l'armée française avait toujours son quartier général à Posen. Les Russes s'étaient emparés des magasins considérables que l'on avait réunis à Bromberg; les troupes du corps de Tchitchagof bloquaient Thorn, et l'avant-la garde de Kutusof n'était plus qu'à quelques marches de Plotzk, où elle comptait passer la Vistule.

Voulant forcer Schwartzenberg à la retraite, Miloradowitz avait dirigé un de ses corps sur Przasnic, afin de menacer la gauche autrichienne, et en même temps il avait envoyé près du général pour l'engager à se reployer sur Varsovie. Schwartzenberg répondit qu'il attendait des ordres de son souverain à ce sujet, et qu'il ne pouvait rien entreprendre avant de les avoir reçus. Deux jours après, Miloradowitz envoya prévenir le général autrichien que l'armée de Kutusof, continuant son mouvement, il ne pouvait plus tarder davantage à se porter sur Varsovie. En conséquence, Schwartzenberg commença sa retraite, le 25 janvier, conjointement avec le général Reynier, qu'il avait instruit de cette nouvelle résolution.

«Vous avez tous partagé les mêmes fatigues et les mêmes dangers. Vous n'avez eu qu'un cœur et qu'une volonté. Vous serez enorgueillis de porter tous la même décoration. Elle proclamera partout que vous êtes les fidèles enfants de la Russie, enfants sur lesquels Dieu le père répandra sa bénédiction.

«Que vos ennemis tremblent en voyant ces décorations! qu'ils sachent que, sous ces médailles, palpitent des cœurs animés d'une valeur impérissable! impérissable, parce qu'elle n'est point fondée sur l'ambition ou l'impiété, mais sur les bases immuables du patriotisme et de la religion.>>

Le vice-roi prend le commandement de l'armée. -Nous avons vu que le roi de Naples avait eu le commandement de l'armée de Russie, depuis que NapoVarsovie devait être évacuée le 5 février. Reynier et léon était parti pour Paris. -- Les débris de l'armée se Poniatowski obtinrent de Schwartzenberg qu'il y res- trouvaient réunis autour de Posen. Murat annonça au terait encore trois jours pour couvrir leur retraite. vice-roi l'intention de retourner dans ses états, et vouReynier était parti le 4, pour se porter sur Glogau; lut lui remettre le commandement des troupes. Le Poniatowski partit le 6 pour Cracovie. Le 7, l'arrière-prince Eugène, qui n'avait pas d'ordres, refusa de s'en garde autrichienne quitta Varsovie, où les Russes en- charger; le roi de Naples insista: le vice-roi réclama trèrent le 8 janvier. la réunion du conseil des maréchaux. Murat y consentit; mais il partit sans attendre la décision de ce conseil. Le vice-roi se vit, pour ainsi dire, forcé de prendre le commandement ainsi abandonné, et que l'Empereur, à la grande satisfaction de toute l'armée, s'empressa de lui confirmer.

Proclamation de l'empereur Alexandre. - Tandis que les soldats d'Alexandre pénétraient ainsi dans le grand-duché de Varsovie, les corps de l'armée russe restés à Wilna et dans les environs quittaient leurs cantonnements pour se porter sur Merecz, où ils devaient passer le Niemen. L'empereur de Russie, accompagné de Kutusof, eut, le 9, son quartier général dans cette ville. Il y resta quelques jours, et c'est de là qu'il adressa à son armée la proclamation suivante : «Soldats!

Le premier soin du prince Eugène fut de donner une apparence de formation aux débris que le roi de Naples lui avait laissés dans le plus grand désordre. Il trouva, dans les 1er, 2o, 3o, 4e et 6e corps, réunis dans les environs de Posen, environ 17,000 hommes plus ou moins en état de porter les armes. Il en choisit «L'année est écoulée! année mémorable et glorieuse, 5,000 des meilleurs, les mit sous les ordres du gédans laquelle vous avez plongé dans la poussière l'or-néral du génie Poitevin de Maureillan, et leur confia la gueil de l'insolent agresseur! elle est écoulée, mais vos faits héroïques restent; le temps ne saurait en effacer le souvenir; ils sont présents à vos contemporains; ils vivront dans la postérité.

garde de Thorn.

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La communication avec Dantzick avait été interceptée dès le 14 janvier, et, le 21, cette place se trouvait tout-àfait bloquée. Le vice-roi, sentant qu'il lui faudrait continuer sa retraite aussitôt que les Russes passeraient la Vistule, ne s'occupa que de donner le plus de régularité possible aux faibles troupes qu'il avait à sa dispo

«Vous avez acheté au prix de votre sang la délivrance de votre patrie que menaçaient des puissances liguées contre son indépendance. Vous avez acquis des droits à la reconnaissance de la Russie et à l'admira-sition; il mit les places de l'Oder en état de soutenir tion des autres pays. Vous avez prouvé, par votre fidélité, votre valeur et votre persévérance, que, contre des cœurs remplis d'amour pour Dieu, et de dévouement envers le souverain, les efforts des plus formidables ennemis sont semblables aux vagues furieuses de l'Océan, qui se brisent en efforts impuissants contre

un siége; les 1er, 2o, 3o, 4o et 6o corps, formant encore 11,500 hommes en état de porter les armes, furent répartis en trois divisions une française, dont le commandement fut donné au général Gérard; une bavaroise, placée d'abord sous les ordres du général de Wrède, et ensuite sous ceux du général Rechberg, et

tion imminente de la Prusse, et de ne pas s'éloigner des secours qu'il attendait. Les Prussiens ayant laissé passer Wittgenstein, le vice-roi se trouvait déjà débordé sur sa gauche, sa droite était menacée par Plock et Varsovie, et Tchitchagof s'approchait de front. Pensant que, dans cette situation, la ligne de l'Oder était seule tenable, le prince Eugène résolut de la prendre à l'instant même.

une polonaise, commandée par le général Girard. La | afin de retarder, le plus long-temps possible, la défeccavalerie se composait d'environ 500 chevaux de la garde, de 300 chevaux bavarois, et des débris de deux régiments de lanciers lithuaniens, aux ordres du prince Gedroitze. Les dépôts de ces différents corps furent renvoyés sur les derrières, et les maréchaux qui les avaient commandés rentrèrent en France. Le maréchal Gouvion-Saint-Cyr resta seul près du viceroi, mais sans commandement fixe. Un petit train d'artillerie et deux bataillons de la jeune garde, organisés à Stettin, arrivèrent, le 23, à Posen. De ces deux bataillons, réunis à deux autres de la vieille garde, on forma une 4o division de réserve, forte d'environ 2,000 hommes, et dont le commandement fut confié au général Roguet.

Levées en Prusse. - La défection du général York n'avait été que le prélude de la rupture de la Prusse avec la France, et le roi Guillaume n'attendait que le moment de se séparer ouvertement de son allié l'empereur Napoléon; mais avant de se déclarer, craignant d'être gêné dans ses dispositions par le maréchal Augereau, qui occupait Berlin avec 6,000 hommes, il quitta cette capitale et partit pour Breslau, où il arriva le 22 janvier. Là, il ordonna des levées générales nor-seulement dans la partie des états prussiens occupés par l'armée française, mais encore dans la Prusse proprement dite. Le général York, au milieu des troupes russes, appelait au service tous les officiers et tous les soldats invalides ou renvoyés qui étaient dans son gouvernement. D'un autre côté, le général Bulow avait refusé d'entrer à Dantzick avec les troupes du maréchal Macdonald, et s'était retiré à NewStettin, où il se réorganisait après avoir établi des communications avec l'avant-garde russe.

En conséquence, la division bavaroise, qui occupait Gnessen, eut ordre de se rapprocher de Posen. Czernichef attaqua, dans la nuit du 11 au 12 février, avec ses Cosaques, les deux régiments de lanciers lithuaniens postés à Zirke. Cette troupe était trop faible pour lutter contre des forces si supérieures; aussi futelle promptement défaite; elle tomba presque tout entière au pouvoir de l'ennemi, ainsi que le prince Gedroitze, qui la commandait.

Le vice-roi quitta Posen le 12, à la tête de 9,000 hommes, et se retira sur Francfort. L'avant-garde russe, commandée par Woronsof, entra, le 16, à Posen. Le 18, le prince Eugène arriva à Francfort-surl'Oder.

Combat de Kalisch. Le général Wintzingerode, à la tête de deux divisions d'infanterie et de 6,000 hommes de cavalerie, passa la Wartha à Kolo, et vint, le 18 février, attaquer le général Reynier, qui occupait les environs de Kalisch avec le 7o corps. Cette attaque fut si vive, que les divers régiments ne purent arriver à Kalisch, point de rendez-vous fixé, qu'en faisant une trouée. Le général Reynier se maintint pourtant jusqu'au soir dans sa position. Il se retira pendant la nuit, et arriva, le 19, à Glogau. Le général saxon Nostitz fut coupé et pris avec 500 hommes et quatre pièces de canon.

Occupation de la Pologne par les Russes. Combat de Zirke. - Retraite des Français sur l'Oder. — Evacuation de Berlin. - Le · Retraite sur l'Elbe. La grande armée russe se mit en marche vers la fin général Czernichef, après le combat de Zirke, avait de janvier, pour occuper la Pologne. Elle se composait passé l'Oder près de Custrin, tandis que d'autres partis des trois corps de Doctorof, de Tormassow et de Mi- de Cosaques de l'avant-garde de Wittgenstein le pasloradowitz. Les trois autres corps qui avaient pour-saient à Garz. Ces diverses troupes étaient à Stranssuivi l'armée française sur la Vistule, avaient attendu, berg le 17. Le général Poinsot, détaché contre elles pour aller en avant, qu'ils eussent été joints par la avec deux bataillons et 100 chevaux de la garnison de grande armée russe. Berlin, les battit, et les força à se diriger sur Postdam,

Cette jonction était faite quand le général Reynier qu'elles espéraient tourner. Le vice-roi, sachant que s'établit près de Kalisch, avec le 7o corps.

Le prince Poniatowski quitta Varsovie, le 6 février, avec le corps polonais, pour se rendre à Petrikau. Le prince de Schwartzenberg partit de cette ville le 7, et, le lendemain, d'après la convention faite avec le général autrichien, les Russes en prirent possession.

Le même jour, les Prussiens composant la garnison de Pilau ayant menacé de passer du côté des assiégeants, le général Castella, gouverneur de la place, fut obligé de capituler. Les Russes remirent aussitôt cette forteresse au général York.

Tchitchagof s'étant, en même temps, rapproché de Thorn et de Bromberg, le vice-roi dut abandonner la position de Thorn. Il était important pour ce prince de couvrir Berlin et les communications avec la Saxe,

Czernichef avait passé l'Oder et était arrivé avant lui à Berlin, se décida à se rapprocher de cette ville, où il arriva le 21, avec les cinq cents chevaux de la garde. Le reste de sa petite armée le suivit sous les ordres du maréchal Gouvion-Saint-Cyr.

Le vice-roi s'occupa alors de donner à ses troupes une nouvelle organisation. Le général Grenier était venu le joindre avec un corps composé de deux divisions, et fort d'environ 1,800 hommes, outre 1,000 de cavalerie italienne. Le prince forma, de ces troupes et des siennes, trois divisions, dont il donna le commandement aux généraux Charpentier, Gérard et Fressinet. Le général Roguet eut le commandement de la réserve, qui se composait de deux bataillons de la vieille garde et de deux de la jeune. La cavalerię

Le général Morand, avec quelques troupes, tenait Stralsund et la Pomeranie suédoise.

L'armée du vice-roi ne se composait, à cette époque,

était forte de 1,000 chevaux environ, tant de la garde, où le général Lauriston formait les quatre divisions française qu'Italiens et Wurtzbourgeois. La totalité des qui devaient composer le 5o corps. forces dont le prince Eugène pouvait alors disposer ne se montaient pas au-delà de 26,000 hommes, y compris la division bavaroise détachée à Crossen. Les troupes légères de l'avant-garde de Wittgen-que de 40,000 hommes, en y comprenant les Bavastein commencèrent à s'approcher de Berlin vers les derniers jours de février. Le vice-roi, sans avoir l'intention de se défendre dans cette ville, déjà devenue ennemie, ne voulait cependant l'abandonner qu'à la dernière extrémité, afin de couvrir la formation des nouveaux corps qui se rassemblaient derrière l'Elbe, et de forcer l'ennemi à faire un mouvement de son côté.

L'avant-garde du général russe étant arrivée, le 2 mars, à quelques lieues de Berlin, le vice-roi se disposa à se replier sur l'Elbe. Les troupes françaises quittèrent la capitale de la Prusse dans la nuit du 3 au 4, et les Russes entrèrent dans la ville à onze heures du matin.

L'armée française s'arrête et prend position sur l'Elbe. L'armée française traversant Leipsick le 9 mars, revint prendre sur l'Elbe les positions suivantes : le corps du général Grenier resta en avant et en arrière de Wittenberg; le 7 corps, qui, forcé de quitter Glogau, était arrivé à Bautzen le 2 mars, occupait alors Dresde; la division bavaroise était à Messein, le général Thielman à Torgau, un autre général à Dessau, avec quelques troupes de cavalerie; le maréchal Davoust, avec 3,000 hommes environ, se trouvait à Leipsick, d'où il se rendit, le 9, à Dresde, pour prendre le commandement des troupes qui étaient placées depuis cette ville jusqu'à Torgau; le maréchal Victor occupait Bernburg avec quelques bataillons destinés à former le noyau du 2o corps; le 2e corps de cavalerie s'organisait près de Brunswick; le 1er corps de la même arme se réunissait près de Magdebourg,

rois et la division Durutte, appartenant au 7o corps. Les corps d'armée qui devaient entrer en campagne se réunissaient derrière la ligne qu'elle occupait. Le nouveau 4o corps d'armée formé en Italie, et commandé par le général Bertrand, traversait alors le Tyrol. Wurtzbourg, Francfort, Bamberg et Wesel étaient indiqués comme points de réunion aux 3o et 6o corps, aux Bavarois et au 1er corps commandé par le général Vandamme.

Le 9 mars, les Cosaques de Czernichef étaient devant Magdebourg, et le corps de Wintzingerode s'avançait par la route de Goerlitz et de Bautzen.

Son alliance

Defection ouverte de la Prusse. avec la Russie. Les intentions du cabinet de Berlin n'étaient plus douteuses; dès les premiers jours du mois de février, des négociations avaient été ouvertes entre la Prusse et la Russie, et s'étaient terminées par un traité d'alliance offensive et défensive signé le 1er mars. Mais la Prusse ne s'était pas empressée de le dénoncer; à la faveur de ce silence, elle achevait tous ses préparatifs de guerre contre la France, et laissait à Schwartzenberg le temps d'effectuer sa retraite en Gallicie. Cependant l'empereur Alexandre étant venu visiter le roi de Prusse à Breslau, et ayant séjourné dans cette ville depuis le 15 jusqu'au 19 mars, vernement prussien ne put pas dissimuler plus longtemps sa défection. Le 17 mars, la nouvelle alliance fut notifiée officiellement à l'ambassadeur de France à Berlin, par le gouvernement prussien, et par l'ambassadeur de Prusse à Paris au gouvernement français.

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SIXIÈME COALITION.

1813. PREMIÈRE CAMPAGNE D'ALLEMAGNE.

BATAILLE DE LUTZEN, DE BAUTZEN-WURTCHEN.

SOMMAIRE.

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Dispositions douteuses Combat de Weissenfeld.

Efforts patriotiques de la France. - Création d'une nouvelle armée. - Défection de Bernadotte et de la Suède. de l'Autriche. Fermentation en Allemagne. Arrivée de l'Empereur, Ouverture de la campagne. - Combat de Poserna. Mort du maréchal Bessières. - Bataille de Lutzen. Passage de l'Elster. Entrée à Dresde. Retraite des alliés sur le camp fortifié de Bautzen. Passage de l'Elbe. - Combat de Bischoffverda.- Forces et positions des deux armées.-Combat de Bautzen. Bataille de Bautzen et Wurtchen. Poursuite de l'ennemi. - Combats de Reichenbach et de Markersdorf. - Mort du général Duroc. - Entrée en Silésie. — Combats de Gorlitz et de Hainau. → Occupation de Breslau. Armistice de Plesswitz. - Blocus siége et délivrance de Glogau. Combat de Luckau.

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ARMÉE FRANÇAISE.

Général en chef. — L'Empereur NAPOLÉON.

ARMÉE ALLIÉE.

Généraux en chef. L'Empereur ALEXANDER.
BARCLAY DE TOLLY.

La marine fournit une armée entière de vétérans artilleurs elle mit à terre 40,000 vieux canonniers que l'infanterie de l'armée reçut avec orgueil dans ses rangs. Les pertes de la cavalerie étaient plus difficiles à réparer; mais l'Empereur disposait encore de toutes les ressources que le nord de l'Allemagne offrait pour les

Efforts patriotiques de la France.-Création d'une ments reçurent, dès leur formation, des hommes d'éarmée nouvelle. - Les désastres de la retraite de Rus-lite pris dans les conscriptions mobilisées. sie, loin d'abattre la France, retrempèrent l'esprit national. L'enthousiasme reparut, grandi à la hauteur du danger, comme aux premiers jours de la révolu tion. L'Empereur encouragea et mit à profit ce mouvement patriotique, et bientôt toutes les ressources et toutes les forces de la nation furent dirigées vers le but le plus pressant, la défense de l'honneur et de l'in-remontes. On s'occupa, en Hanovre, avec la plus dépendance du pays; ses premiers soins furent naturellement d'envoyer des renforts à la brave armée qui, par sa ferme contenance sur les bords du Niémen, de la Vistule et de l'Oder, contenait encore les armées russes prêtes à fondre sur l'Europe. En moins de trois mois, six cents pièces de canon et deux mille caissons attelés arrivèrent en Allemagne. Les cohortes du premier ban, formées au moment de l'ex-pées. Lyon fournit un escadron de 150 chevaux; Paris, pédition de Russie, pour la défense du territoire et la garde des places fortes, présentaient une masse déjà exercée au maniement des armes et habituée au service militaire; on les organisa en régiments de ligne, dont le nombre, porté à 150 par la création de vingt nouveaux cadres, fut complété avec les conscrits de 1813, levés prématurément, et qui, déjà habillés et armés, se trouvaient dans les dépôts.

Les vieux régiments d'Espagne fournirent en outre les cadres de 150 bataillons, et le nombre nécessaire d'officiers et de sous-officiers. Ces troupes, rentrées en France, furent en partie remplacées dans la Péninsule par l'envoi de quelques milliers de conscrits. Quatre régiments de la garde, une légion de gendarmerie, composée de vieux cavaliers, et le 7o régiment de lanciers polonais en furent aussi rappelés. Les Polonais ne pouvaient rester en Espagne quand les Russes campaient en Pologne.

Les neiges de la Russie avaient englouti la plupart des vieux soldats; la masse de l'armée française ne pouvait plus se composer que de conscrits; afin d'exciter leur émulation et leur zèle, le nombre des régiments de la jeune garde fut porté à seize, et ces régi- 1

grande activité à fournir des chevaux aux cavaliers qui arrivaient à pied dans les vastes dépôts établis sur l'Elbe; et là, d'habiles généraux étaient chargés d'organiser ces cavaliers en escadrons; dans cette circonstance, toutes les villes de l'empire s'empressèrent d'offrir à l'Empereur, chacune suivant ses facultés, des cavaliers montés, des compagnies entières équi

un régiment complet de 500 hommes. On fit un appel aux postillons, aux fils des maîtres de poste, aux gardes forestiers à cheval. La gendarmerie envoya 3,000 officiers et sous-officiers pour commander les nouveaux escadrons, et 10,000 gardes d'honneur se montèrent et s'équipèrent à leurs frais. L'ordre, la régularité, et l'activité qui présidèrent à la fusion de tous ces éléments hétérogènes, sont peut-être le trait le plus remarquable de l'administration impériale.

L'empire s'étendait du Danemark aux Marais-Pontins; de la baie de Gascogne aux plages de l'Illyrie. De tous les points partaient des hommes, des chevaux, des munitions. Bientôt l'Empereur put annoncer lui-même ses premières dispositions à ses amis et à ses ennemis. Ce n'était pas le langage d'un homme abattu par la mauvaise fortune. «La guerre d'Espagne «et la guerre du nord, disait-il, seront menées de «front dans le courant de février, une armée de «300,000 hommes, formée sur l'Oder, sur l'Elbe, sur «le Rhin et sur le Mein, viendra se réunir à la grande «armée, et la campagne prochaine s'ouvrira avec des «for ces doubles de celles qui ont combattu la campa«gne dernière en même temps l'armée d'Espagne

<«sera maintenue à 300,000 hommes; 30,000 conscrits | plus impatients peut-être que les peuples de rompre <«<sont en marche pour la compléter; le maréchal Soult «retournera en Andalousie; et si l'armée anglaise s'af«faiblit, le Portugal sera occupé.»>

leur alliance avec Napoléon, déguisaient davantage leurs sentiments. Le lion n'était pas mourant comme on l'avait proclamé. Il y avait risque à lever le pied La guerre allait devenir la chose la plus importante: contre lui. En effet, au moment où l'Allemagne c'était le moyen de conquérir la paix. L'Empereur, croyait l'Empereur enveloppé à Smolensk ou à Wilna, afin d'éteindre tous les germes de mécontentement dans les glaces de la Russie, ne l'avait-elle pas reque pouvaient nourrir certaines opinions, résolut de trouvé au milieu de son palais des Tuileries, recevant terminer, avant de partir pour l'Allemagne, la longue les hommages empressés et les protestations de déquerelle qui s'était élevée entre son gouvernement et vouement de tous les corps de l'Empire? Et cette les conseillers du Pape. Il se rendit lui-même à Fon- France, qu'on peignait si appauvrie et si épuisée, ne tainebleau, où le Saint-Père, quoique surpris de sa venait-elle pas de se relever plus enthousiaste et plus brusque visite, le reçut avec affection. Une entrevue fière en envoyant trois cent mille de ses enfants de quelques heures suffit pour tout concilier. La con- prendre, aux armées du Nord, la place de ceux que fiance amena la persuasion; le Pape, que l'Empereur la guerre avait moissonnés? Le roi de Saxe refusa de ne voulait pas laisser à Rome, et qui répugnait à ha- rompre l'alliance qui l'unissait à la France; le cabinet biter Paris, accepta la résidence d'Avignon, et signa autrichien, sans la rompre, cessa d'en remplir les ce fameux concordat de Fontainebleau, où la sépara-conditions, et offrit seulement sa médiation pour la tion du pouvoir temporel et du pouvoir spirituel est conclusion de la paix. si nettement posée.

:

L'Empereur accepta cette médiation; mais comme les négociations n'arrêtaient pas les hostilités, il partit pour se mettre à la tête de sa nouvelle et jeune armée.

Arrivée de l'Empereur. — Ouverture de la campagne. · Combat de Weissenfeld. - Il était temps que l'Empereur arrivât. La fermeté, l'habileté et la bravoure du vice-roi, la constance de ses héroïques bataillons, réduits à un petit nombre d'hommes, ne pouvaient plus suffire pour contenir les forces toujours croissantes de l'ennemi. Comme nous l'a

Le corps législatif ne tarda pas à s'ouvrir les paroles de l'Empereur à la tribune nationale furent: «Je «<désire la paix elle est nécessaire au monde; mais je «ne ferai jamais qu'une paix honorable et conforme <<aux intérêts de mon empire. Une mauvaise paix nous «ferait tout perdre, jusqu'à l'espérance.» Et, afin de rassurer ceux qui pouvaient craindre que, dans les luttes européennes, la France se fût appauvrie et dépeuplée, un des ministres présenta aux envoyés des départements l'exposé de la situation de l'empire. Ces résultats étaient de nature à calmer toutes les inquié-vons dit plus haut, la ligne du Niémen avait été tudes, ils furent critiqués dans le temps par la malveillance et la mauvaise foi. On sait aujourd'hui qu'ils étaient conformes à la vérité.

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Défection de Bernadotte et de la Suède. - Dispositions douteuses de l'Autriche. Fermentation en Allemagne. - Tandis que la Prusse s'alliait à la Russie, le prince royal de Suède, Bernadotte, faisait son pacte avec le ministère britannique, et, soudoyé par les guinées anglaises, se préparait à venir combattre ses anciens compagnons d'armes.

abandonnée par suite de la trahison du général York; on ne s'était pas arrêté long-temps derrière la Vistule; mais la ligne de l'Oder et de la Wartha avait donné au prince Eugène le temps de réorganiser l'armée, et d'y rallier toutes les troupes dont il pouvait disposer, sans abandonner la défense des places fortes du nord de l'Allemagne. La défection de la Prusse, qui, après avoir désavoué le général York, se décida à l'imiter, livra aux Russes le passage de l'Oder, et obligea le vice-roi à se retirer derrière l'Elbe. — Enfin, au moment de l'arrivée de l'Empereur, cette ligne venait d'être franchie par l'ennemi.

L'Asie se ruait sur l'Europe; aux levées en masse

des Tartares. L'armée alliée présentait déjà un nombre formidable de combattants, qui devait, trois mois plus tard, s'élever à 900,000 hommes. Le vieux Blucher commandait les Prussiens; Wittgenstein avait pris le commandement en chef des Russes après la mort de Kutusof, que les fatigues de la campagne de Russie avaient tué.

L'Angleterre (car dans cette longue suite de coalitions on trouve ses subsides partout où il y a guerre contre la France) et les associations du Tungend-Bund sou-prussiennes se joignaient les pulks des Cosaques et levaient l'Allemagne et organisaient les ennemis de Napoléon. La levée en masse avait été ordonnée en Prusse; de nouvelles défections se préparaient. Les Autrichiens, retenus par la politique prudente de leur cabinet, les Saxons, par la loyauté de leur souverain, devaient encore attendre quelque temps avant de se déclarer; mais pour exciter la haine aveugle des peuples contre l'étranger, on faisait retentir les mots so- L'Empereur avait quitté Paris le 15 avril et était nores de liberté et de patrie, grands mots qui devaient arrivé le 17 à Mayence. La nouvelle armée s'était mise 'être oubliés le lendemain de la victoire, et mis de en marche sans attendre que les corps de cavalerie côté comme une trompette guerrière qu'on dépose fussent entièrement formés, ce qui aurait apporté trop après le combat. En Prusse, les jeunes gens de toutes de retard à l'ouverture de la campagne. Le 4o corps, les classes, riches, pauvres, nobles ou roturiers; les venant d'Italie, était, le 20, à Cobourg; le 6o à Gotha, étudiants des universités, conduits par leurs profes-le 3e à Erfurt. Dès le 18, la division Souham, apparseurs devenus leurs officiers, s'enrégimentaient. Dans tenant au 3e corps, avait chassé de Weimar 300 husles pays de la confédération du Rhin, les souverains, sards prussiens et s'était emparé de cette ville. Le 12o

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