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après avoir détruit les ponts sur la Neisse, la droite | fut plus que réparé le surlendemain. Le général Sébassuivant la route de Waldau, et la gauche celle de tiani, envoyé sur Prottau avec sa cavalerie, renconLauban. tra, près de cette ville, un convoi ennemi auquel il prit 500 hommes, vingt-deux canons et quatre-vingts caissons.

Le 7o corps français arriva, à neuf heures du matin, devant Gorlitz. L'avant-garde, composée des chevaulégers saxons, passa la Neisse et attaqua l'ennemi; mais pressées de gauche et de flanc par les forces supérieures de l'arrière-garde de l'aile gauche ennemie, ces troupes furent obligées de repasser la rivière. Une vive canonnade s'établit d'une rive à l'autre. Le général Reynier fit travailler en toute hâte à la construction d'un pont de bateaux; les chevau légers saxons, soutenus par plusieurs régiments de grosse cavalerie, traversèrent de nouveau la Neisse, et le 7e corps débouchait en même temps par le pont de bateaux qui venait d'être achevé. L'arrière-garde ennemie, ainsi attaquée, se hâta d'effectuer sa retraite.

Les Français continuèrent leur poursuite et traversèrent successivement la Queiss et la Bober, malgré le soin qu'eut l'ennemi de rompre les ponts sur les deux rivières.

Occupation de Breslau. — Armistice de Plesswitz. Le 29 mai, les maréchaux Marmont et Macdonald et le général Bertrand étaient arrivés, sur les pas de l'ennemi, au pied des remparts de Schwednitz; pendant ce temps, le prince de la Moscowa, le général Lauriston et le général Reynier continuaient de s'avancer sur la route de Breslau.

L'Empereur, qui suivait les progrès de la colonne du centre, et qui souvent guidait sa marche, s'était établi, le 25, à Buntzlau; le 27 à Liegnitz, le 29 à Rosnig, d'où il fut chassé par un incendie, et le 30 à Neumark, sur la grande route de Breslau. Cette capitale de la

'L'Empereur, à son passage à Buntzlau, se rappela que c'était dans cette ville que le général Kutusof était mort; il demanda si un monument avait été élevé à la mémoire de ce généralissime des ar

mées russes. On lui répondit qu'il n'en existait aucune trace. «C'est

«un oubli, dit l'Empereur, et c'est à nous d'y suppléer.» La suite des événements a suspendu l'effet de cette noble inspiration, bien différente de celle qui empêcha l'érection du monument à la mé

Voici des détails intéressants sur la marche de l'Empereur, de Buntzlau à Rosnig; ils sont extraits du curieux récit fait par le major saxon Odeleben, témoin oculaire de la campagne de 1813 :

Napoléon montrait beaucoup de sérénité. Son amour-propre était flatté du spectacle de l'armée des alliés fuyant devant la sienne,

Le 5e corps, qui formait la tête de l'aile gauche française, arriva, le 26, à Haynau. Cette ville était occupée par trois bataillons d'infanterie et trois régiments de cavalerie légère prussienne. La division Mai-moire du général Duroe. son, précédée d'un bataillon d'avant-garde, déboucha de Haynau à la suite de l'ennemi. Ce bataillon était à peine à une demi-lieue de distance, lorsqu'il fut chargé en flanc par 3,000 hommes de cavalerie prussienne, et de l'idée de se voir bientôt maître d'une grande partie de la Siléculbuté et rejeté sur la division, après avoir laissé entre les mains de l'ennemi deux canons, trois caissons et environ 100 prisonniers. Mais le général Maison ayant promptement formé ses troupes, arrêta la pour-blissements qui se trouvaient sur son chemin, remarquait la direcsuite de la cavalerie ennemie, et son commandant, le colonel Buchloss, fut tué dans l'action. Ce petit échec

sort du camp, accompagné seulement du prince de Neufchâtel, du duc de Vicence et du docteur Yvan. Il veut voir Duroc, et l'embrasser une dernière fois. Cette scène a été déchirante 1.....

Duroc mourut dans la nuit.

«La nouvelle que Duroc a cessé de souffrir arrive à Napoléon, à son quartier-général de Gorlitz. L'Empereur ordonne que son corps soit transporté à Paris, pour y être déposé sous le dôme des invalides. Il veut acheter de ses propres deniers la maison où Duroc est mort, et charge le pasteur du village de placer, à l'endroit où fut le lit du maréchal, une pierre monumentale qui dise à la postérité :

Ici, le général Duroc, duc de Frioul, grand-maréchal du palais de l'empereur Napoléon, frappé d'un boulet, a expiré dans les bras de son empereur et de son ami.»

La garde et la conservation de ce monument, sont une charge qui doit grever désormais la propriété de la maison, et c'est à cette condition que Napoléon en fait don à celui qui l'occupe actuellement comme locataire. Le pasteur, le juge et le donataire sont appelés: on leur fait connaître les intentions de l'Empereur; ils prennent l'engagement de les remplir; les fonds nécessaires à l'acquisition sont tirés de la cassette particulière de l'Empereur, et remis entre leurs mains, et c'est en s'inclinant avec respect que le nouveau propriétaire accepte l'espèce de sacerdoce que la douleur de Napoléon lui impose.»

Les intentions de l'Empereur ne furent point remplies. - Un ordre de l'état-major russe fit saisir, entre les mains du pasteur Her. mann, à Markersdorf, la somme destinée à élever un monument à la mémoire d'un guerrier mort sur le champ de bataille.

1 L'Empereur alla voir Duroc et essaya de lui donner quelques espérances; mais Duroc, qui ne s'abusait pas, ne lui répondit qu'en le suppliant de lui faire donner de l'opium.... L'Empereur, trop affecté, se déroba à ce déchirant spectacle.... Alors l'un de nous le général Gourgaud) lui a rappelé, que revenu d'auprès de Duroc, il se mit à se promener seul devant sa tente; personne n'osait l'aborder. MÉMOIRES DE SAINTE-HÉLÈNE.)

sie, où la facilité des subsistances devait favoriser ses entreprises. En route, il s'informait fréquemment de la distance de Liegnitz et de Breslau.... S'occupant de tous les objets qui le frappaient, comme l'aurait pu faire un homme libre de tous soins, il examinait les éta

tion des montagnes, réprimandait les soldats qui commettaient des chaient isolés, etc.... Il s'était ainsi avancé sur la route jusqu'à Midésordres, pressait les pas de ceux qui étaient en arrière, ou marchelsdorf, lorsqu'il y trouva le chemin barré par quelques régiments de cavalerie ennemie. L'infanterie française était encore en arrière, et les Russes s'avancèrent en nombre supérieur... Ils étaient déjà tout près de Napoléon, que celui-ci restait tranquillement à pied sur la grande route, le dos tourné à l'ennemi. Il fit avancer à peu près douze pièces, et dit, en plaisantant, à Berthier, qui lui faisait observer que l'ennemi s'approchait beaucoup : «Eh bien, nous avance<rons aussi..... Cependant les colonnes d'infanterie arrivaient, la cavalerie russe se disposa à la retraite, et après avoir reçu quelques décharges, elle évacua peu à peu toute la contrée jusque derrière Liegnitz. Napoléon manœuvra ce jour-là avec une précision extrême. Dirigeant lui-même les mouvements des troupes qui marchaient en avant, il se portait d'une hauteur à l'autre ; faisait le tour de toutes les villes et de tous les villages pour reconnaître les positions, et ne laissait échapper aucune des ressources que lui offrait le terrain; avait-on cessé pendant un instant de suivre les mouvements avec attention, on trouvait la scène changée. Une colonne avait débouché par un chemin creux, par un village, par un bois, et prenait possession d'une hauteur, pour la défense de laquelle une batterie était déjà toutè prête. Napoléon indiquait tous ces mouvements avec un tact extrêmement sûr. Il ne commandait qu'en grand, transmettant en personne, ou par ses officiers d'ordonnance, ses ordres aux commandants des corps et des divisions, lesquels, à leur tour, envoyaient les leurs aux commandants de bataillons. Tous les ordres étaient courts et précis, et c'est ainsi qu'il les donnait toujours, tant à la cour qu'à l'armée. Jamais personne ne lui demandait d'explications....

Le 29, ne sachant pas encore jusqu'à quel point la prudence lui permettrait de s'avancer sur la route de Breslau, il s'établit à Rosnig, très petite ferme qu'on avait déjà pillée. Il n'y avait pour son usage qu'une pièce et un cabinet. Berthier fut obligé de se contenter dans un bâtiment en face d'une espèce de chambre de domestique. Lorsqu'on fit observer à Napoléon qu'il serait très mal, il répondit : «Eh bien, nous serons comme en Pologne.» M. de Bassano, M. Daru,

Silésie fut occupée le 1er juin par le corps du général Lauriston.

L'armée combinée se trouvait ainsi dans une position fort critique, puisqu'elle était sur le point d'être acculée dans la haute Silésie. Ce fut alors que les deux monarques alliés, s'en référant à la médiation de l'Autriche, depuis long-temps acceptée par Napoléon, proposèrent un armistice, afin de gagner du temps.

Le 29, au matin, le général russe Schouvalof, et le général prussien Kleist, se présentèrent aux avantpostes du général Reynier, du côté de Jauer; un malentendu les ayant empèché de passer, la conférence fut forcément remise au lendemain. Le duc de Vicence était chargé de la négociation. Des pourparlers eurent donc lieu le 30, et durèrent dix-huit heures; mais rien ne fut décidé, et le duc de Vicence revint auprès de l'Empereur dans la nuit du 30 au 31.

Le 31, l'avant-garde française ayant continué son mouvement en avant, les commissaires ne purent se réunir que le soir, du côté de Strigau, au village de Goebersdorf. Cette seconde conférence se prolongea jusqu'au lendemain, et eut pour résultat la signature d'une suspension d'armes de trente-six heures. Les conférences continuèrent à Goebersdorf, entre les deux camps les deux armées étaient en présence, attendant sous les armes, et la mèche continuant de brûler sur les canons.

Le duc de Vicence déclara aux commissaires russe et prussien que l'empereur Napoléon était prêt à traiter de la paix sur des bases honorables pour toutes les parties. Les commissaires alliés répondirent que l'armistice n'était à autre fin que d'entendre les propositions de la puissance médiatrice. Après de nombreux débats, l'armistice fut enfin conclu, le 4 juin, à Plesswitz, et ratifié, le lendemain, par le prince de Neuchâtel et par le général Barclay de Tolly '.

Après la conclusion de cette affaire, l'Empereur re partit pour Dresde, en s'écriant : «Si les alliés ne veulent pas de bonne foi la paix, cet armistice peut nous devenir bien fatal !»

Blocus, siége et délivrance de Glogau.- De toutes les places investies, Glogau fut la seule qui resta en communication avec l'armée jusqu'à la reprise des hostilités.

Dès le 20 février, la garnison de cette place était réduite à moins de 5,000 hommes; mais ce ne fut que le 15 mars qu'elle fut entièrement bloquée. Le général Saint-Priest se présenta sous ses murs avec 8,000 hommes d'infanterie, 2,000 chevaux et vingt pièces d'artillerie, et lui fit sommation de se rendre. Cette démarche étant restée sans réponse, le général prussien Scholler fit, le 30, une seconde sommation qui n'eut pas plus de succès que la première, quoiqu'il canonnât la place avec seize pièces de gros calibre, et qu'il menaçât la garnison d'être envoyée en Sibérie. Les batteries ennemies, réduites au silence le 31, furent détruites dans une sortie. Jusqu'au 30 avril, la garnison resta confinée dans la place, à cause des renforts qui arrivaient chaque jour au corps du général Scholler.

Le 1er mai, à une heure du matin, un corps prussien dirigea contre la tête du pont de la rive droite de l'Oder une attaque vive et imprévue; il lâcha deux brûlots qui éclatèrent avant que d'arriver aux contrepilotis. L'ennemi parvint jusqu'aux abatis; mais il ne

des réserves sur les frontières de la Pologne russe, et Bernadotte, qui a débarqué, le 18 mai, à Stralsund.

«Quoique l'armistice soit contraire à la France, par toutes les raisons que nous venons de dire, il n'en est pas moins désiré par Napoléon, comme acheminement à la paix.

C Au pis aller, cette trève ne sera pas pour nous sans avantages:

la cavalerie pourra rejoindre; l'organisation de notre jeune armée,

ébranlée par deux grandes batailles et de longues marches, aura le temps de se raffermir; enfin nos lignes de communication, découvertes par suite d'un prolongement trop rapide, pourront être fortifiées et dégagées de tous les dangers qui menacent leur sûreté.

«Ainsi, des deux côtés on est d'accord pour un armistice. — Mais sur quelle ligne de démarcation les deux armées s'arrêteront-elles ? Hambourg et Breslau sont les deux points qu'on se dispute avec le plus de vivacité.

«La ligne de l'Elbe est trop importante à la sûreté de l'armée fran

les aides de camp, et la suite, étaient logés dans des chaumières, dans des granges, ou même bivouaquaient dans les jardins attenants. «Avant que Napoléon quittât, le 30, cette misérable ferme de Rosnig, il arriva un accident très fâcheux. Le feu prit à une métairie voisine, dans la cour de laquelle se trouvaient quatorze à quinze fourgons. Un de ces fourgons contenait, outre les objets destinés aux besoins de Napoléon, comme habits, linge, etc., plusieurs objets de prix, bagues, tabatières. Un autre contenait la caisse du payeur des voyages. Quelques-uns des aides de camp et autres offi-çaise, pour que nous puissions la compromettre en laissant l'en ciers de la maison, perdirent, dans cet incendie, leur garde robe et leur cassette. Le jour suivant, on vit rouler, au quartier-général, beaucoup de pièces d'or enfumées et à moitié fondues... Je ne doute nullement, si le propriétaire a fait passer le monceau de ces cendres au tamis, qu'il n'y ait trouvé un ample dédommagement de ses pertes.

Après cet incendie de Rosnig, l'Empereur n'avait plus de quoi changer, et l'on fut obligé de lui faire faire à la hâte quelques culottes à Breslau.»

1 On ne s'abusait point au quartier-général de l'Empereur, sur l'opportunité de cet armistice. On en appréciait les avantages et les inconvénients. Ce qu'en dit M. Fain, dans son Manuscrit de 1813, résume sans doute les conversations des maréchaux, et peut-être de l'Empereur lui-même à ce sujet.

«L'armistice sera utile à nos ennemis: 10 Parce qu'il leur permet de se rallier et de rectifier la mauvaise position où ils se sont jetés; 20 parce qu'il doit arrêter l'élan de notre marche victorieuse ; 30 parce qu'il doit aggraver le sort de nos garnisons bloquées, que nous étions au moment de secourir; 40 enfin, parce qu'il donne aux Russes et aux Prussiens le temps d'appeler à eux de nombreux renforts et de nouveaux alliés, entre autres Bénigsen, qui réorganise

nemi s'établir définitivement à Hambourg. Quant à Breslau, l'Em pereur, arrivé sur l'Oder, prétend bien ne pas reculer; mais l'ennemi, acculé dans la Haute-Silésie, veut, à tout prix, rouvrir ses communications avec Berlin. Les Prussiens demandent que la Silésie tout entière leur soit rendue, et l'opiniâtreté qu'ils mettent dans leurs instances est au moment de tout gåter.....

Peut-être nos dernières batailles n'ont-elles pas été assez décisives; peut-être fallait-il quinze jours de guerre de plus, et une troisième victoire pour en finir ensuite plus sûrement et plus vite! Tant de prétentions que les ennemis ont conservées font craindre à l'Empereur qu'ils ne cherchent dans l'armistice un moyen de guerre plutôt qu'un préliminaire pour la paix. Il se décide cependant à en courir les risques. Le vœu général autour de lui est pour un armistice. Il lui importe surtout qu'on ne puisse plus douter du désir qu'il a de la paix, et il en veut donner la preuve au prix de ses plus grands intérêts militaires. Il renonce à la possession de Breslau ; il abandonne la ligne de l'Oder; il consent à faire replier son armée sur Liegnitz.

"Quant à Hambourg, la décision est laissée au hasard du statu quo: si, comme nous l'espérons, nous y sommes rentrés, nous y

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put aller plus loin, et fut obligé de rétrograder avec ¡ ver le corps de Bulow, qui se montait à plus de 30,000,

perte.

grâce à quelques divisions russes et prussiennes qui
s'étaient réunies à lui. Le 27 au soir, le corps du duc
de Reggio était à Hoyerswerda, où Bulow arriva le
même jour, après avoir laissé 9,000 hommes devant
Wittemberg. Le lendemain matin, le général prussien
attaqua les Français sur les deux rives de la Schwartz-
Elster; mais malgré la supériorité numérique de ses
forces, il fut repoussé et forcé de se retirer sur Cot-
bus, où il prit position, ayant une division à Guben,
une autre à Drebkou, et une troisième à Juterbogk.
Le duc de Reggio, trop faible pour prendre l'offen-

le 2 juin, à Kirchayn; de son côté, Bulow se rendit, le 3, à Luckau, qu'il craignait de perdre. Le duc de Reggio, instruit de ce mouvement, se dirigea, le 4, sur cette même ville. Son avant-garde attaqua les Prussiens vers neuf heures du matin, et les rejeta dans la ville, dont elle occupa le faubourg.

¿Les assiégeants ouvrirent, dans la nuit du 6 au 7, un boyau qu'ils poussèrent jusqu'à cent toises des chemins couverts du fort de l'Étoile. La garnison fit une sortie le 7, et, après un engagement meurtrier, elle combla les travaux de l'ennemi. L'artillerie de siége arriva, le 17, de Breslau. Le 21, les Prussiens voulurent une seconde fois essayer de détruire le pont à coups de canon; mais 300 des assiégés sortirent de la place à la garde montante, passèrent le pont, franchirent les abatis, coururent sur la batterie et la détruisirent. Le lendemain, l'artillerie de siége re-sive, resta quelques jours à Hoyerswerda, et se porta, tourna à Breslau, et la place fut débloquée dans la nuit du 27 au 28. Le 29, l'arrivée du 2o corps sous les murs de la place en compléta la délivrance. «Quel jour d'allégresse pour cette brave garnison, dit à ce sujet un témoin oculaire, après quatre mois de blocus et de siége! Les troupes qui ont fait la dernière campagne ont eu le temps de se rétablir de leurs fatigues; les Les Français attaquèrent l'ennemi avec une grande nouveaux soldats se sont formés et aguerris; le général | résolution; mais celui-ci, à l'abri derrière les bonnes Laplane, gouverneur de Glogau, l'adjudant comman- murailles qui entourent cette ville, se défendit vigoudant Durrieu, qui est à la tète des troupes, et le généreusement. Le centre de Bulow étant assuré, ce géral Dode, directeur du génie, recueillent le fruit de néral put renforcer ses ailes, Les Français furent alors leurs travaux, et l'armée trouve dans Glogau un ren- | attaqués par les deux flancs, et, après un combat sanfort de 4,000 hommes dignes de combatire dans les glant, auquel la nuit seule mit fin, obligés de se retirer rangs des vainqueurs de Lutzen et de Bautzen.>> ayant perdu 1,100 hommes et un obusier. L'en. nemi perdit à peu près autant de monde. Le due de Reggio se retira sur Ubigau, où il apprit qu'un armistice venait d'être signé, et où il s'établit en attendant les ordres de l'Empereur.

Combat de Luckau. Nous avons dit que le duc de Reggio était resté sur le champ de bataille de Bautzen avec le 12 corps, fort de 16,000 hommes, pour obser

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1813. — DEUXIÈME CAMPAGNE D'ALLEMAGNE.

VICTOIRE DE DRESDE.

DÉFAITES DE KULM, DE GROSS-BEEREN, DE LA KATZBACH ET DE JUTERBOGK.

SOMMAIRE.

-

Activité de l'Empereur. — Ses dispositions. — Nouveau plan de campagne. — Médiation de l'Autriche. — L'Empereur et le prince de Metternich. Prétentions du cabinet autrichien. Négociations sans résultats. Séjour et travaux de l'Empereur à Dresde. — Voyages divers. L'Autriche se réunit à la coalition. Rupture de l'armistice. - Position des deux partis. Efforts des Coalisés. Forces respèctivés des armées françaises et alliées. → Commencement des hostilités. → Combats de la Bober et de Goldberg. - Bataille de Dresde, Bataille de Kulm, Défaite et prise de Vandamme. Bataille de Gross-Beeren, Retraite d'Oudinot. → Bataille de la Katzbach. Retraite de Macdonald. —Combat de Plagwitz. - Désastre de la division Futhod.— Bataille de Juterbogk.-Retraite de Ney. - Réflexions.

ARMÉE FRANÇAISE.

Général en chef. → L'Empereur NAPOLÉON.

Activité de l'Empereur.-Ses dispositions.-Nowveau plan de campagne. →→ La diplomatie était venue au secours des armées vaincues; mais l'armistice conelu à Plesswitz, les négociations qui allaient s'entamer, n'empêchèrent point l'Empereur, dès son retour à Dresde, de s'occuper des préparatifs nécessaires pour être en mesure d'agir avec avantage si la mauvaise foi de l'ennemi, la défection de quelques-uns de ses alliés, ou des prétentions inconciliables avec l'honneur et la sureté de l'empire français, l'obligeaient à recommencer une campagne nouvelle. Car, seul de tous les souverains de l'Europe, à cette époque où les mots d'indépendance générale, de pacification européenne, de repos des peuples, formaient le fond de tous les manifestes, l'Empereur alors voulait la paix sincère

ment.

ARMÉES ALLIÉES.

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Cette résolution hardie effrayait déjà quelques-uns des chefs de l'armée dont l'audace était amortie par l'âge. Ils craignaient que l'Autriche, jetant le masque et passant aussi du côté des alliés, ne livrat les passages de la Bohème, ce qui aurait permis à l'ennemi de prendre à revers les positions, et de couper les communications avec la France. Leur plan était prudent: ils parlaient de quitter la vallée de l'Elbe, de se retirer sur la Saale, et de là sur le Rhin, abandonnant ainsi à leur fortune et les peuples amis, les Danois, les Polonais, et les peuples alliés, les Saxons, les Westphaliens, et les garnisons des forteresses de l'Elbe, de l'Oder et de la Vistule.

«Avec ce que vous me proposez de sacrifices pour «mieux faire la guerre, leur répondait l'Empereur, je «ferais sur-le-champ la paix..... Vous craignez que je «ne sois aventurë, si l'ennemi vient se placer entre «mes lignes fortifiées de l'Elbe et du Rhin; mais s'il a «cette audace, j'entre alors en Bohême, et c'est moi «qui le prends à revers. Rappelez-vous Arcole, Ma«rengo, Austerlitz et Wagram; n'étais-je pas alors «dans une position plus hasardée ? C'est dans les «plaines de la Saxe que le sort de l'Allemagne doit «maintenant se décider. Je vous le répète, la position «que je prends m'offre des chances telles, que l'en«nemi, vainqueur dans dix batailles, pourrait à peine «me ramener sur le Rhin; tandis qu'une seule bataille «gagnée me suffit pour rentrer dans ses capitales, «débloquer les places de l'Oder et de la Vistule, et for «cer les alliés à la paix.»

L'étude des cartes de la Bohême, de la Saxe et de la Silésie, la reconnaissance des lieux par des visites sur le terrain, l'examen et le choix des endroits qu'il était convenable de fortifier, occupaient tous les instants que lui laissaient la correspondance avec l'empire, et les revues journalières des troupes qui arrivaient de France. La ligne de l'Elbe fut mise en état de défense. Des ponts militaires, jetés sur le fleuve, assurèrent les communications de l'armée; un camp retranché, établi à Pyrna, ferma les défilés de la Bohême. Dresde❘ enfin, dont l'enceinte avait été complétée par des fossés et des palissades, fut défendue en outre par une ligne de redoutes avancées, armées d'artillerie. Cette ville, dans le plan de l'Empereur, devait être le centre de toutes les opérations. «Dresde, disait-il à ses généaraux, est le pivot sur lequel je veux manœuvrer pour Médiation de l'Autriche.-L'Empereur et le prince «faire face à toutes les attaqués. Depuis Berlin jusqu'à | de Metternich. → Prétentions du cabinet autrichien. «Prague, l'ennemi se développe sur une circonférence La médiation de l'Autriche n'avait encore rien fait «dont j'occupe le centre: les moindres communica- ¦ pour le but qu'elle s'était chargée d'atteindre, la paix ; «tions s'allongent pour lui dé tous les contours qu'il «doit suivre, ét moi, en quelques marches, je puis «arriver partout où ma présence et mes réserves sont «nécessaires. >>

elle avait arrêté, par l'armistice, la marche victorieuse de Napoléon: mais son envoyé, le comte de Bubna, apportait sans cesse de nouvelles difficultés aux propositions des plénipotentiaires français. L'é

«neutre; cela vous convient-il? Mon armée suffit pour «mettre les Russes et les Prussiens à la raison; votre «neutralité est tout ce que je demande.>>

poux de Marie-Louise s'en plaignit à son beau-père; | «et venez au but. Je vous ai offert l'Illyrie pour rester celui-ci avait une loyauté naturelle qui mettait en danger la politique du cabinet autrichien. Son principal ministre, peut-être dans l'espoir de mieux tromper la perspicacité de l'Empereur, se rendit lui-même à Dresde.

:

«Vous voilà donc, Metternich! dit Napoléon; soyez le <<< bienvenu; si vous voulez la paix, pourquoi venir si tard? «Nous avons déjà perdu un mois, et votre médiation de«vient hostile, à force d'être inactive... Il ne vous con«vient pas, dites-vous, de garantir l'intégrité de l'empire «français pourquoi ne pas me l'avoir déclaré plus tôt, «à mon arrivée de Russie, ou avant mon départ de Pa«ris?..... J'aurais été à temps de modifier mes plans: «peut-être ne serais-je pas rentré en campagne.... Vous «m'avez laissé m'épuiser par de nouveaux efforts; <«<vous comptiez sans doute sur des événements diffé«rents, et surtout moins rapides... Ces efforts hardis, «la victoire les a couronnés. Je gagne deux batailles ; <«<mes ennemis, affaiblis, sont au moment de revenir de <«<leurs illusions; soudain vous vous glissez entre nous; «vous me parlez d'armistice et de médiation; vous leur «parlez d'alliance, et tout s'embrouille.... Sans votre «funeste intervention, la paix serait faite aujourd'hui. | «Pour moi, jusqu'à présent, les résultats de l'armis«tice sont les traités que l'Angleterre vient d'obtenir «de la Prusse et de la Russie, et peut-être même d'une «<troisième puissance..... Mais, à cet égard, votre ca«binet doit être mieux informé que moi....

«Convenez-en : depuis que l'Autriche a pris le titre «de médiateur, elle n'est plus de mon côté; elle n'est «plus impartiale; elle est ennemie; vous alliez vous «déclarer, quand la victoire de Lutzen vous a arrêtés. «Vous avez alors senti le besoin d'augmenter vos for«ces, et vous avez voulu gagner du temps.... Aujour«<d'hui, vos 200,000 hommes sont prêts; c'est Schwart«<zenberg qui les commande; il les réunit en ce moment, «ici près, derrière le rideau des montagnes de la Bo«hême. Et parce que vous vous croyez en état de dicter «la loi, vous venez me trouver! La loi! et pourquoi «ne vouloir la dicter qu'à moi seul? Si vous êtes mé«diateur, pourquoi du moins ne pas tenir la balance «égale?.... Je vous ai deviné: votre cabinet veut pro«fiter de mes embarras, et les augmenter même pour «recouvrer ce qu'il a perdu. Votre grande perplexité «<est de savoir si vous pouvez me rançonner sans com«battre, ou si nous devons être ennemis. Vous ne ve«nez ici que pour mieux décider la question. Eh bien! «soyez franc. Voyons, que voulez-vous ?»

Cette attaque était vive. Metternich, étonné, se défendit avec tout l'attirail des phrases diplomatiques. «Le seul avantage, dit-il, que l'empereur, mon maître, «soit jaloux d'acquérir, c'est l'influence qui communi«querait aux cabinets de l'Europe l'esprit de modéraation, le respect pour les droits et les possessions des «États indépendants qui l'animent lui-même.... L'Au«triche veut établir un ordre de choses qui, par une «sage répartition de forces, place la garantie de la «paix sous l'égide d'une association d'États indépen«<dants.>>

«Parlez plus clair, dit l'Empereur en l'interrompant,

-«Ah! sire, reprit vivement Metternich, pourquoi «votre majesté resterait-elle seule dans cette lutte? «Pourquoi ne doublerait-elle pas ses forces? Il ne tient «qu'à vous de disposer entièrement des nôtres. Les «choses en sont au point que nous ne pouvons plus res«ter neutres; il faut que nous soyons pour ou contre «vous. >>>

La conversation s'arrêta un instant. L'Empereur réfléchit et conduisit Metternich auprès de ses cartes. Le ministre autrichien parla à voix basse, et comme étonné de sa propre audace, mais en même temps avec une sorte de fermeté. C'était comme l'usurier qui veut faire acheter encore un secours à l'homme qu'il a ruiné.

La patience de l'Empereur, cette patience qu'il avait espéré de retenir n'y tint pas. «Eh quoi! s'écria-t-il, «non-seulement l'Illyrie, mais la moitié de l'Italie, et «le retour du Pape à Rome, et la Pologne, et l'aban«don de l'Espagne, et la Hollande, et la confédération «du Rhin, et la Suisse ! Voilà donc l'esprit de modé«ration qui vous anime? Vous ne pensez qu'à profiter «de toutes les chances; vous n'êtes occupé qu'à trans«porter votre alliance d'un camp à l'autre, pour être «toujours du côté où se font les partages, et vous «parlez de respect pour les droits des États indépen«dants!....

«Au fait, vous voulez l'Italie; la Russie veut la Po«logne; la Suède veut la Norwège; la Prusse veut la «Saxe, et l'Angleterre veut la Hollande et la Belgique. «Pour vous, la paix n'est qu'un prétexte. Vous n'as| «pirez qu'au démembrement de l'empire français !...»

Metternich ne répliquait pas un mot. Un profond silence régnait dans le salon. La voix de l'Empereur était sonore et vibrante. Il ajouta, avec une expression d'amertume non déguisée : «Et pour couronner une «telle entreprise, l'Autriche croit qu'il lui suffit de «se déclarer. Elle prétend, d'un trait de plume, faire «tomber les remparts de Dantzick, de Custrin, de Glo«gau, de Magdebourg, de Wesel, de Mayence, d'An«vers, d'Alexandrie, de Mantoue, de toutes les places «fortes dont je n'ai pu obtenir les clefs qu'à force de «victoires! Et moi, docile à votre politique, il me fau«drait évacuer l'Europe, dont j'occupe encore la moi«tié, ramener mes légions, la crosse en l'air, derrière «le Rhin, les Alpes et les Pyrénées, souscrire à un «traité qui ne serait qu'une vaste capitulation, me li«vrer comme un sot à mes ennemis, et m'en remettre, «pour l'avenir, à la générosité douteuse de ceux-là «même dont je suis aujourd'hui le vainqueur!...

«Et c'est quand mes drapeaux flottent encore aux «bouches de la Vistule et sur les rives de l'Oder, quand «mon armée triomphante est aux portes de Berlin et «de Breslau, quand je suis, moi, Napoléon, moi, «l'empereur des Français, à la tête de 300,000 hom«mes, que l'Autriche, sans coup férir, sans même tirer «l'épée, se flatte de me faire souscrire à de telles con«ditions!... Sans tirer l'épée! Cette prétention est un

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