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grave; enfin, le désir de plaire à l'Empereur par un, garde russe à Belzig. L'infanterie française eut d'abord brillant début, désir plus grand que la crainte de contrarier ses plans par un échec, tout concourut pour entraîner l'événement, et la bataille fut livrée le 23 août.»

Le 4 corps, commandé par le général Bertrand, resta aux prises toute la journée, sur la droite, avec l'armée prussienne du général Tauenzien, mais sans avantage marquant de part ni d'autre. Ce fut au centre, dans les villages de Beeren, que se portèrent les coups décisifs. Le 7° corps, commandé par le général Reynier, y combattait contre l'armée prussienne de Bulow. Le général Reynier réussit, dans la matinée, à faire plier ses adversaires, et leur enleva le village de Gross-Beeren. Mais, dans l'après-midi, Bulow revint à la charge. Son attaque, combinée avec le mouvement d'un corps suédois, avait été précédée par de vigoureuses décharges d'artillerie. Les divisions francosaxonnes, déjà ébranlées par la canonnade, se voyant prises entre deux feux, et bientôt assaillies de tous côtés par les baïonnettes russes et suédoises, ne purent soutenir le choc. Cependant ce succès de Bulow n'avait pas terminé la journée.

l'avantage; mais, tandis qu'elle était aux prises avec les troupes du général Hircheld, qui lui cédait le terrain, elle fut tournée et enveloppée par les Cosaques de Czernichef. Un 'grand désordre s'ensuivit. Le général Girard fut blessé, et sa colonne ne put rentrer à Magdebourg qu'en laissant 800 prisonniers et six canons au pouvoir de l'ennemi.

Le combat de Gross-Beeren eut encore un autre facheux résultat. Un corps français, aux ordres du prince d'Eckmulh, qui était chargé de la défense d'Hambourg et de l'Elbe inférieur, était arrivé, le 23, à Schwerin, poussant devant lui le général Valmoden, et avait détaché la division Loison sur Wismar et Rostock. Mais, à la nouvelle de l'affaire de Gross-Beeren, ce corps suspendit son mouvement.

Bataille de la Katzbach.— Retraite de Macdonald. - Les Français restèrent sur la Katzbach pendant toute la journée du 24. Le 3o corps était en position près de Rathkirch, ayant deux bataillons à Liegnitz; le 5o était établi en avant de Goldberg, et le 11o en arrière de cette ville, avec la cavalerie.

Le général Guilleminot, qui était sur la gauche, du Voyant qu'on ne l'attaquait pas, Blucher pensa que côté de Guttergotz, en observation devant les Russes Napoléon était parti pour Dresde, emmenant nécessai→ de Wintzingerode et de Woronzof, avait donné toute rement des troupes avec lui. Il voulut profiter de l'abson attention à la canonnade qui écrasait le centre de sence de l'Empereur et de la diminution des forces franl'armée française. A ce bruit, il n'avait pas hésité : lais-çaises, et il se décida à reprendre aussitôt l'offensive. sant là les Russes qui ne bougeaient pas, et mettant Il dirigea sur Malitick le corps de Sacken; celui d'York en pratique la maxime des tacticiens qui sont braves | resta à Jauer, et celui de Langeron se déploya dans la avant tout, à défaut d'ordres, il s'était dirigé sur le position de Hermsdorf. feu. Cependant il n'avait pu arriver sur le champ de bataille que le soir. Bulow était déjà maître de GrossBeeren, et le centre, aux ordres de Reynier, se trouvait en pleine retraite sur Gottow.

Le mouvement du général Guilleminot réussit d'abord à arrêter l'élan des Prussiens. Un nouveau combat s'engagea, et Bulow fut, à son tour, forcé de se retirer, en laissant au 12o corps le village de GrossBeeren et le champ de bataille.

Trois actions principales avaient ainsi eu lieu successivement à Gros-Beeren. Dans la première, le général Reynier avait été vainqueur de Bulow. Dans la seconde, Bulow, revenu sur ses pas, avait été vainqueur de Reynier, ou plutôt des Saxons; et dans la troisième, Guilleminot, accourant avec une partie du 12 corps, avait fini par rester maître du village.

Toutefois le 7 corps avait fait des pertes tellement graves' que le duc de Reggio se décida à une retraite générale. Il l'effectua par la route de Wittenberg, disputant le terrain pied à pied. Le 28, après cinq jours de retraite, son arrière-garde n'était encore qu'à dix lieues du champ de bataille; elle occupait Juterbogk. Dans le temps où se livrait le combat de Gross-Beeren, une division était sortie de Magdebourg, sous les ordres du général Girard, afin de tâcher de rejoindre le maréchal Oudinot.

Toute l'armée de Blucher s'ébranla le 26 août, à deux heures de l'après-midi, pour passer la Katzbach entre Liegnitz et Goldberg. Le but de l'ennemi était de faire attaquer le 3o corps par les troupes de Sacken et d'York, en même temps que Langeron remonterait la Katzbach pour contenir les 5 et 11e corps que Blucher pensaient être encore à Goldberg. De son côté, le maréchal Macdonald avait résolu de prendre l'offensive le même jour. Il supposait que l'ennemi était toujours dans ses positions de Jauer. Le 5o corps se porta en avant, excepté le général Puthod, qui dut se diriger sur Schonau et prendre la route de Jauer. Le 3e corps passa la Katzbach près de Liegnitz, et s'avança vers Jauer. Le 11o corps eut ordre de passer la rivière au gué de Schmochowitz, et de prendre la même direction par la rive droite de la WuthendeNeiss, tandis que le général Sébastiani, avec sa cavalerie, devait remonter par l'autre rive pour se rapprocher du 5o corps.

L'armée combinée avait à peine commencé son mouvement, qu'on vint prévenir Blucher que l'armée française avait passé la Katzbach, qu'elle était en vue, et que le 5o corps attaquait déjà vigoureusement les troupes du général Langeron. A l'instant, Blucher disposa tout pour le combat: le corps de Sacken, qui s'était avancé dans la direction d'Eicholz, s'arrêta

Le 27, cette colonne tomba au milieu de l'avant- derrière le plateau à gauche de cet endroit, dont il

Le 7° corps eut 3,000 hommes tués ou blessés. et perdit treize pièces de canon. Il laissa en outre 1500 Saxons prisonniers, qui, le lendemain même, s'enrôlèrent au service de la Prusse.

fit occuper les hauteurs par une forte batterie, qui fut bientôt appuyée par une autre batterie prussienne de douze pièces. Il était alors trois heures après midi.

Combat de Plagwitz. Désastre de la division Puthod. - Le général Puthod, comme nous l'avons vu, avait été détaché sur Schonau et Jauer, dans la

Les masses ennemies qui s'étaient ébranlées firent juger au maréchal Macdonald qu'il avait devant lui toute l'armée alliée; aussi se hâta-t-il de déployer ses lignes. Le 11° corps se développa entre Weinberg et Klein-journée du 26 août. Il était au tiers du chemin de Tintz; le 3e corps et la cavalerie eurent ordre de faire toute diligence pour entrer en ligne.

Schonau à Jauer, lorsqu'il fut informé de la malheureuse issue de la bataille de la Katzbach. Cette nouvelle l'obligeant à revenir sur ses pas, il se retira sur Hirschberg, où il tenta inutilement de passer la Bober. Le pont ayant été rompu en cet endroit, le général Puthod longea la rive droite pour tâcher de découvrir un passage plus bas. Il arriva, le 29, en vue de Lowenberg, et il essaya vainement de rétablir le pont de cette ville. Le général Langeron l'ayant bientôt joint, il voulut percer par Buntzlau; mais déjà là route de cette dernière ville était au pouvoir du gé

par le général Korf et par l'infanterie du prince Czerbatow. Ainsi cerné, le général Puthod résolut de se défendre; il prit, en conséquence, position sur la

La droite des Français était appuyée à la WuthendeNeiss, mais la gauche était tout-à-fait en l'air, position très défavorable, et dont l'ennemi se hata de profiter. La cavalerie de Sacken et une partie de celle d'York, conduites par le général Wassilczikow, reçurent l'ordre d'attaquer de front, un peu à droite d'Eicholz, l'extrême gauche du 11e corps; en même temps, deux autres régiments de cavalerie, débouchant entre Eicholz et Hochkirch, devaient la prendre en flanc, tandis qu'un fort détachement de Cosaques la tour-néral Rudzewicth, et celle de Zobten, était occupée nerait en dépassant Klein-Tintz. En même temps, le corps du général York se déploya entre Weinberg et Tricbelwitz. L'extrême gauche du 11o corps était vivement pres-hauteur de Plagwitz, devant Lowenberg, et attendit sée par la cavalerie ennemie, et la cavalerie du général Sébastiani, obligée de traverser un long défilé encombré par l'artillerie, les équipages et l'infanterie du 3e corps, ne pouvait fournir que des charges partielles qui étaient repoussées par la cavalerie ennemie, bien supérieure en nombre. Deux brigades du 3e corps, qui voulurent soutenir quelques-unes des charges de la cavalerie française, furent refoulées, avec cette cavalerie, dans le défilé, où le parc du 11° corps et presque tous les bagages tombèrent au pouvoir des Prussiens.

l'ennemi. Deux divisions d'infanterie et une cavalerie nombreuse vinrent bientôt l'attaquer de trois côtés : la division française se défendit avec la plus grande résolution; mais les munitions vinrent à lui manquer, et accablée par le nombre, elle fut rompue, précipitée dans la Bober, et détruite presque entièrement. Le général Puthod fut fait prisonnier avec un de ses généraux de brigade.

Les Français perdirent, dans la bataille de la Katzbach, dans les combats du 5o corps et de la division Puthod, 10,000 hommes tués ou blessés, 15,000 prisonniers et trente pièces de canon. L'ennemi eut à peu près un nombre égal de tués et de blessés.

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Retraite de

Bataille de Juterbogk-Dennewitz. Ney. - Après la bataille de Gross-Beeren, l'Empereur, mécontent, avait envoyé le maréchal Ney prendre le commandement supérieur des troupes qui venaient de combattre sous les ordres d'Oudinot. L'intention du maréchal Ney était d'abord de marcher rapidement vers Dahme, afin de se mettre sur la ligne d'opération de Dresde à Berlin. Mais, quelles que fussent son ha

Le maréchal Macdonald s'occupa de faire soutenir sa retraite sur la Katzbach, au gué de Schmochowitz, seul point vers lequel il pût l'effectuer. Les corps d'York et de Sacken, qui s'étaient déployés de plus en plus devant le 11 corps, l'acculèrent à la Katzbach et à la Wuthende-Neiss, et les troupes qui le composaient soutinrent, à l'entrée de la nuit, un combat tout-à-fait disproportionné. Les deux divisions du 3o corps, qui n'avaient pas été engagées, passèrent le gué de Schmochowitz à neuf heures du soir, et, guidées par le général Tarayre, gravirent les hauteurs qui encaissent la Katzbach. Ces troupes étaient soute-bileté et la bravoure de ses soldats, il ne lui était guère nues de quinze pièces de canon, et le maréchal Macdonald espérait qu'une diversion avantageuse naîtrait de ce mouvement; mais il ne tarda pas à reconnaître son erreur. La tête de colonne du général Tarayre, abordée par le corps de Sacken tout entier, fut culbutée et forcée d'abandonner le champ de bataille jonché de ❘ ses morts. Macdonald ramena, dans la nuit, son armée à la rive gauche de la Katzbach, et se retira sur Buntzlau. Le 5e corps se retira par Pransnitz; mais attaqué le lendemain, près de Goldberg, par le général Langeron, qui était bien supérieur en nombre, n'ayant pas, d'ailleurs, de cavalerie pour se soutenir, il fut obligé, afin de pouvoir continuer sa retraite, d'abandonner dix-huit pièces de canon. Ce même jour, 27, Langeron entra à Goldberg. - Le 5o corps alla, le 28, rejoindre, à Buntzlau, les 3e et 11° corps. L'armée continua sa retraite, et repassa, le 4 septembre, le Zobaner-Wasser.

T. V.

possible d'exécuter un tel projet; car les trois corps réunis dont il avait le commandement ne formaient pas un total de plus de 45,000 hommes, tandis que le prince royal de Suède, Bernadotte, couvrant Berlin, pouvait encore s'opposer à sa marche avec une armée de 90,000 Suédois, Russes et Prussiens.

Le 5 septembre, le maréchal Ney se mit en mouvement sur Dahme, et le 12e corps, resté sous le commandement immédiat du maréchal Oudinot, chassa de Zahna le général prussien Taneuzien, et le repoussa sur Dennewitz.

Le 6, le mouvement continua. Le général Reynier, avec le 7o corps, se dirigea dans la plaine sur Rohrbeck; Oudinot, avec le 12o, marcha sur Ahna ; le général Bertrand, avec le 4e corps d'infanterie et le 3o de cavalerie, devait, sans attaquer l'ennemi, seulement en tournant Juterbogk, masquer la marche de deux autres corps sur Dahme, et leur servir ensuite d'arrière-garde.

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pouvoir de l'ennemi, dont la perte s'éleva à 8,000 hommes tués ou blessés.

Le 7 et le 12 corps ne quittèrent leurs positions frança's se réunirent, le 8, sous Torgau, derrière l'Elbe. qu'à dix heures, lorsqu'ils auraient dù partir à huit; ce La perte des Français, dans cette désastreuse jourretard dérangea une partie des combinaisons du ma- née, fut considérable; 10,000 hommes tués, blessés ou réchal Ney. Le 4e corps, qui seul était parti à l'heure prisonniers, trente-cinq pièces de canon et trois draindiquée, continuant sa marche sur la route de Juter-peaux appartenant aux régiments saxons, restèrent au bogk, rencontra l'arrière-garde du général Tauenzien, formée en arrière du ruisseau qui traverse le village de Dennewitz. Le général Bertrand prit aussitôt position en avant de ce village, et le combat s'engagea vivement de part et d'autre. La division de cavalerie lé- | gère du général Lorge ayant été mal engagée, fut ramenée en désordre; mais la bonne contenance des divisions Morand et Fontanelli arrêta la poursuite des Prussiens et rétablit le combat; le 4o corps, repoussant l'ennemi, gagna du terrain.

Cependant le général Bulow était arrivé au secours de Tauenzien, et attaquant aussitôt le 4o corps, il s'était emparé du village de Nieder-Gersdorf. Le maréchal Ney, concevant alors des inquiétudes pour le général Bertrand, vivement pressé par Bulow, et qui, depuis deux heures, était engagé, ordonna au 12o corps, qui arrivait seulement alors, de se diriger sur les hauteurs en arrière de Dennewitz, afin de soutenir le 4o. Dans le même moment, le 7o corps arrivant aussi, se plaça à la gauche de Dennewitz, et attaqua la droite de Bulow. Le général Guilleminot, officier-général d'un grand mérite, formant avec sa division la tête de colonne du 12o corps, marcha au pas de charge sur le village de Golsdorf, et s'en empara; la division Pacthod s'engagea aussi sur la droite du 12o corps.

On se battit alors de la droite à la gauche avec une grande opiniâtreté; cependant l'ennemi paraissait ébranlé, et les Français gagnaient du terrain, lorsque le prince royal de Suède, arrivant sur le champ de bataille avec ses réserves, décida la victoire en faveur des alliés. 40,000 hommes et cent cinquante bouches à feu s'avancèrent pour soutenir le général Bulow, déjà entamé. Le corps dų général Reynier, qui se trouvait au centre, attaqué brusquement, plia, et les deux divisions saxonnes qui en faisaient partie lâchèrent le pied, se retirèrent dans le plus grand désordre, et entraipèrent dans leur fuite le reste du 7o corps. --L'ennemi portant alors des masses entre les 4o et 12e corps, qui se battaient toujours avec une rare intrépidité, reprit les villages de Golsdorf et de Dennewitz; le maréchal Ney, voyant que toute résistance était deveque impossible, ordonna la retraite.

Réflexions. Les revers qui marquèrent si tristement une campagne recommencée par une brillante victoire, ont inspiré au général Jomini les réflexions suivantes, qui méritent d'être citées, et que, suivant le plan de son ouvrage, il a placées dans la bouche même de l'empereur Napoléon racontant sa vie au tribunal de César, d'Alexandre et de Frédéric. — Cette forme empruntée aux écrivains de l'antiquité a quelque chose de singulier, mais elle n'ôte rien au mérite des réflexions: «Je me suis un peu étendu sur ces désastres (c'est Napoléon qui est censé parler) parce qu'ils eurent une influence notable sur les résultats de la campagne. Ces échecs multipliés ont fait concevoir des doutes sur l'habileté de mon plan et sur la solidité des principes sur lesquels il reposait. Rien n'est plus injuste. Pour réussir, il ne m'a manqué que des troupes un peu plus aguerries et rompues aux fatigues, mais principalement une plus grande quantité de bonne cavalerie. Un plan basé sur l'emploi alternatif d'une masse supérieure au point décisif, exige que les armées secondaires qui restent sur la défensive soient organisées de manière à battre en retraite, pour ne pas se laisser entamer: or, les retraites ne s'effectuent pas sans une bonne cavalerie, surtout avec de l'infanterie peu expérimentée. Pour juger si le système des lignes centrales est défectueux, il importe d'établir parité de moyens, c'est-à-dire, il faudrait voir ce que j'eusse fait entre l'Elbe et la Katzbach, si j'avais eu, comme les alliés, des soldats robustes et 80,000 chevaux.

«Je ne dissimule pas néanmoins que le système des lignes centrales ne soit plus avantageux avec une ligne de 100,000 hommes contre trois corps de 33,000 hommes, qu'avec une masse de 400,000 contre trois armées de 120,000. D'abord, la difficulté des vivres devient extrême avec des armées aussi énormes, surtout dès qu'on réussit à les concentrer dans un espace étroit; ensuite, il est plus aisé de manœuvrer contre des fractions de 30,000 hommes, et de se porter des coups mortels, qu'il ne l'est d'entamer 120,000 combattants. Plus les masses sont grandes, plus l'action du génie est soumise au caprice des accidents, et plus les événements secondaires ont de réaction.

«Malgré ces vérités, ce n'était pas le système qui péchait, mais bien les mesures d'exécution. Pouvais-je prévoir que Macdonald s'exposerait à un revers sanglant, en agissant en sens contraire de mes instructions? Peut-être eussé-je mieux fait de l'attirer der

Les alliés s'étant emparés de la route de Wittemberg, par suite de la retraite précipitée du 7o corps, l'armée française dut se retirer sur Torgau. Elle voulut | encore tenir près de Rohrbeck: le 3e corps de cavalerie exécuta plusieurs belles charges, mais tous ces efforts étaient inutiles; le mouvement rétrograde était trop prononcé, et l'ennemi trop supérieur en nombre. La déroute du centre avait partagé en deux l'armée; les colonnes françaises, enveloppées d'une horrible pous-rière la Queiss à l'instant même où la question allait sière, ne purent conserver d'ensemble et se retirèrent. Le maréchal Ney, avec le 4o corps d'infanterie et le 3o de cavalerie, se replia sur Dahme; le maréchal Oudinot, avec les 7o et 12e corps, sur Schweidnitz.

se décider auprès de Dresde. Oui, je le crois, il eût été plus sage d'attendre l'issue de la bataille pour attaquer Blucher; car si nous avions été vaincus à Dresde, tout succès en Silésie aurait été éphémère, pour ne

Le lendemain, la retraite continua; les quatre corps pas dire calamiteux.

«On peut appliquer les mêmes reproches aux opérations d'Oudinot et de Ney contre le prince de Suède. En un mot, il aurait fallu frapper au point décisif avec la masse de nos forces, que j'aurais conduites en personne, et rester en observation sur la défensive partout où je ne serais pas. La première conséquence de ce système eût été de faire replier Macdonald sur Gorlitz, quand je marchai vers Dresde; ce qui m'eût permis d'emmener le 3 corps avec moi sur l'Elbe, et d'y frapper à coup sûr avec des forces plus considérables, soit sur Prague, soit sur Dresde. Si je déviai | de ces maximes, c'est dans l'espoir de diminuer les chances défavorables résultant de mon infériorité en nombre, en prenant partout l'initiative, et le non-succès de la campagne dépendit probablement d'un excès de confiance puisée dans l'application d'une règle si incontestable. Il en eût été autrement si j'avais pu me multiplier; car j'aurais bien su remédier par de bonnes manœuvres à une infériorité locale momentanée. Frédéric avait triomphe à Leuthen contre des forces triples; Macdonald ne pouvait-il pas lutter avec 80,000 hommes contre 95,000?

«Au fait, ce qui m'a le plus manqué dans cette campagne, ce sont deux lieutenants qui entendissent bien la grande guerre. Je n'étais sûr de rien là où je ne me trouvais pas en personne. Si jamais j'eus lieu d'éprouver que mon système d'état major était vicieux, ce fut dans ces opérations mémorables.

«J'aurais eu mauvaise grace d'attendre de mes lieutenants tout ce que j'aurais pu faire moi-même; cela était impossible. Arbitre des réputations comme grand capitaine, maître de la fortune de mes officiers comme souverain, je tenais en mes mains les deux grands mobiles qui dominent les hommes: dès que je paraissais sur un point, la confiance, l'enthousiasme, l'ambition, la crainte, toutes ces passions se réunissaient autour de moi; mes subordonnés leur déguisaient ou aplanissaient toutes les difficultés, et leur faisaient opérer des prodiges. Mes lieutenants, au contraire, rencontraient partout des rivalités, des défiances: à égalité de talent, ils n'eussent pu m'égaler dans leurs opérations; à plus forte raison, lorsqu'il n'y avait pas plus de similitude de caractère et de génie que de moyens d'action. »

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1813. — FIN DE LA SECONDE CAMPAGNE D'ALLEMAGNE.

BATAILLE DE LEIPSICK. RETOUR SUR LE RHIN.

SOMMAIRE.

Combats de Gieshubel, de Peterswalde et de Dolnitz (en Bohême).

Combat de Freybourg, d'Altembourg et de Zeist. Combat de Bischoffsverda (en Prusse). — fer combat de Wartenbourg. - Prise de Dessau. - Inaction momentanée. — Arrivée de l'armée de Pologne et des réserves russes. - Passage de l'Elbe par Blucher. - 2o combat de Wartenbourg. — Marche sur Berlin. - Premiers succès. -Défection de la Bavière. - Concentration de l'armée à Leipsick. — Combat de Wathau. — Combat de Vachau. — Arrivée de l'Empereur à Leipsick. — Reconnaissance de la ville et des environs. — Forces respectives des deux armées. — Bataille de Leipsick. — Journée du 16 octobre. - Tentative de négociations. — Bataille de Leipsick. — Belle défense de Probstheyda. — Défection des Saxons et des Wurtembergeois. - Evacuation de Leipsick. Mort de Poniatowski. Désastre de l'armée française. - Entrée des souverains alliés dans Leipsick. Leur entrevue avec Bernadotte. Résumé des pertes des Français et des Coalisés. - Retraite sur Erfurth. - Combat Situation de l'armée. Départ du roi de Naples. Manœuvre audacieuse

de Kosen. Arrivée à Erfurth. Nouvelles de France.
des Bavarois. -Bataille de Hanau. Retour de l'armée française sur le Rhin.

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Les combats de Gieshubel et de Peterswalde avaient rendu les Français maîtres des montagnes qui dominent les défilés de Bohême; mais l'armée ennemie, postée dans la plaine de Toeplitz, en arrière de ces défilés, en rendait le passage fort dangereux. L'empereur voulut tåter les alliés et déboucher sur Kulm par le pied du Nollemberg, chemin où le général Vandamme avait passé le 29 août.

Le 17 septembre, vers deux heures, le village d'Arbesau fut enlevé par la division du général MoutonDuvernet, qui avait été chargé de reconnaître la po

Combats de Gieshubel, de Peterswalde et de Dolnilz (en Bohême). Le prince de Schwartzenberg, commandant la grande armée alliée, avait conçu le projet de rentrer en Saxe, mais avant de se hasarder à ce mouvement il fit faire une grande reconnaissance aux débouchés de la Bohême.-Le 14 septembre, le gé-sition de l'ennemi et de l'obliger à démasquer ses neral Wittgenstein attaqua la division Dumonceau, du 1er corps, qui occupait les hauteurs de Nollendorf sur les montagnes de l'Erze-Gebirge. Cette division fut repoussée, perdit deux ou trois cents hommes, et se retira sur Gieshubel, où le reste du 1er corps, conduit par le comte de Lobau, arrêta l'ennemi pendant quelque temps.

L'Empereur ayant été informé du résultat du combat de Nollendorf, partit aussitôt de Dresde avec la garde impériale et le 14° corps, et se porta sur Gieshubel; le comte de Lobau avait été forcé d'évacuer ce village. Napoléon dirigea sur-le champ la division du général Mouton-Duvernet par Langenhuersdorf et Beraum, afin de tourner la droite de l'ennemi, et ordonna au comte de Lobau d'attaquer de front avec le 1er corps. Wittgenstein, ainsi abordé, se mit en retraite, et fut poussé l'épée dans les reins jusqu'à Peterswalde.

Le 16 septembre, l'ennemi occupant encore les hau- | teurs en avant de Peterswalde, fut attaqué vers midi, et dělogé de sa position. La cavalerie de la garde impériale et la cavalerie légère polonaise se firent remarquer par des charges brillantes. Les alliés, vivement poussés, rentrèrent en Bohème. Parmi les prisonniers se trouva le colonel Blucher, fils du général en chef de l'armée de Silésie; il fut pris par les lanciers polonais.

forces. L'avant-garde des alliés, chassée des abattis derrière lesquels elle s'était retranchée, fut rejetée sur Kulm, et les Français profitant de ce premier avantage s'établirent en avant du village de Dolnitz. Une violente canonnade commença aussitôt, le combat s'engagea avec fureur. La division de cavalerie de la garde impériale du général Ornano étant descendue dans la plaine, le général Colbert (Édouard), commandant le 2o régiment de lanciers rouges, fit charger une batterie autrichienne de 24 pièces par deux escadrons, sous le commandement du lieutenant-colonel Verdière. La batterie fut enlevée et tous les canonniers qui la servaient mis hors de combat ; mais une nombreuse colonne de cavalerie ennemie s'avançant pour venger cet échec, les lanciers n'eurent que le temps de ramener les chevaux, deux pièces de canon et un avant-train.

Cependant les divisions françaises arrivant successivement, allaient déboucher par Dolnitz, lorsqu'une forte colonne autrichienne ayant attaqué le flanc gauche de l'armée, tandis qu'une seconde colonne ennemie menaçait les communications avec Nollendorf, Napoléon fit rappeler les troupes déjà engagées dans la plaine. Le général Mouton-Duvernet se replia sur Dolnitz, prit position, à la nuit, au pied du Nollenberg. Un épais brouillard et des torrents de pluie mirent fin au combat, qui fut meurtrier.

et

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