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jalousie qui lui fit craindre de se trouver le lendemain | prisonniers. Le général Carrié tomba au pouvoir de sous les ordres du frère de Napoléon, et de partager l'ennemi. avec lui les honneurs de la victoire. Susceptibilité fatale qui compromit irrévocablement les destinées de l'établissement des Français en Espagne!

Quoi qu'il en soit, l'arrivée de la division Bonnet ayant porté les forces de l'armée de Portugal à quarante et quelques mille combattants, le duc de Raguse résolut d'attaquer au plus vite le généralissime anglais. Les journées des 13, 14, 15 et 16 juillet furent employées par le maréchal à faire exécuter des marches et des contre-marches qui donnèrent le change à Wellington. Feignant de vouloir s'avancer par Toro, l'armée française se montra tout à coup à Tordesillas. Elle prit, le 17, position à la`Navas-del-Rey, sur le Trabancos. Le 18, Marmont attaqua deux divisions ennemies, qui étaient restées postées à Tordesillas de la Orden, dans la persuasion qu'elles n'avaient devant elles qu'une simple avant-garde. Ces deux divisions, prises à la fois en queue et en flanc par l'artillerie française, furent vigoureusement poursuivies pendant trois heures; mais Wellington se hâta d'envoyer à leur secours un corps nombreux de cavalerie, et elles parvinrent à effectuer leur retraite sans perte trop grande et à rejoindre le gros de leur armée.

Combat de Castrillos. - Le duc de Raguse, en arrivant sur les hauteurs qui dominent la Guarena, aperçut une portion de l'armée anglaise se formant sur la rive gauche de cette rivière. Les hauteurs qui bordent la vallée de la Guarena sont en cet endroit fort escarpées, et la vallée elle-même n'a que peu de largeur. Wellington, voulant occuper l'attention de ses adversaires et masquer ses mouvements, avait placé une partie de ses troupes dans le fond du vallon. Comme il était mattre des hauteurs de gauche, cette disposition paraissait n'avoir aucun inconvenient.

Ses troupes se trouvaient à demi-portée des hauteurs de droite, occupées par les troupes du duc de Raguse. Le maréchal fit mettre en batterie 40 pièces d'artillerie, qui balayèrent promptement tout ce qui était devant elles, et forcèrent Wellington à retirer les soldats qu'il avait, sans nécessité, exposés à ce feu terrible. L'armée française s'avançait sur deux cotonnes; celle de droite, sous les ordres du général Clausel, était à peu près à trois quarts de lieue de celle de gauche.

A peine les troupes de la colonne de droite étaientelles arrivées et formées, que le maréchal Marmont ordonna au général Clausel de s'emparer de deux plateaux de la rive gauche de la Guarena, un peu au-dessus de Castrillos. Le général Clausel n'employa que quelques bataillons à cette attaque, qui eut d'abord du succès; mais l'ennemi s'apercevant bientôt qu'aucune masse imposante ne la soutenait, envoya contre les assaillants une division d'infanterie et cavalerie qui les forcèrent à la retraite. L'infanterie française était soutenue par des d'escadrons de dragons qui chargèrent vigoureusement la cavalerie anglaise; mais ils ne purent rien contre le nombre, et les Français se retirèrent après une perte de 400 homimes tués ou

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Mouvement des deux armées vers le Tormès. L'armée française, que la chaleur et la fatigue accablaient, se reposa une partie de la journée du 19 dans ses positions. A quatre heures du soir, le duc de Raguse replia sa droite, et défila par sa gauche pour remonter la Guarena et prendre position en face d'el Olmo, en faisant des démonstrations sur la droite de l'ennemi. Ce mouvement fut suivi par les Anglo-Portugais, qui, dans le but d'en venir aux mains, s'établirent, le 20 au matin, dans la plaine de Valesa ; mais le maréchal Marmont continua de manœuvrer par la gauche le long des hauteurs qui bordent la Guarena. Son avant-garde passa rapidement cette rivière près de Canta-la-Piedra, et occupa le commencent d'un plateau immense qui se prolonge, en ligne droite, jusqu'à peu de distance de Salamaque. L'ennemi, manœuvrant vers sa droite, tenta d'occuper le même plateau ; mais il ne put y réussir; il continua alors son mouvement dans une direction parallèle aux hauteurs de Vella-Velhosa.

Les deux armées opérèrent ainsi un mouvement parallèle avec la plus grande vitesse, en tenant toujours leurs troupes en masse pour être en mesure de combattre sans retard. Par cette marche, elles n'étaient souvent qu'à une demi-portée de canon l'une de l'autre, dans un pays découvert, où le plus léger obstacle, le moindre accident de terrain pouvait décider une affaire générale. La journée du 20 se passa tout entière ainsi, sans autre résultat que quelques coups de canon échangés à des intervalles irréguliers.

Le 21, lord Wellington s'établit dans la position de San-Cristoval, qu'il avait occupée pendant l'attaque des trois forts de Salamanque. Le maréchal, de son coté, fit occuper Alba de Tormès par quelques troupes, et passa le Tormès sur deux colonnes, à quelques lieues au-dessous de Salamanque. Il fit prendre position à ses troupes sur les hauteurs de Cavarassa de Ariba, occupant, par sa gauche, la route de Salamanque à Ciudad-Rodrigo. Le généralissime anglais, pour contrarier ce mouvement, et pour l'empêcher de porter préjudice à ses communications, fit un mouvement de flanc par le pont et les gués près de Salamanque, et, dans la nuit du 21 au 22, fit halte sur les hauteurs de la rive gauche du Tormès.

Bataille des Arapiles. L'avant-garde française que formait la division Bonnet, se mit en mouvement, le 22 juillet, au point du jour, et s'avança dans la direction de Ciudad - Rodrigo; mais faisant bientôt un changement à droite, elle s'empara d'un des deux mamelons situés dans la plaine et nommés les Arapiles, du nom d'un village voisin : c'était au moment où une colonne de troupes portugaises cherchait à le gravir de son côté. La division française la repoussa vivement et resta maîtresse de la position. Le général Bonnet voulait, sans perdre de temps, s'emparer du second mamelon; mais une division anglaise l'occu

pait déjà, et Wellington s'y trouvait avec son état-melon situé entre le grand plateau et le mamelon major; le reste de l'armée anglo-portugaise avait pris position dans un petit bois voisin.

Le maréchal Marmont ayant reconnu l'avantage de la position du général Bonnet sur le mamelon le plus élevé, s'y porta et s'y établit avec son état-major; il | y fit aussitôt établir une batterie. On fut obligé, pour armer cette batterie, de démonter les pièces au pied de la hauteur, et de les transporter à bras jusqu'au sommet. L'élévation du mamelon occupé par les Français rendait la situation de lord Wellington critique; car si les Français eussent eu l'avantage dans l'engagement général, son armée eût été forcée de défiler sous le feu de l'artillerie et de la mousqueterie des troupes placées sur ce mamelon dominant la grande route de Ciudad-Rodrigo.

Pour diminuer cet inconvénient, lord Wellington étendit sa droite en potence jusqu'aux hauteurs en arrière du village d'Arapiles, où il posta une forte division, et rappela sur la rive gauche du Tormès les troupes qui étaient jusqu'alors restées de l'autre côté pour observer un corps français établi à BillaFuentes.

Le maréchal Marmont appuya sa droite au mamelon qu'il occupait. Il chargea la 1re division de la défense du plateau de Cavarassa, couvert par un profond ravin; la 3o division, placée en seconde ligne, devait | soutenir la première; les 2o, 4o, 5o et 6o, étaient massées, au débouché des bois qui s'étendent derrière la position d'Arapiles, et en mesure de se porter, selon le besoin, à droite ou à gauche; la 7e division occupait la gauche d'un bois placé autour du mamelon. La cavalerie légère devait éclairer la gauche et se placer en avant de la 7o division; les dragons étaient placés sur la droite, et en deuxième ligne.

Parallèlement aux troupes françaises étaient postées les troupes ennemies, dont la droite se liait à la montagne de Tejarès, par laquelle leur retraite semblait devoir s'effectuer.

Il fallut beaucoup de temps pour opérer tous ces mouvements; des deux côtés on manœuvra jusqu'à midi sans en venir aux mains; mais, vers une heure, le duc de Raguse fit ouvrir sur le front de l'ennemi, un feu très-vif d'artillerie. La première ligne, formée de troupes portugaises, mise en désordre par ces décharges meurtrières, se replia sur la seconde.

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principal des Arapiles qui défendait le débouché du village; enfin le général Boyer, commandant une division de dragons, laissa un régiment pour éclairer la droite du général Foy, et se porter avec les trois autres en avant du bois, sur le flanc de la 2o division, de telle sorte qu'il pût, si l'ennemi attaquait le plateau, le charger par la droite de cette position, tandis que la cavalerie légère chargerait par la gauche.

Pendant que ces mouvements s'opéraient, le général Thomières, commandant la 5e division, venait de prendre position sur le second plateau près du village, le général eut l'imprudence d'outre-passer ses ordres: il donna à sa gauche un développement hors de mesure et la porta à plus de deux lieues du centre. La 7e division, destinée à soutenir la 5o,' suivit ce mouvement, mais la 2e resta en arrière.

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Le général anglais, s'apercevant de ce faux mouvement, se hâta d'appeler de nouvelles troupes de sa gauche à sa droite, et s'avança pour couper du centre l'aile gauche française. Le maréchal Marmont, en observation sur le mamelon principal, voyant quels avantages l'ennemi s'apprêtait à tirer de l'imprudence du général Thomières, venait d'envoyer à ce général, l'ordre de se concentrer et de se replier sur le centre, lorsqu'un boulet creux lui fracassa le bras droit et lui fit deux blessures qui l'obligèrent à quitter le champ de bataille. Il était alors quatre heures et demie du soir. Les divisions françaises de gauche, que le mouvement rétrograde du général Thomières avait déjà étonnées, éprouvèrent quelque fluctuation par suite de l'événement arrivé au général en chef.

Wellington jugeant le moment propice, attaqua alors avec la plus grande vigueur et de front la gauche française, tandis qu'une de ses divisions cherchait à la tourner. Le général Thomières fut tué; sa division privée d'un chef fut rompue la première par ¡la cavalerie anglaise, et taillée en pièces, ses débris se jetèrent en désordre sur la 7o qui accourait à son secours. Les 7 et 2e divisions parvinrent, pendant quelques instants, à repousser l'ennemi; mais elles furent bientôt, à leur tour, obligées à reculer. - Les divisions du centre se trouvèrent, à l'improviste, forcées de prendre part au combat; les masses françaises firent alors, mais vainement, des efforts extraordinaires; chargées dans toutes les directions et sur le point d'être coupées, les troupes de l'aile gauche furent mises en désordre et perdirent l'attitude ferme qu'elles avaient eu en commençant.

En avant du plateau où était placée l'artillerie française, se trouvait un second plateau inférieur plus vaste, d'une défense facile, et qui devait avoir sur les mouvements des Anglo-Portugais une action plus im- Le général Bonnet qui avait succédé dans le commédiate encore; il était donc nécessaire de l'occuper. mandement en chef au duc de Raguse, venait d'être Wellington venait d'ailleurs de porter des renforts blessé comme lui. Sa blessure ajoutait aux difficultés sur son centre, d'où il pouvait s'élancer en masse sur du moment; la bataille était perdue, lorsque le généce point important et commencer par là son attaque.ral Clausel, que son ancienneté appelait à prendre le Le maréchal Marmont plaça la 5o division à l'extré- commandement, accourut. Mais par suite de la famité droite de ce plateau, dont le feu se liait avec talité qui poursuivit les Français dans cette malheureuse celui du mamelon principal; la 7o division dut s'éta-journée, à peine cet habile capitaine avait-il commencé blir en seconde ligne pour soutenir la 5o. La 2o se tint à donner ses ordres, qu'il fut lui-même (atteint à en réserve, et la 6o occupa le plateau de la tête du bois la jambe et grièvement blessé. Cette blessure ne l'emoù il y avait encore de l'artillerie. Ordre fut donné pêcha point cependant de veiller au salut de l'armée; au général Bonnet de porter un régiment sur un ma-il réussit à reformer la ligne et à rallier le centre et la

gauche sur la droite qui n'avaient point souffert, mit | pour gagner, à Arevalo, la grande route de Madrid à en position, sur les hauteurs d'Arriba, la division Valladolid. L'avant-garde de l'armée anglo-portugaise Bonnet, à laquelle furent adjoints quelques régiments, passa, le même jour, le Tormès à Alba, et atteignit, et il fit soutenir ces forces par 15 pièces de canon. près de la Serra, l'arrière-garde du général Clausel. L'armée de Portugal se trouva sauvée ainsi d'une des- L'armée française était encore en désordre; la cavatruction complète. lerie, placée à l'arrière-garde, se débanda devant celle des Anglais et abandonna l'infanterie qu'elle devait couvrir et protéger. Heureusement l'infanterie ne se laissa pas intimider; elle forma ses carrés pour s'opposer à la première impétuosité des assaillants; l'ennemi sabra et enfonça un des carrés; mais les autres firent bonne contenance et causèrent de grandes pertes à l'nnemi, qui eut plus de 200 chevaux tués à coups de baïonnette.

Le général Clausel, attaqué presqu'aussitôt sur sa droite par deux divisions ennemies, et, sur son front, par une troisième, se maintint jusqu'à la nuit sur le champ de bataille. Pendant tout ce temps, l'artillerie française dirigea un feu terrible sur l'ennemi, qui, formé en colonnes dans la plaine, en fut écrasé. Les Anglo-Portugais portèrent alors leurs attaques sur Arapiles que défendait le 120° régiment; mais, repoussés vigoureusement, ils laissèrent 800 hommes sur le terrain. L'armée française se replia en bon ordre à neuf heures du soir, évacua les plateaux et gagna la | lisière du bois. Là, l'ennemi tentant un dernier effort, attaqua, à plusieurs reprises, l'arrière-garde, formée de la division du général Foy; mais il fut constamment repoussé. Enfin, les Anglo-Portugais ne pouvant, à cause de l'obscurité, poursuivre sans danger les Français, ceux-ci purent passer le Tormès sans être inquiétés.

Cette sanglante affaire coûta à l'armée de Portugal 11 pièces de canon, 5,000 hommes tués ou blessés et près de 2,000 prisonniers. Parmi les morts, on comptait les généraux Thomières, Ferey et Desgraviers; parmi les blessés, le duc de Raguse et les généraux Bonnet, Clausel et Menne. L'ennemi eut, de son propre aveu, plus de 5,000 tués ou blessés; il perdit, en outre, un drapeau. Le major général de l'armée anglaise, Marchand, fut tué et cinq généraux furent blessés.

Retraite de l'Armée de Portugal sur Burgos. Le 23 juillet, lendemain de la bataille des Arapiles, l'armée de Portugal se réunit sous Alba de Tormès, et commença sa retraite dans la direction de Peñaranda,

Le général Clausel, quoique blessé grièvement à la jambe, était accouru au lieu du combat; son activité et son sang-froid en imposèrent à l'ennemi, et les Français purent continuer, sans obstacle, leur retraite jusqu'à la Pisuerga.

Dans la soirée de ce jour, l'armée de Portugal rencontra les éclaireurs de l'avant-garde du roi Joseph, qui, à la tête de l'armée du centre, venaient appuyer les opérations sur le Tormès. On s'était trop hâté de combattre, et ce puissant renfort, qui eût probablement changé la face des affaires dans la bataille livrée à Wellington, était désormais inutile.

Le général Clausel continua sa retraite par la route de Valladolid, tandis que, dans le but de faire une diversion en faveur de l'armée de Portugal, le roi Joseph manœuvrait par sa droite vers Ségovie.

Lord Wellington, en suivant l'armée française sans l'inquiéter, arriva, le 28, à Olmedo, et occupa, le 30, Valladolid, que le général Clausel abandonna pour continuer son mouvement rétrograde dans la direction de Burgos. Le 4 août, le général anglais revint du côté de Ségovie et établit son quartier général à Cuellar; son projet était de couper les communications de l'armée du centre avec l'armée de Portugal.

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3 au 23 AVRIL. Mouvements de Marmont en Portugal. 18 MAI. Destruction des ponts d'Almaraz.

Affaiblissement de l'armée d'Espagne pour former l'armée de Russie.

12 JUIN. Mouvement offensif de Wellington.

Montbrun repasse lle Tage pour rejoindre l'arméc de 28 Prise des forts de Salamanque par les Anglais.

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2 JUILLET. Retraite de l'armée de Portugal derrière le Duero. Évacuation des Asturies.

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1812.

CATALOGNE. ARAGON. VALENCE.

SOMMAIRE.

Changements de chefs en Catalogne. - Combats autour de Lerida. — Tentatives des Espagnols contre Tarragone. Combat d'Altafulla. Mouvements du général Decaen dans la Haute-Catalogne, etc.— Siége et prise de Peniscola. — Proclamation du maréchal Suchet. - Opérations en Aragon. - Reconnaissance d'Alicante. - Mouvements dans le royaume de Valence. — Menaces de débarquement. — Combat de Castalla. Défaite de l'armée d'O'Donnell. Concentration de l'armée d'Aragon à Saint-Philippe.

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Afin de continuer le récit des opérations tentées par la principale armée ennemie, voyons quel était la situation des affaires dans le reste de la Péninsule.

Changement de chef en Catalogne. - La Catalogne continuait à être sur tous les points le théâtre d'une lutte acharnée et sanglante.

Français et Espagnols, depuis la reddition de Figuières, obéissaient à d'autres chefs : le maréchal Macdonald avait été remplacé, dans le commandement de l'armée française, par le général Decaen qui, malgré son zèle et son habileté, ne put vaincre les obstacles qui s'opposaient à la conquête de la Catalogne, et ne l'avança pas plus que ses prédécesseurs.

L'armée espagnole était passée sous les ordres du général Lascy qui avait remplacé le marquis de CampoVerde. Lascy avait servi dans les troupes françaises en qualité d'officier supérieur; son passage aux insurgés lui valut promptement le grade de général; il affectait un zèle outré, un fanatisme ardent et une haine implacable contre les Français. C'est à toutes ces démonstrations, auxquelles cependant on devait peu se fier dans un transfuge, qu'il dut d'être nommé, par la régence de Cadix, général en chef et gouverneur de la Catalogne.

Lascy se faisait remarquer par la violence et la férocité de son caractère : on en jugera par un trait; à peine revêtu de l'autorité, il envoya dans Barcelonne des agents pour faire périr d'un seul coup la garnison de cette place, en empoisonnant toutes les distributions du soldat, en viande, pain et vin. Cette infamie fut heureusement déjouée.

Le général Baraguey d'Hilliers, gouverneur de la Basse-Catalogne, ayant obtenu un congé pour rentrer en France, son commandement fut confié au général Maximilien Lamarque, qui y déploya beaucoup de zèle, d'activité et des talents supérieurs.

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| dait : 800 insurgés s'étaient établis à Balaguer pour harceler les détachements français qui parcouraient la plaine; le général Henriod envoya 400 hommes d'infanterie et 40 dragons pour s'emparer de la ville et anéantir cette bande. Le capitaine Lecomte, commandant cette petite colonne, entoura Balaguer pendant la nuit; il plaça, près de la porte qui devait servir de retraite aux insurgés, ses 40 dragons, ensuite il attaqua la ville. Les dragons chargèrent l'ennemi avec une telle vigueur et un tel succès que, sur les 800 insurgés, 200 à peine purent s'échapper; tout le reste fut sabré ou noyé dans le Sègre.

La seconde expédition du général Henriod eut lieu quelques mois plus tard. Des bandes de Catalans avaient pris position sur une montagne près de Mora, dont l'Ebre et la Ciurana forment une presqu'île; leur but était d'intercepter les communications de l'armée française sur les deux rives de l'Ebre. La montagne de Mora, à pic, et de quatre à cinq cents toises d'élévation, avait été entourée de murs qui, joints à une ancienne clôture faite par les Maures, rendaient cette position presque inaccessible. Le général Henriod la fit attaquer au point du jour par 700 hommes qui ne laissèrent même pas à l'ennemi le temps de lever le pont. Ce hardi coup de main coûta aux insurgés 100 hommes tués, autant de blessés, une pièce de 4, cinq cents fusils, quatre cents gibernes, soixante mille cartouches anglaises, et beaucoup de provisions de toute espèce.

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Combat des Espagnols contre Tarragone. Combat d'Altafulla. Au moment où le siége de Valence approchait de son dénoùment, les Anglais, d'accord avec les généraux et les chefs des insurgés de la Catalogne, voulurent tenter de délivrer cette ville en forcant le maréchal Suchet de détacher une partie de l'armée assiégeante pour secourir Tarragone.

En conséquence, le général Lascy, à la tête de 12,000 Catalans, troupes de ligne et miquelets, se porta sous les murs de cette place, tandis que deux vaisseaux anglais y lançaient des bombes; on prépara une grande quantité d'échelles pour enlever Tarragone d'assaut, et l'on forma dans Reuss des magasins d'armes, de vivres et de munitions de guerre.

En apprenant ces dispositions, le général Decaen réunit et dirigea aussitôt sur Tarragone les 5,000 hom

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