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OPÉRATIONS MARITIMES.

DÉFENSE ET PERTE DES COLONIES.

Événements à Saint-Domingue.

Belle défense et capitulation du fort Desaix.

SOMMAIRE,

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Mort du général Ferrand. · Prise de Santo Domingo par les Anglais. Attaque de la Martinique. Prise de la Martinique par les Anglais. Attaque et prise de la Guadeloupe par les Anglais. Prise de l'lle Bourbon par les Anglais. — Expédition anglaise contre l'Ile-de-France. Combat naval de l'llot de la passe. - Capitulation de l'Ile-de-France.

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Le désir de présenter sans digression le tableau des événements militaires qui se passaient dans le nord et dans le midi de l'Europe, nous a fait depuis longtemps négliger de rendre compte à nos lecteurs des combats que les marins français et les garnisons de nos colonies soutenaient au-delà des mers, contre les flottes et les troupes de l'Angleterre.

Une colonne, venue du côté de Saint-Jean, attaqua, le 25 février 1805, dans le poste de Puerto, le chef de bataillon Wiet, et l'y massacra avec tous ses soldats. L'armée de Dessalines se porta ensuite sur Santo-Domingo, et arriva sous les murs de cette ville où la plus grande partie de la population était venue se réfugier. Le général Ferrand fit terminer les ouvrages Avant de raconter les glorieux combats par lesquels commencés à l'extérieur, et démolir les maisons du les débris de nos armées défendirent pied à pied le bourg de San-Carlos, situé à une demi-lieue de la territoire national contre toutes les forces de l'Euorpe ville, et où l'ennemi aurait pu se loger; il mit l'emcoalisée, nous croyons devoir payer notre tribut de bargo sur tous les bâtiments qui se trouvaient dans reconnaissance et d'admiration aux braves qui, dans le port, fit acheter et verser dans les magasins publics l'océan indien et sous le soleil de l'équateur, combat-les provisions et les vivres embarqués à bord. Les mitirent avec un courage digne d'un meilleur sort pour lices furent chargées, conjointement avec la troupe les intérêts et l'honneur de la France.

Événements à Saint-Domingue. - Mort du général Ferrand. Prise de Santo-Domingo par les Anglais. — Après la capitulation de la ville du Cap et le départ des débris de l'armée, conduite à Saint-Domingue par le capitaine général Leclerc, il ne restait plus aux Français, dans cette colonie importante, que Santo-Domingo, capitale de la partie espagnole de l'île. - Lors de l'évacuation du Cap, les habitants de cette ville avaient d'abord reconnu le gouvernement de Dessalines, mais depuis ils s'étaient déclarés pour la France. Dessalines résolut de soumettre les Espagnols et de forcer les Français à abandonner Santo-Domingo.

Ce chef de noirs partit du Cap français, le 14 mai 1804, pour cette capitale, devant laquelle il vint mettre le siège. Le général Ferrand, qui y commandait, lui opposa une vive résistance; toutefois, sans l'arrivée de l'escadre de l'amiral Missiessy, Dessalines eût sans doute persévéré dans son entreprise.

Les anciens habitants espagnols avaient de l'estime et de l'affection pour le général Ferrand, qui avait agi envers eux avec beaucoup de modération. Le général avait tout disposé pour résister vigoureusement à l'attaque des noirs. La place était approvisionnée de vivres et de munitions, les murailles avaient été réparées et les remparts garnis d'artillerie; mais la garnison était trop faible pour qu'on pût défendre à la fois la campagné et la ville. Ferrand organisa trois bataillons de milice; il en arma une partie avec des fusils et l'autre avec des lances.

de ligne, de la garde des postes, et on boucha toutes les ouvertures inutiles.

L'armée noire était réunie devant Santo-Domingo, le 5 mars; Dessalines envoya une sommation, en disant que, si l'on ne se rendait pas dans les vingt-quatre heures, la ville serait livrée à un affreux pillage. Le général Ferrand ne répondit rien à cette ouverture; mais, pour prouver qu'il était résolu à se défendre jusqu'à la dernière extrémité, il fit transporter hors de la colonie les femmes, les enfants et les vieillards, se débarrassant ainsi des bouches inutiles.

Les noirs commencèrent leurs travaux à une distance assez éloignée des murs, et attaquèrent avec de grandes précautions. Ils manquaient d'artillerie; mais la place n'était pas assez armée pour qu'on put les empêcher d'abord de plonger dans quelques rues de la ville par de la mousqueterie, disposée sur les points dominants. Quelques pièces cependant suffirent ensuite pour débusquer les noirs de ces postes.

Une grande barque, que l'ennemi avait prise à quelques lieues de la ville, lui servait de moyen de communication dans ses retranchements. Il était important de la lui enlever; un chasseur s'offrit pour cette périlleuse tentative. Armé d'un fort couteau et muni d'une corde, il se jeta à l'eau, traversa la rivière Ozama, mit la barque à flot, l'amarra à sa corde, et l'amena, toujours en nageant, sous les murs de la place.

Le combat durait avec opiniâtreté, lorsqu une escadre de dix bâtiments de guerre se montra, cinglant vers le port en ordre de bataille. Cette vue rendit l'espoir aux assiégés, et jeta la consternation parmi les

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Doirs. Le général Ferrand, voulant profiter de cet | pitulation du fort Desaix. - Prise de la Martinique instant favorable, ordonna au colonel Baron de sortir | par les Anglais. A la fin de 1808, les Français avec 450 hommes, et de se porter sur le bourg San- conservaient encore, dans l'océan des Antilles, pluCarlos. Les noirs défendirent leurs retranchements sieurs îles dont les principales étaient la Guadeloupe avec beaucoup de courage, et ne les quittèrent que et la Martinique. peid à pied. Le lendemain, 29 mars, l'escadre française débarqua des troupes fraîches, de l'artillerie et des munitions. Dessalines ne crut pas alors devoir continuer le siége, et se mit en retraite.

Dessalines étant mort violemment, le 17 octobre 1806, et son successeur, Henri Christophe, ayant eu à soutenir une guerre contre Pétion, président de la partie de la colonie française qui n'avait pas voulu reconnaitre le gouvernement royal institué par Dessalines, la partie espagnole put respirer librement.

Mais bientôt une insurrection, fomentée par les intrigues des Anglais et des Espagnols, éclata dans un canton appelé Barahoude; ce qui obligea le général Ferrand à sortir de Santo-Domingo, pour marcher, avec 500 hommes, contre les insurgés quatre fois plus nombreux. Il les rencontra à peu de distance et ordonna l'attaque. Le premier choc fut terrible; mais quelques pelotons de cavalerie ennemie ayant débordé les deux ailes du corps français, celui-ci fut bientôt en désordre, et tous les efforts du général Ferrand pour le rallier, furent inutiles : les soldats s'enfuirent vers Santo-Domingo, et il ne resta près du général que quelques officiers qui succombèrent. Le général Ferrand, se voyant ainsi abandonné, aima mieux mourir que de tomber vivant au pouvoir des révoltés, et il se brûla la cervelle. Cet événement eut lieu le 7 novembre 1808.

Les Anglais résolurent de s'emparer de la Martinique; ils réunirent dans la mer des îles sous le Vent, une escadre forte de sept vaisseaux de ligne, trois frégates, soixante-douze autres bâtiments de guerre légers, et plus de cent transports; ils firent venir d'Halifax, des Bermudes, de Madère et des diverses colonies des Antilles, et rassemblèrent à la Barbade, 12,000 hommes de troupes de ligne, un matériel considérable d'artillerie, un grand nombre de canonniers et d'artificiers, et plus de 3,000 soldats de marine ou matelots.

Pour s'opposer à ce formidable déploiement de forces, l'amiral Villaret Joyeuse, capitaine général de la Martinique, n'avait que 2,400 hommes qui bientôt devaient se trouver réduits, par les désertions, à 1,500.

Les Anglais débarquèrent, le 30 janvier 1809, et se formèrent en deux colonnes. La première, forte de 8,500 hommes, était commandée par le général en chef de l'expédition, Beckwith, et par le lieutenant général Prevost; la seconde, montant à 3.500 hommes, était sous les ordres du major général Maitland.

Les Anglais firent bientôt des progrès si rapides, que les Français évacuèrent le fort Saint-Pierre dans la nuit du 31 janvier. Le brick le Favori y fut brûlé, comme l'Incarnation, autre bâtiment, avait été déjà brûlé au quartier du Marin, et les deux équi pages se retirèrent au fort de France. Le 82o de ligne,

Le commandement de Santo-Domingo passa alors qui occupait Casenavire, évacua aussi cette place pour au général Barquier.

Bientôt, un corps d'armée anglo-espagnol ayant investi la place, ce général se trouva privé de toute communication avec la France et de toute assistance intérieure.

se porter en avant d'un camp retranché, établi sur le front d'attaque du fort Desaix.

Le colonel Miany et le chef de bataillon Prost furent attaqués, le 1er février, au poste Dusson, et obligés de se retirer par échelons, malgré l'appui du colonel Montfort, qui était venu à leur secours avec son régiment. Ces différentes troupes se retirèrent avec perte sur le camp retranché, et l'ennemi s'établit sur

Une escadre anglaise s'était emparée, au mois de novembre 1808, du port de Samana, situé dans une petite fle à l'est de celle de Saint-Domingue et très rapprochée de la côte. La garnison qui s'y trou-la crête du morne Surirai. vait fut faite prisonnière, et l'ile remise aux Espagnols.

Sept mois après, en juillet 1809, une autre escadre anglaise, sur laquelle on avait embarqué des troupes commandées par le général Carmichael, partit de la Jamaïque pour hâter la réduction de Santo-Domingo, déjà sommé inutilement à plusieurs reprises par le général espagnol Joseph Arata. Les Anglais débarquèrent et firent tous les préparatifs d'une attaque de vive force. Le général Barquier ne jugea pas à propos d'en attendre les effets, et il proposa, le 7, une capitulation, en vertu de laquelle la garnison sortit avec les honneurs de la guerre. Les officiers furent envoyés en France sur parole, et les soldats en Angleterre. Ainsi fut consommée la perte de la dernière place que les Français possédassent encore à Saint-Domingue.

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Pendant le temps que le colonel Montfort, avec une partie de son régiment et du 26o, défendait opiniâtrēment le poste Landais, sur la gauche du front d'attaque, le commandant Boyer de Peyreleau, chef d'état major du gouvernement colonial, demanda à l'amiral Villaret l'autorisation de charger l'ennemi, pour lui faire abandonner Surirai. Deux fois il renouvela înfructueusement cette attaque, qui, du restè, coûta à l'ennemi une perte plus considérable que celle des Français: ceux-ci eurent 500 hommes tués ou hors de combat.

La défense du camp retranché fut confiée au chef d'escadron Boyer, et celle du poste Landais, au chef

de bataillon Prost.

Ce fut ce même jour, 1er février, que les Anglais commencèrent l'attaque et le bombardement de l'ilot à Ramiers, défendu par 132 hommes aux ordres du capitaine Petit, et approvisionné pour un mois.

Le 2, ils attaquèrent avec des forces supérieures le

poste Landais, que le chef de bataillon Prost fut forcé d'évacuer.

Dans le même temps, deux colonnes très fortes se portèrent contre deux redoutes en tête du camp retranché; mais ce mouvement avait été prévu, et toutes les dispositions étaient prises pour le faire échouer. Les deux redoutes, armées chacune de trois pièces de canon de 12, étaient occupées par le chef de bataillon Ocher avec 150 hommes du 82° régiment; sur leurs ailes étaient placés 200 hommes, et le reste du régiment était en réserve derrière. Les Anglais s'avancèrent résolument et parvinrent jusqu'au pied des redoutes; mais ils y furent écrasés.

L'attaque continua avec la même vigueur pendant deux heures et demie; mais enfin elle parut se ralentir. Le commandant Boyer profita de ce moment pour porter en avant sa réserve, et l'ennemi fit sa retraite en bon ordre. Les Anglais perdirent plus de 1,100 hommes dans cette tentative.

Pendant le combat du 2 février, les gardes nationaux, qu'on était parvenu à rassembler, prirent la fuite et se retirèrent dans leurs foyers. Ceux de SaintPierre, qui s'étaient fort bien conduits la veille, refusèrent de coopérer à la défense du fort de France et se débandèrent également, Cette défection fut amenée par les intrigues des Anglais, et surtout par les menaces qu'ils firent répandre de dépouiller de leurs propriétés, et de déporter à Botany-Bay tous les colons pris les armes à la main.

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Les troupes furent donc renfermées, le 3 février, dans le fort Desaix et dans la grande redoute. Ce fort avait deux cents toises dans sa plus grande longueur, soixante dans sa plus grande largeur, onze cents de développement, pris du chemin couvert, enfin onze à douze mille toises carrées de surface moyenne.

Cent quatre-vingts toises le séparaient de la grande redoute, à laquelle on arrivait par une galerie souterraine. La défense de ce dernier ouvrage fut confiée au commandant Prost, qui avait avec lui le 26a régiment.

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Ce jour même, une sommation fut envoyée à l'ami-
ral Villaret, qui refusa de la recevoir.

L'ilot à Ramiers se rendit, le 4, après trois jours de bombardement. Il avait reçu cinq cents bombes ou obus. Tous les bâtiments et les blindages étaient anéantis. Cependant, le commandant voulait tenir encore; mais il fut obligé de céder à l'attaque de sept chaloupes, montées chacune par 80 hommes.

Chaque jour, depuis le 2, les postes du fort Desaix étaient attaqués et repoussés. Les Français firent inutilement plusieurs sorties, et ce ne fut qu'avec beaucoup de peine que l'on maintint les communications avec le fort de France.

Deux chaloupes ennemies débarquèrent, dans la nuit du 8, huit cents hommes qui s'emparèrent de ce fort. Le 11, l'ennemi démasqua une batterie de trois mortiers et plusieurs pièces de 24, qui firent un feu non interrompu, malgré le dommage que leur occasionnait le fort Desaix. Les Anglais, décidés à un bombardement vigoureux, établirent et disposèrent leurs troupes de telle sorte que tous les points accessibles, contre les

étaient gardés par un nombre d'hommes bien supérieur à la totalité de la garnison du fort. Ainsi les tentatives de la garnison étaient sans résultat, quoique le feu du fort fit beaucoup de mal à l'ennemi.

Ce lâche abandon laissa sans défense toute la gorge du Lamentin, la position de Casenavire, la ville du fort de France, en un mot toute la colonie et les approches du fort Desaix. L'amiral Villaret Joyeuse sequels ils tentaient chaque jour quelque attaque, trouvait réduit à 1,500 hommes de troupes de ligne, non compris les canonniers. Avec ces ressources bien insuffisantes, il lui fallait défendre deux forts, leurs approches et un camp retranché contre 10,000 hommes de troupes munis d'une artillerie formidable, contre 3,000 marins et contre une escadre nombreuse, qui forçait toutes les passes, et qui, pendant l'attaque des redoutes du camp retranché, avait pénétré dans la baie du fort de France.

Le capitaine général se laissa persuader qu'en se retirant dans le fort Desaix, il pourrait s'y défendre longtemps et lasser la patience des Anglais. Il ordonna donc d'évacuer le fort de France et de brûler la frégate l'Amphitrite au moment où l'ennemi allait s'en emparer, dans la nuit du 2 au 3 février. Cette mesure lui procura, pour le service de ses batteries, un équipage qui, réuni à celui des bricks, forma un total de 350 marins.

Le commandant Boyer évacua le camp retranché, le 2 février, après avoir détruit tous les ouvrages et ce qu'on ne put emporter.

Le 3, le même officier se rendit avec 800 hommes au fort de France, pour en retirer les munitions de guerre et de bouche qui n'avaient pu être enlevées à cause de la précipitation avec laquelle cette ville avait été évacuée. En même temps il fit enclouer les pièces, placées sur les remparts, et détruire les plates-formes ainsi que les affûts.

Le 17, à la pointe du jour, et au milieu du feu soutenu des batteries assiégeantes, les Anglais firent une tentative contre la grande redoute. Après un combat acharné, qui dura une heure et demie, cette attaque fut repoussée.

Cependant la désertion continuait toujours parmi les bataillons étrangers, et malgré la surveillance active que l'on exerçait. Ces défections, jointes aux pertes éprouvées dans les différents combats, daient la situation des Français extrêmement pénible.

ren

Les Anglais, disposés en plusieurs colonnes, firent, le 19, une attaque générale sur tous les postes du fort. Au moment où l'on se battait sur tous les points, ils démasquèrent cinq nouvelles batteries à mortier, à obus et à boulets, placées sur les mornes Tartanson, Langard, Patate, l'Archer et Surirai. Ces batteries, réunies à celles du fort de France, firent un feu terrible, démontèrent beaucoup de pièces du fort Desaix, et détruisirent tous les établissements. Elles tirèrent, sans discontinuer, depuis le moment où elles furent démasquées jusqu'à la capitulation; et pour que leur feu pût devenir général pendant la nuit, elles se bornaient, pendant le jour, à tirer seulement quelques bombes et obus avec une quantité de boulets de gros

calibre, que les nombreux bâtiments de l'escadre leur article honorable, que «vu le haut respect et l'estime fournissaient.

La garnison du fort Desaix ne pouvait parvenir à | réparer ses avaries au milieu de ce feu continuel, qui faisait des ravages d'autant plus affreux que les projectiles étaient chargés de balles, de morceaux de verre et de pointes de fer qui semaient la mort dans toutes les directions.

Le 21, une bombe incendia le magasin à poudre de l'un des bastions, et fit sauter toutes les munitions apprêtées pour les vingt-quatre heures, celles que, dans la crainte d'un assaut, l'on avait disposées sur les parapets, et, en outre, un grand pan de revête

ment.

Le 23, la voûte du grand magasin à poudre fut enfoncée et lézardée en trois endroits, par dix bombes qui vinrent y tomber. Le feu des batteries ennemies était si violent que l'on craignit pour ce magasin.

que tout le monde portait au capitaine général, il était accordé que lui et ses aides de camp seraient envoyés en France, libres de toute parole.»><

Le fort Desaix s'était défendu vingt-deux jours, et avait essuyé un bombardement dont il n'y avait pas encore eu d'exemple dans les colonies: il avait reçu sept mille bombes et obus, et plus de sept mille boulets.

La garnison, à laquelle on réunit tous les prisonniers faits dans les différents postes de la colonie, l'administration, les employés des hôpitaux et les prisonniers que les Anglais avaient à la Barbade, le tout formant 2,390 hommes, fut conduite à Quiberon. Mais ils furent promptement ramenés en Angleterre, le gouvernement français s'étant refusé à toute espèce d'échange.

Altaque et prise de la Guadeloupe par les Anglais.

Pendant que l'amiral Villaret Joyeuse défendait avec tant de résolution et d'intrépidité les possessions françaises à la Martinique, le général Ernouf, capitaine général de la Guadeloupe, recevait, de la grande majorité de la population, une grande preuve particulière de son attachement inviolable à la France. Des levées de nègres et de gardes nationales s'organisèrent; on fit un appel à tous les habitants pour la défense de l'île; on mit en requisition les ouvriers, les esclaves, les bestiaux et les magasins particuliers, et on ordonna de livrer à l'administration tous les vête

Toutes les casemates étaient endommagées, les plates-formes détruites, les affûts brisés ainsi que tous les blindages; il ne restait plus un seul pouce de bois ni un seul sac à terre à employer; des blessés et des malades étaient entassés dans les poternes et dans toutes les galeries des contre-mines; outre le feu continuel de leurs batteries, les Anglais tenaient incessamment la garnison sous les armes par leurs attaques réitérées contre la redoute et tous les postes du fort. Une résistance plus longue était donc impossible; aussi les généraux et les officiers supérieurs engagèrent-ils | l'amiral Villaret à capituler pendant qu'il en était temps encore. Celui-ci ne voulut rien entendre, et dé-ments confectionnés que les négociants pouvaient clara que plutôt que de se rendre, il était décidé à s'ensevelir sous les ruines du fort. En effet, il parcourut tous les postes pour engager ses soldats à tenter un dernier effort ou à mourir sur les parapets. En cet instant l'ennemi redoubla son feu, et l'amiral eût été tué sans le courage et la présence d'esprit du chef d'état-major, le commandant Boyer de Peyreleau.

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avoir, pour compléter l'habillement des troupes nouvellement armées.

La prise de la Martinique rendait la possession des Saintes fort importante; ces fles devenaient l'unique point de ralliement où la France pouvait envoyer des secours pour la défense de la Guadeloupe, dernière possession de la France dans l'archipel américain. En Bien convaincu enfin de l'inutilité d'une plus longue effet, des troupes furent successivement débarquées défense, Villaret consentit à entamer avec l'ennemi sur ce point; mais après quelques jours de combat, des pourparlers, après avoir fait signer un procès-les Saintes, ce dernier boulevard des possessions franverbal par les officiers de toute arme. Mais il rompit çaises aux Antilles, tombèrent au pouvoir des Anbrusquement les conférences, quand les Anglais glais. eurent déclaré que la base de la capitulation serait de porter en France la garnison prisonnière sur parole.

L'ennemi recommença son feu qui fit, le 24, d'épouvantables ravages, et il était sur le point de démasquer cinq nouvelles batteries, d'autant plus formidables qu'elles étaient fort rapprochées de la place et que le magasin à poudre courait les plus grands dangers, quand l'amiral céda enfin aux pressantes sollicitations de son état-major, et arbora le pavillon parlementaire. On nomma, de chaque côté, trois officiers supérieurs pour discuter les articles de la capitulation. Les circonstances rendirent les Anglais plus exigeants, et les bases du traité furent que toute la garnison, considérée comme prisonnière de guerre, serait transportée à Quiberon, pour échange y être fait entre les deux nations, grade pour grade. Les Anglais, de leur propre mouvement, stipulèrent cet

Maîtres des Saintes, les Anglais exercèrent dans tout le pays des rigueurs qui achevèrent de leur aliéner l'esprit des habitants; ils s'emparèrent successivement de la Désirade et de Marie-Galante, ce qui leur permit d'intercepter tous les arrivages d'Europe.

Le 17 décembre 1809, les flutes la Seine et la Loire, armées de vingt-deux canons chacune, arrivèrent de Nantes, portant 320 recrues pour le 66° régiment, 300 Anglais, prisonniers de guerre, 1,600,000 fr. en traits du caiss er général du trésor public, et 400,000 fr. en quadruples d'Espagne.

L'arrivée de ces secours ranima le courage de la colonie; mais la joie ne fut pas de longue durée: vers quatre heures du soir, une frégate et un vaisseau anglais vinrent attaquer les deux flûtes dans l'Anse à la Basque où elles s'étaient retirées.

Dès l'apparition de la frégate, l'équipage de la flûte la Seine, mit le feu à son bâtiment et l'abandonna.

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