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«Napoléon prévient M. de Lichtenstein qu'il compte coucher le soir même à Troyes, et le congédie, en promettant d'envoyer dès le lendemain un général français aux avant-postes pour négocier l'armistice.

«Ces pourparlers sont l'heureux présage de la cessation prochaine des hostilités ; ils nous promettent une négociation plus franche, et des conditions meilleures qu'à Châtillon: ils doivent réjouir tout le monde, et .. cependant les flatteuses espérances qui déjà se répandent dans l'armée, ne dissipent pas les inquiétudes de ceux qui approchent Napoléon. C'est peut-être l'effet d'une circonstance dont nous allons rendre compte.

«Le baron de Saint-Aignan, le même qui, au mois de novembre précédent, avait été chargé des propositions de Francfort, venait d'arriver de Paris. Napoléon le reçoit immédiatement après l'aide de camp autrichien, et dès les premiers mots laisse échapper la confiance que cette démarche des alliés lui inspire. M. de Saint-Aignan se trouvait chargé, par divers personnages, de présenter à Napoléon le tableau vrai des anBoisses que la capitale éprouve encore. Les victoires de Montmirail et de Vauchamps n'ont pas rassuré; celles de Nangis et de Montereau ne rassurent pas davantage. On redoute de nouveaux revers, on redoute également de nouveaux succès; on craint que, dans l'un et l'autre cas, Napoléon ne se confie trop facilement à son épée; et ce qu'on voudrait surtout, c'est qu'il employât davantage la voie des négociations. M. de Saint-Aignan vient donc l'entretenir des vœux que l'on forme à Paris pour qu'il se décide à des concessions. Une pareille conversation allait faire un contraste assez brusque avec la précédente; mais cette considération, loin d'arrêter M. de Saint-Aignan, l'encourage au contraire à parler, puisqu'il va être entendu dans un moment décisif il s'acquitte de sa mission avec toute la franchise et toute la loyauté qui le distinguent. Rien n'est négligé par lui pour faire sentir que, dans l'état actuel des affaires, il y a nécessité de tout sacrifier à la conclusion de la paix. «Sire, s'écrie en terminant M. de «Saint-Aignan, la paix sera assez bonne, si elle est cassez prompte ! Elle arrivera assez tôt, si elle est «honteuse !» réplique Napoléon. Son front se rembrunit, et M. de Saint-Aignan est brusquement congédié. | Bientôt ces derniers mots se répètent. On monte à cheval, et chacun suit en silence la route de Troyes. >>

Combat de Fontvannes. Reprise de Troyes. L'armée austro-russe, défaite à Montereau, et évitant un nouvel engagement général, se retira sur Troyes, suivie par l'armée française, commandée par l'empereur Napoléon.

Le 23 février, le corps du général Gérard se trouva en présence de l'arrière-garde ennemie. Les dragons du général Roussel, formant l'avant-garde du corps français, atteignirent, près de Fontvannes, la cavalerie du prince Lichtenstein, la chargèrent et la forcèrent à la retraite ; en ce moment, deux escadrons du 22o de dragons, appuyés par la cavalerie légère du général Ameil, s'élançaient avec audace sur la ligne ennemie, et lui prirent six pièces de canon attelées, et 300 cavaliers montés. Les fuyards se réfugièrent dans Troyes.

L'Empereur, en voyant l'armée alliée se concentrer sur Troyes, avait espéré qu'elle se déciderait à recevoir la bataille qu'il lui présentait : l'ardeur de ses troupes, ses savantes combinaisons, lui assuraient la victoire. Mais le prince de Schwartzenberg n'osant point se risquer devant le général qui venait d'écraser l'armée de Silésie, et persistant dans sa prudente résolution, continua son mouvement derrière la Seine.

Napoléon, voulant troubler sa retraite, fit faire brèche aux murs de Troyes; déjà les colonnes françaises s'avançaient pour pénétrer dans la ville, lorsqu'un parlementaire vint annoncer qu'elle serait évacuée dans la nuit ; mais que le gouverneur y mettrait le feu si l'on continuait l'attaque. L'Empereur contremanda l'assaut, qui eût infailliblement causé la ruine de cette grande et florissante ville.

Le lendemain, à trois heures du matin, l'armée française entra dans Troyes, où elle ne trouva plus que 600 blessés non transportables. Elle poursuivit l'ennemi sur la rive gauche de la Seine. Le général Nansouty, avec la cavalerie de la garde, atteignit l'arrière-garde des Bavarois, et lui fit 200 prisonniers.

Sur la route de Bar-sur-Seine, le général Kellermann chargea l'arrière-garde autrichienne, lui enleva un parc et 800 hommes.

La rentrée de l'Empereur et de l'armée française à Troyes, donna lieu à diverses scènes dont nous empruntons la description au témoin oculaire que nous avons déjà cité, compagnon et serviteur fidèle de Napoléon dans toute cette mémorable campagne de 1814. «Le jour paraît enfin; l'avant-garde de l'armée française prend possession des postes, et Napoléon entre avec les premières troupes dans la ville. Avant de se rendre à son logement, il veut faire le tour des murs, reconnaître en quel état la ville lui est rendue, faire occuper les postes les plus importants, et présider lui-même au bon ordre, pendant que l'armée traverse les rues; mais il peut à peine se faire passage dans la foule qui se précipite autour de lui; on l'accueille par les acclamations les plus vives; c'est à qui pressera ses bottes et baisera ses mains : on dirait que la paix est signée, que tous les maux de la guerre sont finis, et que Troyes, désormais affranchie de toute erainte, improvise un triomphe à son libérateur.

«Cependant, au milieu de l'expansion générale, deş plaintes s'élèvent on parle de traîtres, on dénonce des coupables; et ces cris ne sont pas seulement ceux du peuple, ils sont répétés par des personnes qui pa raissent appartenir aux classes les plus honorables dų commerce et de la bourgeoisie.

«Les habitants de Troyes venaient de passer dix-huit jours sous le joug des armées ennemies : quelque adoucissement que la présence des souverains alliés eût ap porté parmi eux au poids de la guerre, une telle si tuation avait paru affreuse à de paisibles citoyens, pour lesquels elle était si nouvelle et si imprévue. Ce peuple, exaspéré par les violences et les humiliations, avait vu d'un œil mécontent que quelques-uns de ses compatriotes ne partageassent pas son ressentiment contre les étrangers; il allait jusqu'à comprendre dans ses soupçons ceux que des circonstances particulières

avaient mis dans le cas de reconnaître, par des respects, les qualités personnelles des souverains alliés. La haine publique poursuivit surtout quelques habitants qui, désavouant les couleurs sous lesquelles la France combattait, avaient osé arborer la cocarde blanche. L'indignation publique n'avait attendu que le retour de nos troupes pour éclater.

«Napoléon, forcé par la foule de s'arrêter à chaque pas, apprend ainsi, au milieu des rues, du haut de son cheval, et de la bouche des principaux habitants dont il est entouré, le sujet du mécontentement qui agite le peuple; il partage ce mécontentement, promet hautement de faire prompte justice; et à peine est-il descendu à son logement, que, jetant ses gants sur la table, et le fouet encore à la main, il ordonne qu'on réunisse un conseil de guerre.

et surtout dans le Midi..... Telle est la substance des derniers rapports qu'on reçoit de toutes parts.

«Cet état de choses n'aggrave que trop l'affaire des royalistes de Troyes. Il faut se décider à punir; et peut-être, pour qu'on prenne ce parti, n'est-ce pas trop de l'influence du champ de bataille qui nous environne. Chaque jour, à chaque instant, quelques-uns des nôtres tombent sous les coups de l'ennemi : au milieu de cette destruction continuelle, la vie d'un obscur conjuré pèse à peine dans les balances sanglantes de la guerre. Parmi les noms des coupables que la clameur publique vient de désigner, on a retenu ceux de deux anciens émigrés, que toute la ville accuse, non-seulement d'avoir porté la cocarde blanche et repris la croix de Saint-Louis, mais encore d'avoir fait publiquement des démarches auprès de l'empereur de Russie en faveur de la cause des Bourbons. Ce sont les sieurs Gouaut et Vidranges; ce dernier s'est réfugié à Chaumont; mais Gouaut est resté ; la foudre qu'il a voulu braver tombe sur lui: il est traduit au conseil de guerre, et servira d'exemple.....»

M. Gouaut fut condamné à mort. tinue:

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M. Fain con

«Napoléon, harassé de fatigue, venait de se retirer dans sa chambre, lorsque la famille éplorée de Gouaut se présente aux portes pour demander grâce. Napoléon ne savait pas résister à ces cris de miséricorde; des rémissions éclatantes et nombreuses attestent assez sa clémence mais cette fois, déterminé à ne pas se laisser fléchir, il avait pris des précautions contre luimême, et n'avait trouvé d'autres moyens que de ne pas se laisser approcher. Cependant l'écuyer de service est des environs de Troyes, c'est Mesgrigny. Il veut servir ses compatriotes, tout ce qui est de service avec lui le seconde. A peine Napoléon est réveillé que le placet de Gouaut est présenté; mais est-il encore temps de sauver ce malheureux ? On court à l'état-major, le prince de Neuchâtel répond que la sentence a dù être exécutée. Napoléon veut du moins qu'on s'en assure. Un officier d'ordonnance y court. Bientôt cet officier revient: il est trop tard. Napoléon garde un long silence, et le rompt enfin en disant : La loi le condamnait!»

«La tentative que quelques royalistes venaient de se permettre à Troyes, se rattachait aux menées secrètes par lesquelles les partisans de la maison de Bourbon voulaient rappeler à la fois sur elle l'attention des Français et des souverains alliés : des Français, en accréditant dans nos provinces l'opinion que les couleurs blanches pouvaient seules désarmer l'inimitié des alliés; des souverains, en leur présentant cette ombre d'un parti royaliste comme un parti réel, et ces couleurs sous lesquelles un petit nombre de gens intimidés couraient se réfugier, comme un appel de l'opinion publique en faveur de l'ancienne famille. Ce que la peur avait ainsi | commencé dans quelques départements malgré les peuples, une influence ennemie semblait vouloir l'achever malgré les alliés eux-mêmes. Quoi qu'en ait dit fe prince de Lichtenstein, l'Angleterre avait entrepris sérieusement la restauration des Bourbons; et de tous côtés les intrigues de ses agents prenaient un caractère plus grave. Il devenait urgent d'intimider leur audace, en déployant contre eux la sévérité des lois. Dans de pareilles circonstances, l'autorité, toujours ombrageuse, punit quelquefois jusqu'aux apparences; dans celle-ci, un prince faible ou cruel n'aurait eu que trop de prétextes pour faire couler des flots de sang !.... «Napoléon s'était jusqu'alors refusé à sévir, tant le remède des supplices lui inspirait de dégoût ! La raison d'État parle enfin si haut qu'il est forcé de l'entendre. On vient d'apprendre l'entrée du comte d'Artois en Franche-Comté. Non-seulement ce prince et ses fils, placés sur les frontières les plus opposées, semblent se présenter pour agiter la France d'une extrémité à l'autre ; mais le chef de leur maison, Louis XVIII luimême, est parvenu à faire circuler dans Paris ses paroles, ses insinuations, ses pardons et ses promesses. Du fond de sa retraite de Hartwel, en Angleterre, il a écrit aux principaux fonctionnaires de l'empire, aux sénateurs, aux membres du conseil et de la magistrature ses lettres viennent d'arriver mystérieusement «Dans ces pourparlers, l'ennemi ne se proposait à leur adresse; et déjà quelques-uns de ceux qui les qu'une suspension d'armes; mais Napoléon, portant ont reçues rêvent aux chances d'une révolution nou- ses vues plus loin, cherchait à profiter de l'occasion velle! Des rumeurs souterraines commencent à se pour poser les bases de la paix définitive. Il désirait faire entendre dans la capitale, tandis que la conjura-garder Anvers et les côtes de la Belgique c'était le tion éclate dans les provinces occupées par l'ennemi, prix qu'il se promettait de ses derniers succès. Mais

1 Voir plus haut l'entrevue de Châtres, page 113.

Retraite de l'armée austro-russe sur l'Aube. Conférences de Lusigny. — L'armée austro-russe continuait sa marche rétrograde vers l'Aube. -Schwartzenberg avait demandé un armistice, et Lusigny avait été le lieu désigné pour ouvrir des conférences à ce sujet. La question militaire était trop simple en elle-même pour présenter de grandes difficultés; mais la politique s'était emparée de la négociation et l'avait singulièrement compliquée.

Anvers était pour l'Angleterre la négociation tout entière; et, par l'influence anglaise, cette concession

Les généraux ennemis avaient proposé le statu quo des deux armées.

«Le général Flahaut, commissaire français, confor

devait être obstinément refusée au congrès de Châtil- | après, lorsqu'on en était venu à disputer la ligne de lon. Il était dès lors indispensable de faire traiter ce l'armistice. point sur un autre terrain. Anvers devait perdre de son importance aux yeux désintéressés des généraux russes, autrichiens et prussiens: Napoléon s'était donc proposé de faire préjuger la question dans la confé-mément à ses instructions, avait demandé que la ligne rence militaire de Lusigny; mais tant qu'elle serait indécise, il ne voulait pas se priver, par une trève prématurée, des avantages que la poursuite des Autrichiens semblait lui promettre pour compléter la défaite des alliés. Aussi l'armée française n'avait-elle pas cessé un moment de pousser les Autrichiens l'épée dans les reins. >>

s'étendit depuis Anvers, où était le général Carnot, jusqu'à Lyon, où était le duc de Castiglione. Cette ligne devait placer les forces de la France sur un seul front, depuis l'Escaut jusqu'aux Alpes. Les commissaires russe et prussien, affectant de se mettre hors de l'influence des derniers événements, trouvaient que c'était payer trop cher quelques délais dont l'armée autrichienne avait besoin pour reposer ses colonnes. Le général autrichien était plus conciliant ; mais, par suite de la forme diplomatique que les conférences avaient prise, chaque commissaire s'était trouvé dans la nécessité de demander de nouvelles instructions, et le temps se perdait à les attendre.»

Le quartier général ennemi rétrogradait jusqu'à Colombey; la garde russe était en retraite sur Langres; | le corps de Lichtenstein, sur Dijon. Les souverains alliés s'étaient retirés à Chaumont en Bassigny; nos troupes s'emparaient de Lusigny au moment où les commissaires pour l'armistice s'y réunissaient. Cette occupation militaire de Lusigny avait même donné lieu à des difficultés dès les premiers pourparlers; mais de plus graves obstacles s'étaient élevés bientôt | déjà si graves de la guerre et de la politique.

Cependant les moments étaient précieux, et de nouveaux événements allaient compliquer les embarras

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Bataille et victoire de Brienne.

L'Empereur communique au sénat et au corps législatif 1er FÉVRIER. Bataille de la Rothière.

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Prise de Troyes par les Coalisés.

Combat de la Ferté-sous-Jouarre.

Combat de Champ-Aubert.

Arrivée du duc d'Angoulême à Saint-Jean-de-Luz.

Combat et succès de Montmirail.

Attaque de Nogent-sur-Seine.

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Combat de Château-Thierry.

Reddition de Sens.

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Combat et succès de Vauchamps.

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Combat de Cuitérelle.

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Combats de Mormant et de Valjouan.

2e Combat de Montmirail.

Troyes.

Retraite des Coalisés sur

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Sortie de la garnison de Thionville.

- 2e Combat de Bar-sur-Aube.

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Conférences de Lusigny.

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BATAILLES DE CRAONNE, DE LAON, D'ARCIS-SUR-AUBE, DE PARIS.

SOMMAIRE.

-

Combat

Mouvement de l'armée de Silésie. Elle marche sur Paris. L'Empereur se met à sa poursuite- Combat de Bar-sur-Aube. de Bar-sur Seine. — Évacuation de Troyes. Poursuite de Blucher. — Il repasse la Marne et l'Aisne. Reprise de Soissons par l'ennemi. - Combat de Saint-Brice. Prise de Reims par les Français. — Bataille de Craonne. — Bataille de Laon. Prise, combat et reprise de Rims. - Combat d'Arcis-sur-Aube. Nouveau plan de Napo éon. - Marches et contre-marches entre Vitry, Saint-Dizier et Doulevent. - Combat de Fère-Champenoise. Combat de Meaux. Bataille et capitulation de Paris. Retour de l'Empereur.

ARMÉE FRANÇAISE.

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ARMÉES COALISÉES.

Grande armée austro-russe. - Le prince de SCHWARTZENBERG.
Armée de Silésie. - Le maréchal BLUCHER.

Mouvement de l'armée de Silésie. Elle marche Le maréchal Blucher, peu de jours après ses désur Paris. L'Empereur se met à sa poursuite. faites, était donc parvenu à réunir toutes ses forces, Après le combat de Vauchamps, le maréchal Blu- et se voyait au moment d'en recevoir de nouvelles qui cher, séparé de ses I eutenants, batta comme eux, fit lui arrivaient par les routes du nord et de la Loren toute hâte retraite vers Châlons-sur-Marne, raine. Le 18 février, il s'était trouvé en état de courir sachant trop où sa déroute pouvait le mener; mais la à son tour au secours de Schwarzenberg: des bords de fortune ne lui tint pas long-temps rigueur. Dès le la Marne, il éta't venu camper, avec 50,000 hommes, lendemain, Napoléon, rappelé vers Naugis et Monte-au confluent de l'Aube et de la Seine; il avait reçu en reau, cessa de peser sur lui. Blucher ne fut plus poursuivi | route, le 19, au bivouac de Sommesous, un nouveau que par le duc de Raguse, et bientôt celui-ci se vit renfort de 9,000 hommes appartenant au corps de obligé lui-même de lâcher prise, pour revenir sur Mont-Langeron il espérait qu'une réunion générale de mirail, combattre un corps de troupes que le prince toutes les forces des alliés en avant de Troyes arrêteSchwartzenberg avait fait avancer au secours des rait Napoléon, et produirait les mêmes résultats qu'à Prussiens. Tandis que le duc de Raguse, occupé à Brienne. Comme on l'a vu, ce n'était pas seulement poursuivre cette troupe, était allé prendre position à un détachement de l'armée de Silésie que le général Sézanne, Blucher m t les moments à profit, et rallia Gruyère avait rencontré à Mery, c'était l'avant-garde à lui les corps de Sacken et d'Yorck. de toute cette armée. - Blucher s'était trouvé de sa personne au combat du pont de Mery; il y avait été blessé à la jambe. Il n'avait pris le parti de la retraite qu'après s'être convaincu de ses propres yeux, qu'il était impossible de rejoindre l'armée de Schwartzenberg en avant de 'Troyes, et que la réunion projetée était désormais inutile. Dès lors il s'était décidé à repasser l'Aube; mais sa retraite cachait un des plus hardis projets de la campagne. Encouragé par les renforts qui ne cessaient de lui arriver, soit qu'il eût reçu des ordres de son cabinet, soit qu'il n'eût pris conseil que de son audace, Blucher avait résolu de s'avancer encore une fois sur Paris, pour tenter une grande diversion en faveur de l'armée autrichienne. Ainsi, pendant que le gros de l'armée française était autour de Troyes, occupée d'armistice et de paix, les troupes prussiennes descendaient rapidement sur les deux rives de la Marne. Le duc de Raguse, forcé, le 24, d'abandonner Sezanne, se retirait, par la Ferté-Gaucher, sur la Ferté-sous-Jouarre. De l'autre côté de la Marne, le duc de Trévise, après avoir laissé garnison dans Soissons, se retirait également sur la Ferté-sous-Jouarre.

Ceux-ci avaient échappé, de leur côté, à la poursuite du duc de Trévise, par un concours de circonstances non moins heureuses que celles qui avaient débarrassé leur général en chef.

Les corps prussiens de Bulow, et les divisions russes de Wintzingerode et de Woronzof, après avoir pris possession de la Belgique, avaient franchi notre ancienne frontière du nord. Leur avant-garde, pénétrant à travers les Ardennes, s'était avancée jusqu'aux portes de Soissons. A défaut de bonnes murailles et d'une nombreuse garnison, Soissons avait le général Rusca pour commandant; mais ce brave officier avait été tué d'une des premières décharges, et sa mort avait livré la place au général Wintzingerode. Les Russes y étaient entrés le 13 février, précisément pour recueillir les fuyards de Sacken et d'Yorck qui s'échappaient du combat livré la veille à Château-Thierry. Ces troupes ayant appris, en se ralliant à Soissons, que leur général en chef, Blucher, ralliait lui-même ses forces du cô é de Châlons, s'étaient aussitôt mises en marche pour aller le rejoindre par la route de Reims.

Les Russes ava ent voulu se conserver l'importante posses ion de Soissons; mais dès le 19 février le duc de Trévise avait repris cette ville.

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austro-russe, il laissa, pour l'observer, les corps de, ces derniers. L'ennemi avoua une perte de 2,400 hommes. Le prince de Schwartzenberg et le général Wittgenstein furent blessés.

Macdonald, Oudinot et Gérard, en position sur les routes de Châtillon et de Bar-sur-Aube, et, avec le reste de ses troupes, il se mit, le 27 au matin, à la poursuite du général Blucher.

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Le même jour, le maréchal Macdonald, qui, par la route de Châtillon, occupait le pays entre l'Aube et la Seine, avait fait porter sur la Ferté le général Milbaud avec les divisions de cavalerie Piré et Briche, et la brigade d'infanterie du général Simmer. L'avant-garde française rencontra la cavalerie autrichienne sur les hauteurs en avant de la Ferté; la canonnade s'engagea vivement, et les escadrons, se déployant, allaient fournir leurs charges, lorsque l'ennemi repassa l'Aube et rompit le pont de la Ferté.

Combat de Bar-sur-Seine.- Evacuation de Troyes. Le 2 mars, le maréchal Macdonald fut attaqué près de Bar-sur-Seine, par le corps du prince royal de Wurtemberg. Le général Brayer défendit cette ville pendant quelques heures; mais l'ennemi ayant enfoncé la porte de Châtillon à coups de canon, il ne voulut pas exposer la ville aux calamités d'une prise de vive force, et se retira derrière la Barce, dont il fit sauter le pont. Après les combats de Bar-sur-Aube et de Bar-sur

L'action s'engagea, vers onze heures du matin, sur toute la ligne. La gauche française, occupant les hauteurs de Vernonfait, fut la plus vigoureusement abordée. Les brigades Montfort et Belair repoussèrent d'abord une première attaque, en refoulant l'ennemi dans un ravin; mais bientôt écrasées par la mitraille, elles allaient être ébranlées lorsque la brigade Pinoteau vint les appuyer. Ce secours était insuffisant pour que l'infanterie put se maintenir sous l'effroyable feu des alliés. Dans ce moment critique, la cavalerie, aux ordres du général Kellermann, ayant passé l'Aube au gué du Saint-Esprit, prit sur-le-champ part au combat. La division de cavalerie légère du général Jac-Seine, les deux corps français, qui ne comptaient pas quinot, soutenue de la division de dragons venant d'Espagne, s'élança sur la cavalerie russe, la tailla en pièces et la ramena le sabre à la gorge.

au-delà de 25,000 hommes, trop faibles pour soutenir le choc d'un ennemi quatre fois plus nombreux, se retirèrent sur la Barce, couvrant de cette position la ville de Troyes. Le 3 mars, ils furent de nouveau attaqués par toutes les forces alliées ; et après avoir vie goureusement soutenu leurs efforts toute la journée, ils évacuèrent les bords de la Barce, et se replièrent sur Troyes pendant la nuit.

Cette brillante charge, poussée à fond, paraissait décider l'action en faveur des Français, lorsque le général russe Wittgenstein fit avancer toutes ses réserves et une artillerie formidable. Le général Ismert, avec les 4 et 16 dragons, chargea sur cette artillerie par trois fois, mais sans succès, et en moins d'un quart d'heure Le maréchal Macdonald, qui commandait en chef perdit 400 chevaux. L'ennemi recevant à chaque in-les deux corps réunis, ne jugeant pas possible, avec stant de nouveaux renforts, et une colonne russe dé- des forces aussi disproportionnées, de tenir sur la rive bordant déjà notre gauche, malgré la bonne conte- droite de la Seine, passa sur la rive gauche de cette nance de la brigade Belair, le maréchal Oudinot or- rivière, et évacua, le lendemain 4, la ville de Troyes, donna la retraite. qui fut aussitôt occupée par l'ennemi.

Dans le temps que ceci se passait au corps du maréchal Oudinot, le corps du général Gérard était aussi attaqué dans la ville de Bar même, par le général bavarois de Wrède; mais les dispositions du général avaient été si bien prises qu'il repoussa constamment l'ennemi, et il s'y serait long-temps maintenu si, prévenu du mouvement rétrograde du centre et de la gauche, il n'eût pas jugé une plus longue résistance inutile. Une partie de l'armée avait déjà passé le pont de Dolencourt, lorsque l'ennemi, plaçant douze pièces sur Jes hauteurs de ce village, à 80 toises de la route, derrière un large ravio, couvrit de mitraille la cavalerie du général Kellermann. Cette canonnade inattendue causa un instant de désordre; il se propageait, lorsque le général Montfort, à la tête d'un bataillon et de quelques compagnies, poussa droit à la batterie et obligea l'ennemi à s'éloigner. L'armée effectua alors sa retraite sans être autrement inquiétée, et s'établit à Vandœuvres le lendemain.

Cette journée, où 50,000 alliés ne gagnèrent que le champ de bataille sur 15,000 Français, presque sans artillerie, coûta à ceux-ci 3,000 hommes, prisonniers, tués ou blessés. Le général Pinoteau fut du nombre de

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1 M. Fain a fait un tableau intéressant de ce court séjour de l'Empereur dans un des plus pauvres villages de la Champagne. «Arrêtons-nous, dit-il, un moment avec le quartier impérial, Après les peines de la journée, la gaieté française jetait encore de temps en temps quelques lueurs sur le repos du soir: cette soirée d'Herbisse est peut-être la dernière de ce genre que je puisse mettre sous les yeux du lecteur.

«Le presbytère se composait d'une seule chambre et d'un fournil: Napoléou se renferme dans la chambre, et y abrége la nuit par ses travaux accoutumés. Les maréchaux, les généraux aides de camp, les officiers d'ordonnance et les autres officiers de la maison rem

plissent aussitôt le fournil: le curé veut faire les honneurs de chez lui; au milieu de taut d'embarras, il a le malheur de s'engager dans une querelle de latin avec le général Lefèvre; pendant ce temps, les officiers d'ordonnance se groupent autour de la nièce, qui leur chante des cantiques. Le mulet de la cantine se faisait attenure, il arrive enfin: on établit aussitôt une porte sur un tonneau;

quelques planches sont ajustées autour, en forme de bancs; les principaux s'y asseyent, les autres mangent debout. Le cure prend

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