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tion, la ft âttaquer de front par les troupes du général Compans, tandis que le général Boyer, côtoyant les hauteurs, marchait sur Pantin. Les Russes furent chassés du bois, repoussés jusque dans les gorges audessous du pare, et, dans la plaine, nos tirailleurs arrivèrent jusqu'aux premières maisons de Pantin.

L'ennemi, qui tenait à conserver Pantin et la butte de Romainville, fit avancer toutes ses réserves, et dirigea une attaque formidable sur le front du duc de Riguse et sur ses deux ailes, dans l'intention de le déborder. Dans le même temps, un corps russe attaquait la droite du duc de Trévise.

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que l'armée alliée se préparait à porter un coup décisif
sur tout le front de l'armée française, le corps du
prince royal de Wurtemberg se portait à revers par la
rive droite de la Marne sur Saint-Maur et Charenton,
dont les ponts n'étaient défendus par des tambours
que sur la rive gauche, s'en emparait, et poussait un
parti de cavalerie jusqu'au faubourg de Bercy.

Pour seconder ce mouvement, la cavalerie russe du
comte de Pahlen pénétra de Montreuil dans le bois de
Vincennes, masqua le château, et s'avançà sur l'avenue
de Paris. La réserve d'artillerie de la garde nationale
avait été réunie à la barrière du Trône, sous les or
dres du major Évain. Cet officier, dans l'espoir d'em-
pêcher la cavalerie ennemie de déborder le flanc droit
du duc de Raguse, marcha à sa rencontre, et com-
mença son feu au point où l'avenue est coupée par te
chemin de Charonne à Saint-Mandé. Pendant què le
comte de Pahlen lui ripostait, une brigade de cava-

Le choc fut rudé, surtout au bois de Romainville, où commandait le général Compans. Le général Boyer était au moment d'être forcé dans le village du pré Saint-Gervais, quand le maréchal y envoya le colonel Fabvier avec 400 hommes qui rétablirent le combat. Après deux heures d'une offensive opiniâtre, d'une défensive plus opiniâtre encore, les Russes furent re-lerie se détacha, et, favorisée par les granges et maijetés dans leur première position, et le corps du duc de Raguse ne perdit qué le village de Montreuil à sa droite, ce village n'entrant point dans le système de défense, n'était occupé que par quelques tirailleurs des troupes du duc de Padoue.

sons du petit Vincennes; vint tomber à l'improviste
sur l'artillerie française. Celle-ci, attelée de chevaux de
poste, que conduisaient des charretiers inexpérimentés,
n'était soutenue que par quelques gendarmes. Les cava-
liers russes s'en emparèrent après avoir tué, pris du
blessé les canonniers. Dans ce moment, le 30o de dra-
gons de la division Bordesoulle, commandé par té co-
tonel Ordener, tomba sur le flanc des Russés, ét les

Le général russe Barclay de Tolly, commandant les forces alliées alors en action devant Paris, rébuté de la résistance qu'une poignée d'hommes opposait partout à ses masses, résolut, vers onze heures, de don-força de lâcher prise. Le major Évain rattia quelques ner quelque relâché à ses troupes, et d'attendre, pour renouveler l'attaqué, l'arrivée de l'armée de Silésiè. Le combat se borna alors de part et d'autre au feu d'artillerie et de mousqueterie.

pièces, et, par un feu à mitraille, seconda là charge
des dragons. Un détachement de la garde nationale,
sous les ordres du chef de bataillon Saint-Romain et
du capitaine Calmer, étant accouru de la barrière du
Trône, la cavalerie russe se retira emmènàñt seulé-

desquels étaient six élèves de l'École polf techniqué.
Quinze autres de ces întrépides jeunes gens avaient été
blessés grièvement.

Lorsque le général Barclay de Tolly Tut assuré de
sa gauche, par la position prise par le prince royal de
Wurtemberg, et de sa droite par l'arrivée du général
Blucher avec l'armée de Silésie occupant tout le front
du duc de Trévise, il renouvelà son attaqué avec plus
de vigueur sur le duc de Raguse.

Le roi Joseph, n'ajoutant pas foi aux divers rapports qui lui avaient été faits, répugnait à croire quement quatre pièces et quelques prisonniers, au nombre toute l'armée alliéé se trouvât réunie sous Paris; il allait ordonner au duc de Trévise, dont la droite seule avait été engagée, d'envoyer un détachement au secours du due de Raguse, lorsqu'on aperçut l'armée de Silésie débouchant dans la plaine de Saint-Denis, et se disposant à déborder au loin, vers la Seine, là gauche du duc de Trévise. Au même instant le roi fut instruit que les corps austro-wurtembergeois du prince royal de Wurtemberg attaquaient, sur la Marne, les ponts de Charenton et de Saint-Maur. Ainsi toute l'ar- A là droite de ce marecbal, l'infanterie du duc mée alliée entraît en ligne, débordant les deux ailes de Padoue, là cavalerie des généraux Bordesouflé et de l'armée française, et la pressant vivement de front. Chastel furent repoussées. L'ennemi s'empara de Ba- Tout espoir d'une résistance qui donnat le temps àgnolet et de Charonne; déjà il tournaît le cimetière l'Empereur d'arriver au secours de Paris parut des lors perdu. Les généraux qui environnaient le roi, le pressèrènt, en lui représentant l'imminence du danger, d'adresser aux dues de Trévise et de Raguse l'autorisation de capituler, tant pour leur armée que pour la capitale; le roi chargea fe général Hullin, gouverneur de Paris, de prendre des mesures pour l'évacuă- Dans le même temps, le centre et la gauche dà đức tion de la ville. Puis ayant donné l'ordre aux grands de Raguse étaient aussi attaqués, dû plutôt accablés fonetionnaires et aux membres du conseil d'Etat, qui par des masses énormes. Malgré là vive résistance de n'étaient point encore partis, de se rendre près de nos troupes, elles furent ramenées rapidement et l'impératrice, îl quittà lui-même la position de Mont-poussées sur Belleville. Le maréchal se voyant au mỗmartre, et gagna la route d'Orléans avant qu'elle fitment d'ètre force, se mit à la tête de la brigade Clavel interceptée par les coureurs ennemis. de la division Ricard, formant à peine un faible ba Pendant que ces divers ordres se transmettaient, ét taillon, ét, en colonne d'attaquë, îl abòrða Ténnemi.

du père Lachaise pour se porter sûr la barrière de Fon-
tarabie, lorsqu'une batterie, placée sur la butte de œ
nom, et soutenue par un bataillon de là 7° Jégion de
la garde nationale, commandé par M. de Brevannes,
son colonel, arrêta sa marche offensive, et le contîkt
aux débouchés de Charonne.

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Mais, à l'instant, cette petite troupe fut criblée de mitraille, les grenadiers la pressaient sur son flane gauche, tandis que les cuirassiers la chargaient par son flanc droit. Elle fut enfoncée, le maréchal eut un cheval tué sous lui; son chef d'état-major, le général Clavel, blessé, fut pris au milieu des siens; la déroute allait entrainer toutes les troupes, lorsque le colonel Ghépeser, avec 200 hommes qui occupaient encore le parc de Brières, tomba sur les derrières des grenadiers russes. Ce coup audacieux ralentit la marche de l'ennemi qui, perdant du temps à s'emparer du parc, où il supposait des forces plus considérables, laissa le duc de Raguse se dégager et rallier les corps épars sur la butte du télégraphe, où le général Compans venait de placer un bataillon.

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Cependant l'ennemi, après une courte halte, reprit son mouvement offensif, et mettant en action toutes ses forces, il renouvela une attaque générale sur toute l'étendue du front du corps du due de Raguse, réduit à un peu moins de 6,000 hommes. La ferme du Rouvroy, les prés Saint-Gervais, la butte Chaumont, où se trouvait une batterie servie par les élèves de l'École polytechnique, Belleville, Ménilmontant, le cimetière du père Lachaise, furent simultanément attaqués et enlevés après un combat opiniâtre, L'ennemi accula aux barrières les troupes du duc de Padoue, des géné raux Bordesoulle et Chastel. Des hauteurs de Charonne et de Ménilmontant, il langa des obus dans les faubourgs. A l'aile gauche du corps français, la brigade Sécrétant et la division Boyer de Rebeval étaient aussi vigoureusement attaquées et forcées de reculer. Dans ce moment, le duc de Raguse, qui tenait encore au centre dans la position du télégraphe, tenta un dernier effort pour chasser l'ennemi du village de Belleville. Réunissant autour de lui une poignée d'hommes qui lui restaient, avec les généraux Ricard, Meynadier, Boudin Pelleport, il se précipita sur les Russes. Le maréchal fut atteint d'une balle qui lui fit une forte contusion, les généraux Ricard et Pelleport furent blessés, mais l'ennemi fut enfoncé, Belleville fut repris, et le général Lagrange réoccupa en avant sa première position.

Ce fut alors que le duc de Baguse aperçut sa droite aux barrières, sa gauche découverte, l'ennemi au moment de la tourner, et déjà dirigeant son feu sur Paris. Dans cette extrémité, le maréchal crut devoir faire usage de l'autorisation que lui avait adressée le roi Joseph.

Il envoya donc un de ses aides de camp au prince de Schwartzenberg, qui se trouvait sur les hauteurs de Belleville. On convint sur-le-champ d'une suspension d'armes de deux heures, sous condition que le maréchal, achevant de céder les hauteurs, se bornerait à couvrir et à défendre l'enceinte de Paris, et se concerterait avec le duc de Trévise pour traiter d'une convention, stipulant en principe l'évacuation de la capitale. 10 y

'La batterie qui défendait cette position par un feu blen nourri avail tenu l'ennemi en échec jusque vers onze heures; mais alors il ne se trouva plus dans les caissons que des boulets d'un calibre infèrieur aux pièces, et ses coups devenant plus incertains ne frent plus autant d'effet.

Tandis que l'armée austro-russe attaquait, et s'emparait ainsi de la droite du champ de bataille, dans la plaine à gauche, l'armée de Silésie, utilisant égale, ment ses formidables masses, maîtrisait aussi la fortune.

Après avoir détaché le corps du général Langeron, pour déborder ou inquiéter la gauche des Français. vers le bois de Boulogne, le général Blucher porta ses masses sur le front de la ligne. Le général Woronzef emporta la Villette, qu'occupait la division Curial. Dans le même temps, le prince Guillaume de Prusse attaquait la Chapelle, défendue pied à pied par la division Charpentier. Le duc de Trévise ayant chargé le général Christiani de reprendre la Villette avec sa division de grenadiers-flanqueurs, ce village fut attaqué de nouveau; déjà nos troupes en avaient chassé l'ennemi, lorsque les gardes prussiennes, qui venaient de forcer le pont du canal, se présentèrent sur leurs derrières, vers le point où la Villette tient à Paris. Ce mouvement, que la supériorité numérique de l'ennemi rendait très-dangereux, décida le duc de Trévise à retirer ses troupes de la Chapelle et de la Villette, et il les fit revenir aux barrières.

Dans le temps que ceci se passait à la droite du corps français, le mouvement du général Langeron, sur la gauche, devenait inquiétant. Les Russes avaient déjà dépassé le village de Clichy, et s'approchaient du bois de Boulogne, lorsque le général Belliard fit engager contre eux une fusillade par la cavalerie du général Dautaneourt, conjointement avec 300 gardes nationaux de la 2o légion, et ralentit ainsi leur marche.

Sur ces entrefaites, l'empereur de Russie et le roi de Prusse, voyant les progrès de l'armée de Silésie, et considérant la position du duc de Trévise comme désespérée, envoyèrent le comte Orlof sommer le macéchal français de mettre bas les armes. Choqué d'une telle sommation, ce brave guerrier répondit avec fierté, que les alliés, pour être au pied de Montmartre, n'avaient pas encore Paris ; que l'armée s'ensevelirait sous ses ruines plutôt que de souscrire à une capitulation: honteuse; qu'au reste, quand il ne pourrait plus la défendre, il savait encore où et comment effectuer sa retraite, deyant et malgré l'ennemi. Quelques instants après, le duc de Trévise apprit la suspension d'armes conclue par le duc de Raguse; il eut seulement alors connaissance de l'autorisation donnée par le roi 19seph, autorisation que, par une circonstance fortuite1, il n'avait pas encore reçue; il adhéra à la trève, et se réunit à son collègue pour traiter d'une convention digne de leur glorieuse résistance. Les deux maréchaux se rendirent en conséquence à la Villette, où se trouvèrent les commissaires alliés chargés de la négociation. Dans le même temps, des officiers d'état-major des deux armées parcoururent toute la ligne, précédés d'une trompette, et firent cesser les hostilités.

Toutefois, l'avis de l'armistice ayant tardé à arriver au corps de Langeron, à cause de son éloignement, ce général continua son mouvement sur l'extrême, gauche de la ligne française. Comme la gauche du duc

L'officier, porteur de la dépêche de Joseph au duc de Trévise s'était égaré, et fut long-temps sans pouvoir le joindre.

traces sans risquer d'aller nous perdre dans des déserts. Il faut donc prendre une route moins fatiguée. Napoléon s'est ménagé celle de la rive gauche de la Seine: notre arrière-garde est encore échelounée entre SaintD zier et Doulevent; si elle retourne vers Bar-surAube, et si l'armée suit ce mouvement, elle débouchera sur la route de Troyes; nous aurons devant nous les avenues qui conduisent à Paris, et, la Se ne nous séparant de l'ennemi, nos marches n'en seront que plus assurées. C'est à ce parti que Napoléon s'arrête. Quelque avance que l'ennemi ait sur nous, il espère arriver à temps pour rallier ses forces sous le canon de Montmartre, et discuter en personne les dernières conditions de la paix.

de Trévise ne dépassait pas la butte Montmartre, | questions que chacun se fait autour de l'Empereur. — depuis la barrière de Clichy jusqu'à celle de Neuilly, L'ennemi, marchant à travers des plaines ravagées, l'enceinte et les faubourgs extérieurs n'étaient défen- | achève de les épuiser; et nous ne pouvons suivre ses dus que par les 1 et 2e légions de la garde nationale. La cavalerie du général Belliard, peu considérable, occupait seule la plaine de Clichy; neuf pièces de canon seulement étaient en baterie sur Montmartre, et battaient la plaine. Lorsque le duc de Conegliano, auquel appartenait le commandement de la ligne occupée par la garde nationale, s'aperçut de l'approche des troupes rus es qui s'avançaient en masse sur les barrières depuis le bois de Boulogne jusqu'à Montmartre; il fit ses dispositions de défense, et les gardes nationaux continrent quelque temps l'ennemi en avant de l'arc de triomphe de l'Étoile. Mais il n'en était pas de ❘ même devant la barrière de Clichy. Plus de quarante bataillons, précédés d'une artillerie form dable, s'étaut avancés sur le village de Clignancourt, arrivèrent à «Les ordres sont donnés : l'armée se met en marche portée de fusil de la cavalerie du général Belliard. | pour gagner la route de Troyes par Doulevent. Vainement ce général les fit charger par le général «Au moment où le quartier impérial allait quitter Dautancourt avec les chasseurs de la garde, que com-Saint-Dizier, on amène, sur des charrettes, buit ou mandait le chef d'escadron Lafitte, et par le général dix personnages dont les voitures ont été enlevées entre Sparre avec les 5 et 12o de dragons. Debordée des Nancy et Langres; ce sont les paysans des environs de deux côtés, mitraillée par trente-six bouches à feu, Saint-Thibaut qui les ont prises. Parmi ces voyageurs, notre cavalerie fut contrainte à faire volte-face, el on distingue M. de Weissemberg, ambassadeur d'Aun'ayant point d'autre retraite, elle remonta au galoptriche en Angleterre, qui revient de Londres; le géles pentes escarpées qui conduisent au sommet de Montmartre. Le général Belliard, au milieu de cette retraite précipitée, aperçut 250 hommes de sapeurspompiers de Paris, il les jetta à la hâte dans un enclos à mi-côte, leur prescrivant de tenir ferme. Cette poi-d'Artois par M. Talleyrand, faisait partie de cette gnée d'hommes arrêta l'ennemi pendant que notre cavalerie descendait les rampes de la butte, et rentrait en grande partie par les barrières que tenait encore le duc de Trévise. Bientôt les Russes couronnèrent toutes les hauteurs de Montmartre. La garde nationale fusilla encore quelque temps aux barrières depuis Clichy jusqu'à l'Etoile; mais enfin l'armistice ayant été connu sur ce point, le feu s'éteignit, et cette terrible journée fut terminée.

Pendant ce dernier incident, on discutait à la Villette les clauses de la capitulation. Après d'assez vifs débats, on convint que l'armée française se retirerait avec son matériel et aurait la nuit entière pour l'évacuation; que les alliés entreraient à Paris le lendemain 31, à s x heures du matin, et ne pourraient recommencer les hostilités qu'après neuf heures. Ces conventions furent verbales, et le duc de Raguse se chargea de les rédiger et signer au nom de son collègue. L'armée remit alors (cinq heures du soir) à la garde nationale les barrière qu'elles avait defendues, et commença aussitôt l'évacuation de Paris, d'où elle sortit avant et pendant la Luit par la barrière de Fontainebleau, route par laquelle devait arriver l'empereur Napoléon.

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néral suédois de Brandt; le conseiller de guerre Peguilhem; et MM. de Tolstoï et Marcof, officiers russes. Si l'on en croit les bruits que depuis l'on a fait courir, M. de Vitrolles, qui avait été envoyé vers M. le comte

capture; mais il était parvenu à s'échapper en se glissant parmi les domestiques. Les paysans avaient cru prendre M. le comte d'Artois lui-même, pour qui des relais avaient été commandés sur cette route.

Ce qui, dans leur malheur, avait pu arriver de mieux pour ces messieurs, c'était d'avoir été conduits devant Napoléon. Il ne veut tirer de leur accident d'autre avantage que celui d'essayer une démarche direce auprès de son beau-père. M. de Weissemberg est appelé ; il le fait déjeuner avec lui, et b entôt après il ordonne qu'on le remette en liberté ainsi que ses compagnons de voyage. I leur fait rendre leurs portefeuilles et leurs dépêches; le duc de Vicence leur procure des chevaux, et M. de Weisssemberg part chargé d'une commission confidentielle pour 1 Empereur d'Autriche. Mais, par une fatalité qu'on retrouve à chaque page de cet écrit, ce souverain avait été séparé de ses aliiés; l'alarme répandue sur les grandes routes par les coureurs du général Piré, avait gagné les équipages de l'empereur d'Autriche, et daus ce moment même où il était si désirable que M. de Weissemberg pût le rejoindre, il était entraîné jusqu'à Dijon '.

«Peu d'heures après le départ de ces messieurs, on quitte Saint-D zier. La campagne de Napoléon avait commencé dans cette ville; elle vient d'y fiuir. DésorCependant l'Empereur mais il ne va plus être question que du retour sur Paris.

Retour de l'Empereur. était en marche pour revenir sur Paris. «Paris peut résister quelques jours; les Parisiens ont «promis de se défendre mais Napoléon arrivera-t-il assez tôt à leur secours ?» Telles sont, dit M. Fain, les

:

1 «L'empereur d'Autriche avait été forcé de s'enfuir avec un gentilhomme et un domestique, dans un droska allemand, et d'aller se mettre en sûreté à Dijon, où il était resté trente heures réellement prisonnier.» (Sir Robert Wilson, page, 90.)

«Le 28, dans l'après-midi, on se retrouva à Doule-, jette dans une carriole de poste. Il apprend successivent. Un émissaire de M. de La Valette y attendait Na-vement, en changeant de chevaux, que l'impératrice poléon. Depuis dix jours on n'ava t pas reçu de nou- et son fils ont quitté Paris; que l'ennemi est aux porvelles de Paris: avec quel empressement on attend le tes, et qu'on se bat! Jamais il n'a mesuré plus impadéchiffrement du petit paper dont cet homme est tiemment les distances; il presse lui-même les postilporteur! Vo ci ce qu'on y trouve «Les partisans de lons; les roues brû'ent le pavé! «l' tranger, encouragés par ce qui se passe à Bor«deaux ', lèvent la tête; des menées secretes les secon❝dent. La présence de l'Empereur est nécessaire, s'il «veut empêcher que sa capitale ne soit livrée à l'en«nemi. Il n'y a pas un moment à perdre.»> «L'armée s'état d'jà remise en marche.

|

«Vers dix heures du soir, il n'est plus qu'à cinq lieues de Paris; il relayait à Fromenteau, près les fontaines de Juvisy, lorsqu'il apprend qu'il arrive quelques heures trop tard. Paris vient de se rendre, et l'ennemi doit y entrer au jour.

«Quelques troupes qui évacuent la capitale sont déjà «Le 29, de grand matin, Napoléon part de Doule- arrivées dans ce village. Les généraux se pressent auvent; on gagne, par la traverse, le pont de Doulen-tour des voitures; parmi eux se trouve l'aide-major court, et là, une troupe de courriers, d'estafettes, se général Belliard; et bientôt les plus affligeants détails présente; retenus long-temps à Nogent et à Monte-mettent Napoléon au courant des événements qui ont reau, ils ont pu enfin nous rejoindre par Sens et Troyes. accéléré cette catastrophe...... Les troupes ennemies qui étaient de ce côté ont suivi le mouvement de Schwartzenberg sur la Marne, et, comme Napoléon l'avait prévu, la route de Troyes est maintenant dégagée.

«Napoléon ordonne aussitôt au général Dejean, son aide de camp, de partir à franc étrier pour aller annoncer son retour aux Parisiens....

«Après cette halte de Doulencourt, on fait un effort de marche, et l'on arrive à Troyes dans la nuit. La garde impériale et les équipages ont fait quinze lieues. «A peine est-on arrivé à Troyes, que le prince de Neuchâtel dépêche son aide de camp, le général Girardin, vers Paris, afin d'y multiplier les avis du

retour....

«N poléon n'a pris que quelques heures de repos, et, le 30 au matin, il est en route. Il croit devoir marcher militairement jusqu'à Villeneuve-sur-Vannes; n'ayant plus de doutes alors sur la sûreté de la route, il se 1 Bordeaux s'était, le 12 mars, prononcé en faveur de la maison de Bourbon.

«Dans cette extrémité, l'Empereur envoie le duc de Vicence à Paris, pour voir s'il est encore possible d'intervenir au traité; il lui donne tout pouvoir. Il expédie en même temps un courrier à l'impératrice, et passe le reste de cette nuit à attendre des nouvelles.

«Pendant ces moments d'anxiété, Napoléon n'est séparé des avant-postes ennemis que par la rivière. Les alliés, descendus des hauteurs de Vincennes, ont forcé le pont de Charenton, et se sont répandus dans la plaine de Villeneuve-Saint-Georges; leurs bivouacs jettent des lueurs d'incendie sur les collines de la rive droite, tandis que l'obscurité la plus profonde protége, sur la rive opposée, le coin où Napoléon se trouve arrêté, avec deux voitures de poste et quelques serviteurs. «A quatre heures du matin arrive un piqueur dépêché par le duc de Vicence: il annonce que tout est consommé; la capitulation a été signée à deux heures de la nuit, et les alliés entreront ce matin dans Paris. <«<Napoléon fait aussitôt rebrousser chemin à sa voiture, et va descendre à Fontainebleau. >>

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CONGRES DE CHATILLON.

SOMMAIRE.

Déclaration relative au démembrement de la France impériale. - Réponse du plénipotentiaire français. — Inaction du congrès. — Lettre de l'empereur Napoléon. — Projet de traité présenté par les plénipotentiaires alliés. — Observations et réponse du plénipotentiaire français. - Négociations difficiles. Délai posé. Note du duc de Vicence au nom de l'Empereur. Contre-projet français. — Déclaration des plénipotentiaires alliés. · Répouse du duc de Vicence. Fin du congrès.

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Déclaration relative au démembrement de la France impériale. - Réponse du plénipotentiaire français. Le congrès de Châtillon, le dernier dans lequel l'empereur Napoléon figura comme un des souverains de l'Europe, s'ouvrit le 4 février.-L'Autriche y était représentée par le comte de Stadion; la Russie, par le comte Razoumowsky; la Prusse, par le baron de Humboldt; l'Angleterre, par lord Aberdeen, lord Cathcart et sir Ch. Stewart; la France, par le duc de Vicence (M. de Caulincourt).

L'empereur Napoléon s'attendait à traiter, à Châtillon, sur les bases posées, en 1813, dans les conférences de Francfort.

Le 5, en commençant la séance, les plénipotentiaires des alliés déclarèrent qu'ils étaient chargés de traiter de la paix avec la France, au nom de l'Europe ne formant qu'un tout.

Le 7, ils déclarèrent que la condition du traité était que la France rentrát dans les limites qu'elle avail avant la révolution.

A l'instant M. de Caulincourt leur répondit dans les termes suivants, insérés au protocole des conférences de cette journée.

«Le plénipotentiaire de France renouvelle l'engagement déjà pris par sa cour, de faire pour la paix les plus grands sacrifices: quelque éloignée que la demande faite dans la séance d'aujourd'hui, au nom des puissances alliées, soit des bases proposées par elles à Francfort, el fondées sur ce que les alliés euxmêmes ont appelé les limites naturelles de la France; quelque éloignée qu'elle soit des déclarations que toutes les cours n'ont cessé de faire à la face de l'Europe; | quelque éloignée que soit même leur proposition d'un état de possession analogue au rang que la France a toujours occupé dans le système politique, bases que les plénipotentiaires des puissances alliées rappellent encore dans leur proposition de ce jour ; enfin, quoique le résultat de cette proposition soit d'appliquer à la France seule un principe que les puissances alliées ne parlent point d'adopter pour elles-mêmes, et dont cependant l'application ne peut être juste si elle n'est point réciproque et impartiale, le plénipotentiaire français n'hésiterait pas à s'expliquer, sans retard, de la manière la plus positive, sur cette demande, si chaque sacrifice qui peut être fait, et le degré dans lequel il peut l'être, ne dépendaient pas nécessairement de l'espèce et du nombre de ceux qui seront demandés, comme la somme des sacrifices dépend aussi nécessairement de celle des compensations; toutes les ques

|

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tions d'une telle négociation sont tellement liées et subordonnées les unes aux autres, qu'on ne peut prendre de parti sur aucune avant de les connaître toutes. Il ne peut être indifférent à celui à qui on demande des sacrifices de savoir au profit de qui il les fait, et quel emploi on veut en faire; enfin, si, en les faisant, on peut mettre tout de suite un terme aux malheurs de la guerre. Un projet qui développerait les vues des alliés dans tout leur ensemble remplirait ce but.

«Le plénipotentiaire renouvelle donc de la manière la plus instante la demande que les plénipotentiaires des cours alliées veuillent bien s'expliquer positivement sur tous les points précités.»

Inaction du congrès. — Lettre de l'empereur Napoléon. Les plénipotentiaires alliés s'étaient séparés, en déclarant qu'ils réfléchiraient sur la réponse à faire à cette demande du plénipotentiaire français; mais au lieu de cette réponse, le duc de Vicence reçut l'avis que les séances étaient suspendues, sans qu'on lui en dit le motif, sur la demande du plénipotentiaire russe.

Le congrès resta ainsi inactif pendant dix jours. Pendant ces dix jours, la fortune changea, et l'Empereur des Français, successivement victorieux de l'armée de Silésie et de la grande armée austro-russe, ne pouvait accéder au démembrement de la France impériale.

Napoléon écrivit, de Nangis, le 17 février, la lettre suivante à son plénipotentiaire, à Châtillon:

«Monsieur le duc de Vicence, je vous ai donné carte blanche pour sauver Paris, et éviter une bataille qui était la dernière espérance de la nation. La bataille a eu lieu; la Providence a béni nos armes. J'ai fait 30 à 40,000 prisonniers. J'ai pris 200 pièces de canon, un grand nombre de généraux, et détruit plusieurs armées sans presque coup férir. J'ai entamé hier l'armée du prince de Schwartzenberg, que j'espère détruire avant qu'elle ait repassé nos frontières. Votre attitude doit être la même; vous devez tout faire pour la paix ; mais mon intention est que vous ne signiez rien sans mon ordre, parce que seul je connais ma position. En général, je ne désire qu'une paix solide et honorable, et elle ne peut être telle que sur les bases proposées à Francfort. Si les alliés eussent accepté vos propositions le 9, il n'y aurait pas eu-de bataille; je n'aurais pas couru les chances de la fortune dans le moment où le moindre insuccès perdait la France; enfin, je n'aurais pas connu le secret de leur

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