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prirent de nouveau position et recommencèrent à combattre avec opiniâtreté.

Le général Tromelin donna au 16e l'ordre de soutenir les royalistes espagnols, et porta ce régiment sur la droite de l'ennemi, composé des régiments de Ferdinand VII, de Toro, et des Canaries. Deux pièces de campagne appuyaient ce mouvement. Trois escadrons de cavalerie, sous les ordres du lieutenant-colonel de Galtz Malvirade, étaient en réserve derrière; deux bataillons du 60 furent placés à droite de la route, en face de la gauche de l'ennemi, ayant devant eux un bataillon de la Foi, engagé en tirailleurs dans le bois. Le 16e régiment marcha à l'ennemi sur trois colonnes d'attaque. L'ennemi s'avança à sa rencontre dans le même ordre; on se déploya de part et d'autre à demi-portée de fusil, et on commença une fusillade bien nourrie que soutenaient, de notre côté, deux pièces de montagne,

minuées de plus de 1,800 hommes tués, désertés ou faits prisonniers.

Peu de jours après le combat de Cabriana et de Caldès, le général Berge battit, le 27 septembre, à Altafulla, un corps de 5,250 hommes sorti de Tarragone pour attaquer les troupes qui avaient, d'après les ordres du maréchal Moncey, formé l'investissement de cette place.

Le 28 août, le maréchal Moncey fit une reconnaissance générale des environs de Tarragone, et après diverses escarmouches, força les avant-postes ennemis à rentrer dans la place.

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Sur ces entrefaites, le régiment des Canaries tour-daient les événements. nait le 16o, et, l'ayant débordé sur sa gauche, vint le reprendre à revers; le 16, placé entre deux feux, dut faire un mouvement pour sortir de cette position critique; il luttait seul contre des forces quadruples, l'ennemi ayant dégarni sa droite pour renforcer sa gauche. Dans cette manœuvre rétrograde, le colonel d'Alvymare et le lieutenant-colonel Mannuville furent dangereusement blessés, ainsi que 8 officiers et 80 hommes.

Expédition sur Figuières. - Combats de Llado et de Llers. Capitulation de la colonne de Fernandez. -Reddition de Figuières. Quoiqu'un peu découragés par ces échecs successifs, les chefs constitutionnels réunis dans Barcelonne voulurent tenter un dernier effort.

Le gouverneur Rotten, après avoir passé, le 28 août, la revue de la garnison, annonça qu'une grande réso

L'ennemi allait obtenir peut-être plus de succès en-lution allait être prise. Un conseil de guerre fut assemcore, quand le commandant Bonne, du 16o de ligne, arrêta l'ennemi par une belle charge à la baïonnette. Le 16°, culbutant le régiment des Canaries, repassa le défilé et vint se reformer sur les hauteurs qui le dominent.

Au moment où le 16o était tourné par sa gauche, le lieutenant-colonel Magnan se portait lui-même sur la gauche de l'ennemi avec un bataillon du 60°, et forçait l'ennemi à évacuer les bois et le plateau situés en arrière,

Les constitutionnels s'établirent sur une montagne qui dominait ce plateau. Milans appela des troupes de sa droite pour renforcer sa gauche; le bataillon du 60° s'empara de cette seconde position avant que les renforts de l'ennemi fussent arrivés. Milans voulut prendre une troisième position à Caldès; mais le lieutenant-colonel Magnan l'y suivit et l'en chassa. Cet officier se trouvait alors avec le 1er bataillon du 60o, derrière les régiments constitutionnels qui avaient combattų coutre le 16o, et qui dès lors se bâtèrent de se retirer.

blé. On y décida d'envoyer à Figuières un corps choisi de 2 à 3,000 hommes afin d'y réunir des forces imposantes, et pour reconnaitre en même temps l'état de l'esprit public de la Catalogne. La garnison, augmentée de ce puissant secours, se serait alors élevée à plus de 5,000 hommes. Un pareil corps de gens déterminés, jeté sur les derrières du 4o corps, aurait pu, non-seulement occuper la riche plaine de Lampourdan, et ravitailler les places fortes, mais encore couper les communications, et même inquiéter les frontières de France.

Les troupes franco-espagnoles employées au blocus de Figuières, et dont la moitié se composait de soldats de la Foi, dévoués, mais inhabiles, n'auraient plus suffi pour contenir la garnison protégée par le feu de la place et armée de pièces de campagne qu'elle renfermait. Il aurait donc fallu, pour reconquérir un point aussi important, rappeler les troupes du blocus de Tarragone, ou dégarnir celui de Barcelonne, et permettre ainsi aux colonnes mobiles de recommencer leurs courses et leurs attaques. On voit que la réussite de cette entreprise aurait changé la face des affaires, et relevé le moral des troupes constitutionnelles; mais, pour arriver à ce grand résultat, il fallait que la co

De Caldés à Moya l'ennemi fut vivement poursuivi; partout où il voulut tenir il fut enfoncé : les ravins, les bois, les vignes, les murs, les montagnes dont le pays est couvert, le sauvèrent seuls d'une ruine to-lonne traversât toute l'étendue du pays qui sépare tale, en empêchant la cavalerie française d'agir. Les | Barcelonne de Figuières, en dérobant sa marche aux habitants de Moya refusèrent de laisser entrer les troupes françaises, ou en se frayant un passage à tratroupes constitutionnelles dans leur ville. Après avoir vers celles qui étaient en mesure de s'y opposer. Le bivouaqué sur le plateau d'une montagne voisine, Mi- projet était hardi; le brigadier Fernandez se chargea laus et Llobera se décidèrent à profiter de la route qui de l'exécuter, et promit de réussir; mais comme le leur était encore ouverte par les crêtes des montagnes, succès était non moins difficile qu'important, il depour regagner Tarragone. Leurs colonnes étaient di- manda qu'on lui laissât le choix de ses troupes, et

de ce point, couvrir les chemins qui conduisent à Figuières, soit par Navata, soit par Sistella.

On crut d'abord que Fernandez s'était jeté vers Llorona et Campredon; mais bientôt on apprit qu'il avait traversé Besalu, et qu'après avoir fait halte à Moya, il marchait sur Llado.

surtout qu'elles fussent bien équipées et payées préa- | en avant de Llado, sur la route de Besalu. Il pouvait, lablement de la solde qui était due à la garnison depuis plus de trois mois. Tout lui fut accordé. Le lieutenant-colonel Minusi, du fameux régiment de Barbastro, eut le commandement en second; il avait autrefois été attaché à l'ambassade d'Espagne en France, et était connu pour son exaltation révolutionnaire. Un appel fut fait aux hommes de bonne volonté ; aussitôt les plus zélés partisans de la constitution de 1812 se rassemblèrent autour des chefs pour demander à partir. Des enfants même, attachés comme cadets à divers régiments, voulurent quitter Barcelonne pour servir la cause qu'ils regardaient comme sacrée. Fernandez forma son avant-garde d'un bataillon de la légion libérale étrangère, composée de transfuges français, italiens, piémontais, chez lesquels l'intérêt de leur propre salut était lié à celui de la cause qu'ils servaient. Le colonel italien Pechiarotti était à leur tête. A ce corps, le plus déterminé de tous, on joignit trois bataillons d'élite, plusieurs détachements de milice, et environ 50 lanciers et guides à cheval. Le tout s'élevait de 2,500 à 3,000 hommes.

Les généraux français apprirent bientôt que, dans la nuit du 9 au 10 septembre, une colonne sortie de Barcelonne sur des barques de pêcheurs, avait débarqué à Castillo de Mongat, profitant d'une nuit obscure et orageuse pour se dérober à la vue des bâtiments français que le gros temps avait forcés de prendre le large. On ne sut pas d'abord si cette colonne se portait sur Mataro pour détruire nos établissements militaires, et les magasins considérables qui y étaient réunis, si elle se dirigeait sur Ostalrich, ou si enfin, remontant vers les montagnes du nord, elle se jetterait dans Urgel ou Figuières.

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Mataro fut mis en état de défense; on renforça d'un bataillon le corps chargé du blocus d'Ostalrich: enfin une colonne mobile de trois bataillons et de deux escadrons, aux ordres du général Nicolas, fut détachée du corps qui investissait Barcelonne.

Cependant Fernandez, laissant Ostalrich sur sa droite, effectuait son mouvement sur Figuières; le lieutenant général baron de Damas, qui commandait dans la Haute-Catalogne, en fut informé, il marcha aussitôt avec le seul bataillon qu'il eût de disponible au secours du général Maringoné, qui, avec le 5o de ligne français et deux bataillons espagnols, était chargé de bloquer cette place.

Le général de Maringoné, informé du mouvement des constitutionnels, s'était porté sur Navata avec dix compagnies du 5o, six compagnies de l'armée de la Foi, et 60 lanciers des chasseurs de la Vendée ces troupes, réunies au bataillon amené par M. de Damas, présentaient un total d'environ 1,100 Français et 600 Espagnols.

Aussitôt M. de Damas envoya au-devant de lui une reconnaissance de 400 hommes, sous le commandement de M. d'Eyragues, capitaine d'état-major; cet officier avait l'ordre de n'engager que légèrement l'affaire, et de profiter des dispositions du terrain pour s'échelonner et se replier peu à peu, afin d'amener l'ennemi à attaquer les Français dans les positions avantageuses qu'ils occupaient en avant du village. La route qui conduit de Llado à Besalu n'est, à proprement parler, qu'un sentier à peine tracé, coupé par des ravins profonds et de petites vallées, dont les flancs escarpés sont couverts d'oliviers touffus, de bois clair-semés de liége et de chênes verts. Les revers, moins rapides, sont plantés de vignes, et les plateaux sont labourés.

La reconnaissance était parvenue au fond d'un de ces vallons boisés, lorsque les coups de fusil des éclai reurs annoncèrent la rencontre de l'ennemi. Les Français se portèrent en avant et gravirent la côte rapide pour attaquer, dans cette position redoutable, l'ennemi qu'ils ne voyaient pas; mais à peine les volti. geurs eurent-ils repoussé les premiers tirailleurs ennemis, que des décharges terribles partirent de toutes parts; les bataillons ennemis se déployèrent, couron nant les hauteurs et accablant nos soldats de leurs feux croisés : M. d'Eyragues tomba percé de deux balles.

Le général de Damas, entendant la fusillade, devança ses bataillons ; des grenadiers mourants lui apprirent que l'avant-garde était compromise. Le général Maringoné s'avança en même temps avec le bataillon du 8e pour la dégager et la soutenir. Il chargea en colonne l'ennemi, qui, supérieur en nombre, le déborda de toutes parts; mais nos soldats firent face de tous côtés. La compagnie des grenadiers qui marchait en tête se fit remarquer par son intrépidité. La cavalerie ennemie se précipite sur le flanc droit des compa gnies du centre; elle fut accueillie par un feu meurtrier qui en renversa la plus grande partie.

Alors l'ennemi, laissant de côté le bataillon du 8o, dirigea tous ses efforts sur la droite française, et attaqua M. de Bonchamps, chef de bataillon du 5o de ligne, qui se trouvait en position avec quelques compagnies. Les constitutionnels furent vigoureusement reçus, la fusillade leur causa une perte considérable. Cependant leur nombre croissait; le bataillon de transfuges, lancé en tirailleurs, s'avança au cri de Vive Napoléon 11! M. de Bonchamps, au moment d'être débordé, réunit ses deux compagnies de grena

Le 15 septembre, M. de Damas alla prendre position 1 Ce régiment était connu pour un des régiments les plus dé-diers, et marcha droit à l'ennemi au pas de charge, terminés et des plus attachés à la révolution. Quand on le passait en revue, le colonel lui criait: Barbastro, quel sera ton sort ? et tous les soldats répondaient: «Constitution ou la mort!» Barbastro, qual sera tu suerte? Constitucion o muerte.

2 Quinze ou vingt de ces enfants de douze à quatorze ans furent faits prisonniers à Llers, et renvoyés à leurs parents.

qui s'arrêta et, bientôt vivement attaqué, fut forcé d'abandonner sa position.

Le général de Damas, en allant reconnaître le résultat de ces mouvements, fut au moment d'être enveloppé par les lanciers constitutionnels, que com

battaient corps à corps les officiers et cavaliers d'ordonnance qui se trouvaient autour de lui.

Cependant l'ennemi se porta rapidement par la gauche sur la route de Saint-Martin de Sasseras, pour tâcher de s'emparer de Llado. Dans ce moment, l'avant-garde était rentrée en ligne. Le bataillon du 8o, sous les ordres du commandant Richard, formait la gauche et occupait une excellente position; son mouvement avait été appuyé par le capitaine Chatelet, du 5 de ligne; ce qui restait du bataillon de ce régiment, et une partie des troupes royalistes, étaient engagés en avant de notre droite. Nous n'avions plus en réserve qu'environ 200 royalistes espagnols et la cavalerie. L'ennemi continuait à gagner sensiblement sur notre droite. M. de Damas fit porter de ce côté le bataillon du 8, qui n'était plus nécessaire à la gauche; la cavalerie s'y porta également avec rapidité; mais pour donner le temps d'exécuter ce mouvement, le lieutenant général ordonna au capitaine Chambelland, des grenadiers du 8o, de reprendre une hauteur que l'ennemi venait d'occuper, et d'y tenir à tout prix. Cet ordre fut exécuté avec la plus grande bravoure.

A peine ce mouvement était-il terminé, qu'une colonne de 300 hommes, qui se dirigeait sur Llado, attaqua notre droite en flanc. Aussitôt M. de Damas partagea les lanciers en deux pelotons, le premier, auquel se joignirent quelques cavaliers royalistes et tous les officiers qui se trouvaient présents, reçut l'ordre de charger l'ennemi et le repoussa.

L'ennemi se retira dans ses premières positions. La nuit qui survint empêcha de profiter de sa retraite le combat avait duré six heures. Les troupes françaises bivouaquèrent dans leurs positions en face de celles de l'ennemi. Pendant la nuit, le colonel Le Termellier rejoignit le baron de, Damas avec deux escadrons de chasseurs du 22o.

Bientôt on aperçut des feux dans l'éloignement; et, vers minuit, un rapport du général Nicolas apprit qu'il était arrivé à Besalu, à quatre lieues de Llado, et qu'il y avait fait arrêter ses troupes épuisées de fatigue. M. de Damas lui envoya l'ordre de marcher le plus tôt possible sur Saint-Martin, et de suivre le mouvement de l'ennemi qui essayait, en faisant un détour, de devancer les troupes françaises sur la route de la Estella à Llers et au fort de Figuières, soit par Sistella, soit par Serradas.

A trois heures du matin, M. de Damas se porta vers Llers sur deux colonnes, les troupes royalistes passant par des chemins plus difficiles entre l'ennemi et les troupes françaises.

Arrivé à Llers, à deux heures, il y trouva un bataillon de marche de 250 hommes, qui avait reçu l'ordre de s'y arrêter. Les troupes furent placées en avant du village et du chemin du fort. Le colonel Le Termellier disposa ses chasseurs de manière à bien soutenir l'infanterie.

L'ennemi avait trouvé moyen de déborder la droite des troupes royalistes, qui, dès lors, marchaient à sa suite. Masqué d'abord par des oliviers, il parut vers une heure et se présenta sur différents points, en coTonnes, par compagnies, marchant l'arme au bras de la manière la plus décidée.

T. Y.

La fusillade s'engagea. L'ennemi se battait en désespéré. Renonçant à percer notre ligne, il passa avec beaucoup de résolution devant notre front, se dirigeant, sur la droite, vers les hauteurs qui séparent Llers du fort; mais ce mouvement lui coûta cher, car il lui fallut défiler sous le feu de plusieurs pelotons embusqués derrière des murs, dans un terrain qui nous favorisait. Fernandez fut blessé, le désordre se mit dans les rangs constitutionnels.

Aussitôt M. de Maringoné ordonna au bataillon du 8e de charger, et se dirigeant par la gauche, avec celui du 5o, vers les hauteurs que l'ennemi voulait occuper, il y arriva le premier. Les troupes constitutionnelles virent alors clairement que tout espoir était perdu d'exécuter leur projet d'entrer dans le fort; la retraite ne leur était pas moins impossible. Plusieurs colonnes de 2 à 300 hommes jetèrent leurs armes et se rendirent à M. de Maringoné. La plus considérable demanda à capituler. Le feu cessa aussitôt.

Les transfuges, qui connaissaient le sort que leur réservaient les lois militaires, dans le cas où ils tomberaient au pouvoir des troupes françaises, conservaient seuls une attitude menaçante. Plusieurs même, voyant qu'on allait se rendre, se donnèrent la mort. Les constitutionnels, en capitulant, demandèrent qu'on épargnât ces hommes qui avaient combattu dans leurs rangs. M. de Damas, pour éviter une nouvelle effusion de sang, s'engagea à solliciter vivement pour les transfuges la grâce de la vie seulement. Ses attributions ne lui permirent pas davantage. Il accorda aux troupes constitutionnelles les honneurs de la guerre, et laissa aux officiers leurs bagages et leurs épées.

Les prisonniers, au nombre de 2,000 environ, furent envoyés en France; parmi eux on comptait 6 colonels ou lieutenants-colonels, et 160 officiers, dont 21 étaient Français, et 35 Piémontais. Le colonel des transfuges, Pechiarotti, avait la jambe fracassée, et mourut de ses blessures.

La perte de l'ennemi fut de 600 hommes environ, tués ou mis hors de combat, et la nôtre de 200, sans compter beaucoup d'hommes blessés peu dangereusement. Presque tous les officiers du bataillon du 5o le furent plus ou moins.

La défaite de la colonne de Fernandez décida la capitulation de Figuières, qui eut lieu dix jours après. - Les troupes françaises occupèrent cette place forte le 29 septembre.

Combat de Mirabète. - Après la soumission de la Galice, la division Bourck s'était dirigée vers la VieilleCastille. Une de ces brigades, celle du général La Rochejaquelein, était établie sur le Tage, attendant le moment de passer le fleuve et d'attaquer les constitutionnels de l'Estramadure. Le 29 septembre, le général La Rochejaquelein apprit que les troupes de Placencia faisaient un mouvement de son côté; il marcha aussitôt à leur rencontre, et passa le Tage avec le 7e léger, le 1er de hussards et le 7 de chasseurs à cheval.

L'ennemi occupait une vallée qui, se terminant par 39

un col étroit et rapide (Puerto-de-Mirabete), offre, vers sa sommité, une position très forte et d'une défense facile. Le général ayant fait tourner cette position par les compagnies de voltigeurs du 7o, l'ennemi n'essaya pas d'y tenir; et bientôt la brigade, après avoir repoussé quelques postes, déboucha dans la plaine étendue qui se trouve sur le chemin de Truxillo. Les ennemis formés en bataille l'y attendaient de pied ferme.

Le général Placencia avait rangé dans la plaine huit beaux escadrons de cuirassiers et de grosse cavalerie. Sa droite était appuyée à des hauteurs très escarpées ct très élevées qu'il avait garnies d'une nombreuse infanterie embusquée dans des rochers presque inaccessibles. Il avait placé sur sa gauche un bataillon d'infanterie protégé par un ravin profond; enfin, trois pièces d'artillerie défendaient le front de sa ligne. C'est après avoir fait toutes ces dispositions qu'il offrit le combat au général La Rochejaquelein; il était fort de la supériorité du nombre, et persuadé que notre cavalerie légère ne pourrait pas lutter contre ses cuirassiers et sa grosse cavalerie.

sur la première hauteur qu'il avait emportée, y avait établi le commandant de Blérancourt en réserve et en observation avec une partie du 2 bataillon: il avait ensuite marché en avant avec son premier bataillon, et chassé successivement à la baïonnette l'infanterie ennemie d'une seconde et d'une troisième position semblables à la première. L'ennemi défendait son terrain pied à pied derrière les rochers, et ne les abandonnait qu'au moment où nos soldats grimpaient pour les franchir. Les 8 et 24e bataillons de l'infanterie de ligne espagnole, et un bataillon de grenadiers et de voltigeurs réunis, défendaient ces positions avantageuses., Ils résistèrent quelque temps, mais poussés enfin vers l'extrémité de la montagne, qui se termine par une pente rapide et par des rochers escarpés, le désordre se mit dans leurs rangs; ils se précipitèrent vers la plaine, dans la déroute la plus complète, laissant sur le terrain un grand nombre de morts et de blessés, et en notre pouvoir un grand nombre de prisonniers.

Siége de Pampelune. — Pampelune, capitale de la Navarre, est une ville assez grande, située en partie sur une éminence, et en partie dans une plaine fertile sur les bords de l'Arga, qui baigne une portion de ses murs. Des montagnes élevées l'entourent de tous côtés et à deux et à trois lieues de distance. C'est une place de guerre ses fortifications ne sont pas cependant

Le général La Rochejaquelein, ayant reconnu la position des constitutionnels, ordonna au colonel Lambot d'enlever, avec la plus grande célérité, les hauteurs qui protégeaient leur droite. Le colonel exécuta les ordres du général, en se mettant lui-même à la tête de sa compagnie de carabiniers, et mit dans son attaque tant de vigueur et de promptitude que, mal-bien considérables; mais elle est défendue par deux châgré la difficulté du terrain, il parvint, en peu de temps, au sommet de la position couronnée de rochers escarpés, d'où l'infanterie embusquée continuait à faire feu à bout portant. Sa marche avait été si rapide qu'une vingtaine de carabiniers seulement étaient arrivés avec lui; il les fit charger à la baïonnette; ils grimpèrent sur les rochers avec la plus grande intrépidité, et ils virent fuir devant eux tout un bataillon, par lequel ils avaient été pendant un moment presque cntourés.

Le général La Rochejaquelein attendait que le 7e léger put être disponible pour le faire porter sur le flanc droit des constitutionnels, lorsque l'ennemi, impatienté probablement de son inaction, rompit son ordre de bataille, et se forma en colonnes pour attaquer la cavalerie française. M. de La Rochejaquelein, voyant cette manœuvre qui faisait perdre à l'ennemi la supériorité de l'étendue de la ligne, n'hésita pas à le faire charger sur-le-champ. Le cavalerie constitutionnelle se présenta au combat avec beaucoup d'ordre et de sang-froid; elle comptait d'ailleurs sur ses cuirassiers; on croisa les sabres, on se battit corps à corps: les colonels Simonneau, du 1er de hussards, et de Wimpffen, du 7e de chasseurs, chargèrent avec vigueur à la tête de leurs régiments; enfin, la cavalerie constitutionnelle, après plusieurs charges malheureuses, fit demi-tour, fut poursuivie, sabrée et mise dans la déroute la plus complète, avec perte d'une pièce de canon et de beaucoup d'hommes tués et faits prisonniers.

Pendant que cet avantage était remporté dans la plaine, le colonel Lambot ayant rallié son régiment

teaux, dont l'un est dans la ville, l'autre lui est con-
tigu, quoique hors de l'enceinte de ses murs. Ce der-
nier est la citadelle, forte par sa situation sur le roc;
elle a cinq bastions revêtus de pierres et de bons fos-
sés; un marais profond, d'une étendue considérable,
en rend les approches difficiles vers le côté par où l'on
pourrait l'attaquer. Un rempart garni de bastions et
de demi-lunes, deux ouvrages à cornes qui s'avancent
à quelque distance de la place, et qu'on appelle,
le fort de l'Infante, l'autre le fort du Prince, com-
plètent la défense de Pampelune du côté de la plaine;
l'autre côté, baigné par les eaux de l'Arga, est suffi-
samment défendu par l'escarpement et par une simple
muraille que protégent des bastions, dont les feux se
croisent et commandent au loin les approches.

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Un détachement du 3o corps et de troupes royalistes espagnoles, placé sous les ordres du général français de Conchy, fut d'abord chargé du blocus de Pampe lune.

Le 18 juillet, ces troupes eurent à repousser une colonne de la garnison qui fit une sortie et fut obligée, après avoir éprouvé une assez grande perte, de rentrer dans Pampelune.

Dans le courant du mois d'août, le 5o corps de l'armée des Pyrénées, sous les ordres du maréchal de Lauriston, vint remplacer le corps du général de Conchy. Dès lors les opérations du blocus devinrent des travaux de siége, qui furent poussés avec activité.

L'ennemi occupait encore, en dehors de la place, les deux faubourgs de la Madeleine et de la Rocheappa, situés à un tiers de portée de mitraille de ses batteries. Les officiers du génie français n'avaient pas pu, en

conséquence, faire, autour des fortifications, les re-, Gilles, qui y fut blessé mortellement. La division Pêconnaissances nécessaires.

D'après la demande du général commandant le génie, le maréchal de Lauriston se détermina à faire sur-le-champ l'attaque du faubourg de la Rocheappa, qu'il ne voulait d'abord entreprendre que la nuit de l'ouverture de la tranchée.

cheux, continuellement à découvert sous le feu de la
place, sut profiter avec habileté de tous les accidents
du terrain, et réussit dans toutes ses attaques. Le
comte d'Espagne et les royalistes de Navarre manœu-
vrèrent avec beaucoup de valeur et d'habileté.
Dès le 27 août, jour de l'arrivée du quartier général

grande activité des travaux d'approvisionnement en fascines, gabions, etc.

Après l'enlèvement des deux faubourgs, on occupa les postes qu'on avait forcé l'ennemi d'abandonner, et on les retrancha sous le feu de sa mitraille.

L'attaque principale devait être, d'après l'ordre du maréchal, dirigée contre la citadelle de Pampelune. On fixa l'ouverture de la tranchée pour la nuit du 10 au 11. Malgré la nature du terrain rempli de pierres et de cailloux, malgré le petit nombre de gabions dont on pouvait disposer, 3,500 hommes entreprirent cette opération au milieu d'un orage épouvantable, mêlé d'éclairs et de tonnerres, qui, en très peu de temps fit grossir tous les ruisseaux, et rendit le terrain extrê– mement glissant; ils l'effectuèrent avec un succès complet.

Le 3 septembre, la 7e division, commandée provi-devant la place, le génie s'était occupé avec la plus soirement par le général Jamin, composée des 3e léger, 6o, 9o et 14o de ligne, et qui était placée devant les faubourgs de la Rocheappa et de la Madeleine, fut chargée de cette attaque. Elle devait être soutenue par les feux et les attaques du 20e léger, des 33e et 40e de ligne de la division Pêcheux, et par une partie des troupes espagnoles, ainsi que par quelques batteries. L'affaire commença à cinq heures et demie, et à sept heures et demie les deux faubourgs furent occupés par nos troupes, qui emportèrent des maisons crénelées et retranchées, malgré une pluie de mitraille. Il fallut marcher à découvert jusqu'à ces maisons; et comme ce côté de la ville est très escarpé, et que nos soldats se déployaient dans une plaine, l'attaque ne put être soutenue que par quelques batteries de mortiers et d'obusiers, placées à des distances de 4 à 500 toises. Deux maisons, le couvent de San-Pedro, d'un côté, et la maison Blanche, sur la route de Tolosa, de l'autre, étant crénelées et retranchées, l'ennemi voulait les dé-gros calibre, et cinq batteries composées de trente et fendre opiniâtrément. Quelques brèches faites par deux un mortiers ou obusiers, furent successivement étapièces de huit et de seize suffirent pour les lui faire blics. Le 16 septembre, à la pointe du jour, ces battepromptement évacuer. On ne pouvait espérer une réus-ries furent démasquées, et commencèrent immédiatesite aussi prompte d'une attaque que rendait très difficile la position des batteries de la place du côté de la Rocheappa. Nos troupes furent obligées d'enfoncer à coups de haches les portes de toutes les maisons du, faubourg que l'ennemi avait barricadées. Le feu de mousqueterie dura jusqu'à neuf heures et demie. L'ennemi tira continuellement à mitraille, et lança un grand nombre de bombes et d'obus contre nos bat

teries.

De son côté, le général Pêcheux avait fait prendre possession de la redoute du Prince par le général Fernig, avec le 40° régiment et les compagnies de grenadiers de l'infant don Carlos. Cette redoute, qui était autrefois un ouvrage à cornes, n'est plus actuellement qu'une lunette à 200 toises de la place. Le général Pécheux chassa l'ennemi de tous les petits postes qu'il occupait au dehors, de sorte que le génie put, sans être trop inquiété, faire ses reconnaissances.

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Les travaux continuèrent les jours suivants. Huit batteries contenant cinquante bouches à feu de

ment un feu terrible contre la place. Le feu continua jusqu'à deux heures de l'après-midi; alors toutes les batteries de l'ennemi étaient réduites au silence, les pièces démontées et les embrasures détruites. Le gouverneur de Pampelune demanda à capituler. La capitulation fut signée le 17 au matin, et aussitôt les troupes françaises prirent possession de la citadelle et des principales portes de la ville. La garnison, prisonnière de guerre, s'élevait à 3.400 hommes; après avoir déposé les armes, elle fut envoyée en France.

Maître de Pampelune, le maréchal de Lauriston, après avoir pris des mesures pour empêcher les réactions des royalistes contre les constitutionnels, se dirigea sur Sarragosse, afin d'appuyer, si cela devenait nécessaire, les opérations de l'armée de Catalogne.

Colonne d'Évariste San-Miguel. Sa défaite à Tramaced. Prise de Lérida. - Le maréchal de Lauriston, à son entrée à Sarragosse, le 5 octobre, apprit qu'une colonne mobile sortie de Tarragone et de Lérida, forte de 3,000 hommes, cavaliers en grande partie, parcourait le Haut-Aragon sous les ordres du colonel Evariste San-Miguel, ancien ministre de la guerre, et que depuis sept jours un grand nombre de troupes royalistes faisait de vains efforts pour l'arrêter. Il ordonna au lieutenant général Pècheux de partir le lendemain, 6, avec la brigade de cavalerie du corps d'armée, et celle d'infanterie du général Damrémont, pour se rendre à Alcuvierres, et de là prendre

Le but de l'attaque fut parfaitement rempli et avec une perte peu considérable, quoiqu'il eût fallu attaquer, toujours à découvert, un ennemi protégé par le feu de mousqueterie de la ville et par des batteries chargées à mitraille. L'attaque des deux faubourgs fut conduite avec une vigueur extraordinaire par le général Jamin, commandant provisoirement la 7 division. Ce fut le général Quinsonnas qui attaqua le faubourg de la Madeleine et l'emporta. Le général Damrémont, avec un bataillon du 20e léger, soutint, par une attaque de flanc, celle qui était dirigée contre la • maison Blanche par le 3o léger, conduit par le géné-les dispositions qui lui paraîtraient les plus convcral de Tressan et par son colonel, M. de Saint- | nables.

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