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capitulation signée par lui, et déclaraient qu'ils s'en- | «se trouvaient devant un représentant du puissant roi seveliraient sous les ruines du fort plutôt que de se «de France, ils se remettaient entre ses mains et à sa rendre. «merci.»>

Tous les moyens de conciliation employés par le général Schneider avaient échoué devant leur résolution, et les agas ayant commencé eux-mêmes les hostilités, le général avait dû faire commencer les travaux d'un siége régulier devant la place.

Les troupes françaises entrèrent aussitôt dans le fort, où l'on arbora les pavillons des puissances alliées. Sa possession n'avait coûté que 25 hommes tués ou blessés. La garnison fut traitée par le général Maison comme celles des autres villes capitulées ; mais il voulut punir les officiers de leur résistance à la capitulation de Pa

Le général Maison fit aussitôt demander à l'amiral de Rigny des moyens de transport pour 1,500 hom-tras. Il exigea la remise de leurs armes, parmi lesquelles mes, et quelques vaisseaux de ligne. Il dirigea immédiatement par terre, sur le château de Morée, deux régiments d'infanterie et le 3o de chasseurs à cheval; enfin il s'embarqua, avec la compagnie de mineurs et toute l'artillerie, à bord du vaisseau amiral, commandé par M. de Rigny.

Retour de l'armée en France. L'expédition de Morée, où les troupes françaises ne trouvèrent d'autre occasion de se distinguer par leur courage, que l'at, taque du château de Morée, mais où elles firent preuve de patience et de discipline, fut pour le général Maison l'occasion d'obtenir le bâton de maréchal de France; ce général comptait de beaux et anciens services du temps de la république et sous l'empire, et que la restauration se trouva ainsi chargée de récompenser, Les troupes envoyées en Grèce furent successive

étaient des sabres et des yatagans de grand prix, qu'il fit distribuer aux officiers généraux et supérieurs des différents corps et des marines française et anglaise. 2,500 individus composant des familles turques, qui voulaient quitter la Morée, se trouvaient à Patras et dans le château. On les fit embarquer sur douze bâtiLe 23 octobre, le général Maison, débarqué la veillements qui les conduisirent à Smyrne. Au 5 novembre, devant le château de Morée, reconnut l'état du fort et il ne restait plus un seul musulman dans la Morée. des travaux faits par la 3e brigade. Une batterie de quatorze pièces de marine et de campagne, établie à deux cent trente toises, avait réduit de beaucoup le feu du fort. La présence du général en chef donna une nouvelle activité aux travaux; il fit dresser et porter plusieurs autres batteries à cinquante toises: la marine le seconda de tous ses moyens. Les marins anglais rivalisèrent de zèle et d'ardeur avec les Français. Ceux de la frégate la Blonde concoururent au service des batteries de brèche. Ces batteries, au nombre de cinq, avaient reçu les noms de Charles X, de Georges IV, du Duc d'Angoulême, du Duc de Bordeaux et de la Marine.ment rappelées en France. Il n'y resta qu'une brigade Le 30 octobre, à six heures du matin, les travaux qui occupa le pays pendant cinq années et protégea les étant achevés et les batteries établies de manière à développements du gouvernement grec. Après l'élébattre les ouvrages de front, en flanc et sur leurs vation du prince de Bavière, Othon, à la royauté des crêtes, le général Maison fit ouvrir le feu sur tous les Grecs, cette brigade, qui était alors commandée par points. L'effet en fut prompt et terrible: en quatre le général Guéhéneuc, revint en France, laissant d'uheures une brèche assez large était faite, et l'ennemi nanimes regrets chez tous les bons citoyens. «Le séjour n'osait plus paraitre sur les remparts. On aurait pu des Français en Morée, dit un historien moderne, a donner l'assaut, lorsqu'un parlementaire sortit de la été pour la Grèce d'un avantage qu'aucun homme de place, où peu après le drapeau blanc fut arboré en bonne foi ne peut méconnaître. Ils y ont dépensé signe de paix. Le général Maison déclara au parlemen- beaucoup d'argent. Ils ont embelli les villes, animé taire, qui demandait à traiter de la reddition du chà-l'industrie, bâti des casernes et des ponts, percé ou teau, qu'il n'accorderait pas de capitulation à ceux qui en avaient déjà violé une; qu'ils eussent à se mettre tous à sa discrétion, ou qu'il les ferait passer au fil de l'épée avant deux heures; il ne leur donna qu'une demi-heure pour ouvrir les portes et paraître devant lui sans armes.

réparé des routes, rétabli des forteresses, planté des jardins et enfin laissé un peu de civilisation partout où ils ont habité. Une belle caserne à Modon, un pont sur le Pamissus, entre Modon et Calamata, la route de Modon à Navarin, la citadelle de Navarin ellemême qu'ils ont reconstruite, seront des monuments durables de leur présence bienfaisante dans un pays à la délivrance duquel la France a eu une part si grande

Les agas, sans espoir de prolonger utilement leur résistance, se soumirent sur-le-champ aux conditions posées par le général Maison, en disant : «Que, puisqu'ils I et si glorieuse.»>

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16 SEPTEMBRE. Commencement du départ des troupes égyp- 29 DÉCEMBRE. Départ d'une partie des troupes françaises.

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AOUT. Les Français quittent la Morée.

hi m-Pacha.

1830. — CONQUÊTE D'ALGER.

SOMMAIRE.

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-

Anciennes possessions françaises en Afrique. Elles sont enlevées à la France en 1806 et rendues en 1817. Mauvaises dispositions da dey d'Alger. — Affaire Busnach et Bacri. - Transaction. - Mécontentement du Dey. - Insulte faite au consul de France. - Satisfaction demandée et refusée. — Blocus du port et des côtes d'Alger. - Insulte au pavillon français. — L'expédition contre Alger est résolue. -Composition et forces de l'armée de terre. - Composition et forces de l'armée navale. — Le Dauphin visite la flotte et l'armée.Naufrage du Silène et de l'Aventure. — Proclamation à l'armée et à la flotte. — Embarquement. - Départ de la flotte. - Traversée contrariée par les vents. Ralliement à Palma. — Arrivée devant Alger. —La flotte mouille dans la baie de Sidi-Ferruch. - Débarque ment. - Combat de Sidi-Khalef. Coup de vent.- Situation critique de l'armée navale. Attaque des batteries de mer d'Alger. — Prise du fort de l'Empereur. - Capitulation d'Alger. - Entrée des Français à Alger. - Prise de possession de la Casaubah et des trésors de la Régence. - Embarquement du Dey et de la milice turque. - Organisation de l'administration française. - Occupation d'Oran et de Bone.- Marche sur l'Atlas.- Combat de Blida.- Nouvelles de la révolution de juillet.- Départ du maréchal de Bourmont. — Le général Clausel prend le commandement de l'armée. - Expédition de Médéah. Combat du col de Tenia. Occupation de Médéah. - Bilan de la guerre d'Alger. TROUPES ALGÉRIENNES. HUSSEIN-PACHA.

ARMÉE FRANÇAISE.
Général en chef.
Amiral.

Comte de BOURMONT.
DUPERRÉ.

Der d'Alger. E

le cap Roux, le cap Rose, le cap Nègre.

«Un traité du 26 août 1817, dit le Moniteur officiel du 13 mai 1830, nous en remit en possession et rétablit notre redevance de 60,000 francs: trois ans plus tard, cette redevance fut portée à 200,000 francs.

«Le paiement annuel d'une somme aussi considéra. ble diminuait déjà beaucoup les avantages que nous retirions de nos établissements sur la côte d'Afrique : & fut une des causes qui les empêchèrent de se relever, en nous ôtant les moyens de pourvoir à leur entretien par leurs propres ressources. Mais ce qui y contribua plus encore, fut l'intention souvent manifestée par le Dey de nous en exclure aussitôt que les circonstances le lui permettraient.

Anciennes possessions françaises en Afrique.-, paux étaient le bastion de France, le fort de la Calle, Elles sont enlevées à la France en 1806, et rendues en 1817.- Depuis quatre siècles, la France possédait des établissements sur la côte septentrionale de l'A- | frique; son droit de possession, acheté primitivement des Arabes, avait été reconnu, en 1518, 1692, 1694 et 1801, par les sultans turcs suzerains du dey d'Alger, et par le dey d'Alger lui-même. La situation avantageuse des Concessions d'Afrique, leur richesse en grains, en bestiaux, en laines, en cire, en miel, etc., la facilité de répandre les marchandises de fabrique française dans l'intérieur de l'Afrique, enfin les produits de la pêche du corail, procuraient de grands avantages aux compagnies qui, avant la révolution, exploitaient les concessions. Ce commerce fut languissant et presque nul durant les longues guerres de la révolution et de l'empire. La force navale de l'Angleterre paralysa toutes nos relations d'outre-mer; mais les deys d'Alger restèrent neutres dans la lutte et ne | contestèrent pas à la France ses droits de possession. Cependant, en 1798, lors de la campagne d'Égypte, les Algériens, contraints par la Porte, déclarèrent la guerre à la République française et attaquèrent la Calle, établissement où se trouvaient alors environ 200 hommes et vingt canons. Ils s'en emparèrent et en détruisirent les fortifications. Mais cette hostilité forcée n'eut pas de suite, et en 1801, après la paix d'Amiens, les marchands français reparurent sans obstacle sur la côte africaine.

«Nous retrouvâmes ces établissements dans une situation déplorable; les forts étaient ruinés, les magasins et les édifices dégradés. Les naturels du pays avaient cessé de cultiver des terres, dont, en notre absence, ils ne trouvaient plus à vendre les produits, et il s'en était suivi parmi eux un appauvrissement général, qui ne leur permettait plus de consommer qu'une très-faible quantité de nos marchandises. Nous eussions pu cependant rendre encore de l'importance à ces possessions. Si le blé et les laines qu'elles nous livraient autrefois avaient cessé d'avoir la même valeur pour nous, la pêche du corail, les cuirs, la cire of fraient encore matière à un commerce avantageux. Nous pouvions aussi ouvrir de là des relations avec l'intérieur de l'Afrique, cultiver ou faire cultiver sur les côtes l'olivier et le mûrier, qui eussent suppléé à l'insuffisance de nos récoltes en huile et en soie, et y

Pendant le Consulat et les premières années de l'Empire, la crainte de la colère de Napoléon suffit pour contenir les pirates, malgré les provocations de l'Angleterre. L'Empereur força même la régence algé-introduire les mêmes cultures que dans nos colonies rienne à mettre en liberté les esclaves appartenant aux différentes portions de l'Italie successivement réunies à l'Empire.

En 1806, les Algériens occupèrent de nouveau la Calle, et les Anglais réussirent à s'emparer de la pêche du corail : ils en jouirent exclusivement jusqu'en 1814. La France fit alors ses réclamations. La côte qui lui avait été concédée s'étendait depuis la rivière de Seybouse jusqu'à la frontière de Tunis; ses points princi

du tropique. Mais, pour se livrer à ces entreprises, il eût fallu de la sécurité et de la confiance dans l'avenit, et nous ne pouvions en avoir, d'après les intentions manifestées par le Dey.

«La guerre que les Anglais firent à la régence d'Alger, en 1824, donna momentanément quelque impor tance au poste de la Calle. Les bâtiments corailleurs, qui se rendaient habituellement à Bone, repoussés de ce port par deux frégates anglaises, qui croisaient dans

ces parages, se réfugièrent alors sur nos côtes, que ces, La souveraineté de la France sur cette portion du terfrégates respectaient comme un territoire neutre. ritoire qui se trouve comprise entre la rivière de Seybouse et le cap Roux, fut méconnue.»>

«En 1825, la pêche du corail employa cent quatrevingt-trois bâtiments, du port de 1791 tonneaux et montés par 1,986 hommes d'équipage. Le produit en fut de 25,985 kilogrammes, évalués sur les lieux à 1,812,450 francs, et qui, travaillés, devaient représenter ensuite une valeur très-considérable. La presque totalité de ces bâtiments étaient italiens, mais tous payaient une redevance à la France. La vente de nos marchandises à Bone ne monta cette même année qu'à 38,000 fr., et nos achats en produits du pays à 142,444 francs. «Cependant on sentait vivement le besoin d'assurer aux sujets français et étrangers, qui venaient pêcher et trafiquer sur ces côtes, ou qui résidaient à la Calle, une protection qui devenait chaque jour plus nécessaire. Les naturels du pays pénétraient librement dans nos possessions, y commettaient mille désordres, et s'y étaient même rendus coupables de plusieurs assassinats. Le gouvernement français ordonna donc au vice-consul à Bone d'armer quelques corailleurs et de mettre quelques canons au poste du moulin et à l'entrée de la Calle. Ces dispositions étaient formellement autorisées par les anciens traités en vigueur, et nous restituaient les concessions de la même manière et aux mêmes conditions que nous les possédions avant la guerre. Mais les prétentions du Dey s'étaient singulièrement accrues, par les ménagements mêmes dont nous avions usé envers lui; et, sans nous refuser d'abord positivement le droit d'armer nos établissements, comme par le passé, il envoya des inspecteurs examiner les faibles réparations que nous y faisions, et il nous fit insinuer par ces émissaires qu'il ne nous verrait pas avec plaisir poursuivre ces travaux.»

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Le

Affaire Busnach et Bacri. Transaction. ressentiment du Dey contre la France fut encore allumé par une affaire particulière sur laquelle il convient de donner quelques détails '.

«Deux négociants algériens, Bacri et Busnach, banquiers de la régence, avaient fait des fournitures considérables en approvisionnements au gouvernement français, de 1793 à 1798, pour nos armées en Italie et pour l'expédition d'Égypte. Des paiements avaient été faits par le gouvernement au fur et à mesure des consignations; mais plusieurs chargements de blé ayant été trouvés avariés, et d'autres fraudes reconpues, les paiements furent suspendus, et les demandes de ces fournisseurs contestées. Le dey d'Alger réclama longtemps pour ce même objet, en faisant connaître qu'il était propriétaire d'une partie de ces approvisionnements, qui provenaient des magasins de la Régence et des impôts qu'on lui paie ainsi en nature dans son

pays.

«Cette créance ręsta contestée jusqu'à la restauration.

«M. Dubois-Thainville (consul de France à Alger) fit confirmer en 1814, et sans opposition, tous les anciens traités au nom du roi de France, et il fut remplacé par M. Pierre Deval, qui a depuis dirigé toutes les affaires de la France auprès de la Régence. C'est donc depuis l'arrivée à Alger de M. Deval, en 1815, qu'on pressa vivement le paiement de cette dette. Ce consul promit, le 29 février 1816, de faire acquitter cette créance, et ce fut en 1819 que le roi nomma une commission pour la liquider et l'acquitter définitivement, La commission y mit un tel empressement, qu'en peu de mois on termina une affaire en litige depuis vingtcinq ans.

Mauvaises dispositions du dey d'Alger. Le dey d'Alger était alors cet Hussein-Pacha qui a vu tomber ses États au pouvoir des Français; ses mauvaises dispositions à notre égard s'étaient déjà manifestées dans «Le 21 janvier 1820, le ministre des affaires étranplusieurs occasions. «En 1824, contre la teneur ex-gères vint proposer aux Chambres, au nom du roi, un presse des traités, des perquisitions furent exercées dans la maison consulaire de France à Bone, sous prétexte de contrebande. Des autorisations illicites de séjourner et de commercer dans cette ville et sur les côtes de la province de Constantine, furent accordées à des négociants anglais et mahométans. Un droit arbitraire de dix pour cent fut établi sur les marchandises introduites dans ces contrées pour le compte de l'agent des concessions françaises.

«En 1826, des navires appartenant à des sujets du Saint-Siége, mais couverts du pavillon français et de la protection de la France, furent injustement capturés, et la restitution en fut refusée. Des propriétés françaises, saisies à bord d'un navire espagnol, furent confisquées. Ainsi furent violés les deux principes qui ont constamment servi de base à nos transactions avec jes régences d'Afrique: «Que le pavillon français cou«vre la marchandise quelle qu'elle soit, et que la mar«chandise française est inviolable, même sous le paavillon ennemi.» Des visites arbitraires et des déprédations furent commises à bord des navires français.

T. V.

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projet de loi pour accorder sept millions en numéraire, applicables au paiement de cette ancienne créance algérienne, en vertu d'une transaction passée le 28 octobre 1819, entre des commissaires du roi et les fondés de pouvoir de ces négociants algériens, Le désir de mettre un terme à ces anciennes contestations et de maintenir la paix entre les deux États avait engagé le roi à faire encore ce sacrifice; les mêmes motifs entrainèrent les suffrages des Chambres, et ce crédit fut alloué par la loi du 24 juillet 1820.

«Le roi, sur le rapport du ministre des affaires étrangères, avait chargé deux conseillers d'État de négocier et de conclure un arrangement définitif avec les sieurs Jacob-Coëns Bacri et Michel Busnach, négociants algériens, pour satisfaire à leurs anciennes réclamations envers le gouvernement français. >>

Cette transaction fut conclue et signée le 28 octobre 18:9. Elle est rédigée en huit articles. «L'énoncé porte que ces négociants algériens éle

1 Ces détails sont extraits du rapport adressé par M. Alexandre Delaborde au roi et aux chambres. 41

mais lui préjudicier. Est-il vraisemblable qu'il eût
donné sa signature s'il eût pu prévoir que ces sommes
et d'autres encore auraient tout absorbé?
<«<Aussi lorsqu'il apprit ce qui s'était passé, son pre-

vaient leurs prétentions à la somme de quatorze millions, et que la commission convint d'opérer une réduction de moitié pour éviter, est-il dit dans l'acte, les retards qu'entraînerait une liquidation régulière et la nécessité de produire les pièces justificatives à l'ap-mier cri au ministère fut que le consul Deval l'avait pui des diverses créances que l'éloignement des temps et des lieux eût rendu difficiles à réunir.

«Dans les trois premiers articles et dans le dernier se trouve renfermée et remplie la mission spéciale de la commission, savoir: la fixation des sept millions, le mode et les termes du paiement, et l'approbation exigée du roi de France et du dey d'Alger.

|

trompe, et avait gagné une somme considérable dans cette affaire, et il priait le gouvernement français de rappeler ce consul qu'il ne pouvait plus voir devant ses yeux, d'examiner sa conduite ainsi que celle des procureurs fondés, et surtout de Busnach et Nathan Bacri, ses sujets, qui étaient à Paris. Il demandait en outre qu'on lui envoyât à Alger ces deux sujets coupables, qui, d'accord avec Deval et d'autres personnes, s'étaient partagé les sept millions.

«Par les quatre articles intermédiaires, 4, 5, 6, 7, MM. les conseillers d'État séquestrèrent au trésor et prirent des mesures pour garantir 1° (par l'article 4) «ll fut, dit-on, répondu par le ministère, et de vive des créances cédées à divers par le procureur fondé voix par la bouche du consul, que la conduite du conà Paris de ces négociants algériens; 2° (par les articles | sul était régulière, qu'il n'avait agi que dans les ter5, 6 et 7) pour réintégrer une somme prise à la chan-mes de la transaction qu'il avait lui-même approuvé cellerie de France à Alger, en 1810, et pour des indem- et signée, et que le gouvernement français en avait nités allouées au comptoir des concessions d'Afrique, rempli fidèlement les conditions en payant les sept à l'occasion de la guerre déclarée le 20 décembre 1798. millions convenus, etc. Quant au fondé de pouvoir, il «L'article 4 avait ordonné au trésor de retenir les lui fut encore répondu qu'il était sujet français; que sommes dues aux créanciers cessionnaires jusqu'à | Busnach s'était retiré à Livourne, et que Nathan Bacri pleine satisfaction. Qui donc avait requis la commis- avait été naturalisé français. sion de prendre cette mesure ampliatoire? Ces créanciers avaient fait leurs oppositions au trésor, cette mesure suffisait pour faire valoir leurs droits; qu'étaient donc ces créanciers cessionnaires, si bien protégés et pour lesquels on établissait ainsi des réserves particulières et privilégiées? des tiers à qui ces négociants avaient cédé, vendu ou transféré, etc., à quelque titre que ce fut, portion de leur créance; et qui, ajoutés aux créanciers personnels de plusieurs membres de la famille Bacri, devaient absorber et ont absorbé en effet les sept millions qui n'ont pas même suffi pour tout acquitter. Ces créances, discutées de-là calmer le Dey, en lui faisant assurer par la France vant les tribunaux et seulement contre les signataires des actes, ne pouvaient manquer d'obtenir des sentences favorables. On sait que dans les faillites ce sont ordinairement les titres de ce genre qui sont les plus difficiles à rejeter.

· Mécontentement du Der.-Insulte faite au consul de France.—«Étranger aux cinquante ou soixante jugements rendus dans cette affaire, le Dey n'ayant personne pour le représenter, se trouva de la sorte frustré de la part qui aurait dû lui revenir de droit en partage des sept millions. Ainsi cette transaction, qu'on n'avait faite que pour lui, présenta en résultat la singularité que le seul créancier en faveur duquel on avait reconnu la créance, était le seul qui n'en reçut aucune part.....

«Dans cet état de choses, qu'on se représente le ressentiment du Dey et l'embarras du consul... «Le Dey avait donné son approbation, et ne connais sant pas nos formes législatives, il s'impatientait de ne rien recevoir depuis trois mois.

«Les redevances des concessions d'Afrique qui, par les anciens traités, étaient fixées à dix-sept mille franes, et qui avaient été élevées successivement à la somme de soixante mille francs, maintenues par le traité du 28 octobre 1817, furent portées à deux cent mille francs par un nouveau traité du 24 juillet 1820. On crut par

une rente annuelle aussi considérable, qui devait lui tenir lieu du capital dont il était privé.

«Ce nouveau sacrifice imposé toujours à la France ne put cependant satisfaire le Dey...» Son mécontentement était au comble. Il prit lui-même l'initiative et «il en vint à demander (dit le manifeste du gouver nement français), comme condition du maintien de ses relations avec la France, le paiement immédiat de la somme entière de sept millions. Dans une lettre qu'il adressa lui-même au ministre des affaires étrangères, cette alternative était énoncée d'une manière si hautaine, que M. le baron de Damas ne crut pas devoir y répondre directement, et qu'il se borna à transmettre un nouvel exposé de l'affaire au consul général du roi à Alger, en lui prescrivant de s'en expliquer verbalement avec le Dey.»>

«Le Dey, ignorant nos usages, nos lois, les formes de «M. Deval n'avait pas encore reçu cette lettre quand nos liquidations, ratifia sans difficulté le projet de il se présenta, suivant l'usage, au palais du Dey, la transaction qui lui fut envoyé. Plein de confiance dans veille des fêtes musulmanes. Ce prince ayant demandé les promesses qui lui avaient été faites, et que le con- au consul général s'il n'était pas chargé de lui remettre sul Deval dut naturellement lui renouveler pour obte- une réponse à sa lettre, et celui-ci ayant répondu nénir sa ratification, il signa dans la bonne foi en voyant gativement, il porta subitement à M. Deval plusieurs que tout se faisait à sa considération. S'il vit l'ar-coups d'un chasse-mouches qu'il tenait à la main, en ticle 4, il dut penser qu'il ne concernait que des som- lui ordonnant de sortir de sa présence. mes légères dues à des Français qui ne pouvaient ja

Satisfaction demandée et refusée. Blocus du port et des côtes d'Alger. — «Après un tel excès, commis publiquement sur le représentant de la France, le gouvernement du roi ne pouvait plus prendre conseil que de sa dignité offensée. Cet outrage comblait la mesure des procédés injurieux de la Régence. Tout rapport était désormais devenu impossible entre la France et elle, avant qu'une réparation éclatante n'eût vengé l'honneur national.>>

Insulte au pavillon français. L'expédition contre Alger est résolue. - L'insuffisance du blocus étant reconnue, le gouvernement français se trouvait réduit à l'alternative, ou de s'humilier devant un chef de pirates qui refusait toute réparation, ou d'obtenir cette réparation par des moyens plus efficaces. Le ministère Martignac était décidé, en 1829, à une guerre contre Alger; des troupes étaient déjà réunies dans le Midi; mais, avant d'entreprendre une telle expédition, Le gouvernement français envoya à Alger une divi- il voulut tenter un dernier effort de conciliation, et le sion navale commandée par le capitaine Collet. La capitaine de La Bretonnière, qui avait remplacé dans goëlette la Torche parut dans la rade d'Alger le 11 juin le commandement de l'escadre de blocus le contre-ami1827, au matin, et remit des dépêches à M. Deval. Ceral Collet, fut chargé de porter au dey d'Alger des paconsul se rendit aussitôt à bord et ne descendit plus à roles de paix, et de lui proposer des conditions modéterre; il fut enjoint à tous les Français résidants à Al-rées et honorables pour les deux parties.

ger, de quitter cette ville et de s'embarquer.

Toute la division fut bientôt en vue d'Alger; le commandant Collet, qui montait le vaisseau la Provence, invita le consul de Sardaigne à faire connaître au Dey l'ultimatum des satisfactions qu'exigeait le gouvernement du roi, et dont l'acceptation devait être connue dans les vingt-quatre heures : en cas de refus, le blocus et la guerre étaient déclarés dans le terme prescrit. Les conditions imposées étaient :

1° Tous les grands de la Régence, à l'exception du Dey, se rendront à bord du vaisseau la Provence, pour faire, au nom du chef de la Régence, des excuses au consul de France;

2o A un signal convenu, le palais du Dey et tous les forts arboreront le pavillon français et le salueront de cent un coups de canon;

3o Les objets de toute nature, propriété française, et embarqués sur les navires ennemis de la Régence, ne pourront être saisis à l'avenir;

4o Les bâtiments portant pavillon français ne pourront plus être visités par les corsaires d'Alger;

5o Le Dey, par un article spécial, ordonnera l'exécution dans le royaume d'Alger des capitulations entre la France et la Porte ottomane;

6o Les sujets et les navires de la Toscane, de Lucques, de Piombino et du Saint-Siége, seront regardés et traités comme les propres sujets du roi de France. Ces propositions furent rejetées par le Dey, et le blocus du port d'Alger fut aussitôt formé.

Ce blocus, en restreignant le commerce ou les pirateries d'Alger, devait, à ce qu'on espérait, y exciter des mécontentements ou même un mouvement populaire, dont le résultat serait de forcer le Dey à donner satisfaction à la France. Mais Hussein-Pacha, retiré dans le fort de la Casaubah dominant Alger, avait augmenté sa garde personnelle, dont le commandement était confié à son gendre Ibrahim-Aga. Alger avait aussi été mis à l'abri de toute attaque maritime par les travaux ajoutés depuis 1816 à la défense du port. Le blocus, entretenu durant trois années, fut moins nuisible aux Algériens qu'à la France, à laquelle il coûta vingt millions, plusieurs bâtiments perdus sur des côtes sans abri contre les vents, un grand nombre de marins, et entre autres le commandant de l'escadre, le brave contre-amiral Collet, qui succomba aux fatigues d'une croisière aussi difficile que dangereuse.

Le 30 juillet, le vaisseau la Provence vint mouiller à deux milles de distance d'Alger, en bâtiment parlementaire. Admis le lendemain 31 à l'audience du Dey, M. de La Bretonnière lui fit connaître l'objet de sa mission et les satisfactions que la France exigeait. Le Dey entendit les propositions, et on le crut disposé à les accepter, jusqu'au 2 août, terme auquel il répondit par un refus positif.

Le vaisseau la Provence appareilla le 3 août, à une heure après midi; il sortait de la baie d'Alger, lorsque, à un signal parti de la Casaubah, une batterie voisine déchargea contre lui toute son artillerie. Les autres batteries l'imitèrent, et ne cessèrent le feu que lorsque le vaisseau parlementaire, déjà criblé de boulets, ayant souffert dans sa mâture et dans ses agrès, sans qu'il eût riposté lui-même par un seul coup, fut hors de portée....

Après une telle violation du droit des gens, après cette injure inouïe, toutes communications furent rompues. Le Dey essaya de s'excuser: il fit dire au commandant du blocus qu'il était fâché de l'insulte faite au pavillon français ; que c'était l'effet d'une méprise en punition de laquelle il avait fait décapiter les officiers qui commandaient les batteries. Mais comme il n'offrait d'ailleurs aucune satisfaction des anciens griefs, le nouveau ministère (Polignac) se crut forcé de recourir, pour obtenir cette satisfaction, à l'expédition déjà projetée. Cette expédition toutefois n'eut lieu que l'année suivante, en 1830.

--

Au

Composition et forces de l'armée de terre. mois d'avril 1830, l'armée et la flotte destinées à l'expédition se trouvèrent rassemblées sur les côtes de Toulon.

L'armée de terre avait pour chef le lieutenant général comte de Bourmont, ministre de la guerre, à qui était confiée la direction supérieure de l'expédition. Le chef de l'état-major général était le lieutenant général Desprez, ayant pour sous-chef le maréchal de camp. Tholozé. Le général Lahitte commandait l'artillerie, et le général Valazé le génie. L'administration générale était confiée au baron Denniće, intendant en chef; le service du trésor et des postes était sous la direction du payeur général Firino; le service de santé et des hôpitaux avait pour chefs supérieurs MM. Roux, médecin en chef, Mauriceau-Beaupré, chirurgien en

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