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qu'il remettait le commandement en chef à son suc- | général en chef trouva en Afrique des ennemis ar

cesseur.

«En s'éloignant de ces troupes dont la direction lui «a été confiée dans une campagne qui n'a pas été sans «gloire, disait-il, le maréchal éprouve des regrets «qu'il a besoin de leur exprimer. Il eût été heureux «pour lui qu'avant son départ, ceux dont il a signalé | «<le dévouement en eussent reçu le prix; mais le choix «de son successeur leur garantit que cette dette sera «acquittée.»>

dents et opiniâtres. Les Kabayles se montraient jusqu'aux portes d'Alger; et le bey de Tittery, si humble auparavant, jetait audacieusement aux Français un défi de guerre annonçant qu'il allait arriver avec 100,000 hommes pour forcer les infidèles à fuir et à se rembarquer.

Les premiers actes du général Clausel, après avoir assuré dans Alger l'ordre et la tranquillité, furent de renouveler les autorités civiles et de recomposer l'état-major. — Il institua une commission d'enquête pour vérifier si, comme d'infâmes calomniateurs en avaient répandu le bruit, les trésors de la Casaubah avaient été pillés. - Hatons-nous de dire que cette en

que «rien n'a été détourné du trésor, et que ce trésor «a tourné tout entier au profit de la France.» — Le général organisa aussi un corps auxiliaire entièrement formé de soldats indigènes et qui reçut le nom de corps des Zouaves, parce qu'il fut dans l'origine presque entièrement composé de guerriers de cette tribu.

Le maréchal de Bourmont remit ensuite à son successeur les papiers de l'expédition, avec une lettre pour le ministre de la guerre, auquel il demandait la permission ou annonçait l'intention de passer quelque temps à l'étranger, en Italie ou en Belgique, sans s'ex-quête faite avec une louable sévérité, a fourni la preuve pliquer sur le serment qu'il avait à prêter.- L'amiral Duperré lui ayant refusé un bâtiment de l'État pour le conduire autre part qu'en France, il s'embarqua sur un petit bâtiment autrichien monté par huit matelots et se rendit à Malaga, avec deux de ses fils et deux domestiques. «Le maréchal et ses deux fils, dit une relation contemporaine, jetaient en partant, un dernier regard sur cette terre, théâtre de tant de gloire et d'inconsolables douleurs. Deux matelots avaient suffi pour transporter les bagages du général qui, moins de trois mois auparavant, avait traversé ces mers à la tête de mille vaisseaux. Des millions de la conquête, il n'emportait qu'un seul trésor, le cœur embaumé de son malheureux fils »

Le vice-amiral Duperré ramena, quelques jours après, sa flotte à Toulon, sans éprouver d'autre contrariété que la révolte d'un équipage (celui de la Bellone). De retour à Paris, il reçut une seconde fois la pairie qui lui avait été conférée par Charles X, et le titre d'amiral, équivalent à la dignité de maréchal de France, titre qu'il avait assurément bien mérité, par la part glorieuse qu'il avait prise à l'expédition.

: Nous l'avons dit dans un autre ouvrage : «Le maréchal Bourmont, quelque graves qu'eussent été, en 1815, ses torts envers l'armée dans laquelle il avait accepté un commandement, et qu'il abandonna, en présence de l'ennemi, trois jours avant la funeste bataille de Waterloo, se montra, pendant la campagne d'Afrique, digne de la haute mission qui lui avait été confiée. On l'a accusé de trop de lenteur et de trop de prudence; mais, en lui faisant ce reproche, on oublie que toutes les expéditions précédentes contre Alger, celles mêmes de Charles-Quint et d'O'Reilly, n'ont manqué que par l'effet de la précipitation et de l'ardeur des troupes de débarquement. L'expérience du passé a servi de règle au général Bourmont, et il a pris Alger.»>

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<«Un projet vaste et important à la prospérité du pays et de l'Afrique, avait été conçu, mais laissé en suspens jusqu'à l'arrivée du général Clausel. C'était de former une société qui mettrait en culture la plaine de Métidja, et d'y établir une ferme qui devait servir de point de départ et de modèle à l'exploitation de ce vaste territoire, inculte depuis douze siècles, mais propre à toutes les cultures de l'Europe et de l'Amérique centrale, particulièrement à celles du coton, de l'indigo, du sucre et du café. Des acquéreurs se présentaient; des fonds considérables y étaient déjà consacrés, des cultivateurs arrivés; mais il fallait, avant de les mettre à l'œuvre, purger le pays des Arabes qui l'infestaient. >>

Expédition de Medeah.- Combat du col de Tenia. - Occupation de Medeah. Le général Clausel, convaincu que pour imposer aux Arabes et rendre à l'armée française le prestige de la supériorité, il fallait venger le guet-apens de Blida, résolut d'aller attaquer le bey de Tittery au milieu des tribus de l'Atlas. I forma un corps d'expédition composé de douze bataillons d'infanterie, un de chaque régiment, des chasseurs d'Afrique, d'un détachement du bataillon des Zouaves, de six pièces d'artillerie de montagne, six de campagne, et deux compagnies de sapeurs. Treize ataillons et le reste de l'artillerie devaient rester pour la défense d'Alger.

Ce corps d'expédition se mit en mouvement le 17 noverbre, sous les ordres directs du général en chef, ayant sous lui le lieutenant général Boyer; les généraux Achard, Monck-d'Uzer et Hurel, commandaient les brigades.

Le 18 novembre, l'armée arrivée à une lieue de Belideah, trouva en position un corps de 1,800 Arabes. Les chefs de ce corps demandaient que les troupes françaises n'entrassent point dans la ville, et paraissaient disposés à la défendre. La brigade Achard fut

1 Souvenirs de la campagne d'Afrique, par Th. de Quatre-envoyée pour tourner la ville par la droite, tandis que

barbes.

la brigade Hurel attaquerait de front la ligne ennemie.

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Ces deux brigades eurent bientôt forcé les Arabes à la fuite; et entrèrent ensemble par deux points différents dans Blida. Le général en chef y séjourna le 19, pendant que deux bataillons allaient ravager le territoire et brûler les douars ou villages d'une tribu voisine qui avait pris le plus de part à la défense de Blida.

Le 20, le corps d'expédition se mit en marche vers Medeah, laissant à sa gauche les hauteurs qui dominent la plaine de la Metidja: le général arrivé à une grande ferme, désignée sous le nom de ferme de l'Aga, située au pied de l'Atlas, entourée d'un bon mur dominant la plaine, la fit mettre en état de défense, armer de quatre pièces d'artillerie, et y laissa un bataillon avec les gros bagages.

¦ à ceux qui le lisent froidement dans une caserne, mais qui devait sans doute son exagération emphatique au combat livré peu de temps auparavant, et au grandiose naturel du site où l'armée était campée.

«Soldats, disait cet ordre du jour, les feux de vos «<bivouacs, qui, des cimes de l'Atlas, semblent se con«fondre avec la lumière des étoiles, annoncent à l'A«frique la victoire que vous achevez de remporter sur «ses barbares défenseurs et le sort qui les attend. «Vous avez combattu comme des géants, et la vic«toire vous est restée!!!

«Vous êtes, soldats, de la race des braves, les dignes «émules des armées de la révolution et de l'empire. «Recevez les témoignages de la satisfaction, de l'es«time et de l'affection de votre général en chef.>>

Le 22 novembre, après avoir triomphe de ces obstacles, l'armée descendit le col de Tenia, dont la défense fut laissée à la brigade Monck-d'Uzer, et marcha sur Medeab. Elle arriva sans coup férir aux portes de la ville, dont les principaux habitants vinrent à sa rencontre en protestant de leurs dispositions pacifiques.

Le 21, à la pointe du jour, une proclamation du général en chef annonça à l'armée qu'elle allait franchir la chaîne de l'Atlas, planter le drapeau tricolore dans l'intérieur de l'Afrique, et frayer un passage à la civilisation, au commerce et à l'industrie. Cette proclamation recommandait aux soldats d'observer le bon ordre et le plus grand respect pour les populations soumises et paisibles. Le général Clausel, arrivé avec les troupes au-dessus du premier contre-fort, en fit célébrer le passage par une salve de vingt-cinq coups de canon à laquelle les soldats répondirent par des cris de vive la France! vive le roi! et continua sa marche Le 23, le général en chef installa le nouveau bey par une route étroite, escarpée, coupée sur plusieurs qu'il avait amené d'Alger, et l'ancien, craignant l'inipoints par des ravins profonds entre des plateaux boi-mitié des Kabayles, se remit lui-même à la discrétion sés, où l'on apercevait quelques Arabes armés.

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Medeah, située à vingt-cinq lieues d'Alger, est la capitale du beylick de Tittery; c'est une jolie ville, entourée de murs, peuplée de 10,000 habitants de race maure.

du général Clausel; et il fut autorisé à faire venir ses femmes et sa famille à Alger.

Le but de l'expédition paraissait atteint. Le général, assuré que Medeah pouvait recevoir une garnison, y laissa deux bataillons français et le détachement des Zouaves, sous les ordres du colonel Marion, qu'il

Le bey de Tittery avait rassemblé ses forces principales (8,000 hommes, dont 2,500 Turcs) dans le dessein de défendre le col de Tenia, un des passages difficiles de l'Atlas; 1,500 tirailleurs arabes étaient embusqués avec deux pièces d'artillerie sur les hauteurs à droite et à gauche de la route. Le reste des en-chargea d'organiser quatre bataillons de milice maure; nemis était échelonné dans la gorge en avant de la position principale, occupant les points les plus favorables à la défense.

La première attaque eut lieu à la fois sur la droite et sur la gauche; deux bataillons (du 14° et du 37°)]de la brigade Achard gravirent intrépidement les ravins des deux côtés, malgré les décharges de mousqueterie des Arabes embusqués à demi-portée; ceux-ci néanmoins tenaient ferme : la position était critique; mais quelques compagnies envoyées sur les flancs de l'ennemi pour le tourner, ne tardèrent pas à l'inquiéter lui-même. La brigade Monck-d'Uzer appuyait vivement le mouvement du centre sur le col de Tenia.- Le rétrécissement, l'escarpement de la route et les feux de deux pièces d'artillerie qui foudroyaient la colonne rendaient le passage périlleux; mais ces obstacles ne firent qu'augmenter le courage des soldats du 14e et du 37o, qui, après avoir jeté leurs sacs, montèrent au sommet du col, sous le feu de l'ennemi. Les Turcs, étonnés de l'audace des soldats français et se voyant au moment d'être pris à revers par les troupes détachées, se retirèrent précipitamment ; les Kabayles qui menaçaient l'arrière-garde du général Hurel ayant été dispersés, les soldats franchirent le col presque sans obstacle. Ce fut au sommet de l'Atlas que le général en chef leur adressa un ordre du jour qui paraît ampoulé

T. V.

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puis il se remit en route pour Alger.

Pendant que le corps d'expédition revenait vers Blida, et dans la journée du 25, les Kabayles enlevèrent et massacrèrent un détachement de canonniers dans la plaine de Metidja; le 26, ils vinrent attaquer la garnison de Blida avec des forces supérieures, et planter leurs drapeaux jusque dans l'intérieur de laville. On en fit un massacre horrible. Le général Clausel y trouva encore, à son retour de Medeah, les rues jonchées de cadavres. Mais il ne jugea pas devoir laisser de garnison à Blida. - Le général et son petit corps d'armée rentrèrent le 29 dans Alger.

L'expédition, si heureusement terminée, n'avait pas un but exclusivement militaire. Le général en chef en profita pour faire lever par les ingénieurs l'itinéraire suivi, et reconnaître par lui-même la belle plaine de la Metidja, où il se proposait d'établir des fermes-modèles, et de fonder un grand établissement colonial.

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Recettes diverses, impôts, subsides, etc. Matériel d'artillerie (785 bouches à feu en bronze, 399 en fer, projectiles, etc.), ..

Matériel de marine (2 corvettes, 5 goëlettes,

1 chebeck, etc.).

Effets d'habillement, campement, etc.. Mobilier et médicaments..

Denrées et marchandises diverses.

TOTAL...

47,639,010 fr. 84 c. 675,196 37

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799.791 > 155,990 85 81,010 70 796.733 72 54,719 937 fr. 41 c. L'opinion publique, trompée par les rapports exagérés des Maures et des Juifs, estimait, comme nous l'avons dit, à une bien plus haute valeur le trésor de la Régence. On ignorait que depuis longues années ce gouvernement éprouvait un déficit annuel de plus de 2,000,000 francs.

On sait qu'après une enquête sévère l'accusation de péculat portée contre les chefs de l'armée expéditionnaire a été réduite à néant. On n'a détourné aucune somme d'argent, c'est un fait avéré; mais nous tenons d'officiers digues de foi, attachés à l'armée d'Afrique, qu'il y a eu pillage de certains objets curieux, teis que selles, harnachements, costumes, armes et armures. Ce pillage au moment même du triomphe peut être excusé; dans tous les temps, les armes des vaincus ont fait partie des trophées appartenant au vainqueur. Ce sont les reliques de la victoire et de la conquête.

riel qui, n'ayant été consommé qu'en partie durant la campagne, est venu grossir les approvisionnements de la guerre et de la marine, et qui peut être évalué à environ.

La guerre d'Alger, outre la conquête d'un riche et important territoire, a donné à la France un bénéfice de.

10,000,000

15,611,923 fr. 61 c. L'expédition d'Alger a donc été non-seulement une expédition glorieuse, mais encore une bonne affaire. - L'armée qui a conquis Alger a bien mérité de la patrie. Ce n'est pas à cette armée qu'il faut s'en prendre si on n'a pas tiré un meilleur parti de sa conquête.

Des objets d'une autre bature ont été soustraits, et il est certain que ces objets n'ont point été compris dans le nombre des dépouilles que l'armée d'expédition s'est adjugées. Alger renfermail, outre la milice turque, en qui résidait le pouvoir, deux populations soumises, les Maures et les Juifs, qui pouvaient se croire le droit de réclamer des restitutions à leurs oppresseurs. Un fait grave, el qui mériterait d'être examiné, c'est que, d'après M. Pichon, intendant civil, tout le matériel de l'atelier des monnaies placé dans la Casaubah a disparu au moment de la conquête. Évidemment nos soldats n'en avaient que faire. Mais le matériel enlevé peut servir à des industriels habiles, comme il s'en trouve en Afrique) pour fabriquer et répandre dans le pays une monnaie dont l'altération sera d'autant plus difficile à reconnaître, que les habitants de la Régence, par suite de l'habitude et de la prévention nationale, préféreront long- temps, dans toutes les transactions, les monnaies arabes aux monnaies françaises.

Les lingots d'or et d'argent provenant du trésor du deÿ d'Alger, et fondues à la Monnaie de Paris, ont produit en espèces à l'effigie du roi Louis-Philippe;

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Événements en 1831. — Expédition nouvelle sur Medeah,

-

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SOMMAIRE.

Attaque de la ferme-modèle. - Combat de L'Oued-Kermès. → Événements en Défense d'Oran. — Attaque des avant-postes d'Alger. - Combat de Bouffarik, etc. Expédition contre

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CHEFS FRANÇAIS.

1832. Occupation de Bone. Lisbonne. Occupation d'Ancône.

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CLAUSEL. — BERTHEZÈNB, — DE ROVIGO, — Lisbonne. — ROUSSIN. — Ancôñе. — COMBES.

Événements en 1831. Expédition nouvelle sur Medeah. En 1831, le général Clausel, appelé à la chambre des députés par le collége électoral des Ardennes, et promu à la dignité de maréchal de France, fut remplacé dans le gouvernement d'Alger par le lieutenant-général Berthezène.

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Quarante tribus réunies, présentant environ 12,000 combattants, postées sur les sommets des montagnes, cherchèrent à arrêter la marche de la colonne française. Cette colonne avait à franchir un long défilé où, pendant trois lieues, on ne peut passer qu'un à un. Le capitaine d'une des compagnies de l'arrière-garde fut tué; la troupe, privée de son chef, et attaquée avec acharnement par l'ennemi, éprouva un moment d'inquiétude qui se communiqua au bataillon le plus voisin; mais cette faiblesse n'eut pas de durée; nos troupes

lants. En débouchant dans la plaine, elles, firent en présence des Arabes, une halte de neuf heures, que ceux-ci n'osèrent pas troubler.

Le caractère farouche des Arabes et des Kabayles des environs d'Alger, avait toujours rendu précaire la soumission de ces tribus. On a vu qu'au mois de novem bre 1830, leur turbulence avait forcé le général Clausel à entreprendre l'expédition de Medeah. En 1831, au com-reprirent bientôt l'offensive et repoussèrent les assailmencement de mai, le général Berthezène jugca nécessaire de parcourir les montagnes situées à l'est de la 'Metidja, pour disperser les tribus qui s'opposaient aux approvisionnements et égorgeaient les voyageurs. Après avoir châtié sévèrement plusieurs des tribus établies sur les bords de l'Haracht et de l'Hamize, il revint à Alger par Blida, sans avoir éprouvé aucune perte. Déjà, peu de temps auparavant, il avait fait une excursion non moins heureuse jusqu'aux bords de la Chiffa, de l'Ouedjer et du Mazafran.

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Au mois de juin, le général Berthezène apprit que dans Medeah il se formait une ligue hostile aux Français. Le bey institué par le général Clausel, était sans pouvoir dans cette ville où sa vie même avait été menacée. Il importait d'y rétablir l'autorité de la France. - Le général Berthezène partit le 25 juin avec un corps de 5,000 hommes et une batterie d'artillerie de montagne. Ce corps franchit sans obstacle la première chaine de l'Atlas. Mais, en arrivant devant Medeah, il fut reçu à coups de fusil par quelques centaines de cavaliers arabes, qui furent mis promptement en déroute. Les tribus hostiles furent sommées d'envoyer des députés à Medeah, sous peine de voir ravager leurs babitations. Plusieurs se soumirent; mais il fallut incendier les récoltes et les campements de celles qui bravèrent cette menace.

Dans cette expédition, les Français eurent à combattre une dizaine de tribus auxquelles ils causèrent des pertes considérables. Après un combat de quelques heures, où nos troupes eurent peu à souffrir, elles regagnèrent paisiblement Medeah. Le lendemain, le général Berthezène ordonna de reprendre la route d'Alger. Il avait échelonné deux bataillons au col de Tenia et à la ferme de l'Aga, pour assurer son retour à travers l'Atlas.

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Dans cette expédition, où les officiers montrèrent autant de fermeté et d'habileté, que les soldats témoignèrent d'ardeur, un bataillon du 67e régiment, composé de volontaires parisiens, se fit remarquer par sa bonne contenance au milieu des masses ennemies qui l'assaillirent. Les Zouaves et les chasseurs d'Afrique (corps de cavalerie composé de Français et d'indigènes) méritèrent aussi de grands éloges. Les Français commençaient à mieux supporter la chaleur du climat et la fatigue des marches sous un soleil ardent. Ils savaient aussi mieux que dans l'origine de la guerre, combattre sans s'exposer aux coups des peuplades africaines. Le rapport officiel en cita comme preuve, la différence des pertes éprouvées dans les deux expéditions sur Medeah. Dans la première il y avait eu 162 hommes tués et 301 blessés. Dans la seconde il n'y eut que 63 hommes tués ou égarés et 192 blessés. L'expédition de l'Hamize et du Mazafran n'avait pas coûté un seul homme.

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avec quelques pièces d'artillerie. Avertie par le bruit du canon, la brigade Feuchères s'y porta; elle culbuta l'ennemi, qui se retira précipitamment, abandonnant une partie de ses morts. Le 18, à cinq heures du matin, les Arabes exécutèrent une nouvelle attaque. Le général Berthezène marcha aussitôt à eux et les dispersa. Un autre parti de 500 hommes, qui se présenta le soir, sur la route de la ferme à Alger, pour surprendre quelques voitures d'artillerie, fut aussi promptement mis en fuite. - Dans ces divers engagements, les Arabes eurent 120 tués et 300 blessés. Du côté des Français, la perte ne fut que de 8 morts et environ 30 blessés.

Combat de l'Oued-Kermès. — Il y eut encore une affaire entre les Arabes et les Français. On supposait qu'en apprenant la retraite du cheick des Kabayles, le fils de l'ex-bey de Tittery se retirerait de son côté ; il n'en fut point ainsi. Renforcé de quelques tribus de la Zeitoun, de Bagdadi et d'Oreby, ce chef rôda deux ou trois jours à quelques lieues d'Alger. - Le 20 juillet, il attaqua un des blockaus français sur l'OuedKermès, et s'en voyant repoussé, il chercha à intercepter les communications d'Alger avec la ferme-modèle, que les pertes faites par Benzamoun le détournaient d'attaquer. Le lieutenant-colonel Lavoyerie marcha contre lui à la tête d'un bataillon du 20° régiment, lui tua une cinquantaine d'hommes, et le rejeta dans les ravins de l'Oued-Kermès. Le colonel d'Arlanges, du 30° régiment, sortant alors de la ferme, fit mitrailler et fusiller cette troupe d'Arabes, pendant qu'elle cherchait à gagner le pont. L'ennemi souffrit beaucoup; cependant il se présenta encore le lendemain. Le général Berthezène fit des dispositions pour lui couper la retraite, s'il osait s'avancer comme la veille. Par son ordre, le général Feuchères alla coucher le soir à la ferme avec sa brigade, et le 22, le général gouverneur s'y rendit lui-même avec quatre bataillons et cinq bouches à feu. En arrivant, il se porta directement vers le pont. Les Arabes, craignant d'être coupés, prirent aussitôt le parti de rétrograder. Quelques obus que leur lançait, chemin faisant, l'artillerie, accéléraient leur retraite. Obligés de défiler, pendant une demi-heure, sous le feu des tirailleurs du général Feuchères, les Arabes éprou- | vèrent de fortes pertes. Le général Berthezène les poussa pendant plus de deux heures sur la route de Blida, et les fit suivre de là jusqu'à Bouffarick par sa cavalerie, qui en sabra un grand nombre. Les Arabes se dispersèrent dans toutes les directions. On leur avait tué ou blessé au moins 800 hommes. Ce dernier combat assura, pour le reste de l'année, la tranquillité et la sûreté des environs d'Alger.

|

colonie d'Alger, ne fut marquée que par un petit nombre d'événements militaires.

avec

Bone fut occupée de nouveau par un coup de main hardi, Le capitaine d'artillerie d'Armandy, accompagné de Youssouf, jeune maure, capitaine des chasseurs d'Afrique, entra, le 25 mars, dans la Casaubah de Bone, avec trente hommes de la marine, armés de douze fusils. Cent Turcs se joignirent à eux, et, cette faible troupe, le brave d'Armandy se maintint dans la place jusqu'à l'arrivée de renforts qui en assurèrent la possession à la France.-Les travaux d'amélioration commencèrent aussitôt. Bone, ville informe, composée de hideuses masures tombant en ruines, ne tarda pas à présenter un autre aspect. -Vainement Ibrahim, l'ancien bey de Bone, tenta d'y rentrer, au mois de septembre, avec 1500 Arabes. Le général d'Uzer envoya contre lui deux bataillons du 55, de 600 hommes, ainsi que l'infanterie et la cavalerie indigènes, commandées par Youssouf. Ce mouvement s'exécuta avec autant d'intelligence que de précision. L'ennemi eut cinquante hommes tués et un grand nombre de blessés. Battu et poursuivi dans tous les sens, il s'enfuit en désordre, laissant ses bagages au pouvoir desvoltigeurs français et des Turcs de Youssouf.

Une attaque plus grave fut dirigée contre la ville d'Oran : plusieurs milliers d'Arabes à pied et à cheval vinrent l'attaquer et la cernèrent. Depuis le 3 jusqu'au 8 mai, le général Boyer leur résista avec succès, grâce à la constance et au courage de sa garnison. L'ennemi, découragé par l'impuissance de ses efforts, se décida à la retraite. Le 9 au matin, toutes les tribus, composant 15,000 hommes, se séparèrent pour reprendre le chemin des montagnes.

Les Arabes revinrent à la charge, au nombre de près de 4,000, le 23 octobre et le 10 novembre; mais ce fut sans plus de succès.

Vers la fin du mois de septembre, le général en chef apprit que les Arabes projetaient d'attaquer ses avantpostes. Dans la nuit du 26 au 27, l'ennemi se glissa entre les grand'gardes, et en passant, il incendia la porte de la ferme-modèle.- En attendant l'arrivée des troupes de réserve qu'amenait le duc de Rovigo, le général Faudoas, qui commandait la ligne avancée, réunit les corps sous ses ordres, et marcha sur l'ennemi, qui, n'osant pas attendre les Français, s'enfuit devant les tirailleurs et disparut, non sans avoir cu quelques blessés.

Cependant les Arabes de l'ouest, excités par leurs marabouts, se préparaient à reprendre les hostilités; ils avaient établi deux camps vers Bouffarick et Coleah. Le général-gouverneur résolut de les disperser; il envoya une colonne vers chacun de ces points: la colonne dirigée sur Coleah parvint à son but sans rencontrer l'ennemi; mais le détachement dirigé sur Bouffarick, et qui était commandé par le général Faudoas, trouva, le 2 octobre, une résistance dont il triompha de la manière la plus brillante. Tout ce qui Evénements en 1832.- Occupation de Bone. put être approché périt sous le sabre ou la lance; le Défense d'Oran. Attaque des avant-postes d'Al-reste fut écrasé par l'artillerie ou se dispersa en désorCombat de Bouffarick, etc.-L'année 1832, dre, laissant entre les mains des Français deux draconsacrée au développement et à l'amélioration de la peaux, glorieux trophée d'un combat où 1,500 hommes

Au mois de décembre 1831, le gouvernement général d'Alger fut confié au lieutenant général Savary, duc de Rovigo.

ger.

-

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