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en battirent plus de 3,000, dont 400 furent tués; le combat ne coûta aux vainqueurs que sept morts et douze blessés.

Le 21 novembre, le général Faudoas conduisit, avec non moins d'habileté, une expédition sur la ville de Blida, où avait été fomentée la dernière insurrection des Arabes de l'ouest. Cette expédition, par sa réussite, prouva combien le combat de Bouffarick avait terrifié une population jusqu'alors constamment hostile aux Français; elle termina glorieusement les opérations militaires de l'année 1832 dans le royaume d'Alger.

Expédition contre Lisbonne.

Un grand nombre de vaisseaux portugais furent capturés et conduits en France; mais ces représailles n'atteignaient que le commerce. Le gouvernement français résolut d'en venir à des moyens plus énergiques pour obtenir satisfaction du gouvernement.

Une escadre, forte de six vaisseaux de ligne, trois frégates, une corvette et deux bricks, sous les ordres du contre-amiral Roussin, et accompagnée de bâtiments de transport et de bateaux à vapeur-portant des troupes de débarquement, arriva, le 8 juillet 1831, à l'entrée du Tage. Un brick parlementaire fut envoyé à Lisbonne pour exiger l'acceptation immédiate de toutes les conditions qui avaient déjà été présentées de la part du gouvernement français, avec la demande additionnelle d'une indemnité pécuniaire pour couvrir les frais de l'expédition.

Le gouvernement portugais, croyant que l'escadre française ne pousserait pas les choses à la dernière extrémité, proposa de traiter à Paris par l'intermédiaire de l'ambassadeur d'Espagne. Une ligne d'embossage,

forte de huit bâtiments de guerre et soutenue par les forteresses et les tours qui avaient été réparées et approvisionnées pour une vigoureuse résistance, ainsi que des corps nombreux de troupes placés le long du rivage, depuis Belem jusqu'à Lisbonne, lui donnaient une confiance que l'escadre française ne fut pas longtemps à détruire.

Depuis que don Miguel avait ressaisi le pouvoir à Lisbonne, les Français établis en Portugal, et qu'on accusait d'attachement aux idées constitutionnelles, étaient l'objet de vexations et de violences. - Deux Français surtout furent victimes de jugements iniques : l'un, M. Bonhomme, étudiant à l'université de Coimbre, fut condamné à être fouetté publiquement et conduit ensuite aux pré-formée en travers du Tage par l'escadre portugaise, sides (galères) d'Afrique, pour un outrage prétendu à la décence dans une église. L'autre, vieillard septuagénaire, M. Sauvinet, était accusé d'avoir pris part à une conspiration qui devait éclater contre don Miguel, et qui fut découverte. On n'avait rien trouvé chez lui qui pût le compromettre, car jamais il ne s'était occupé des affaires du Portugal; cependant des soldats affirmèrent que des fusées, signaux propres à une conjuration, étaient parties de son jardin, et bien que ce jardin fùt ouvert à tout le monde, que par conséquent d'autres personnes eussent pu s'y introduire, allumer des feux d'artifice et disparaître, le malheureux vieillard fut condamné à la déportation en Afrique, pour dix ans. D'autres Français, arrêtés arbitrairement à Lisbonne et à Oporto, languissaient dans les prisons. Le consul de France à Lisbonne avait tout employé, remontrances, lettres, démarches de toute espèce, pour ramener le gouvernement portugais à des sentiments de justice. Voyant tous ses efforts inutiles, il instruisit son gouvernement de l'état des choses.-Une petite escadre arriva à Lisbonne pour appuyer le consul dans sa demande de redressement des griefs. Le gouvernement portugais, dès qu'il sut qu'un brick français, ayant à bord des dépêches pour le consul, avait paru à l'embouchure du Tage, se hâta de faire exécuter le jugement rendu contre M. Bonhomme.

Le consul transmit au ministère portugais la note des réparations qu'il avait reçu ordre d'exiger. On refusa de prendre cette note en considération. En conséquence, le consul quitta Lisbonne vers le milieu d'avril 1831.

Le 11 juillet, les circonstances de vent et de marée se trouvant favorables, cette escadre força l'entrée du Tage. Elle attendit, pour commencer le feu, que l'ennemi eût commencé à tirer. Les tours de la barre prirent, dix minutes avant les vaisseaux fiançais, l'initiative de l'attaque; leur feu fut successivement secondé par toutes les tours et forteresses dont la rive du fleuve est garnie. Cependant l'escadre française remontait majestueusement le Tage, en ripostant par un feu bien nourri et très habilement dirigé, qui fit éprouver aux tours et aux forteresses des dommages considérables.

En trois heures et demie, l'escadre avait dépassé les nombreuses batteries du Goulet, regardées jusqu'alors comme inexpugnables dans le pays : elle avait fait amener le pavillon de tous les bâtiments de guerre portugais, formant la ligne d'embossage, cl jeté l'ancre devant les quais de Lisbonne, en face du palais du roi.

Là, le contre-amiral Roussin【écrivit au gouvernement portugais que la France, toujours généreuse, traiterait aux mêmes conditions qu'avant la victoire, mais qu'il se réservait le droit de réclamer des indemnités pour les victimes de la guerre.

L'escadre française, composée de deux frégates Le gouvernement portugais, craignant un soulèveet de quelques bâtiments plus petits, parut ensuite:ment si les Français débarquaient, envoya une réponse son commandant renouvela les demandes de sa-portant adhésion pleine et entière aux bases posé s tisfaction, menaçant, si dans vingt-quatre heures les par l'amiral. Le 14, un traité fut signé, conformément conditions offertes n'étaient pas acceptées, de quit ter le Tage après avoir pris à bord les Français résidant à Lisbonne aucune réponse ne lui fut faite. L'escadre mit à la voile, et les représailles commencèrent immédiatement contre le pavillon portugais.

à ces bases; en outre, l'amiral déclara prisonnière toute la flotte portugaise dans le Tage, qu'il offrit de rendre, si on voulait mettre en liberté un certain nombre de détenus politiques, qui s'engageraient, sur leur parole, à ne prendre part à aucune expédi

tion dirigée contre le gouvernement existant en Por- | enfoncée à coups de hache par les sapeurs du 66o, tugal. aidés de quelques matelots. Les Français entrèrent im

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Cette condition ne fut pas acceptée, et les vais-médiatement dans Ancône, et se dirigèrent vers les seaux portugais furent conduits à Brest, où ils res- différents postes occupés par les pontificaux; ceux-ci tèrent jusqu'à l'entière exécution du traité, par le furent désarmés, et à la pointe du jour, toute la ville gouvernement portugais, était au pouvoir des Français.

Occupation d'Ancône. - En 1832, à la suite des troubles révolutionnaires survenus dans les États romains, les troupes autrichiennes occupèrent, dans les États du Pape, la Romagne et les légations. Cette mesure excita en France des inquiétudes auxquelles le ministère crut devoir mettre un terme, en faisant occuper, par des troupes françaises, quelque ville des États pontificaux assez importante pour servir de garantie à l'évacuation du pays occupé par les Autrichiens, dès que cette occupation ne serait plus recounue nécessaire.

Deux bataillons de guerre du 66a de ligne, formant ensemble 1,100 hommes, embarqués en toute hâte à Toulon, sur un vaisseau, le Suffren, et deux fregates, mirent à la voile le 7 février, sous les ordres du capitaine de vaisseau Gallois, et du colonel Combes. Le général Cubières, nommé au commandement de l'expédition, devait ne pas tarder à la rejoindre. Deux corvettes de charge, ayant à bord le 3e bataillon du 66 régiment, et une compagnie d'artillerie avec une batterie montée, appareillèrent quelques jours plus tard; mais des avaries majeures forcèrent l'une de ces corvettes à revenir à Toulon.

Le Suffren et les deux frégates qui formaient la première division navale, partie de Toulon, parurent le 22 février en vue d'Ancône. La nuit venue, les dispositions furent faites pour le débarquement. Une partie des troupes descendit à terre à trois heures du matin, et marcha sur la ville, dont on trouva les portes fermées,

Pendant ce temps-là, le débarquement de toutes les troupes s'était effectué. A midi, le colonel Combes prit avec lui un bataillon, et se porta à la citadelle. Il somma le commandant de recevoir garnison française, et après quelques négociations entre ces deux offciers, il fut convenu qu'on introduirait dans la place une force égale aux troupes pontificales; que le service serait fait concurremment par les soldats des deux nations, et que le drapeau du Pape resterait arboré sur la citadelle, à côté du drapeau français,

Le général Cubières, arrivé à Ancône peu de temps après, publia une proclamation toute pacifique, où il annonçait aux habitants que la mission qu'il avait à remplir, accomplie avec loyauté, resserrerait les liens d'amitié qui unissaient depuis long-temps la France et les États de l'église; il s'empressa d'effacer, par de nouvelles mesures, tout ce qu'il y avait eu de brusque et d'inusité dans le premier moment de l'occupation; il désavoua toute idée de capitulation pour les troupes pontificales. Ce fut vainement: le gouvernement pontifical était irrité, et les troupes, ainsi que les autorités, recurent l'ordre de quitter la ville. Le pape prescrivit en outre d'enlever des édifices publics les drapeaux, insignes et armes du saint-siége; enfin, le gouvernement de la province fut transporté à Osimo, La question avait cessé d'être militaire et était devenue diplomatique.-Les négociations commencèrent; malgré les réclamations du gouvernement romain, le gouvernement français ne consentit à ordonner l'éva cuation d'Ancône que lorsque les Autrichiens eurent eux-mêmes évacué les légations. Les troupes frap

Les officiers pontificaux ayant refusé de les ou-çaises ont quitté Aneone au commencement de l'anvrir, le colonel Combes n'hésita pas à exécuter la | née 1837,

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1832. —

SIEGE ET PRISE DE LA CITADELLE D'ANVERS.

1

SOMMAIRE.

Forte et composition de l'armée du Nord. - Entrée en Belgique. — Sommation au Motifs de l'expédition contre la citadelle d'Anvers. Commencement du siége. — Prise de la lunette Saint-Laurent. gouverneur de la citadelle d'Anvers. → Ouverture de la tranchée. Retour de l'armée en France. Suite du siége, 1 Capitulation de la citadelle. - Combat de Doël.

ARMÉE FRANÇAISE.

Général en chef. - Le maréchal GÉRARD.

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Motifs de l'expédition contre la citadelle d'Anvers. | delle et les forts d'Anvers. «Ainsi, dit une relation -On connalt les événements qui suivirent la révolution contemporaine, sur la surface relativement si pe belge, l'élection à la royauté du duc de Nemours, non tite, qui s'étend entre le Rhin, la Moselle et la mer du ratifiée par le roi des Français, et enfin l'élection défi-Nord, et ne comprend guère que deux degrés géogra-, nitive du prince Léopold de Saxe-Cobourg, comme roi phiques, on voyait flotter les bannières de quatre nades Belges. La guerre devint imminente entre la tions qui semblaient prêtes à s'entrechoquer: 120,000 Hollande et la Belgique; les protocoles des diplomates Hollandais impatients de reprendre le beau pays dont réussirent long-temps à l'empêcher. Mais enfin, le re-le congrès de Vienne les avait dotés; 100,000 Belges, fus des Hollandais de remettre aux Belges la citadelle d'Anvers et les forts qui, aux termes du traité de partage, devaient appartenir à ces derniers, donna lieu à l'ouverture des hostilités.

se disputent l'Europe.»

mécontents des ordres diplomatiques qui leur défendaient d'en finir, à eux seuls, avee la Hollande, 80,000 Prussiens sur le Rhin; 70,000 Français en Belgique; enfin, sur la Moselle, 30,000 autres Français La ville d'Anvers était depuis long-temps dans la attendant des adversaires. Tout compté, ce coin du continent renfermait 400,000 hommes, partagés par possession des Belges, mais la citadelle était restée au pouvoir des Hollandais. La citadelle commande la na-parties égales entre les deux principes politiques qui vigation de l'Escaut, et la ville est entièrement à sa merci. Au-dessous de la ville sont d'autres forts des deux côtés du fleuve, et, entre autres, Liefkenshock, sur la rive gauche, et Lillo sur la rive droite. La citadelle s'élève sur cette même rive, au-dessus d'Anvers, dont elle n'est séparée que par une esplanade. Elle fut bâtie par le duc d'Albe, pendant l'insurrection des Pays-Bas, dans le xvi° siècle, et a toujours passé pour une des plus fortes de l'Europe. A l'ouest, elle est protégée par un ouvrage avancé nommé la tête de Flandres, et par l'Escaut, dont la largeur et la profondeur sont considérables. Ce fleuve fournit aux fossés de la place les eaux qu'on y retient par des écluses à la marée descendante. Du côté de la terre, la citadelle est couverte par plusieurs forts, dont le principal est la lunette Saint-Laurent.

Au mois de novembre 1832, une flottille de canonnières hollandaises était mouillée dans l'Escaut, à portée de défendre la tête de Flandres et la citadelle. La garnison de la citadelle se composait de 4,000 hommes commandés par le général Chassé, officier aussi brave qu'expérimenté, qui avait ordre de résister jusqu'à la dernière extrémité et qui y était résolu.

Le gouvernement hollandais, dans la prévoyance d'événements ultérieurs, avait mis son armée sur pied et appelé la landsturm à la défense du pays. La Prusse avait fait traverser le Rhin à un corps d'observation qui prit position sur la Meuse. Ce mouvement de la Prusse avait déterminé le gouvernement | français à rassembler une armée de réserve sur la Moselle, destinée à appuyer au besoin l'armée du Nord, qui, à défaut des Belges empêchés par les ordres de la diplomatie, allait être chargée de prendre la cita

Force et composition de l'armée du Nord. → L'armée du Nord, placée sous les ordres du maréchal Gérard, ayant le général Saint-Cyr-Nugues pour chef d'état-major général, se composait d'environ 70,000 hommes, et était ainsi divisée :

Avant-garde, commandée par le duc d'Orléans. --* 20° léger, 1er hussards, 1er lanciers (le duc de Nemours accompagnait son frère).

Quatre divisions d'infanterie :

1 Division. - Général Tiburce Sébastiani. - Bri gade Harlet (11o léger, 5o de ligne). — Brigade de Rumigny (8o et 19o de ligne).

-

2o Division. Général Achard. Brigade Castellane (8 léger, 12o de ligne). — Brigade Voirol (22o et 39o de ligne).

3e Division. Général Jamin. Brigade Zopfel (19° léger et 18o de ligne). — Brigade Georges (52o et 58° de ligne).

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4e Division. Général Fabre. Brigade Rapatel (7 et 25 de ligne). Brigade d'Hemicourt (61° et 63° de ligne).

Deux brigades et deux divisions de cavalerie : Brigade Lavoestine (7o et 8o chasseurs). Brigade Simonneau (4° chasseurs, 5o hussards).' Division Dejean. Brigade de Righy (2o hussards, Brigade Latour-Maubourg (5o et 10*% 1er chasseurs). dragons).

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Division Gentil-Saint-Alphonse. Brigade Villate Brigade Gusler (9o et 10o cui- ' (1er et 4e cuirassiers). rassiers.)

Une cinquième division, dite de réserve, se formait

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