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avoit montré la même énergie à effacer la honte que l'impunité des barbaresques imprime au front des Européens.

Lorsque le traité de Paris du 50 mai 1814 traça le cercle des travaux paisibles du congrès de Vienne, on ne prévoyoit pas que la destinée lui en avoit réservé un autre plus important encore. Ce fut cette réunion de souverains et de ministres qui organisa les moyens par lesquels un crime inoui dans les annales de l'histoire moderne fut étouffé dans sa naissance, et l'Europe sauvée une seconde fois de la dévastation dont elle étoit menacée; ainsi la reprise des armes par l'Europe chrétienne forme un des épisodes intéressans de l'histoire de ce congrès.

Un grand nombre d'autres objets d'une importance secondaire furent discutés à ce congrès, où toutes les victimes des injustices auxquelles l'Europe avoit été en proie pendant vingt ans, cherchèrent le redressement des torts qu 'elles avoient soufferts. Quelques-uns de ces objets furent terminés ; la décision de plusieurs autres fut écartée ou ajournée à des temps futurs. Une foule de traités furent conclus; les principales dispositions de ceux qui ont un intérêt général furent ensuite réunies en un seul acte, et placées sous la garantie de l'Europe entière.

Pour éviter la confusion qui seroit la con- Division. séquence nécessaire d'un récit purement chronologique, nous diviserons le précis du

congrès de Vienne, auquel cette section est consacrée, en plusieurs §§.

Dans le premier, nous parlerons de tout ce qui tenoit à la forme extérieure ; nous indiquerons l'ouverture du congrès; nous y consignerons les noms des plénipotentiaires qui passeront à la postérité, comme ayant été les modérateurs de la destinée de l'Europe; nous ferons connoître les diverses commissions qui furent établies pour préparer les matériaux ou discuter les questions.

Dans le second, nous parlerons de la reconstruction de la monarchie prussienne qui fut une des premières occupations du congrès, et particulièrement de ce qu'on nomma questions polonoise et saxonne.

L'affaire de Gènes est l'objet du troisième ; celle de la Suisse est traitée dans le quatrième; celle des Pays-Bas dans le cinquième.

Nous avons réuni dans le sixième les divers traités secondaires auxquels la reconstruction de la Prusse donna lieu.

Les négociations sur l'abolition de la traite des Nègres sont rapportées dans le septième. Les affaires d'Italie, et surtout la guerre caula prise d'armes de Joachim Murat, sont l'objet du huitième §.

sée

par

Les declarations du congrès et les traités par lesquels l'Europe fut armée contre Napoléon Buonaparte, sont réunies dans le neuvième.

Le dixième parle de la négociation qui fut relative à la libre navigation des rivières.

L'établissement de la confédération germanique fut la suite de négociations longues et épineuses. Nous en donnerons le précis dans le onzième S.

Nous dirons dans le douzième pourquoi l'affaire de l'indemnité de la Bavière ne fut pas achevée au congrès.

Le treizième §. est consacré à l'acte du congrès qui porte la date du 9 juin 1815, et dont nous donnerons le sommaire.

Enfin, dans le quatorzième S., nous parlerons des protestations qui s'élevèrent contre les opérations du congrès, et de quelques objets d'un intérêt général dont le congrès n'a pu s'occuper.

§. I. De la forme et de la composition du congrès.

nipotentiaires.

Le congrès de Vienne devoit se réunir au Noms des plé premier août; mais, dès le mois de juin, il fut arrêté à Londres, où l'empereur de Russie et le roi de Prusse avec leurs ministres, ainsi que le chef du cabinet de Vienne, s'étoient rendus après la paix de Paris, que l'ouverture de cette assemblée seroit ajournée au premier octobre.

Les plénipotentiaires destinés à poser les bases du nouvel édifice européen, n'attendirent pas ce terme pour se rendre à leur poste. On vit arriver dans la capitale de Autriche quel

DELA

ques-uns des premiers monarques de la terre, et, avec les ministres des autres, une foule de princes, de seigneurs, de députés et de personnes de toutes les classes, qui se proposoient d'invoquer la justice et la protection de cet auguste tribunal. Le duc de Saxe-Weimar, qui, à la tête d'une armée, avoit combattu pour l'indépendance de l'Allemagne, y arriva dès le 17 septembre; les rois de Danemark et de Würtenberg, ainsi que le duc de Saxe-Cobourg, s'y trouvèrent le 22; l'empereur de Russie et le roi de Prusse firent, le 25, leur entrée à Vienne; le roi de Bavière et le duc de Brunswick, le 28; l'électeur de Hesse et le prince de NassauWeilbourg arrivèrent le 30; le grand-duc de Bade, le 2 octobre. La cour de Vienne reçut tous ces illustres hôtes avec une hospitalité et une magnificence dignes de son antique grandeur.

Nous allons placer ici les noms des ministres qui ont assisté au congrès de Vienne.

1.o Ministres des huit puissances signataires de la paix de Paris, par ordre alphabétique des puissances.

AUTRICHE.

Clément-Wenceslas-Lothaire, prince de MetternichWinnebourg-Beilstein, ministre des affaires étrangères. Jean-Philippe, baron de Wessenberg.

ESPAGNE.

Don Pierre Gomez Labrador.

FRANCE.

Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, prince de Talleyrand, ministre des affaires étrangères. Éméric-Joseph, duc de Dalberg, ministre d'état. Gouvernet, comte de la Tour-du-Pin, envoyé extraordinaire auprès de la cour des Pays-Bas.

Alexis, comte de Noailles.

GRANDE-BRETAGNE..

Robert Stewart, vicomte Castlereagh, principal secrétaire-d'état pour les affaires étrangères, jusqu'au 15 février.

Arthur Wellesley, duc de Wellington', depuis le 1o1 février jusqu'au 26 mars 1815.

er

Richard le Poer Trench, comte de Clancarty, conseiller privé.

Guillaume Shaw, comte Cathcart, ambassadeur à la cour de Saint-Pétersbourg.

Charles-Guillaume Stewart, lord Stewart, conseiller

privé.

Lorsqu'on établit un comité pour les affaires de la Suisse, on y appela aussi Strafford Canning, ministre plénipotentiaire en Suisse.

PORTUGAL.

Dom Pierre de Sousa Holstein, comte de Palmella, membre du conseil.

Antoine de Saldanha de Gama, ministre plénipotentiaire à la cour de Saint-Pétersbourg.

Dom Joachim Lobo da Silveyra, membre du conseil. PRUSSE.

Charles-Auguste, prince de Hardenberg, chancelier

d'état.

Charles-Guillaume, baron de Humboldt, ministre d'état, ministre plénipotentiaire à la cour de Vienne.

' Voy. ses autres titres, Vol. X, p. 30.

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